Château Beauséjour Duffau-Lagarrosse, Saint Émilion 1995
Cette bouteille m'a été offerte il y a deux ans par un généreux donateur, en provenance directe de la propriété (merci encore, Antoine). On peut donc penser qu'elle a eu des conditions de garde optimales.
Le hasard a fait que peu de temps après, je suis tombé sur une opportunité d'acheter une bouteille de
Tertre Roteboeuf
du même millésime aux enchères. Voilà donc une idée de faire une confrontation de ces deux grands vins, près de 28 ans après.
Je n'ai jamais bu de Beauséjour-Duffau mais j'ai une vague idée de son style à travers les commentaires que mes prédécesseurs ont laissés.
Les bouteilles ont été ouvertes 4h avant.
Le bouchon est superbe, imprégné sur 5 mm à peine.
La couleur est vraiment acajou, dense mais évoluée.
Le 1°nez est bien viandé, boîte à cigares ; l'agitation est intense style jus de viande, cuir, tabac, épices, tout le tertiaire bordelais. Il prend de la force et de la complexité à l'aération.
La bouche est assez longiligne avec un beau volume fondu, de la fraîcheur, un caractère très digeste. Arômes de bouche cohérents, c'est à dire pas exubérants, évolués, viandés, épicés mais avec une touche fraîche un peu végétale qui lui va bien.
C'est un parcours sobre mais efficace, d'un style vraiment évolué mais encore causant. On peut dire que c'est un Bordeaux racé.
En mangeant (brochettes de bœuf), son équilibre est plus plaisant que le Tertre-Roteboeuf, à mon goût.
Il tiendra encore bien les jours suivants, même à 1/4 de la bouteille.
En conclusion, c'est proche de l'idée que j'en avais : un vin qui a dû être peu sympathique dans sa jeunesse et qui s'est arrondi avec le temps. Le grand Bob ne s'était pas trop trompé quand il disait en 2001 qu'il fallait le boire entre 2007 et 2022. En effet, la matière est agréable aujourd'hui mais l'impression générale est bien évoluée et pas trop à mon goût. Je rappelle que cette bouteille a eu des conditions de garde parfaites au château.
Patrice