LPV Versailles passe de la langue d’oïl à la langue d’oc !
Après sa dernière dégustation consacrée aux champagnes, LPV Versailles a mis cap vers le Sud et a carrément changé de langue ! Le thème de la séance de ce mois de novembre était en effet le Languedoc. Beaucoup de grands noms, d’autres un peu moins connus, mais tous les vins servis à l’aveugle : quel sera le verdict de ce « jury » exigeant ?
Pour la programmation nous avons fait appel à Ralf, expert en Languedoc, mais expert en tout en fait. Et je dois dire que le programme, qui s’est dévoilé peu à peu au fur et à mesure de la découverte des étiquettes, était pour le moins alléchant.
Première paire de blancs : deux outsiders dans des millésimes jeunes
IGP Pays de l’Hérault Mont Baudile – Domaine Supply-Royer – Le Bourboulenc de Nega Saumas – 2014
Un 100 % bourboulenc et une découverte pour moi, comme pour beaucoup d’autres.
Robe bien dorée.
Nez qui s’ouvre bien à l’aération dans le verre et offre des senteurs de fruits jaunes et de guimauve mais aussi boisées, notamment grillées, et enfin poivrées.
La bouche s’appuie à la fois sur une bonne expression sapide et une belle vivacité mais les notes boisées sont très prégnantes, la finale mêlant amers et salinité.
Sans doute trop jeune.
Bien +
Languedoc – Clos Marie – Manon – 2015
Robe d’un or clair.
Beau nez très intense proposant des arômes de fruits jaunes bien mûrs et d’anis, et des notes mentholées.
L’attaque en bouche est franche, le profil bien droit, la sapidité aussi variée qu’au nez ressortant plus sur la finale.
Bien ++
Deuxième paire de blancs : une star du Languedoc, notamment en blanc
VDP de l’Hérault – Mas Jullien – 2008
Robe se situant entre paille et or.
Nez très intense et expressif qui développe une aromatique mêlant fruits jaunes et brioche, ainsi qu’une nuance anisée.
La bouche assez riche possède une matière bien mûre, beaucoup d’ampleur, une grande distinction bien soulignée par sa vivacité, et une très belle allonge.
Très Bien +(+)
IGP Pays de l’Hérault – Mas Jullien – 2012
Robe d’un or très clair.
Il faut de l’aération dans le verre pour que le vin dévoile une aromatique très semblable à celle du 2008, les fruits jaunes étant surtout représentés par l’abricot, et un côté pierreux venant compléter l’ensemble.
Un léger gras en attaque devance une bouche ronde et pleine, mêlant arômes fruités et boisés, avant une finale sapide et salivante. C’est bon mais le vin n’a pas encore acquis l’élégance du 2008.
Très Bien (+)
Première paire de rouges : deux vins de monocépage mourvèdre d’un même millésime (ça, c’est pointu !)
Coteaux-du-Languedoc – Domaine Pierre Vaïsse – L’Aphyllante – 2011
Robe peu sombre (étonnant pour un mourvèdre pas si vieux) et déjà évoluée (nouvel étonnement).
Le nez intense virevolte entre des arômes différents mais marquant des accents sudistes : fruits noirs compotés, réglisse, épices, garrigue et même touches chocolatées.
La chair fruitée et dense de la bouche s’inscrit dans un grand volume, tout en se prolongeant longuement. Là où le bât blesse, c’est que l’alcool et le boisé sont très sensibles et que le tout manque un peu de fraîcheur.
Bien +(+)
IGP Hérault – Domaine La Terrasse d’Elise – Enclos – 2011
Robe assez sombre et déjà un peu tuilée.
Le fruité du nez est explosif, associant des petits fruits rouges et noirs, la légère acidité volatile participant à cette explosion.
La bouche est traçante, doté d’un fruité très pur et d’une énergie qui lui procure persistance et digestabilité, sans manquer de matière.
Très Bien ++
Deuxième paire de rouges : deux cuvées stars que l’on oppose souvent dans des dégustations comparatives de LPV
Pic Saint-Loup – Ermitage du Pic Saint-Loup – Guilhem Gaucelm – 2010
Robe sombre et jeune.
Nez très généreux qui offre un fruité engageant et baroque mais aussi des notes florales et très légèrement végétales qui lui confèrent finesse et complexité.
La bouche présente un profil proche de celui de l’Enclos, voire même dans le style Reynaud : elle est très fruitée, avec en plus de l’orange sanguine, possède une magnifique élégance, une trame énergique et longiligne, et même une finale empreinte de salinité.
Un vin classieux qui a fait l’unanimité.
Très Bien ++ / Excellent
VDP de l’Hérault – Domaine de La Grange des Pères – 2007
Robe très sombre marquant un début d’évolution.
Les arômes fruités très mûrs du nez sont malheureusement gâchés par d’autres arômes désagréables que je ne parviens pas à identifier. De plus l’ensemble donne une impression de lourdeur.
Dense et massive, la bouche est dotée d’une grosse matière bien mûre mais elle manque de finesse et d’acidité, avec de surcroît une amertume trop présente en finale.
Bien sans plus et une grosse déception à la découverte de l’étiquette.
Troisième paire de rouges : deux grands outsiders sur un beau millésime
Saint-Chinian – Mas Champart – La Simonette – 2009
Robe très sombre aux reflets légèrement tuilés.
Nez puissant sur des fruits noirs compotés, des épices et de la garrigue.
La bouche est en conformité avec le nez, par sa matière joufflue, son volume confortable, son grain très serré et son beau fruité. Une certaine rusticité et une acidité juste suffisante apportent cependant un bémol.
Le vin s’assagit et s’adoucit heureusement sur un lièvre à la royale.
Bien ++ / Très Bien
IGP de l’Hérault – Mas Laval – Grande Cuvée – 2009
Robe sombre présentant un début d’évolution.
Le nez très intense et d’une grande finesse propose un fruité plus « pointu », moins compoté, et des arômes étonnants mais nets et intéressants d’anchoïade.
La bouche réalise un beau mariage entre puissance et finesse, grâce à sa matière charnue et fruitée, sa tension et sa rectitude.
Très Bien +(+)
Quatrième paire de rouges : deux stars aux styles opposés
Faugères – Domaine Léon Barral – Valinière – 2010
Robe très sombre avec un bord de disque légèrement tuilé.
Nez très intense mais sur des arômes fermentaires et d’écurie. On perçoit bien un fond fruité mais il faut aller le chercher…
La bouche possède du gaz et les mêmes arômes qu’au nez…
ED
Coteaux-du-Languedoc –Domaine Peyre Rose – Syrah Léone – 2005
Vin carafé pendant 2h30.
Robe très sombre aux reflets nettement tuilés.
Nez très démonstratif et complexe qui embaume les fruits confiturés et les épices, complétés par des notes mentholées et chocolatées. La résultante très riche annonce une bouche étoffée.
Le pronostic s’avère exact avec une bouche puissante et charpentée, dotée d’une matière très mûre, assez saturante en fruit et en alcool. L’acidité est insuffisante, en tout cas trop au deuxième plan pour parvenir à équilibrer ce monstre de puissance.
Le vin passe un peu mieux sur le lièvre à la royale mais il ne faut pas être allergique à ce style de vin pour accorder la note de
Bien ++
Cinquième paire de rouges : deux cuvées stars sur deux beaux millésimes
Coteaux-du-Languedoc Pic Saint-Loup – Clos Marie – Les Glorieuses – 2001
Robe bien sombre aux reflets nets d’évolution.
Nez intense mêlant des arômes de compote de fruits noirs, de cuir et de sous-bois.
La bouche est très extraite, hyper-riche et sur des arômes peu avenants.
Non noté. ED ?
Coteaux-du-Languedoc – Mas Jullien – 2005
Robe bien sombre et vraiment jeune par ses reflets encore étonnamment violacés.
Nez puissant, mais sur des arômes repoussants d’étable.
Bouche à l’avenant…
ED
Triplette de rouges : vins de plus vieux millésimes
Minervois – Domaine Charpentier – 2004
Robe sombre, ni jeune ni évoluée.
Très beau nez bien ouvert sur des fruits rouges et noirs, mâtiné de notes épicées.
La bouche a choisi le camp de l’élégance : sa matière sapide ne présente aucune lourdeur, sa très belle chair possède un grain très fin et la chouette finale laisse le dégustateur sur une bonne note.
Très Bien +(+)
Saint-Chinian – Domaine Moulinier – Les Terrasses Grillées – 1998
Nez très intense qui déroule une aromatique de fruits noirs (mûre, cassis) et de réglisse, teintée de notes animales.
La bouche possède de bons ingrédients mais un peu dissociés, entre une bonne fraîcheur en attaque et une deuxième partie plus charnue mais marquée par des tanins asséchants et une finale un peu trop amère à mon goût.
Bien +
Faugères – Domaine Jean-Michel Alquier – Les Bastides d’Alquier – 1999
Robe sombre aux reflets bien roussis par le temps.
Nez très expressif au superbe fruit compoté, complété par un arôme léger de jus de viande et des notes florales qui l’allègent.
L’attaque en bouche est large puis la bouche prend un profil plus longiligne, aidé par une belle acidité, la matière étant habillée d’un toucher soyeux.
Très Bien +
Et pour se rafraîchir la bouche puis accompagner le dessert, deux « after » …
Poiré – Domaine Eric Bordelet – Granite
Robe bien dorée.
Nez engageant aux arômes de poire très purs, d’une grande finesse.
La bouche est très élégante, toute en dentelle, comme sa bulle caressante. Elle imprime une sensation combinée de droiture et de plénitude.
Bien +(+)
Maury blanc – Domaine Les Terres de Fagayra – Fagayra blanc – 2014
Robe paille.
Nez peu ouvert mais intéressant par ses fruits blancs confinant à l’exotisme, avec des inflexions florales.
La bouche est sur la finesse et la gourmandise : peu sucrée, d’une sapidité subtile et d’une bonne persistance.
Bien +(+)
Merci Ralf pour ta sélection !
Au final, nous avons goûté de belles choses mais avec un résultat global relativement moyen. Si toutes les stars avaient été à la hauteur, le résultat aurait été autrement probant, voire excellent !
Mais l’excellence devrait être pour la prochaine fois.
En effet, en décembre nous allons fêter Noël avec quelques jours d’avance… Et nous avons prévu de nous faire de beaux cadeaux…
Amitiés oenophiles,
Jean-Loup