D’un déjeuner dijonnais (je l’aime bien celle la) à 4 personnes on est passés successivement à 6, puis 7, puis 8, puis 7 la veille, puis 8 le jour même à 12h, puis 7 à 12h40… il faut saluer le très bon accueil que l’on a reçu au restaurant la Dame d’Aquitaine à Dijon. En plus d’accueillir à bras ouverts des zinzins comme nous, le restaurant a à mon sens l’énorme avantage de permettre de déguster des vins avec des plats à la hauteur sans pénaliser l’hôte qui sinon passe sa journée et son repas en cuisine. En plus, la restauratrice est une œnophile avertie, et la carte des vins du restaurant en témoigne, même si sur cette session ce sont nos propres apports. Petite précision, comme toujours désormais pas de MC, on préserve l’aveugle pour tous sauf l’apporteur, et ça se passe quasi toujours très bien sans loupé majeur dans la constitution des duos.
Champagne 1er cru Guillaume Sergent Chemin de Chappes
Base 2018, dosage 1g/l, sélection massale de pinot noir sur sables et de pinot meunier (50% de chaque), vignes à Vrigny sur la montagne de Reims.
Vésale : Nez avec une petite note oxydative maîtrisée, pomme tatin, petit côté épicé anisé notes crayeuses, on est en champagne,
La bouche présente une jolie bulle, le vin est élancé avec une belle matière, on est à la jonction entre le côté vineux et la vivacité d’un champagne apéritif, c’est sapide avec une très jolie persistance
Bien +/Très bien
Garfield : Pas à l’aveugle pour moi, mon premier apport (privilège de l’organisateur, j’ai pris le droit d’apporter une deuxième bouteille). Une bien jolie bulle pour commencer, bulle abondante au service mais belle finesse en bouche, robe dorée, nez sur la pomme cuite (compote, tatin), les épices, fine note oxydative qui complexifie, la bouche est vraiment bien construite car le vin a un gros volume en entrée de bouche, tapissant sans être lourd, sur ces aromes de pomme cuite, et ensuite une sacrée persistance sur une salinité ultra sapide. J’aime beaucoup. Très bien +
Duo de blancs sur une entrée à base de champignons :
Jacques Puffeney Arbois Chardonnay (ouillé) 2012
Vésale : Nez de chardonnay riche et rond, avec au début du pétard puis fruits à noyaux, caramel, un côté brioche beurrée, des fruits secs,
Bouche avec autant de largeur que de longueur, un côté presque crémeux, finale assez longue sur des notes de caramel salé, il y a suffisamment de tension pour que ça ne tombe pas dans le lourd cependant,
Pas reconnu le coté parfois tourbé des chardo du Jura, je le plaçais en côte de Beaune sur un millésime mûr,
Bien +
Garfield : Nez très réduit, très grillé, qui mettra du temps à s’estomper, on part sur un chardonnay élevé, assez ancien car on a une aromatique tertiaire sur le champignon et une petite finale pas nette que certains attribueront au liège (pas été jusqu’à liège mais un côté un peu poussiéreux oui). Comparé à son binôme qui est très pur, ça fait un peu lourd en solo, mais ça va bien avec le plat. A noter une nette amélioration à l’aération dans le verre avec notamment la réduction qui disparaît, pourtant ouverture la veille. On part sur un chardonnay bourguignon élevé sous-bois d’avant 2010, raté c’est bien un chardonnay mais du Jura élevé en grands foudres (donc pure réduction, pas boisé le grillé initial). Bien mais sûrement déjà un peu avancé (ou bien est le TCA qui l’a altéré ?)
Domaine Porte Saint Jean – Vin de France - La Perlée 2019
Vésale : Là aussi le nez attaque sur le pétard avec une belle réduction grillée, pierre à fusil, puis on démasque le chenin avec des notes de fruits sur la poire le coing, les fleurs d’eau,
La bouche est à la fois mûre et tendue, l’équilibre est franchement top, très belle longueur,
Très beau chenin, j’ai bcp aimé,
Très bien+
Garfield : Pas à l’aveugle pour moi non plus. Domaine que je n’ai jamais gouté mais qui semble monter très fort sur Saumur, pas facile à trouver d’ailleurs même pour un fouineur de chenin tel que moi… Pour vous dire que j’ai aimé, quand j’ai ouvert la bouteille le matin pour l’épauler, j’ai direct commandé les 3 derniers exemplaires du net… Jolie réduction au nez, avec une aromatique me rappelant les Saumur du Collier (en moins lourd), sur la poire, le coing, l’amande, les fleurs d’eau, pas trop de doute on est sur du ch’nin bien élevé ! La bouche est remarquable, alliant pureté (fruit très net, poire surtout), salinité, grosse persistance, léger grillé aussi, on se régale. Très bien + / Excellent
Deuxième duo de blanc sur le poisson (sole ou cabillaud selon les convives dans mes souvenirs)
Camille Thiriet – Vezelay Village Champ Cernin 2019
Vésale : Nez sur les fruits exotiques, ananas, fruit de la passion, des agrumes, une jolie minéralité,
Ça me fait penser à un chenin un peu baroque,
La bouche est élégante, toujours sur ces notes exotiques mais avec une belle acidité qui le rend parfaitement équilibré,
On tente chablisien sur un millésime chaud (19 ?), on se rapproche mais sans jamais tomber à Vezelay!
Belle découverte qui nous aura bien baladé !
Bien +/Très bien
Garfield : Nez sur les fruits exotiques, légèrement lacté, qui m’évoque un peu ceux des chenins de Chidaine, mais la bouche non car il n’y a pas le côté exubérant de Chidaine, c’est plus tendu et sec, mais « apaisé » (dans le sens de plénitude, on sent qu’on est sur la bonne phase de vieillissement avec une très grande buvabilité). On est un peu paumés sur ce vin, le chenin m’irait bien mais qui ? finalement on est orientés sur chardonnay et je pense qu’évidemment on a cité toutes les appellations avant d’arriver à Vezelay, en pensant soit à du Pouilly soit du Chablis (je sais ce n’est pas forcément cohérent, ceux qui ont fait ces repas savent que ça part un peu de partout..) sachant que les 2 possibilités m’allaient, sur un millésime solaire mais que je voyais plus ancien que 2019, plutôt 2015. Bien + / Très bien, à mon avis à boire relativement rapidement, c ‘est bon comme ça et je ne vois pas ce que ça gagnerait au vieillissement.
Eric Morgat – Anjou La Croisée des Chenins 2017
Vésale : Mon apport qui a bien fait voyager tout le monde aussi,
Nez avec un joli beurré, du fruits, blancs, une perception saline, de la fleur blanche,
La bouche est assez énorme, ça pousse de tous les côtés, la finale s'épure et devient traçante et minérale (mon voisin de droite évoque un Meursault perrières),
C'est encore manifestement très jeune (j'aurais dû l'ouvrir plus tôt), mais c'est déjà très bon en l'état et avec un potentiel ++
Très bien +
Garfield : Sacrée bouteille que celle-ci, aucun doute on est sur un grand bourgogne, superbe grillé, légèrement sucré et mentholé, bouche énorme de puissance et persistance, on part sur Bachelet ou Lafon….on est balèze hein ? Comme quoi le terroir, le cépage, tout ça tout ça…je deviens de plus en plus de l’avis de JM Guffens (cf le terroirisme)…Excellent et à l’aube de sa carrière.
Quatuor de rouges sur la viande (qui va selon les convives du ris de veau au pigeon en passant par le porcelet, il y a toute la ferme à table)
Jean-Claude Ramonet – Chassagne-Montrachet 2017
Vésale : Pas à l'aveugle pour celui-là,
Nez en mode jus de fruit délicatement poivré, c'est fin et délicat,
La bouche est infusée, digeste, les tanins sont super fins,
C'est un vin que l'on pourrait boire au gouter tellement il accessible,
Pas très long mais gourmand !
Bien+/Très bien
Garfield : Petit doute initial avec une syrah du fait du côté poivré, mais finalement le pinot me va bien, avec une note de cerise, épicée, j’irais bien sur Morey pour ce côté corsé qu’on a aussi en bouche et qui accompagne bien la viande. Je ne l’aurais pas placé sur Chassagne (qui dans mon référentiel interne est plus pétant de fruits rouges) ni sur 17 car c’est bien dense quand même. Bien +
Delas – Hermitage les Bessards 2012
Vésale : Nez de syrah légèrement évoluée, violette, fruits noirs, un coté fumé/viandé, très élégant,
Bouche de velours, sereine, avec des tanins fondus, c'est à la fois suave et tendu,
L'apporteur nous avait surpris la dernière fois avec un Croze de chez Graillot 2012, et je trouve que ça ressemble beaucoup mais avec plus de tout, du coup je ne suis pas si loin 😉
Belle persistance,
Très bien (+)
Garfield : Un vin plus complexe que son binôme, on n’est pas en Bourgogne c’est assez évident, ça pourrait être du Rhône, Guillaume trouve une ressemblance avec le Crozes de Graillot apporté par Éric déjà la dernière fois, en creusant un peu on finit par trouver Hermitage et Delas ! Pas facile de le décrire, mais vraiment une impression d’un vin complet, très long, aromatique de syrah un peu vieillie, patinée. On avait déjà bu avec Guillaume des Sorrel à maturité, on retrouve ce fruit un peu mat (prune, côté confit). Très bien +
Clos de Tart 2000
Vésale : Au 1er nez, on se regarde avec mon voisin de droite en se disant, oula ça c'est beau,
Fruits légèrement confiturés, épices, fleurs séchées, tabac, une pointe de volatile, je pars initialement sur un beau barolo ou barbaresco à point
En bouche, le jus est apaisé, large, tanins fondus, c'est encore dense, concentré, très persistant,
Très beau vin, encore d'une jeunesse impressionnante (j'étais sur 2009 ou 2010 !),
Excellent
Garfield : Robe sombre légèrement mat, nez faisant pinot vieilli, lui aussi un peu poivré, c’est surtout en bouche que ça change de catégorie avec des tanins parfaitement fondus, une belle enveloppe et une grosse longueur, avec cette rémanence des pinots de classe ou l’on exhale les arômes à chaque respiration après avoir bu une gorgée. Excellent, et merci Tophe ! Opportunité unique de toucher à ce mythe à maturité.
Jacques Frédéric Mugnier – Chambolle-Musigny 2008
Vésale : Joli nez, fruits rouges acidulés, floral, un peu de cuir/notes animales,
Il a ensuite le tort de passer après le clos de Tart, et la bouche parait étriquée, l'acidité et les tanins ressortent,
Pourtant, regouté un peu plus tard, c'est un joli vin qui se présente, avec certes des signes du millésime, mais avec une certaine élégance, finesse sans maigreur,
Il aurait sans doute dû passer plus tôt dans l'ordre des rouges !
Bien+ (mais sans doute sous-estimé)
Garfield : Du coup le challenger a du mal à exister à côté même si intrinsèquement c’est bon, on sent le petit millésime sur le côté acidulé au nez et surtout en bouche, sinon clairement on est sur du pinot pas de doute. Bien +
On n’allait pas terminer comme ça pour le dessert, alors on pioche dans la superbe carte des vins du resto pour un :
Ogereau –Quart-de -Chaumes Grand Cru la Martinière 2017
Garfield : Les 50 cl se sont évaporés des verres quasi instantanément malgré la séquence déjà chargée précédant ce vin, c’est dire sa buvabilité. Sur un dessert à base de pomme en ce qui me concerne l’accord était royal, tout ce que j’aime dans les chenins liquoreux avec une aromatique gourmande et sucrée sur les fruits jaunes, les épices et les agrumes au nez, et une superbe tension qui le rend ultra digeste. Très bien
Que conclure qui n’ait déjà été dit dans les sessions précédentes ? Qu’on a bu d’excellents vins ? Que les connexions entre des personnes qui ne s’étaient jamais vues se font quasi instantanément autour de cette passion commune ? Je ne me lasse pas en revanche de ces rencontres qui constituent vraiment le graal de notre passion, et lui donnent tout son sens.