La Sardaigne nous était inconnue tant du point de vue touristique que viticole, je n’avais lu aucun des posts LPV sur le sujet. Nous avons donc pris un peu de temps de notre séjour pour découvrir les grappes de l'île.
En arpentant les routes, on se rend compte que les vignes représentent une surface importante de l’agriculture locale. Les producteurs font des liqueurs, du vin blanc, rouge et doux.
Pour en parler rapidement, le mirto est la liqueur la plus connue. Les baies de myrte, aussi répandue que sur l’île voisine, sont utilisées dans la cuisine sarde pour les viandes fortes principalement. Leur macération avec sucre ou miel et un vieillissement jusqu’à un an donne une liqueur dense, violacée-rouge, avec un goût dans le registre végétal.
Pour ce qui nous intéresse davantage - à savoir les vins - nous commencerons par citer, de manière non exhaustive, les
[size=medium]cépages cultivés[/size]:
- Pour les
rouges :
o Le Cannonau (Grenache ou une variété) donne son nom à l’appellation. Il est le cépage principal, et souvent exclusif, de nombre de rouges. Son origine diffère selon les sources: cépage indigène depuis toujours pour certains, importé par les espagnols au 13ème siècle pour d’autres. Les vins qui en sont issus sont souvent massifs, charpentés, corsés. Il est cultivé à l'Est, à l'Ouest vers Alghero (avec notamment des vins sucrés tels Torbato ou Anghelu Ruju) ou vers Cagliari où Argiolas met si bien en valeur ce cépage
o A une moindre importance : Monica, Carignano surtout vers Sassari et ses villes voisines, Giro, Moscato rouge
- Pour les
blancs :
o Le Vermentino qui peut donner le Vermentino di Galura (DOCG). On en trouve en quantité dans le Nord-Ouest et vers Nuoro
ici à Surrau
o Malvasia di Bosa : surtout implanté près d’Alghero. Il a été rendu célèbre par le film Mondovino. Le volume de vin issu de cette grappe est cependant très restreint, 60 hl par ha pour 1 500 ha environ. La plaine du Campidano en regorge aussi
o A une moindre importance : nuragus, vernaccia, et moscato (muscat)
[size=large]Les vins dans les restaurants :[/size]
Les prix sont très abordables pour la production locale. Les coefficients multiplicateurs tournent autour de 1,5 à 2. On trouve donc des bouteilles forts agréables à 15-18€.
L’habitude des sardes n’est pas de laisser vieillir les vins mais de les consommer assez rapidement. C’est ainsi que peu d’endroits proposent des bouteilles âgées de plus deux années.
[size=large]Les dégustations[/size]
Perdera, Monica di Sardegna 2007, Argiolas
Un vin massif, beaucoup d’alcool, du fruit. Pas un grand souvenir et surtout pas de note rédigée
Cala Silente 2007 Santadi
Le Vermentino typique avec cet amer, ce poivron. La basse température de service aide à apprécier ce vin qui s'avère plus corsé avec quelques degrés de plus.
Kharisma bianco
Pour changer du Vermentino exclusif très végétal, voici qu'a été adjoint du chardonnay c’est plus rond, léger miel. Une bonne surprise.
Rocca Rubia 2007
La bouche est fidèle au bouquet. Si de prime abord, le vin est fort, alcooleux et charpenté, après aération nous avons le droit à une explosion de fruits rouges puis de raisin rouge cuit, dense, du grillé, de l’amertume. C’est un vin gorgé de soleil qui sied très bien avec du gibier ou un fromage longuement affiné. Moyen +
Pas de photo car l'appareil dormait sagement à la chambre.
Korem 2006 Argiolas
Contrairement au précédent le breuvage n’est pas du tout alcooleux. Ses effluves me rappellent quelques vins du Languedoc Roussillon tel la compagnie des papillons du Clot de l’oum. Il se distingue néanmoins car plus confituré, allant sur la cerise griotte avec une pointe de fraise. Aéré 10 min je perçois un peu de caramel
En bouche, les fruits précédemment décrits se trouvent au début du parcours pour laisser place rapidement à un boisé agréable. La texture est légèrement perlant. La structure est costaud, les tanins sont serrés. La persistance s’étend sur une dizaine de secondes. Bien
Cagnulari 2007
Alors que l’odeur témoigne de la parentée régionale du vin : alcool et fruit, le registre des goûts est cependant différent de ce que nous avons pu boire jusqu’à présent. Nous avons ici de la mûre, une palette plus végétale que Korem, avec du poivron et de la myrte en bouche. La longueur est moyenne et les tanins assez bruts. Bien
Cannonau di Sardegna 2005, Cantine Sella & Mosca,
moins de 7,50€ en grande surface
Voici un vin qui va à l’encontre des idées communes sur le cépage autochtone.
La robe est claire. A l’ouverture nous avons de brefs effluves de Pélardon (?). En contact avec l’air, il se révèle fin et moins concentré.
Cette élégance se retrouve en bouche avec de la grenadine, de la violette. Après quelques minutes, il fait montre de puissance et d’un nez plus champignonneux. L’acidité donne un bon équilibre. On peut supposer 3-4 années de bonification.
Le style s’éloigne des vins du Sud de la France pour se rapprocher de ceux de la Bourgogne – quand bien même je n’en suis pas spécialiste - tel un jeune Pinot noir bien exécuté avec une personnalité insulaire.
Il constitue un superbe accord avec le porcelet sarde, plus nous le buvons, plus nous l'apprécions
B+ voire TB-
Cannonau di Sardegna Triente 2007, Pala
La pénombre ne m’a pas permis d’observer correctement la couleur.
Le bouquet se rapproche du Korem, un peu moins complexe mais de la violette en bonus.
La bouche est identique avec d’abord un côté bonbon puis une évolution vers le végétal et l’amertume du zan. C’est un peu court. B-
[size=large]La visite des vignes :[/size]
Notre timing ne nous a pas permis de nous rendre à Sella & Mosca, un des principaux producteurs de l'île, un jour d’ouverture, nous nous contenterons donc de quelques clichés pris de l’extérieur.
La maison se trouve aux portes d'Alghero
Avec un peu d'escalade (le muret
)
et de l'autre côté de la route
Notre séjour dans le Nord nous a permis la découverte de la Cantine Surrau ici
lapassionduvin.com/p...
Et notre visite d'Argiolas
lapassionduvin.com/p...
Après deux semaines en Sardaigne et une dégustation variée, même s'ils sont forts bien réalisés, j'avoue les blancs Sardes ne bousculeront pas pour le moment ma hiérarchie de préférences. Je me disais de temps en temps que j’aurai préféré un Alsace ou Bourgogne. Il s'agit certainement d'une question de structure: trop de puissance et pas assez de finesse, pas assez de maîtrise.
Les rouges sont en revanche plus variés et plus intéressants, des choses remarquables à 8€ ou à 35€. J'en aurais bien ramené plus mais faute à la place en soute à bagage