Clos de Vougeot 2003
Mardi 28 mars 2006
Une production Ganesh Club
Le contexte :
- Les vins sont carafés 2 heures avant la dégustation et servis à température.
- L’ordre de service est aléatoire et les vins sont goûtés à l’aveugle mais découverts en 2 séries de 7.
- Participants : Philippe Lagarde, Eric Cuestas, Cédric Dupeyre, Jean-Luc Germain, Serge Pons, Matthieu Cosse, Michel Belin, Annie Ortet, Jacques Prandi (JP), Pascal Perez (PP). Laurent Gibet (LG).
- Dégustation préparée par Pascal Perez, accueillie ce soir par Philippe Lagarde au « Tire-Bouchon ».
- Les commentaires de dégustation sont synthétisés par Laurent Gibet.
Les vins :
1. Clos-Vougeot – Château de la Tour – Vieilles Vignes 2003 :
JP14,5/15 – PP14,5 - LG14
- Robe très dense.
- Notes mûres de fruit, de fleurs et d’épices masquées par un boisé encore présent. L’ensemble est sans classe.
- Bouche plutôt compotée (liqueur de cerise, de mûre), corsée, malheureusement assez terne et plate. Alcool sensible.
2. Clos-Vougeot – Domaine René Engel 2003 :
JP16 – PP16 – LG16,5
- Robe noire.
- Nez possédant de l’élan, assez affriolant. Fraîcheur complexe évoquant le roncier, le pain d’épices, la framboise, la cerise confite, la violette, la réglisse.
- Bouche racée, marquée par une grosse maturité mais sans lourdeur. L’ensemble est équilibré (alcool, acidité), pour des tannins de qualité indéniable. On aimerait encore un supplément d’ampleur et de persistance.
3. Clos de Vougeot – Domaine Méo-Camuzet 2003 :
JP15 – PP15 – LG(13)
- Robe épaisse, impénétrable.
- Nez démonstratif mais peu noble, lacté, foxé, évoquant un Hermitage : réglisse, violette, olive noire, fumée, terre humide, zeste d’orange, raisins macérés.
- Bouche veloutée (on a presque une sensation sucrée), cornaquée par un boisé peu discret, qui délivre une œillade un peu racoleuse (mais alcooleuse) avant de se révéler fort lassante.
- Ce vin (à la matière anormalement déficiente ?) se dégrade à l’air …
- Ma note très basse sanctionne le manque patent de plaisir et le fait que le phénomène empire (vin remis à température et regoûté à la fin de la série). A revoir plus spécifiquement.
4. Clos de Vougeot – Alain Hudelot-Noellat 2003 :
JP14,5 – PP14,5 – LG13
- Robe opaque.
- Belle olfaction, moins lourde que celle de Méo mais également moins aérienne que celle de Engel. Soupçon végétal. Certains insistent sur une volatile un peu prononcée, des odeurs de pomme oxydée qui grèvent la classe aromatique.
- Bouche peu harmonieuse, désunie (acidité saillante de groseille), légèrement piquante (a-t-on affaire à une bouteille défectueuse ?). Pascal valorise le volume, le soyeux, la longueur correcte.
5. Clos Vougeot – Domaine Jacques Prieur 2003 :
JP17 – PP17 – LG17+
- Robe elle aussi noire, assez impressionnante.
- Le nez déploie un bel ensemble de senteurs : viande rôtie, soja, réglisse, groseille, goudron, fruits noirs. Profondeur et boisé légèrement vanillé.
- Bouche remarquable, pleine de fruit (un fruit très mûr mais nullement cuit), cohérente, développant avec agilité de magnifiques goûts de cerise, d’épices. Faussement indolente, cette bombe fruitée prometteuse toute en élégance possède une sapidité superbe.
6. Clos-Vougeot – Thibault Liger-Belair 2003 :
JP17,5 – PP17 – LG17+
- Robe noire.
- Nez original, offrant des notes de café (torréfié et vert), de poivre vert, de rafle, de fruits (cerise, framboise).
- En bouche, on décèle un gros fruit, de la tension, dans un équilibre assez classique qui brille par une convaincante restitution fruitée en finale. L’approche est franche mais semble plus exigeante que chez Prieur, le boisé étant parfaitement au service de l’expression vineuse.
7. Clos Vougeot – Domaine Gros Frère et Sœur - Musigni 2003 :
JP18,5 – PP18 – LG18
- Robe plus classique, d’intensité importante mais moindre.
- Le dégustateur est ici accueilli par un nez minéral sublime, qui n’est pas sans évoquer une syrah septentrionale : rose, violette, poivre de sichuan, viande rôtie, réglisse.
- Complexité, profondeur, élégance, délicatesse tannique sont des atouts majeurs pour ce vin assez ultime qui se développe sur une sève sanguine, corsée d’une fraîcheur et d’une rémanence remarquables.
7. Clos de Vougeot – Domaine Denis Mortet 2003 :
JP15,5 – PP15 – LG16
- Robe trahissant un début d’évolution.
- Expression (anormalement ?) évoluée mêlant des odeurs de réglisse, de jus de viande, d’épices, de tabac, de pruneau.
- La matière semble avoir déjà pas mal travaillé. Elle est dotée de goûts joliment corsés et évolués rappelant le poivre, le sous-bois (une évocation curieuse ici de grenache). Le fruit paraît tamisé et la matière manque de puissance.
8. Clos Vougeot – Christophe Perrot-Minot 2003 :
JP15,5 – PP15,5/16 – LG14,5/15
- Robe noire.
- Nez compact clairement dans un registre d’austérité : notes boisées encore marquées, minéralité (terre), épices, fumée, réglisse. Soupçon floral.
- Bouche sanguine, un peu dure (acidité, tonalités végétales), costaude mais manquant de raffinement, un peu abrupte. Pour Pascal : fraîcheur, beau jus, beaux tannins, longueur moyenne.
9. Clos de Vougeot – Gérard Raphet – Vieilles Vignes 2003 :
JP14,5 – PP14 – LG14,5
- Robe sans surprise de nouveau intense.
- Nez très sudiste, sensuel : notes assez torrides de riz soufflé, de confiture de framboise, de fleurs, de loukoum.
- Bouche lascive, légèrement évoluée, qui ne fait pas trop le poids dans ce panel. Elle apporte certes du plaisir (douceur orientale) mais paraît fatiguée et manque de fond. Pour Jacques et Pascal, le vin est particulièrement léger.
10. Clos Vougeot – Philippe Charlopin-Parizot 2003 :
JP14,5 – PP14,5 – LG13,5
- Robe délicatement évoluée.
- Senteurs de cerise, de poivre, de café. Accents végétaux pour une tendance toastée.
- La bouche reste fraîche mais pêche par un manque de chair. Elle apparaît donc plus creuse et plus courte. On note de plus que le vin (servi un peu plus froid) se dégrade rapidement en chambrant dans le verre. Pour Pascal, le fruit est mat.
12. Clos de Vougeot – Domaine Robert Arnoux 2003 :
JP17,5 – PP16,5/17 – LG16,5+
- Robe noire.
- Nez imposant, fortement boisé, exhalant malgré tout un fruit puissant (mûre, cassis), de la rose, de la menthe.
- Bouche charpentée, martiale (tannins conséquents), sur la réserve. On apprécie ici aussi cette réserve fruitée sous-jacente qui se démarque en finale, associée à des flaveurs de menthol, de réglisse, de minéral. Il faudra attendre patiemment ce vin au style intransigeant, structuré, peut-être peu typé en l’état mais qui dispose d’atouts de race et de longévité certains.
13. Clos de Vougeot – Domaine Jean Grivot 2003 :
JP15,5 – PP15,5 – LG15
- Robe noire.
- Effluves expressifs et profonds, qui semblent plonger dans la terre: cassis, épices, graphite, goudron, fumée, poivre, subtilité végétale, presque rhum.
- Une approche sombre du pinot, austère, fermée, avec des tannins moins saillants. Le vin reste assez tonique mais l’alcool se sent plus et le fruit est moins conquérant.
14. Clos-Vougeot – Domaine Anne Gros – Grand Maupertui 2003 :
JP17,5 – PP17 – LG16,5+
- Robe opaque.
- Notes très probantes, nettes : lard fumé, savon d’Alep, fleurs. Attirant car parfumé comme une belle syrah du Nord de la vallée du Rhône.
- Matière dense et longiligne, saveurs enjôleuses, tannins soyeux, longue finale réglissée. Très gourmand, proche du vin de la famille homonyme avec un tout petit peu moins de substrat.
Conclusion :
- Une année atypique (un millésime commenté et connoté), avec de la sécheresse et surtout un ensoleillement extrême.
- Une dégustation passionnante, avec un panel huppé et des styles variés.
- Ce millésime qui fera date provoque effectivement des disparités qualitatives importantes.
- Côté descriptifs, il ne faut guère chercher une grande typicité :
- Les robes sont très sombres
- Les nez particulièrement mûrs, lorgnant parfois vers la syrah voire le grenache.
- Les bouches glycérinées, pour des profils fortement constitués qui peuvent s’avérer un peu terriens/rustiques
- Les meilleures cuvées ont pour elles des qualités de vitalité, finesse, profondeur : elles devraient aller très loin.