Pour une fois, je me permet de poster un CR sur ma visite chez Bernard Faurie. Ce n'est pas si simple à faire, l'homme est attachant, d'une sincérité incroyable, il ne triche pas, et ça se lit dans ses vins. Les visites chez lui sont d'un intérêt immense, il a vinifié plus de 40 millésimes, avec pour fil conducteur la recherche d'un vin toujours plus abouti, dans un grand respect de l'environnement depuis toujours.
On commence la dégustation.
Vin de France, Cuvée du Papi, 2021.
Robe assez claire, nez frais, beaucoup de fruit. En bouche millésime oblige ça reste assez peu concentré, mais bien équilibré. Digeste, simple et bon!
Sur tout ce qu'on a bu en 2021, je persiste à trouver que ce vin fait partie des réussites indéniables du millésime.
Vin de France, Cuvée du Papi, 2022
Dès la robe, on sait tout de suite que la concentration n'est pas la même. En bouche, c'est plein, pulpeux sans être lourd du tout, ça sent la jeune syrah à plein nez, on est proche du 2020, à ce prix là, c'est imbattable! Quel jus!
Très bon
Hermitage, Méal 2021.
On retrouve le nez toujours très pur des vins du domaine même si sur cette cuvée, la vendange entière est perceptible. En bouche, concentration modérée, c'est assez floral et délicat, mais le vin s'étire très longuement sans faiblir. L'acidité est haute mais ne pénalise pas le confort en dégustation.
Comme partout le millésime a été délicat à gérer, les raisins étaient mûrs, la rafle un peu moins. Comme dans pas mal de région, il y a eu du gel (du coup, de l'hétérogénéité dans les grains) et c'était l'état sanitaire des grappes qui était "sur le fil".
A mon goût, comme pour la cuvée du Papy, compte tenu du millésime c'est une grande réussite. Ce vin rappelle à Bernard les vins de ses débuts, et il conseille d'attendre longuement avant d'ouvrir ce genre de millésime qui n'ont pas la gourmandise des années plus chaude en jeunesse.
On discute longuement autour de ce vin. Pour avoir goûté récemment Méal 04, je lui fait par des mes impressions, car on avait aussi trouvé ce côté "delicat/finesse de texture" à cette bouteille. Il me confirme que le Méal est toujours fin sur les millésimes froid, mais qu'il est capable de prendre une grande ampleur sur des millésimes plus chaud. Un des vins suivant en sera effectivement une véritable démonstration (Méal 2018).
Hermitage Bessard Méal, 2018, 4ans de vieillissement en fût.
Alors là on change vraiment de profil, la matière est énorme, le vin est opaque, d'une densité folle même si tous les tanins sont polis par ce long élevage. Pas forcément évident de placer de la syrah sur ce vin marqué par son élevage mais qui méritera d'attendre de longues années en cave.
L'équilibre est très bon, ça devrait faire une belle bouteille.... dans un certain temps!
Hermitage, Méal, 2018
Même millésime que le précédent mais en retrouve davantage ce qu'on connaît des vins du domaine, sur la précision, et là aussi un superbe touché de bouche. Le vin est posé, il semble complètement épanoui dans son expression de jeunesse sur le fruit, la violette.
La bouche est impactante, le vin est nettement plus complet que le 2021, il tapisse le palais, s'ouvre sans reserve et a une longueur phénoménale tout en finesse.
C'est une étoile filante. Magnifique, Superbe vin.
Un autre client présent avec moi à goûté récemment Bessard 18 et, apparemment ça se goute très bien aussi.
Que boire après ça... Bernard à toujours un tour dans son sac, il a ouvert hier un
Crozes Hermitage 1990.
La robe ne fait pas son âge, le nez est simple mais beau, syrah évoluée, âtre froid, tabac. La bouche à encore une très belle tenue alors que le vin a été ouvert la veille. C'est ultra digeste, super équilibre, de la longueur, bien loin d'être mort, incroyable ! Combien y a t'il de crozes 1990 encore buvables??
Pour info, Bernard a produit des crozes pendant 4 ans (1990 à 1993).
On a aussi ouvert un Hermitage 1987 (ED, l'acétate dominant tout), un joli Saint Jospeh 1991, un peu moins intéressant que le Crozes mais qui avait encore une belle tenue.
Voilà... les 4heures sont passées à une vitesse incroyable, Mr Faurie à pris sa retraite mais ses yeux pétillent toujours quand il évoque ses terroirs de la colline de l'Hermitage.
Merci à lui.
Marc