Bon c'est le genre de dégustation tout de même inhabituelle pour notre groupe dont on ne sort pas complètement indemne, le genre de choc vinique qu'il ne vous faut pas reproduire trop souvent au risque de devenir blasé, ce qu'il y a de pire pour des passionnés.
Heureusement, une fois ne sera pas coutume et je sais que la passion commune de notre groupe va bien au delà de ces quelques étiquettes, aussi prestigieuses soit-elles, pour revenir à des choix de dégustation plus originaux et variés, même si moins prestigieux.
Ce n'est surement pas une raison pour bouder notre plaisir d'avoir pu regrouper de si grandes bouteilles par la qualité (uniquement par le nom pour certaines) et que Philippe et sa femme ont su magnifier par un repas adapté et goûteux, comme par un ordre de service aussi réfléchi que judicieux. Merci sincèrement à tous les deux, aux généreux donateurs et au fou parisien qui nous a notamment servi une trilogie dont nous nous souviendrons.
Voici mon modeste CR pour des vins bus à l'aveugle bien sûr
Champagne Extra Brut Doyard « Cuvée Vendémiaire »
Beau nez de pain grillé, d’amande, de fruits secs avec un léger oxydatif.
La bouche est plus oxydative, assez aérienne à la bulle fine et dans un ensemble droit et tendu. C’est peu corsé avec une belle longueur finale épicée et sur la noix. Fond de verre sur les fruits jaunes. Deuxième rencontre et toujours aussi bon.
Très Bien.
Champagne Brut Selosse « Substance »
[size=x-small]Dégorgé en avril 2008[/size]
Nez oxydatif de noix, d’épices, de beurre. C’est très mûr et très ouvert sur les raisins de corinthe avec une belle complexité.
La bouche est grasse, corsée, une grande douceur domine. Elle est accentuée par des bulles très fines qui confèrent une sensation presque crémeuse, beurrée sans aucune sensation de lourdeur. Finale de longueur correcte avec de fins amers et une note de noix. Fabuleux fond de verre sur les épices douces, le miel et la canelle. Superbe champagne.
Très Bien +/Excellent.
Champagne Brut Salon 1983
Nez de pomme très mûre presque compotée de rhubarbe, de champignon, de sous-bois, iodé, moins net que le précédent.
La bouche développe une grande fraicheur, là encore les bulles sont très fines, l’ensemble est droit et tendu, de belle ampleur avec pas mal de vivacité en finale. C’est long sur les fruits secs avec un côté acidulé qui fait vraiment saliver et étire la finale. C’est très bon, dommage que le nez manqua un peu de pureté.
Très Bien +.
Pessac Leognan Château Haut Brion 1982
Nez vanillé, de pomme compotée, de pina colada, on sent une touche d’oxydation et des notes de rhum raisin.
La bouche est oxydative, possède pas mal de gras mais c’est monolithique aromatiquement et la longueur finale est juste correcte. Ce n’est pas mon truc en l’état et me laisse la même impression malheureusement que le 87 bu récemment.
Bien.
Corton Charlemagne Domaine Bonneau du Martray 1990
Nez iodé, de coquille d’huitre, anisé dans un ensemble élégant et frais.
La bouche confirme cette fraicheur perçue, c’est ample et gras et d’un superbe équilibre. Longue finale anisée. Un très beau vin que je mets peut-être juste en dessous du 92 bu récemment.
Très Bien +.
Hermitage Domaine Jean-Louis Chave 1990
Nez complexe de poire au sirop, de miel, réglissé. Une pointe metallique se dévelope à l’aération avec une étonnante note pétrolée. On sent une grosse maturité compensée par une touche mentholée.
La bouche est très grasse, ample, chaleureuse mais droite en même temps sans aucune lourdeur, quelle tenue dans ce vin pourtant extrême! Très longue finale épicée. Grand vin. Pourtant pas un grand fan des Hermitage blancs, ceux de Chave sont vraiment à part.
Excellent.
Clos de Tart 1964
Couleur tirant sur l’orange.
Nez complexe d’agrumes, d’épices orientales, de bois de santal, une touche metallique, puis d’orangette, de clou de girofle, de feuille morte. Superbe.
La bouche est grasse, ample avec un volume surprenant pour un vin de cet âge, on sent beaucoup d’extrait sec malgré des tannins totalement fondus. Longue finale avec une acidité sensible qui porte le vin et fait saliver, le tout avec un côté chaleureux. Fond de verre sur les épices orientales et le cuir. Superbe, peut-être le vin de la journée pour moi.
Excellent (+).
Clos de Tart 2000
Nez avec une pointe d’acetate, d’épices, de sous-bois qui devient plus floral à l’aération, sur la cerise, le fumé et le zan.
La bouche est juteuse avec un gros fruit et une sensation de croquant et de pureté. C’est ample avec des tannins fins, un gros volume pour un équilibre superbe. La finale de bonne longueur est salivante sur les fruits rouges. Fond de verre classe sur le tabac, les épices et la rose. Un très beau vin en devenir.
Très Bien +.
Saint Emilion Grand Cru Classé Château Pavie 1988
On change de registre avec ce nez de poivron rouge, de cassis, de fumé qui à l’aération devient monolithique sur le poivron.
La bouche est végétale dès l’attaque, toujours sur le poivron avec des tannins fondus, un beau volume mais une austèrité que le bel équilibre ne parvient pas à rendre charmeur.La finale est certes longue mais toujours aussi végétale. Fond de verre épicé. Attendre plus de 20 ans pour obtenir çà, quel intérêt ? Vraiment pas mon truc.
Assez Bien +.
Meursault 1er Cru Domaine Coche Dury « Cailleret » 2001
Nez de cacahuète, de grillé assez classique du domaine, puis de sous-bois et de citron.
La bouche est grasse, riche, vraiment puissante, assez chaleureuse, très mûre avec une perception de sucrosité mais qui ne fatigue pas. Très longue finale. C’est bon et toujours aussi surprenant de puissance.
Très Bien +.
Echezeaux Domaine de la Romanée Conti 1992
Nez de sirop de figue, de datte, d’épice, de myrtille, de chataigne, de feuille morte, voilà un nez somptueux, complexe et profond.
La bouche possède ampleur, richesse, élégance, un équilibre ahurissant qui conjugue un volume énorme, une acidité ciselée et des tannins fondus. La finale est très longue sur les agrumes avec un côté acidulé qui prolonge l’aromatique en retro. Grand vin à la hauteur de la réputation du domaine.
Excellent (+).
Grand Echezeaux Domaine de la Romanée Conti 1992
Nez de chocolat, floral (rose), plus végétal (vendange entière ?) à l’aération avec une touche de tabac blond.
La bouche possède aussi beaucoup d’ampleur et un gros volume, c’est très fin mais aussi quelque peu austère en raison d’une acidité plus haute et toujours une touche végétale. Les tanins sont de grande qualité pourtant avec un côté acidulé qui ressort en milieu de bouche et une belle longueur finale sur les fruits rouges acidulés. Encore un très beau vin mais à mon sens moins harmonieux que le précédent.
Très bien +.
Echezeaux Domaine de la Romanée Conti 2006
Nez beaucoup plus jeune d’épices, de cerise, floral de violette, puis de tabac, de rose avec une touche d’élevage à l’aération. Ça reste assez pur.
La bouche est suave au fruit croquant et jeune, un petit côté lacté, un gros volume et une grande douceur tannique. La qualité des tannins est superbe et la finale immense, florale et sur la framboise, signe la classe de ce vin encore au début de son existence. Grand vin.
Excellent.
Chateauneuf du Pape Château de Beaucastel 1986
[size=x-small]En magnum.[/size]
Nez d’agrumes puissant, animal aussi puis assez monolithique à l’aération. Certainement que le magnum aurait mérité plus d’aération.
La bouche est assez tendue à l’attaque, les tannins sont fondus et un joli fruit est présent. La finale s’arrondit pour proposer un équilibre impeccable grâce à une fine acidité qui étire le vin et fait saliver. Longue finale. Très bon et quelle fraicheur ! fond de verre un peu trop animal.
Très Bien.
Côte Rôtie Domaine Guigal « La mouline » 1996
Nez de café, de vanille, de caramel assez marqué à l’aération. On sent un élevage qui n’est pas digéré et rend le vin monolithique.
La bouche est riche, épicée, malheureusement sucrailleuse et fatigante, caramélisée et ce malgré une acidité pourtant sensible. Vraiment décévant.
Assez Bien +.
Hermitage Domaine Jaboulet « La Chapelle » 1996
Nez de pruneaux, à la volatile haute, très confituré dans un ensemble confit et épicé montrant peu de finesse.
A l’inverse la bouche est fraiche, de beau volume et équilibrée sur les agrumes. Bonne longueur finale salivante. Fond de verre épicé.
Bien ++.
Hermitage Domaine Chapoutier « Le Méal » 1999
Nez assez chaleureux avec une touche animale, sur le chocolat, un côté confit et uen touche d’agrume. Ça sent une forte maturité et de la densité.
La bouche possède des tannins très soyeux dès l’attaque, c’est très bien équilibré, dense, de gros volume mais sait pourtant rester frais même si on sent que c’est encore jeune. Longue finale sur les agrumes avec des tannins qui serrent un peu. C’est bon mais à attendre.
Très Bien.
Vin de Pays de l’Hérault Domaine de la Grange des Pères 2001
Nez de miel, très mûr, confit, de confiture de prune.
La bouche est riche, les tannins sont doux, il y a de la sucrosité et un alcool sensible. La longueur finale est bonne et salivante. Une déception toutefois pour un vin que j’ai de nombreuses fois bien mieux gouté et dont je n’ai absolument pas reconnu la singularité sur cette bouteille. Effet de séquence ?
Bien +.
Sauternes Château Doisy Daëne 1953
Nez de caramel, de miel, de thé, de mirabelle, de tarte tatin puis de figue à l’aération. Joli nez.
La bouche est sucrée, liquoreuse, elle manque un peu de fraicheur, n’est pas d’un gros volume et manque de fond. Longueur finale correcte.
Bien.
Sauternes Château Gilette « Crème de Tête » 1975
Nez botrytisé où l’alcool ressort nettement.
Je trouve la bouche trop sucrée, fatigante, surtout en fin de repas, ce n’est pas mon style et correspond au 79 bu récemment. Vraiement pour amateur de gros sucre liquoreux.
Assez Bien.