Novembre, mois des bourrasques et de la pluie..Sur Paris nous avons décidé de braver les dieux courroucés de la météorologie : Nous déplions les serviettes de plages, on allume le barbecue et on déguste une série de vins de Provence.
Les cigales ont-elles chanté ?? Vous pourrez en tous cas presque les entendre en lisant la suite :
Les vins sont servis à l’aveugle, et souvent carafés . L’ordre de service est totalement aléatoire, irrationnel et dépendant de notre souveraine volonté.
VIN N° 1 :
Vin très clair de robe, l’un blanc diaphane. Très joli nez sur l’anis, puissant mais aérien. On s’attend à un vin plutôt fin en bouche, et là surprise, c’est plutôt concentré, avec une belle matière.
Beau vin blanc, qui fait l’unanimité de la table.
Bandol Blanc 2008, domaine Tempier.
Vin N° 2 :
Vin de robe très foncée, presque noire.
Nez expansif de goudron, une petite touche mentholée selon certains.
Grosse structure tannique encore jeune, mais bien extraite. Longue finale sur la fumée. C’est du solide…mais c’est super bon !! J’aime beaucoup. Bandol plutôt jeune ?
CR:Bandol 2004 Domaine du Gros Noré. Belle bouteille (comme d’hab chez A Pascal).
Vin N° 3 :
Le vin est noir !! pas rouge, non non non..Noir ! ouh là là il me fait un peu peur, on dirait le bourreau brandissant sa hache avant l’exécution.
Le nez est puissant, sur le cassis, le zan.
L’attaque ne bouche est massive, carrée. Comme qui dirait du vin d’homme..C’est cependant très bien extrait, pas du tout asséchant par contre.
La finale me parait marquée par la présence de cabernet, mais c’est trop massif pour être Trévallon. Doit clairement attendre quelques années pour s’arrondir un peu. Belles notes de fumée, de garrigues.
[bCR:]Domaine Ad Finès Cuvée « Domitilla »2003 Vin de pays du Gard[/b] : Il s’agit d’un nouveau domaine (10 ans à peine), crée un admirateur de Trévallon, d’où un encépagement mixte 50% Cabernet/50% Syrah . Ce vin un peu « extrême » déclenchera des polémiques inévitables si vous le servez. On peut voir l’affaire sous deux angles puisque les qualités des uns seront les défauts des autres..Je persiste à penser qu’il doit être bu à table, avec un bon gibier et dans deux-trois ans sera très bon. Ensuite , je ne sais pas, ce type de cuvée ne vieillit pas toujours très bien sur le long terme.
Mais pour le moment c’est assez bluffant. Je précise que je n’ai pas amené cette bouteille.
Vin N° 4
Le vin est encore très foncé, mais commence à évoluer sur le bord du disque.
Encore très structuré en attaque, il me semble un peu moins harmonieux en fin de bouche avec une pointe de sécheresse perceptible.
Finale marquée par le zan, le cassis. Il faut à mon avis le boire sans trop tarder. 99 ou 2000 ?
CR:Cote de Provence « Nowatt » 2002, Domaine D.Barrera. J’avais déjà goûté le 2003, plus riche qui m’avait bien étonné d’ailleurs. Si tous les CdProvence étaient de ce niveau, on en balancerait moins en distillerie.
Vin N° 5 :
La couleur est plus évoluée que les vins précédents, rouge brique assez opaque.
Le nez est puissant, boucané et complexe, avec des effluves de tabac, de cuir. On dirait un vieux bordeaux.Ca sent le cabernet bien mûr.
La bouche est riche mais fondue, avec une belle structure tannique qui peut tenir encore des années, même si le vin semble avoir atteint sa maturité.
Longue finale sur la garrigue, la fumée. Très beau vin. Trévallon 89/90 ?
Il s’agit de
Trévallon 1998 qui justifie ici pleinement sa flatteuse réputation. Je le trouve assez évolué par contre, mais quelle suavité en bouche !!
Vin N° 6
Passer derrière le Trévallon n’est pas une sinécure..mais ce vin visiblement commence à évoluer également sur la robe du moins.
Le nez n’est pas très causant, avec une note d’olive un peu timide.
La bouche est un peu dissociée, désunie, avec un début de dessèchement tannique qui augure assez mal d’un potentiel d’amélioration à venir.
J’ai mal pour
CR:La Tour du Bon 2000 , mais c’est la dure loi de nos dégustations..
VIN N° 7 :
Vin encore très foncé. Nez de goudron typique de Mourvèdre.
L’attaque en bouche est carrée, presque brutale. On en a pour son argent c’est sur..Sensation tactile presque « solide » en bouche.
Par contre je trouve qu’en finale (réglisse, goudron), on commence à percevoir une dureté tannique un peu marquée. C’est un bon vin, sans doute un grand Bandol, à boire à mon avis de suite, avec un beau gibier qui l’adoucira un peu en bouche.
JCR:P Gaussens, Longue Garde 2000. Suis plus très sur, a preciser par les collègues
Vin N° 8 :
Vin qui semble plus évolué que le précèdent, peu disert au nez, et idem en bouche. Il y a de la matière mais elle semble désunie, sans cohérence d’ensemble. On retrouve une sécheresse en finale qui me perturbe. A mon avis ce vin ne gagnera plus rien à vieillir, peut-être est-il déjà trop tard ?
CR:La Tour du Bon 1998. Déception pour moi . Je ne suis pas sur que la cuvée St Ferréol ne suive pas le même chemin, même si elle se tient sans doute un peu mieux en ce moment. Pourtant cette cuvée jeune m’avait semblé prometteuse. A revoir donc, mais sans trop d’illusion.
VIN N° 9
Le vin est rouge brique, le nez parait assez évolué, vers de notes de sous bois.
En bouche, il semble nettement en apogée dépassée, il se dissocie irrémédiablement. Plutôt un assemblage avec du cabernet mais sans conviction profonde de ma part.
Surprise :
Trevallon 1998 encore une fois !! Mais il n’est qu’une pâle copie de la bouteille précédente. C’(est étonnant puisque son possesseur nous l’a déjà servi, et qu’il était très bon. Le plus fort est qu’il a acheté ses bouteilles en une seule fois, peu de temps après la sortie du millésime chez un négociant local très réputé, et qu’il a une bonne cave. Or certaines bouteilles sont excellentes, d’autres décevantes.. A ne rien y comprendre on l’avouera.
Vin N° 10 :
Le drapeau noir flotte sur la marmite su vous voyez ce que je veux dire , en ce qui concerne la couleur du liquide !!
Le nez est avenant, avec de jolies notes d’olives, de poivre.
En bouche le vin est très riche, costaud même mais d’une grande suavité. Tout à fait ce que j’aime..Incrachable pour moi.
Longue finale sur le cachou, le cuir. Top niveau.
CR:Lafran Veyrolles « Cuvée Spéciale » 2001. Je n’avais pas regouté ce vin depuis 2-3 ans, il a toujours été excellentissime.
VIN N° 11 :
Presque la copie du vin précédent, c’est la finale du championnat du monde boxe en poids lourd. Je ne sais pas ce que c’est mais probablement un Mourvèdre de compétition. Qu’est-ce c’est bon ..
Obélix aurait du boire du Bandol avec ses sangliers !!
CR:JP Gaussens Cuvée Longue Garde 2001. Très belle bouteille, qui confirme la tenue des 2001 sur Bandol.
Vin N° 12 !
Evolué de robe, très amer en bouche. Dissocié en finale. Et je suis gentil dans mes commentaires.
Comme de coutume, hormis un bon 1995 gouté lors d’une soirée LPV,c’est
CR:Pradeaux 1993 qui clôture les débats de piteuse manière. Et qu’on ne m’accuse pas, ce n’est pas moi qui l’ai amené !!
En conclusion une fort plaisante soirée, qui confirme quand même que ces vins très virils sont plus à l’aise avec des plats goûteux, gibier, viandes en sauce. En dégustation pure il « arrachent » un peu, d’ailleurs on a beaucoup recraché quand même.
Pour les meilleures cuvées de Bandol, le rapport qualité prix me semble remarquable même si je suis un peu déçu de la capacité de bonification au vieillissement de certains d’entre-eux.
Trevallon confirme son statut assez particulier, mais indubitablement de très haut rang lorsqu’il n’est pas trahi par certaines bouteilles incertaines . Le 1997 se boit très bien en ce moment aussi.
Pour « Domitilla » les débats restent ouverts, il en faut pour tous les goûts.
Ma prochaine cuvée de vinaigre va être extraordinaire dans deux mois !!
A venir courant décembre : Morey et « petit blancs » de Côtes de Beaune. Il faudra bien ça pour nous remettre !!
NB sur le Frigo : Racheter du dentifrice demain !!>
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