Un petit compte rendu de ma visite au salon « Des femmes, des hommes et des vins - 16ème rencontres »
organisé par la cave Henner (Emmanuel Nasti) à Sausheim, 19/10/2019
Arrivée à la cave à 10h30. Le plan d’attaque :
1. Je goûte d’abord des domaines que je ne connais pas ou mal et qui sont dans mon budget.
2. Je flâne en mode « découverte » ou « opportuniste » en fonction des affluences.
3. J’arrête quand mes papilles gustatives sont saturées même si je suis frustré.
Pour ne pas trop me disperser et découvrir de nouvelles choses, j’ai également décidé de faire l’impasse sur le Languedoc et le Roussillon (dur, dur).
Comme d’habitude, je rappelle que je suis un autodidacte de la dégustation et que les commentaires sont garantis flous. Quand j'indique un prix, c’est le tarif caviste pour une bouteille à l’unité.
C’est parti.
Domaine Xavier Frissant (Mosnes)
Touraine Les Roses du Clos 2017 : cépage « fié gris », nez un peu exotique, léger gras, fin en bouche.
Touraine Chenin des Pierres 2018 : du chenin (comme le nom l’indique), plus tendu, fruits blancs, « minéral ».
Les rouges présentés sont 100 % Côt .
Touraine Amboise M de la Touche 2016 : fruits rouges, assez léger mais gourmand.
Touraine Amboise Orée des Frênes 2015 : plus de corps, fruité plus intense, souple mais avec une belle consistante, tanins fondus. Beau vin. Mon préféré !
Touraine Amboise La griffe d’Isa 2017 : plus de volume et de structure, belle bouche mais moins gourmand en l’état que « l’Orée ». A attendre un peu.
Je n’ai pas beaucoup de références en Loire et donc de points de comparaison mais j’ai bien aimé tous les vins en particulier « l’Orée des Frênes ». Les tarifs sont très raisonnables, entre 9 et 13€, sauf la griffe d’Isa à 18,60€.
Domaine Bulliat (Villié-Morgon)
Beaujolais blanc 2018 : joli chardonnay plein de fruits, rond, pas très long mais bien fait.
Chiroubles 2018 : un peu floral au nez, structure simple mais très fruité, se boit tout seul.
Morgon nature 2017 : robe plus soutenue, très joli nez ouvert, plus de richesse.
Morgon Cou de Jus 2017 : le même que le précédent mais élevé en amphore, la robe parait plus claire, c’est surprenant mais la bouche est plus « soyeuse ». Beau vin.
Moulin à Vent 2017 : classique dans l’expression, beau fruit, tanins légers mais présents. Un peu de garde lui fera du bien.
Domaine très intéressant, des expressions variées du gamay et des tarifs doux, les deux morgons autour de 15€, tous le reste à moins de 12€.
Je me dirige vers le Domaine Picq, mais il y a pas mal de monde. J’atterris en Provence.
Domaine de Triennes (Nans-les-Pins).
Tous les vins sont en IGP Méditerranée. Domaine en bio.
Viognier Sainte Fleur 2018 : nez exotique très expressif, bouche fruits blancs, sec, assez frais.
Rosé 2018 : robe très pale, fruits rouges en bouche, rond et frais.
Merlot 2015 : fruits noirs, souple, tanins fondus.
Les Auréliens 2016 : cabernet sauvignon et syrah, fruits rouges, plus de présence et restant d’un accès facile.
Saint Auguste 2016 : même composition mais une syrah majoritaire (et je crois un peu de merlot). Toujours des fruits rouges, bouche plus épicée et en même temps plus fine. Se distingue des deux précédents. J’aime beaucoup.
Saint Auguste 2008 : très beau vin à maturité, bouche fondue et bien équilibrée.
Tous les vins sont à moins de 15€. Les rapports prix/plaisir sont intéressants. Les vins rouges sont élevés dans d’anciennes barriques du Domaine Dujac. J’ai découvert en lisant le petit dépliant qu’on m’a remis que le domaine appartenait à Jacques Seysses (Domaine Dujac) et Aubert de Villaine !
Clos du Mont-Olivet (Châteauneuf-du-Pape)
Vin de pays du Gard Rive Droite 2017 : assemblage grenache, syrah, carignan, merlot (il me semble en avoir oublié). Super fruité, belle présence, grosse gourmandise.
Vin de pays du Gard Confluence 2017 : 95 % vieux carignans avec un peu grenache (je crois qu’il s’agit d’une complantation). Toujours un beau fruité avec un côté garrigue et une jolie longueur.
Lirac 2017 : Moins expressif que les précédents, belle matière et plus de finesse. A attendre.
Châteauneuf-du-Pape 2014 : très beau vin, beau volume, fruits et épices, quelques aspérités en fin de bouche. Un châteauneuf plus dans la finesse que la puissance.
Châteauneuf-du-Pape 2011 : un niveau au-dessus, plus de volume et un peu plus puissant, le fruit s’exprime bien, le vin est large, les tanins sont fondus. De l’élégance. J’adore.
Je possède ce vin dans ma cave car c’est l’année de naissance de mon fils. (Ne pas y toucher. Ne pas y toucher. Ne pas y toucher).
Bon, je vais enfoncer une porte ouverte : c’est un domaine remarquable, tous les vins sont supers et les prix demeurent abordables. Super accueil de David Sabon.
Weingut Besson-Strasser (Uhwiesen, Suisse)
Le vignoble se situe en Suisse alémanique au Nord de Zurich, pas loin de Schaffhouse (les chutes du Rhin pour ceux qui connaissent). Domaine en biodynamie.
Räuschling 2018 : bouche sur des fruits blanc, belle vivacité, sec. Ça me fait penser à du riesling.
J’ai appris que le « räuschling » est un cépage local, à priori il en resterait 23ha. Pour les curieux :
swisswine.ch/fr/cepa...
Fumé 2017 : assemblage 50% räuschling et 50% chardonnay. Plus de rondeur, ample, sec bel équilibre. Très beau vin.
Pinot noir Cholfirst 2017 : du fruit avec une belle matière en bouche, gourmand, quelques notes d’élevage.
Pinot noir Chlosterberg 2016 : superbe matière, densité et élégance, des fruits rouges, des épices douces, des tanins encore bien présents, du boisé qui doit s’intégrer mais potentiellement le grand vin est là !!!
Pinot noir Albi 2016 : la bouche est moins impressionnante que le vin précédent mais offre un bel équilibre avec un fruité plus expressif, belle structure. Excellent.
Ce vin est un assemblage de parcelles autour de Schaffhouse, le nom « Albi » est un hommage à Albert Strasser, le créateur du domaine.
Blauer Zweigelt 2017 : cépage inconnu (pour moi) qui semble très présent en Autriche. Un peu émoustillé par la série les pinots noirs, j’ai moins accroché avec ce dernier vin, robe plus sombre, plus de rondeur, des notes plus chaudes, fruits noirs et plus épicé.
J’ai été très impressionné par le niveau de ce domaine. Le Chlosterberg ferait un beau pirate dans une dégustation de grands bourgognes. Les tarifs sont malheureusement élevés : entre 30 et 50€… Il y a sûrement moyen de les avoir moins chers en Suisse.
Je suis curieux de savoir si des lpviens helvètes connaissent le domaine… (Encore faudrait-il qu’ils s’égarent sur le forum jusqu’ici).
Pour la suite, je n’ai plus pris de notes, les descriptions seront donc encore plus vagues. Si vous connaissez déjà les domaines vous n’apprendrez pas grand-chose (mais vous avez tout de même le droit de lire).
Domaine Lucien Boillot (Gevrey Chambertin)
Tous les vins sont sur
2017. J’ai goûter le
Gevrey, le
Pommard et le
Volnay1er cru Les Angles. Toujours beaucoup de plaisir avec des vins très élégants. Le Volnay est ouvert depuis la veille et pète le fruit avec une belle longueur. Excellent. Quel beau domaine !
Maison Camille Giroud (Beaune).
Tous les vins sont sur
2016. Je n’ai goûté que les rouges. Des
Santenays 2016 très bons, du fruité et de la fraicheur notamment le 1
er cru Clos Rousseau.
J’explique à la dame qui tient le stand que les deux vins suivants sont totalement hors budget et sauf exception exceptionnelle je ne dépasse jamais la barre des 30€ pour un vin… Elle me répond que c’est une raison supplémentaire pour en profiter et de goûter.
Je rétorque que je refuse de boire des vins vendus à des prix indécents !
Non, je déconne… Dans la vraie vie, je tends mon verre avec un sourire béat !
Vosne-Romanée les Chalandins puis
Clos de Vougeot. Que dire ? Les deux vins sont délicieux et jouent dans une autre dimension que les Santenays. Le
Clos de Vougeot est une belle combinaison d’intensité et de finesse, très beau, à garder (secteur Petit Maupertuis, si mes souvenirs sont bons).
Je vous livre les tarifs pour rigoler : 72€ le Vosne et …. 175€ le Clos.
Il y a 20 ans, je m’offrais du Clos de Vougeot de Guy Coquard pour 175 francs…
On discute ensuite des fameuses parcelles au bas du Clos, au bord de la départementale...
Domaine Pierre Gaillard (Malleval)
Le
Condrieu 2018 est fin, une expression du viognier sans exubérance. Très beau
Saint Joseph les Pierres 2017 mais rapidement éclipsé par la série des
Côtes-Rôties 2017. Pas grand-chose à dire, c’est une appellation que je ne connais quasiment pas mais je mesure mon privilège de goûter
Esprit de Blonde et
Rose Pourpre. C’est grand. Je trouve ces vins étonnamment accessibles dans le sens que le plaisir gustatif est déjà important. Pas arrivé à recracher ces deux là ! Petite préférence pour la
Côte-Rôtie Esprit de Blonde. A attendre sereinement.
J’essaye d’aller chez Didier Picq, mais il n’est plus à son stand. Je me rabats sur les chardonnays du mâconnais.
Domaine Saumaize-Michelin (Vergisson)
Roger Saumaize me parle avec une grande passion de son travail. Quelques sujets pêle-mêle : le climat, les sols, les calcaires, le chardonnay et le riesling, la vie microbienne, la flore intestinale (sic), le respect du vivant, la biodynamie, la micro-oxygénation, le vignoble alsacien, le sucre, l’amertume, le sens de la vie (resic)… J’ai passé 20 minutes au stand !
J’ai tout aimé. Les vins sont droits avec un côté « minéral » affirmé (pas de commentaire svp).
Le
Pouilly-Fuissé Vignes Blanches 2016 est dans la finesse et demande de l’attention pour être apprécié a sa juste valeur. Les Pouillys
Les Ronchevats 2018 et
Clos de La Roche 2018 ont une matière plus importante, les deux vins offrent de beaux amers en finale. Préférence personnelle pour
Les Ronchevats.
La cuvée
Pouilly-Fuissé Ampélopsis 2016 est un assemblage des meilleures parcelles du domaine avec un élevage de 20 mois. Le vin propose une grande amplitude, du fruit, un léger « grillé » et une belle vivacité.
Un très beau domaine.
Domaine Tempier (Castellet)
Pas prévu au programme, j’ai déjà eu la chance de déguster toute la gamme il y a deux ans mais je ne résiste pas. Le
Bandol 2017 est très serré, puissant, tanins imposants, le
2016 est beaucoup plus avenant, moins « massif » avec un fruité plus expressif, très beau mais ça reste un jeunot. Je ne goûte pas les parcellaires mais je découvre le
blanc 2018. Là aussi, la matière est imposante mais une belle fraicheur qui équilibre l’ensemble.
Sur les étiquettes des 2017, il y a une balançoire en relief. Véronique Peyraud m’explique que c’est pour les 100 ans de sa maman qui a toujours aimé faire de la balançoire !
Domaine I Fabbri (Greve in Chianti)
Le vignoble est au nord de l’appellation Chianti Classico et les vignes sont situées entre 400 et 700m. Viticulture bio. Le
Chianti Classico Lamole 2017 est une vraie gourmandise, une bombe de fruits, élevage en cuve inox. Je n’ai pas bien goûté le
Terra di Lamole 2015, la bouteille venait d’être ouverte et le vin ne s’exprimait pas beaucoup. C’est dommage car c’est une cuvée que j’ai goûté deux fois avec beaucoup d’enthousiasme.
Le
Riserva 2015 a eu le temps de s’aérer et se goûte mieux, fruits noirs, épices, boisé encore un peu présent mais l’ensemble est beau. A 24,80€ c'est très raisonnable.
On termine par le
Gran Selezione 2015. J’apprends que la mention correspond au plus haut niveau de la DOCG Chianti Classico et que la cuvée n’est produite que dans certains millésimes. Le vin est impressionnant : dense, épicé, le fruit est contenu, matière imposante. A attendre 10 ans, au moins.
Mes papilles gustatives n’en peuvent plus. J’en viens à plaindre les dégustateurs professionnels. Mais comment font-ils ?
Je voulais encore goûter les vins de l’Oratoire Saint-Martin, personne au stand. Il est 13h, beaucoup de viticulteurs sont allés manger.
Comme il ne faut pas toujours être raisonnable, je m’arrête encore au stand « A Bisto de Nas » qui rassemble des viticulteurs du Sud-Ouest et présente neuf vins. Plein de belles choses. Entre autres, je me souviens de la cuvée
Tôt Co Que Cal 2015 du
château Plaisance en Fronton : 100 % négrette, du fruit sur des tanins fondus, et une belle note poivrée en finale et du
Jurançon doux Grain de Copain 2017 du
domaine Camin Larredya, richesse mesurée, fruit mûr et fraicheur. La prochaine fois, je passerai en début de parcours.
Voilà. J’ai rencontré le même problème qu’il y a deux ans : il y a tant de beaux domaines qu’on a envie de tout goûter. Un peu déçu d’avoir louper les Chablis de Picq… Cette expérience m’a aussi permis de réétalonner mon palais en accédant à des vins que je n’ai pas (ou plus) l’habitude de goûter.
Les 3 domaines coup de cœur de la journée :
Clos Mont-Olivet
Saumaize-Michelin
Weingut Besson-Strasser (mais trop cher pour moi)
.
Merci aux courageux qui ont lu jusqu’au bout.
Cordialement,
Eric