Dégustation Alsace LPV Catherine et les garçons. 3 Février 2012.
Les lignes qui suivent ne ressemblent pas à un cr ordinaire, plutôt une succession de "méditations" inspirées par ces grands vins d' Alsace en écho au sujet lancé par Jérôme
"le vin est-il une affaire de goût" sous forme d' un petit essai modeste, d'inspiration métaphysique, résolument profane dont le titre serait :
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Quand le ciel s'ouvre dans quelques vins d' Alsace....[/size]
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1) Muscat GC Golbert Clos St Imer 2004. Ernest Burn. 13°[/size]
asperges en vinaigrette et coquillages.
Le nez parait discret tout d'abord ; la mémoire du padawan dégustateur conditionné par son expérience des muscats méridionaux, plus expansifs, plus alcoolisés, voudrait retrouver un goût plus à son goût parce que connu, identifié, répertorié ; un plaisir lié à la répétition du passé, en quelque sorte. Le padawan à demi-sot, n' étant qu'à moitié hémiplégique du goût finit par se taire et réaliser que la discrétion présumée n'était qu' une image, un voile de pensée masquant la délicate finesse d'un nez tout en dentelle. Dentelle d' arômes jouant au kaléidoscope, dont le grain du raisin de muscat, ultimement précis, singulier, serait l'axe autour duquel graviterait par séquences, des senteurs de rose, de litchi, de verveine, de citronnelle, s'unissant en une caresse résolument exotique.
La bouche explose de saveurs, ordonnées à nouveau autour de celle du raisin, sur une trame toujours très fine, délicate, avec une subtilité d'une précision presque diaphane, reposant sur une texture qui a du corps, une vraie présence qui s'allonge longtemps en finale. Cette alliance d'assise qui fait corps et de finesse toute aérienne, toute en précision d' arômes et de saveurs, semble faire décoller le vin de ses bases ; comme si la grandeur, la transcendance évoquées par Jérôme, était avant tout une affaire d'immanence ouvrant en son sein un paysage plus grand que le paysage, contenu totalement dans la singularité du paysage étendu dans notre bouche. Curieux paradoxe : vu de là où nous nous sentons être, notre bouche, disposant par ailleurs d' une réalité organique indiscutable, n'est qu' un tissu d' images, un réceptacle bruissant d' impressions qualitatives où l'esprit, curieusement absent des 31 pages de débat, ne déguste pas moins que la bouche qui l'incarne. N'est-ce pas un peu présomptueux de vouloir résoudre le mystère de la grandeur du vin que l'on boit, en occultant la part immatérielle du réceptacle qui lui donne vie ?
Du qu'est-ce que je déguste au qui déguste, le qui suis-je n' est pas loin !
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2) Riesling GC Muenchberg 2007. Ostertag. 13,5°[/size]
chaud froid de langoustines à l' abricot, garam massala et fleurs de capucine.
Le nez respire l'harmonie, la fraicheur : des senteurs florales entrecroisées sur une douce trame acide citronnée tirant sur l'orange. Alors le nez du padawan se surprend à extraire de cette masse aromatique, des essences de lilas, de chèvrefeuille, de muguet ; simultanément, des senteurs de bergamote, de pêche blanche, d'abricot, accompagnées de fines notes pétrolées, apparaissent déjà sur la palette complexe si délicate. Sur un nez si riche d'impressions, extraire ne signifie pas aller vers, forcer, brusquer, mais plutôt laisser venir, laisser faire, se laisser surprendre.L'intention est passive, l'attention est active comme une flamme dressée. Alors le vin parle dans notre écoute, se révèle dans notre absence.
Sentir couler ce vin en bouche procure une impression de fraicheur, d'ouverture, presque de joie ; ce qui s'œuvre au niveau de son contact, a les qualités d'une belle œuvre, comme on dit, toutes proportions gardées - ce n'est qu' une image - de certains humains qu'ils sont de belles personnes. Beau par son harmonie parfaite, l'évidence de son équilibre, sa justesse d'arômes et de saveurs qui par l' énergie et le supplément de vie qui les anime, accèdent à une dimension qui ouvre le cœur. Je ressens le vin, comme tout objet de perception qui m'entoure, comme une page d'écriture dont le dégustateur est le lecteur. Apprendre à déguster de façon intime, c'est apprendre à "lire" le vin existentiellement. L' Everest de la dégustation serait d'être "lu" parce qu' il y' a lire. Une affaire d'aperception où points de vue, goûts et concepts s'effondrent dans une vision instantanée, globale qui les coiffe tous où l' écouté est son écoute.
Dans une optique plus démocratique, on peut explorer passionnément, follement, ces moments où le vin, peu à peu, au fil de l' instant, se révèle dans notre écoute, notre silence ; accueillir ces instants où le sentiment de grandeur, de perfection, de beauté que certains vins éveillent, déclenche une forme d' ouverture, d'expansion, de suspension du temps et de la pensée, accompagnées d' une joie profonde, toute simple, parfois incommensurable où l'on n' a plus besoin de rien, où l'on attend plus rien, tant ce qui se présente au cœur de cette immanence du vin, a valeur de présent absolu.
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3) Riesling GC Bruederthal 2000. Bernard Weber. 13,5°[/size]
roulade de saumon fumé au raifort.
Ce vin raconte vraiment une autre histoire. Après la générosité délicate, toute en nuances subtiles et complexes du vin précédent si enchanteur, ce Riesling d'âge mûr parait plus effacé de prime abord, beaucoup moins fleuri, plus marqué par sa trame minérale aux senteurs épicées, presque verticale, où le citron, la pêche et le zeste d'orange finissent par éclore discrètement. Face une telle succession de vins, notre écoute se dégage des images tissées d' impressions du vin goûté précédemment ; elle accueille le vin comme il est, tel qu'il se présente. La psychologie s'efface ; la mémoire organique, libérée des comparaisons, des hiérarchies, joue pleinement son rôle, révélant ici l' alchimie subtile de l'acidité du citron uni à l' empreinte du caillou, mêlé à l'arôme magnifié du pétrole. Des synthèses s' opèrent qui n' existent pas sur terre, mais que l' esprit rend bien tangibles quand l' impression de nature spirituelle s'incarne dans la réalité sensible. Tiens, un citron-pierre ! Un jeu ludique se met en place. Pas besoin de joueur. La dégustation devient art quand la poésie tente de rendre compte de ce qui s'œuvre. Poésie vécue, vivante, infiniment créatrice. Nul besoin de poète pour cela, c'est le poème qui crée le poète ; le poème s'écrit dans la chair du vin fait écoute ; l'émotion du dégustateur n'est qu' un reflet du vin fait poème.
La bouche révèle ce que le nez laissait discrètement pressentir, une architecture structurée par l'acidité où la puissante minéralité révèlant toute sa noblesse, fait rouler ses saveurs bordées de beaux amers jusqu'au fond de la gorge débordant d'esprit de caillou au goût de citronnelle.
C'est l' ego qui compare. Comme tout objet de perception, chaque vin est un absolu quand on sait l'écouter, l'écoute reposant avant tout sur le fait de réaliser que l'on n'écoute jamais ou si peu ! L'écouté apparait dans notre écoute sans personne qui écoute. L'écoute déhiérarchise totalement ce que l'ego transforme en affaire de goût. Quand l'écoute devient nue et vide comme le désert, ce n'est plus tant une affaire de goût personnel, qu'une affaire de résonnance, de correspondance d' échos aux jeux de la vie, qui se présente sans choix possible.
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4)Riesling GC Schlossberg Sainte Catherine 2007. Weimbach[/size]
mousseline de grenouille et de sandre.
Le vin est décidemment un voyage d'aventure perceptive, renouvelée à chaque inspir, chaque gorgée. Ici, le paysage aromatique se mesure en terme de puissance, de prégnance d' arômes qui semble donner du corps à l'horizon d' odeurs plus que de senteurs. L'image semble un peu vulgaire et saugrenue pour moi qui ne conduis pas, ce nez m' évoque un nez de belle cylindrée dont les formes élancées, parfaites, ont un charme fou, envoûtant ; l'empreinte franchement hydro carburée, intimement mêlée aux fleurs et aux agrumes, se transcende en parfum délectable. Un nez dont la superbe inspire l'addiction et attise l' intention de comparer. Grosse structure, fruit superbe, fil acide un peu tendu...Hé, cela me rappelle le
Montus blanc ou le
Canopée du Domaine Cauhapé de notre longue série de dégust' consacrées au SO ! Des vins que j'adore, car ils m'impressionnent, mais dont je dirais qu' ils mettent moins mon cœur à nu. Pourquoi ? Je pourrais tenter de répondre, d'argumenter ou de me rendre à l' évidence que dans le fond, je n'en sais rien. Ou suggérer l' hypothèse que la différence entre le goût et la résonnance, est que la seconde s'impose d'elle-même, dans l' instant, sans histoire, sans mémoire autre qu'organique, sans hiérarchie ni commentaire, à commencer par celui que je suis en train de faire.
La bouche est merveilleusement équilibrée, toute en tension acide amère ; un jus généreux, gorgé de saveurs portant leur fougue et leur jeunesse aux quatre coins de la bouche avant de se clore dans un nuage au parfum d' oranger. C'est très bon, mais, là, maintenant, en le regoûtant, cela reste un objet de perception, une superbe expérience, pour le coup une affaire de goût ! Dans sa dimension sacrée résolument profane, un vin est grand quand il me dénude de moi même. Quand le vin se transforme en ange, son battement d' aile est silence....
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5) Tokay Pinot gris GC Rangen de Thann. Clos St Urbain 1991. Zind Humbrecht.[/size]
sainte-maure rôti sur pain au levain et gelée de rose.
Philippe, décidemment généreux, retenu professionnellement au dernier moment, a tenu absolument à confier à André, le vin qu'il avait prévu, pour nous le faire goûter en son absence. Un Rangen 91 ! Irrémédiablement bouchonné, hélas...C'est vraiment dommage, parce que derrière ce foutu liège, on devine un fruit merveilleux, assis sur une structure de pyramide, qui se dresse, s'élargit, explose littéralement en bouche, avant d'étendre loin, longtemps, son Mississipi de saveurs blessées au feu du bouchon ! Sur la longue finale, un court instant, on a l' impression que le fruit renait, bouscule l'intrus apocryphe...Hélas, sur la rémanence superbe, le fruit finit par s'éteindre, englouti par une mer de bouchons déchainés hurlant leur Rangen !! [size=x-small]pas pu m' en empêcher[/size]
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6) Pinot noir Burlenberg 1er cru 2004. Marcel Deiss.[/size]
terrine de joue de bœuf de Gilles Vérot, poêlée de cèpes à l' ail et au persil.
Ce nez ne ressemble à aucun nez catalogué dans ma mémoire ! C' est en ce sens, au risque de choquer Luc qui en a vu d' autres, que je dirais qu'il est racé. Cela signifie pour moi, si singulier qu'il en parait unique, un animal tellurique surgi de nulle part.
La bouche conserve ce coté sauvage, râpeux, au fruit insolent, aux amers charbon ; un vin volcan aux tannins de feu dont le coté brut de décoffrage de prime abord, se révèle sacrément émouvant au fil de l'aération. Unique ! Indescriptible ! Bienvenue sur la planète Deiss !
Enzo ( Laurent), brillant entomologiste du vin, bien plus poète et sensible qu' il n'y parait, pourrait me reprocher que le cr précédent ne raconte rien du Burlenberg (à l' inverse de celui d' Hubert d'une précision limpide), ou du moins que ce que je raconte ne lui dit rien. Mais comment parler de Deiss, autrement que par métaphores, bousculades de mots et d'univers ? Derrière son allure d'humaniste incroyablement sympathique, pas toujours commode, parfois intransigeant, Deiss, pour moi, est un moine guerrier, un alchimiste. Un inventeur de vins absolus, affranchis du connu. On ne sait jamais ce qui va sortir de son creuset ! Son grand œuvre opére par synthèse, transmutation des goûts, refondation de l'identité du vin, souvent neuf, étonnant, bouleversant parfois. Comme il est alchimiste, il ne se prend pas pour un artiste, mais pour moi, nombre de ses créations sont des œuvres d' or.
Leur tonicité souvent moelleuse sur les vins complantés me semblait un parfait compagnon pour une blanquette de veau à l'ancienne, dégustée sur trois de ses vins.
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7)Grasberg 1er cru Bergheim 2004. Marcel Deiss. 12,5°[/size]
blanquette de veau à l' ancienne.
L'orange est le fil d'or de ce Grasberg : sanguine au nez caressé par la fine acidité du citron, navel mêlée d'agrumes en bouche dont l' équilibre semble trouver ses fondations au plus profond du grain singulier de l'orange. Cette singularité ouvre à l'universel, comme si le vin ne pouvait accéder à son identité profonde qu'en débordant de son identité, en s'incarnant totalement dans sa propre singularité qui s'ouvre alors à l' infini en coïncidant avec elle-même. Comme Klein révèle la bleuité du bleu dans ses tableaux, comme Soulages peint l'âme du noir, comme Ravel transforme ses jeux harmoniques en beauté absolue. Comme si le vin devait atterrir pour se mettre à décoller et son supplément d'âme potentiel, totalement s' incarner pour se révéler. Quand le ciel s' ouvre dans votre bouche, la profondeur du vin a des ailes....
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8) Altenberg de bergheim GC 2005. Marcel Deiss. 12°[/size]
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En gardant en toile de fond, l'hypothèse que c'est par leur singularité portée à l'ultime, que chaque arôme, chaque saveur, combiné ou non, peut s' ouvrir à l'universel, on peut suggérer que l'actualisation de l'évidence du grand vin, peut vraiment s' incarner de mille façons. Là où le Grasberg, ordonné autour d'un arôme racine, l'orange en simplifiant, apparait tout d' une pièce érigée en absolu, l'Altenberg présente une arborescence complexe et délicate d'arômes entrecroisés. Il en résulte une impression d'harmonie, d'équilibre, reposant autant sur la précision de chaque arôme que sur leur combinaison, leur ordonnancement parfait formant au final la singularité, l'identité du paysage aromatique. Combinaison d' impressions qualitatives où l' arôme devient couleur et la saveur devient musique par le biais des synthèses de l' esprit, transmutant les parties en totalité, en unité comme dans toute composition artistique. N'avez-vous jamais ressenti que face à un très grand vin, l'esprit ne ressent plus ou bien moins, le désir de décrire ce qu'il ressent en terme de jardinier, de géologue ou de cuisinier, mais plutôt en terme d'architecte, de peintre, de musicien, de poète ? Ce qui est merveilleux, c'est de sentir l' abstraction des concepts géniaux et si puissants, de grandeur, de profondeur, d' harmonie etc.devenir concrète, vivante, prendre corps, s' incarner totalement dans le vin à même la nudité de notre écoute. Décidemment, la grandeur du vin est vraiment une affaire d' immanence.
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9)Riesling VT Altenberg de Bergheim GC 1994 Marcel Deiss. 12,5°[/size]
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Est-ce l' âge qui a mangé son sucre ? Ce Riesling VT de 18 ans, parait nettement moins sucré que les deux vins précédents, son sucre n'est plus que caresse fondue au fruit ; une douceur sublime que le bouquet décline en fines senteurs de zestes d'agrumes, de citron confit, d'abricot sec, de pain d'épices, si mêlées à l'empreinte minérale, qu'ils se fondent en une seule effluve aux physionomies multiples.
En bouche, on sent combien le fil acide citronné qui donne une telle fraicheur, une telle jeunesse au nez, structure pareillement la bouche comme s'il la dessinait ; la tension ordonne la texture aux saveurs pleines et généreuses mais sans aucune mollesse, libère une mâche délicieusement appétante que l'on aimerait ne jamais voir s' arrêter ; souhait que le fil acide citronné, allongé indéfiniment en finale, satisfait par sa persistance. Quel beau vin, moins complexe, moins fou que le Gewurzt Altenberg SGN de la même année, pas vraiment comparable, mais le plus adapté des trois, à mon goût, sur la blanquette, par son fil citronné prédominant.
Ce qui m'émeut dans ce vin, c'est sa noblesse, sa quintessence d'arômes et de saveurs comme recouverts d'un manteau minéral qui les imprègne ; le tout exprime une jeunesse fringante et dynamique dont l' impression qui la caractérise et lui donne vie, a comme un goût. Dans le sens où le goût serait poétiquement comme l' "être" du vin, bien sûr que le vin est une affaire de goût et non d' ego et de préférence. Une impression singulière, ultimement précise à nouveau qui s'incarne dans les mots qui s'écrivent d'eux-même sous mon stylo. Au moment où ce que je ressens s'écrit, une image mentale apparait, doublée d'une impression qualitative qui lui donne vie et permet à la pensée qui les fonde, de nouer avec elle-même. Pensée, image, impression qualitative : outils, supports des signes avec lesquels la conscience noue avec l' objet de conscience par la fonction symbolique. Objet, sujet, objectivité, subjectivité, que de croyances toutes faites sur ce que recouvre ces mots en réalité. Imaginez un instant que l' objectivité à laquelle nous croyons dur comme fer [size=x-small] "qualité de ce qui existe indépendamment de l' esprit" selon le Petit Robert ou d'en[/size] [size=x-small]d'autres termes: qui est doué d' une réalité autonome, séparée, existant par elle même[/size] perde toute réalité objective, la révolution qui s'en suivrait !! N'est-ce pas ce que l'on pressent dans ces instants rares, magiques où le vin confondu à notre écoute semble perdre toute objectivité pour se retrouver grandeur, perfection, émotion, évidence totalement incarnée dans ce que je nomme goût, impression, musique, poésie. D'où vient alors la joie ressentie marquant le pressentiment d' être au seuil de qui, de quoi... C'est une lecture, rien de plus, que seule l'expérience directe peut valider
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10) Gewurztraminer GC Mambourg cuvée Laurence 2004. Weimbach.13,5°[/size]
Munster fermier affiné.
Le nez est merveilleux, doux et puissant à la fois ; ses arômes déferlent comme une vague dont la plage s' étend au creux de nos narines. Vague à l' écume de rose, de litchi et d' agrumes, ample, généreuse, profonde que l'alcool fondu au fruit, transforme en houle qui respire. Le dégustateur, emporté par la vague indicible d' harmonie, de beauté, seul témoin de son absence, n'a jamais été aussi présent ! Le vin est devenu chair de son écoute.....
La bouche incroyablement grasse, évoque un liquoreux. Sa profondeur parfumée, intense, prend à nouveau des allures de puissante houle dont les creux et les bosses, entre langue et palais, atteignent un équilibre parfait, absolu. Le reflux d'amers moelleux en finale en est l' écho glorieux, déposant ses moutons bien plus loin, bien plus profond que l' horizon de notre gorge. Il y'a des vins qui inspirent le merci. Prier, c'est remercier, suggèrent certains.....
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11) Pinot Gris Altenbourg 2002 SGN Weimbach 50cl. 10,5°[/size]
tarte au citron vert
Face au vin précédent, incroyablement accueillant, presque avenant, ce vin a un profil plus discret, un nez plus serré, plus secret, bien plus concentré en sucre. Là, plus que jamais, il faut se taire et écouter, cette écoute active passive au sein de laquelle le vin se raconte, s'écrit à même notre absence-présence. Un nez presque souterrain comme empilé par couches ; chaque strate figure une déclinaison du sucre fait orange confite, fait caramel, fait miel et mille autres paliers de senteurs sucrées, superbement tendues par ce fil acide citronné magique qui signe la fraicheur des grands liquoreux. Déguster demande du temps, de l'attention. Plus l'intention de vouloir sentir se vide, plus l'attention se remplit du ressenti du vin. Ce nez au final se révèle follement complexe, sous son apparence peu expansive !
En bouche, le gras de la texture semble épouser les joues, la gorge et le palais ; la fraicheur insolemment fruitée qui s'en dégage transforme la langue en piste de décollage. Là, le vin se révèle pleinement, généreusement, gorgé d' agrumes, de fruits confits, de sucre candy, qu'un fil au goût de citron vert bordé de caramel, étire indéfiniment sous la langue qui n'en finit plus d'en dérouler les amers goûteux jusqu' à en laper ce qu'il en reste quand il n'en reste plus rien qu' un nuage au goût très subtilement brûlé.
Voila, en quelques mots inaboutis, forcément maladroits, mon écho au sujet lancé par Jérôme. Il ne faudrait pas rester au pied de la lettre de certaines formulations, certaines images, mais sentir plutôt le courant qui les anime où une chose et son contraire ne sont plus contradictoires, séparés....
Dans l' hypothèse minuscule où ces mots, au meilleur de leur forme, couleraient de source, c' est par la rencontre de Jean Klein, Stephen Jourdain, Eric Baret, comme celle de la musique, de la marche et du désert, que les mêmes mots, en de trop courts instants, pourraient prendre, l' aspect d' un filet d' eau vive......
Hé les garçons, après ce long bavardage, faudrait voir à faire des vrais cr
sur ces vins d' Alsace, décidemment grands. Hubert et Catherine, heureusement que vous êtes là, vous faites grève les autres ou quoi !!!
Daniel