Dégustation « Les terroirs glorieux du Moulin-à-Vent »


Magnifique dégustation organisée par le CAVE SA à Gland en présence de deux locomotives du Moulin-à-Vent, d’un côté Edouard et Brice du Château du Moulin-à-Vent (32ha, vignes de 60 ans d’âge moyen, 14'000 pieds/ha, en bio certifiée dès le millésime 2024) et de l’autre Eric et Perrine du domaine Paul Janin & Fils (8.5 ha et également certifié bio dès 2024). 15 bouteilles servies en 6 groupes, aucune à l’aveugle. Histoire de marquer le centenaire de l’appellation et de mieux cerner les lieux-dits de ce terroir du Beaujolais. Je ne réécrirai pas l’appellation pour chaque vin, juste le lieu-dit ou le nom de la cuvée.

Château du Moulin-à-Vent 1976 en magnum
Vin produit par la famille Damoy, ancienne propriétaire du domaine. Nez faisant penser à un vieux Bordeaux, sur des notes de sous-bois et vineux. La bouche s’ouvre sur des notes de croûte de fromage, avec un bel équilibre entre un côté rond et chaleureux et l’amertume. Cette sensation de vinosité persiste et donne au vin une belle amplitude, avec une petite touche végétale en rétro. Un vin de toute beauté qui démontre déjà le potentiel de garde de l’appellation.

Paul Janin & Fils 1990
Nez mature et puissant, bien présent avec une note fumée. La bouche est chaude, charnue, d’une amplitude spectaculaire et avec une finale puissante, longue et goûteuse, avec une amertume des plus plaisantes. Un vin hors norme, splendide, qui nous montre pour la première fois de la soirée que Moulin-à-vent est bien ancré entre la Bourgogne et le Rhône nord.

Château du Moulin-à-Vent 1998
Nez plus balsamique et viandé, avec nes notes de bouillon. La bouche est plus sèche, moins élégante et équilibrée, avec des notes de feuilles mortes. La finale est encore bien présente. Un vin qui a sûrement été mieux que ce soir, mais qui reste fort plaisant.

Paul Janin & Fils, « Séduction » 2005, un vin non-commercialisé issu d’un essai sur une parcelle de Greneriers.
Nez riche et puissant, quasi exotique, avec une touche de crôute de fromage. La bouche est dense et chaude, les notes de fût encore bien présentes, l’amertume permettant de garder ce vin dans des limites tolérables. Cela fait penser à une Syrah rhodanienne. Un vin intéressant mais trop riche. Un essai non renouvelé.

Château du Moulin-à-Vent « Clos de Londres » 2009 en magnum
Quelle transition ! Un nez tout en finesse, avec une belle touche minérale mélangée à des notes de pot-pourri. La bouche est encore tannique, complexe, portée par cette amertume et cette minéralité, longue et encore jeune. Un vin tout en verticalité et magnifique.

Paul Janin & Fils, « Greneriers » 2010. Vigne quasi-centenaire et millésime humide.
Un nez riche et dense, sur des notes de petits fruits et de grenadine, tout en rondeur et en intensité. La bouche est tendue, sur un fruit croquant et des tannins sableux, s’épaississant à l’aération pour finir sur une finale sphérique et goûteuse. Superbe. 2009 et 2010 me font vibrer.

Château du Moulin-à-Vent « Champ de Cour » 2014
Nez tout en rondeur, laiteux, humide, sur des notes de guimauve et d’oxyde de fer. La bouche est tendue, d’une douceur croquante, avec une amplitude grandissante et faisant preuve d’un certain classicisme. 

Château du Moulin-à-Vent « Clos de Londres » 2015
Nez puissant, costaud, concentré et présent. Un peu monobloc à ce stade. Bouche tendue, avec une magnifique trame amère, sur le fruit croquant, tout en longueur. Un vin encore jeune mais on sent la belle qualité de raisin, ça donnera quelque chose de grand.

Paul Janin & Fils « Greneriers » 2015, un vin pure cuve.
Nez chaud, puissant, sur de snotes de fruit macéré. La bouche est dense avec une forte glycémie, une matière hors norme, des tannins croquants et une finale juteuse. Des notes d’embrun nous rappellent les single malt d’Islay. Un vin jeune et solaire qui nous marque. Incroyable qu’il n’ait jamais vu le bois.

Paul Janin & Fils « Héritage » 2018, un vin qui assemble ce qu’était auparavant le Clos du Tremblay, Greneriers et Burdelines.
Nez rond, sur les fruits et une note fumée. La bouche est croquante, portée par une belle acidité et une note végétale fraîche, bien équlibrée. Un doux mélange Rhône-Bourgogne dans ce vin.

Paul Janin & Fils « Héritage » 2019, année marquée par le gel, toutes les parcelles ont été vinifiées en même temps, 100% éraflage.
Nez plus profond, compact et noir. Bouche dense, en couches, profonde mais avec une forte amertume (non liée à la rafle). Un style très Châteauneuf.

Château du Moulin-à-Vent « Champ de Cour » 2020, millésime chaud et vendange précoce
Nez fruité, avec une sensation monérale et fumée, bien équlibré. Bouche acidulée et croquante, tannins fins, belle fraîcheur pour un vin qui doit encore se mettre en place.

Paul Janin & Fils « Greneriers » 2020
Nez exotique, avec une touche de vanille et une impression de glycérine. La bouche est tendre et ronde, aux tannins marqués, avec une note végétale. On sent les chevaux sous le capot.

Château du Moulin-à-Vent « Clos de Londres » 2021 (millésime frais)
Nez infusé et mentholé, sur la fraise Mara, avec un petit côté Rayas et une belle frâicheur. La bouche est ciselée, en couches, avec un beau fruité en milieu de palais, tout en finesse et goûteux. Un vin au style bourguignon, magnifique et sûrement stratosphérique demain !

Paul Janin & Fils « Héritage » 2021
Nez sur la fraise, un peu réduit, plus simple mais également plus riche. Plus rhôdanien aussi. Bouche tendue, avec un léger CO2, sec, avec une belle matière riche et tout en longueur. 


Superbe verticale de cette appellation qui a tout d’une grande, au style tantôt rhodanien, tantôt bourguignon et qui pourrait en surprendre plus d’un à l’aveugle. Des vins taillés pour la garde. Deux domaines que j’achète chaque année mais quand même une préférence pour le Château du Moulin-à-Vent et la précision de ses jus. Merci au CAVE et aux vignerons présents.