Pour rebondir sur cette discussion, j’ai dégusté – à l’aveugle - un
Leoville las Cases 1982 aujourd’hui. Le vin est plutôt bon, bien fait, avec des tanins soyeux, doux, bien enrobé. La matière est ample, polissée. On sent que l’on a affaire à un beau vin, richement travaillé. D’ailleurs, avec mes compères du jour, nous nous sommes rapidement orientés vers un Bordeaux rive gauche de très bonne facture (un « premier » fut même évoqué). Le vin se marque toutefois de notes variétales caractéristiques associées à un élevage toujours prégnant. La fin de bouche demeure toujours austère, presque dure et avec une allonge toute relative. Encore une fois, il lui manque l’élégance, le charme et surtout
le plaisir que l’on est en droit d’attendre d’un tel cru. Ca se boit, certes, mais l’emotion n’est pas là. Et pourtant, il est difficile de dire qu’il a encore besoin d’être attendu, car même si la robe est d’une jeunesse insolente (par sa couleur et sa profondeur), l’ensemble ne donne pas l’impression qu’il se livrera un jour avec beaucoup plus d’éclat.
Si je voulais être un brin provocateur, je dirai qu’il a sans doute souffert d’avoir été servi après une Grange des Pères 2005, d’une qualité de tanin équivalente, mais avec la fougue et le brin de folie en plus. Mais comme je ne veux pas l’être, je ne le dirai pas