François Audouze écrivait:

---

> il est plus passionnant
> que l'image un peu cucul qu'il veut donner.
>

Je suis d'accord avec Griffon; et ce monsieur Chasseuil, avec les nombreuses anecdotes qu'il doit avoir en réserve, s'il sait parler, ce qui semble être le cas, n'a certainement pas de mal à être passionnant. Ceci n'est pas incompatible avec le fait d'être grotesque. Et veut-il vraiment se donner une image cucul ? Sur la photo de l’article du Monde, cela émane plutôt de sa personne (à moins qu'il ne se soit fait manipuler par le photographe, ce qui est possible; mais même dans ce cas, s'il s'est fait piéger c'est que le fond y est).

Olivier

Suite des aventures de Michel Chasseuil.

www.parismatch.com/C...

Il est chouette son bowling ! [size=x-small]Je sors, je sors...[/size]

[img=http://photo.parismatch.com/media/photos2/4.-photos-conso/art-de-vivre/michel-chasseuil/515998-1-fre-FR/4-photos-conso-art-de-vivre-Michel-Chasseuil_articlephoto.jpg]

L’incroyable cave de Michel Chasseuil
Michel Chasseuil est un collectionneur qui a eu les honneurs de la presse, car il a une collection de vins rares impressionnante et il espère lever des fonds pour créer un musée. Il me laisse entendre qu’il est en train d’obtenir des appuis financiers.
Il voudrait figer sa cave pour en faire un patrimoine de l’humanité et le fait que ses vins soient destinés à ne pas être bus m’effraie. J’ai donc entretenu le contact que j’avais avec lui pour essayer de le persuader de l’impérieuse nécessité que l’on boive ses trésors. Au seuil de sa porte, il m’accueille en pantoufles charentaises. Dans sa maison, les articles, livres et photos abondent. Comme il est bavard, il y a toujours une anecdote qui le conduit à aller chercher un document qu’il brûle de me faire lire. Nous prenons un déjeuner frugal dans sa cuisine, de radis et pâté maison et quelques fromages de sa région sur son vin, Château Feytit Clinet 2001 que je trouve très agréable.

Nous descendons ensuite dans son sanctuaire et je pourrais y passer des jours et des nuits, tant chaque recoin regorge de trésors invraisemblables. Ayant consacré un temps considérable à sa collection, il a su dénicher des bouteilles inaccessibles voire uniques. Mes yeux brillent devant ce qui constitue un rêve probablement irréalisable aujourd’hui du fait de l’explosion des prix, même tempérée par la crise.

Je ne peux qu’être impressionné par cette caverne d’Ali Baba tant les crus et les années prestigieuses résonnent à mes oreilles. Je dis oreilles car les yeux sont moins gâtés. A l’exception d’une impressionnante vitrine aux souvenirs historiques uniques, l’essentiel des vins est dans des caisses de bois verni dont le nom est soit celui de la caisse du domaine, soit écrit de la main de Michel Chasseuil.

Quelques exemples : le plus vieux porto qui existe de 1735, une bouteille aux paillettes d’or qui était sur le Titanic, une bouteille de Massandra de 1845 qui a appartenu à un tsar, une Yquem 1821, Mouton 1945 en magnum comme Cheval Blanc 1947, et d’impressionnantes verticales à faire rêver tous les collectionneurs. Pour rassembler autant de Tarragone, de vins de Guigal, de Screaming Eagle, d'Egon Muller, sans parler des caisses de Pétrus, Le Pin et Latour, il faut des reins solides.

Il aime à dire que sa cave est le fruit de transactions heureuses de vins qu’il avait achetés il y a trente ans pour une poignée de cerises. Il se présente comme vivant de sa maigre retraite et me dit : « vous qui êtes riche », ce qui me semble aimablement romancé, car quelqu’un qui s’est acheté une impériale et six magnums de Latour 2005, une caisse de six du champagne le plus cher de l’histoire, le Clos d’Ambonnay de Krug, qui achète chaque année des magnums de Le Pin et des cuvées Cathelin de Chave, autant de vins que je trouve hors de ma portée, pourra difficilement me faire croire au « pov’ paysan » de l’imagerie d’Epinal. Ce que je sais en revanche, c’est qu’il est malin comme un singe, car nous avons fait un peu de troc entre certaines de nos bouteilles, et il n’est pas tombé de la dernière pluie.

Sa cave est réellement unique, car elle est le fruit d’une passion de posséder tout ce qu’il y a de plus rare dans l’histoire du vin. Cette passion est sincère. Mais c’est une cave figée, rangée avec un soin d’apothicaire. Il le dit lui-même : « cette cave, c’est le Louvre du vin ».

J’ai un immense respect pour cette œuvre unique, mais j’aimerais arriver à le persuader de « démomifier » sa cave, afin que les mythes absolus qui la fondent se traduisent en une mémoire du goût plutôt qu’en un ossuaire.

Ma cave est plus importante en nombre mais nettement moins importante en vins de légende. Ai-je le regret de ne pas avoir suivi sa démarche ? Non, pour deux raisons. La première est que je n’aurais jamais pu consacrer autant de temps à pister une bouteille unique avec un réseau d’informateurs. La seconde est que ma cave vit, dans son joyeux capharnaüm, et correspond à ma personnalité.

Ce qui me permet en toute décontraction d’être admiratif de ce que la passion de cet homme a pu construire. C’est beau, c’est spectaculaire. Michel, très professeur Nimbus qui cache sa malignité sous son humilité est un homme passionnant. Il faudrait que sa cave vive. Demain, à quelques amis, nous allons mettre en pratique ce beau précepte en partageant des vins canoniques. C’est la folie dont j’aimerais que Michel Chasseuil soit aussi touché.

En tout cas, bravo pour cette œuvre unique, un rêve absolu.

A noter que chez lui, tout tourne autour du vin. Tous les livres, revues qu'il garde, c'est impressionnant.
Il a consacré un temps gigantesque à pister les bouteilles les plus rares du monde.
Jamais je n'aurais pu consacrer le dixième de ce temps.
A mon sens, une telle démarche mérite le respect. Car avoir réussi à rassembler autant de trésors ne peut être que le fruit d'une passion folle.
Dès l'entrée dans sa cave, j'ai demandé s'il avait "la" bouteille rare parmi les rares, la Quinta do Noval Nacional 1931. Et il l'a.
Ce serait un de mes rêves les plus fous que de boire ce vin introuvable.

Je crois qu'il faut retenir ce mot : "respect".

François,
merci de cet eclairage et de ce recit captivant.
Je partage votre avis: il faut les boire. Au Louvre, on conserve des peintures qui ont ete peintes pour etre vues et regardees. Le vin est fait pour etre bu, avec un B. Et avec plaisir.
A condition de mettre le compte rendu sur LPV ()
Je veux bien me charger de la redaction.
Benji

Et il en boit de ces bouteilles ou c'est juste pour la parade ?
Parce que le vin ce n'est pas comme un tableau , ce n'est pas fait pour être contemplé , c'est fait pour être dégusté . Franchement , je ne vois pas bien l'intérêt de garder toutes ces bouteilles juste pour les regarder !
Cette personne représente pour moi exactement le contraire de l'idée que je me fais du vrai amateur de vin .

Je crois que j'ai déjà plus que longuement expliqué ma position sur le fait que les vins sont faits pour être bus.
Maintenant, arrêtons cet aspect de la chose pour se concentrer sur un fait : cette collection absolument inimaginable existe.
Le seul fait de l'avoir constituée est déjà quelque chose qu'il faut respecter.
Comme je l'ai expliqué tout au début, je veux essayer de le faire changer d'avis.
Mais dire : "ce n'est pas ma conception" n'apporte rien, car cette cave, elle est là.
Elle mérite le respect parce qu'elle est là, et maintenant, il faut essayer d'infléchir le projet de M.C.
On a déjà dit longuement que nous ne partageons pas l'idée de figer une cave. C'est dit.
Mais la beauté du résultat est confondante.
C'est comme si on avait devant soi un Everest en chocolat ou un chamallow grand comme l'Arc de Triomphe. On ne peut qu'être ébahi devant tant de trésors de l'histoire du vin.
C'est pour cela que je parle de respect, car la constitution d'une telle cave ne peut pas se faire sans passion. C'est impossible.

Inflechir le projet, je crois que c'est impossible.
Le transcender, peut-etre. L'exploit de la collection est reel. Il aura encore plus de sens s'il donne lieu a degustation. Mais pas n'importe comment!! Et c'est la toute la question. Ce n'est pas en quelques diners avec rillettes et baguette bien fraiche qu'on permettra a une telle collection de donner ce pour quoi elle a ete constituee. Peut-etre pas non plus dans un marathon d'etoiles superlatives. Un magnifique sujet de reflexion, en somme.
Benji

Exemple :
demain avec des amis, nous allons ouvrir 9 vins de plus de 80 ans, dont 6 du 19ème siècle.
Je crois que jamais je n'ai eu de dîner avec autant de vins si vieux.

Ce qu'il faut, c'est faire à nouveau un tel dîner en suggérant à M.C. qu'il faut absolument l'un de ses vins.
Ou bien lui dire qu'un de ses vins ne sera jamais aussi bon qu'un autre que j'ouvrirais.
Et jouer sans doute sur la volonté qu'il pourrait avoir de démontrer que ses vins à lui sont supérieurs à ceux des autres.
Et si ses vins étaient meilleurs que les miens - par exemple - je m'en ficherais, car au moins, je lui aurais fait ouvrir ses vins.
C'est une idée, mais il y en a certainement d'autres :
Lui faire faire une conférence sur les vins rares, en face d'un parterre d'amateurs qui goûteraient ses vins.
Etc...

personellement, je ne pourrais pas faire comme lui en admettant que j'aie ses moyens, ce qui n'est pas le cas, j'ai la gachette du tire-bouchon trop facile
mais collectionner les bouteilles... vides pourquoi pas ?
qu'y aurait il de plus frustrant pour un vrai amateur de vins d'avoir tant de si beaux vins et de ne pas les ouvrir, surtout s'il en a par caisses ???
ce n'est pas ma conception non plus...

Et si Michel Chasseuil décidait d'accéder à la postérité en ouvrant sa cave aux dégustateurs du Monde ?

Qu'y aurait-il de plus grand pour cet amateur, que d'inviter 1000 dégustateurs provenant de tous les pays du monde à ouvrir ces bouteilles ?:

A l'invitation de Michel Chasseuil, nous aurions écrit une belle lettre de candidature, argumentée, miroir de nos émotions, pleine de fougue et de passion. Un peu comme cela se fait pour devenir juré du prix du livre Inter. Michel Chasseuil - et lui seul - nous aurait répondu, faisant de nous un des 1000 happy-fews mondiaux invités à déguster 20 bouteilles en sa compagnie.

Imaginez ! Des dégustateurs amateurs et professionnels ayant fait le voyage des 5 continents, arrivés au milieu de nulle part pour une dégustation unique et chargés de rédiger, en contrepartie, un livre clair, argumenté, synthétisant notre ressenti. Nous aurions planché ensemble, discuté de notre passion du vin et évalué nos différences de goût.

1000 dégustateurs chargés d'apporter leur contribution à l'Histoire en écrivant le plus grand compte-rendu de dégustation jamais écrit... Voilà qui aurait de l'allure !

En tout cas, bien plus que des caisses vernies et des étiquettes conservées derrières des vitrines blindées...

Vougeot, [size=x-small]un peu utopiste sur c'coup-là...[/size]

Ma façon de penser est d'abord de respecter ce que font les autres.
C'est assez facile de dire "moi j'aurais fait mieux".
J'aurais fait mieux que Newton, qu' Archimède, que Socrate, que Victor Hugo.
Une fois qu'on a dit j'aurais fait mieux, on n'a pas beaucoup avancé. Tout le monde ferait mieux que Sarkozy, Chirac, Mitterand ou de Gaulle.

Je respecte ce qu'a fait Michel Chasseuil, car pour arriver à rassembler tout cela, c'est quasi impossible, non seulement en budget mais en opiniatreté pour trouver tout ce qu'il a trouvé.

Une fois qu'on a respecté, on se dit : comment faire pour que son projet trouve une issue qui soit au service du vin ? Et on doit tenir compte du fait que cet homme a des idées très arrêtées, et ne se fera pas du tout influencer par de bons sentiments.
Il faut trouver le ressort d'orgueil (comme le suggère astucieusement Vougeot, mais certainement pas de façon frontale), de fierté, d'humanité, de charité, qui créera le déclic.

Mais on n'y arrivera qu'en respectant la démarche. Car cette étape qu'il a accomplie a le mérite d'être unique. Lui dire : je ferais mieux que vous, c'est la certitude de n'arriver à rien.

Ouh-là - Ouh-là - Ouh-là, François !
Ne me faites pas passer pour le donneur de leçon que je ne suis pas !
En aucun cas je n'ai dit que j'aurais fait mieux que Michel Chasseuil.
Comme vous, je respecte ce qu'il a fait et, comme vous, j'adopte une posture Audouzienne : les vins sont faits pour être bus, un point c'est tout !
C'est ce que j'ai essayé de suggérer...

Amicalement,

Vincent

Nous sommes d'accord, et c'est bien. Merci de cette précision.

Si je comprends bien : son idée est de faire un musée du vin,
A ce jour, son projet a t il reçu l'intérêt de certains mécènes ?
Je crois qu'il habite un petit village dans les deux-sèvres, il devra peut être transférer son trésor dans un lieu plus facile d'accès ...

C'est ça, et il évoque des débuts de réponses de mécènes.

Je veux bien un ticket pour la visite de la dite cave :)o

@micalement Fab -D

A défaut de ticket, j'ai enfin eu un peu de temps pour mettre de l'ordre dans les photos.
Vous pouvez aller voir 17 photos que j'ai triées en regardant à :

photos

Bonjour François MERCI pour cette visite virtuel ( assez irréel voir même impressionnant )

mais être dans cette cave voir et toucher ses caisses ça doit donner le vertige mmhheeee ()()()

@micalement Fab -D.

Merci pour les photos.

La premiere avec toutes ces caisses est impressionantes.

C'est grâce à 1855 qu'il y a tellement de visite sur se site, c'est clairement pas les administrateurs ni le petit hadrien qui génèrent 80 000 visites, c'est bien le méchant 1855 .....

Monsieur l'administrateur Luc qui n'est pas heureux ....

Vin du domaine de Zucco, 1865 je crois. Propriété en Sicile du duc d'Aumale, fils de Louis-Philippe, qui y passait plusieurs mois par an et y avait amené un directeur et un maître de chai bordelais.
Domaine de polyculture de 6000 hectares, où il est mort sans avoir été roi, mais après avoir été général et député.
Belle bouteille, liquide clair. Sec ou pas sec? Pas de nez à l'ouverture. Sec, aucun doute, mais puissant en alcool (on parle de 15 à 17 degrés à l'époque pour ce vin très réputé), mais il y avait plusieurs vins produits, celui-ci doit être une réserve du duc. Puis puissant nez de noix, pas franchement vin jaune, rappelle un Xérès. Très bon. Grande longueur en bouche. Un peu fatigué le lendemain. Trop vieux? Non, sans âge, ne devrait pas pouvoir vieillir. Muté? Je pense, mais légèrement. En soi un très bon vin, qui est en plus un témoin de la fin de la monarchie française et du début de la monarchie italienne, ce qui est pour un écrivain comme moi un atout supplémentaire.

Bu la semaine dernière chez et avec Michel Chasseuil, provenant de sa cave.
Comme quoi, peut-être qu'il suffit de demander poliment.

Gilles du Pontavice

Merci pour ce commentaire "historique".

J'ai eu du plaisir à le lire.

Bien cordialement,
Thierry

Il me fait penser à Gollum du Seigneur des Anneaux : Mes Précieuses !!!

Stéphane

Le Duc d'Aumale était également un bibliophile éclairé, qui a laissé une célébre bibliothèque.

La référence à Gollum est très bonne !

Pour Hadrien,
la référence à la bibliothèque m'intéresse, avez-vous quelque chose sur son emplacement? Ce vin de Zucco m'intéresse.
D'avance merci si vous pouvez m'aider.
Gilles du Pontavice

Elle est à Chantilly, vous trouverez des tas de renseignements sur google. Cordialement

Cela me rappelle l'histoire de la fabuleuse collection de voitures de Michel Dovaz (oui, on pense au même) qui avait laissé littéralement mourir dans son jardin des Cord, Bugatti, Aston Martin, Alfa Romeo... avant que la collection ne soit transférée puis vendue.

Laisser mourir de tels joyaux avait scandalisé une bonne partie du milieu de l'automobile, estimant qu'une automobile ancienne devait a minima être conservée, mais bien plus, ROULER. D'autres au contraire y voyaient une forme d'art avec des autos laissées à elles-même.
Il y a un livre qui s'appelle Sleeping Beauties avec des photos assez poignantes d'une partie de la collection.
L'histoire pour les passionnés d'autos est tout aussi extraordinaire que celle de Michel Chasseuil et ses vins.

Bref, cela soulève un point, a t'on le droit de faire n'importe quoi quand on détient des trésors nationaux ou des morceaux d'histoire?
Débat tranché dans le domaine des monuments classés, bien plus délicat pour le vin...
Mais je partage l'avis de François Audouze, figer à jamais cette collection serait bien dommage.

Quelques nouvelles récentes sur le destin de cette collection unique ?