Ceux qui ont connu et apprécié Sandrine et Jean-Paul Lecroq dans leur restaurant La Table de Sorgues dans le Vaucluse ont sans doute été un peu déçus quand ils ont vendu leur affaire il y a trois ans pour voguer vers d'autres cieux. En tous les cas, pour mon épouse et moi, ce fut le cas car nous y allions souvent.

Le couple d'une compétence discrète était d'une grande gentillesse, souriant, à l'écoute, lui en cuisine et elle en salle et au service du vin. Nous y avons fait des dîners mémorables avec une cuisine à la technique sûre, sans esbroufe, invisible en fait tant les produits de première qualité étaient respectés et pas dénaturés par trop de montage «savants», pas plus de trois saveurs dans l'assiette, tout cela accompagné de très bons vins choisis parmi les nombreuses références de la carte et tarifés correctement. Bref, le genre de restaurant dont on ne se lasse pas.

Et puis v'la-t'y pas qu'il y a quelques semaines nous apprenons qu'ils ont ouvert un nouveau restaurant dans le village de Saint Maximin dans le Gard, tout à côté d'Uzès. C'est pas le bout du monde et donc, nous réservons vite fait.

L'Ousta Maï est la nouvelle adresse du couple Lecroq et autant le dire de suite, nous avons retrouvé toute l'atmosphère de La Table de Sorgues dans un cadre encore plus enchanteur. Jean-Paul est resté fidèle à ses préceptes et Sandrine est toujours parfaitement à son affaire en salle et, bien sûr, ils ont toujours en eux cette gentillesse et ces délicates attentions qui font que vous vous sentez presque comme chez vous. Ils ont choisi de tout faire à deux avec un aide en cuisine uniquement le soir et pas plus de 18 couverts. Dîner sur la terrasse au milieu de leur grand et calme jardin est un moment qui vaut la peine d'être vécu.

Le menu-carte propose cinq services. Il change tous les 8/10 jours. Pour nous ce fut trois amuse-bouche gourmands pour commencer, puis,

 
Homard en "biscuit" et rissolé


Filet de truite et cèpes


Lièvre à la royale / polenta grillée et purée de potimarron


Brie truffé (truffe d'été)


Craquelin citron-framboise / crème glacée à la rhubarbe

Tout était parfait. La maîtrise des cuissons, la justesse des goûts, les sauces qui vident la corbeille de pain... Et tout ça pour combien me demanderez-vous?... 65 € et l'eau micro-filtrée gazeuse ou plate est gratuite. Pas de bouteille d'eau minérale qu'ailleurs on facture 6 ou 8 euros, voire plus.

La carte des vins est toujours bien fournie en références connues ou moins connues. Elle fait la part belle aux vins du Sud (des Châteauneuf à la pelle). On y trouve des premiers vins à prix très corrects, quelques pioches intéressantes et d'autres vins sur lesquels tout amateur louche bigrement et qui affichent des prix forcément plus costauds mais sans jamais, ai-je trouvé, partir dans le délire.

Pour accompagner les belles assiettes nous avons choisi la Grande Cuvée Chenin, Les Puits aux Chiens 2020 du domaine Les Quatre Piliers (85 €), un vin éblouissant par sa pureté, son équilibre entre puissance, rondeur et fraîcheur, et une longueur impressionnante. J'ai le sentiment que le nouveau venu Valentin Desloges va faire des ravages et je crains que ses vins ne deviennent vite compliqués à dénicher. Nous avons fait suivre ce nectar d'un formidable Châteauneuf-du-Pape, domaine de La Janasse, Chaupin 2012 (125 €), à point, aux tannins devenus civilisés, tout en soyeux de texture et profondeur aromatique où les arômes tertiaires de rancio et de cuir commencent à poindre pour créer un mariage idéal avec le lièvre à la royale.

Nous n'avons pas encore programmé notre prochain passage à l'Ousta Maï mais cela ne devrait pas tarder.

Jean