Voici donc également mes quelques impressions sur cette série plutôt éclectique de liquoreux.
1. Domaine Dirler-Cadé – Alsace Tokay Pinot Gris Schwartzberg VT 1999 ***(*)
Je commence fort en prenant ce premier vin pour un riesling avec ses notes d'agrumes confits et son côté minéral voire légèrement pétrolé, même si son caractère exotique aurait du me mettre la puce à l'oreille. En bouche, il est d'une richesse moyenne en liqueur, avec un beau gras, mais manque un poil de tonus et de longueur pour me satisfaire complètement. Pas mal tout de même !
2. Domaine Guy Wach – Alsace Gewurztraminer SGN 1997 **
Ici pas contre, je ne me suis pas trompé, tant le caractère variétal du gewurztraminer était évident, très mûr, sur le miel, exotique, avec des notes de litchi prédominantes, presqu'écoeurantes, avec une pointe d'orange amère. La bouche est très riche, grasse, sirupeuse, épicée, avec un important manque d'acidité, et une finale un peu chaude et amère. Lourdeur est le qualificatif qui lui convient le mieux.
3. Weingut Jakob Maßen - Riesling Auslese 1993 Bernkastel - Kurser Weisensten Mosel Saar Ruwer ****
La robe est pâle, le nez est très fin et cette fois c'est bien un riesling, impossible de se tromper ! Citron confit, fine minéralité qui me rappelle celle du Kastelberg bu il y a quelques jours, pétrole très discrètement. La bouche est tranchante, tendue comme un arc, sur cet équilibre typiquement allemand marqué par la grande fraîcheur citronnée et la faible teneur en alcool, avec une belle finale minérale, même si on peut regretter un léger creux en milieu de bouche. J'aime beaucoup.
4. Domaine Marcel Deiss- Alsace Grand Cru Gewurztraminer Altenberg de Bergheim SGN 1989 ****
Première divergence avec Olivier, j'ai pour ma part beaucoup aimé ce vin, bien moins caricatural que le gewurztraminer précédent, ou le litchi se mêle à la rose, aux épices et aux notes minérales, avec un beau botrytis et des notes d'écorce d'agrumes. La bouche est certes riche et grasse, mais on a su ici conserver une très belle fraîcheur qui équilibre très bien l'ensemble jusque dans la finale minérale de très belle longueur.
5. Domaine Bruno et Jean-Michel Pieaux – Vouvray cuvée Amélie 2002 ****(*)
Très beau nez tout en élégance sur le coing et les notes florales, avec une légère minéralité crayeuse. Très belle acidité citronnée, beaucoup de tension mais sans agressivité, équilibre et longueur de haut niveau. Superbe !
6. Moulin Touchais – Vouvray 1988 (*)
Robe jaune fluo ! Le nez est tellement soufré que j'ai mal de tête rien qu'à le sentir. Quant à la bouche, mieux vaut ne pas en parler...
7. Château de Suronde – Quarts de Chaume 1996 **(*)
La robe tire sur le brun acajou. Nez clairement oxydatif, avec des notes de raisin de Corinthe, de caramel et de pomme. En bouche il se présente comme moelleux, avec une belle acidité mais une finale un peu fuyante sur des notes de marc. Longueur correcte, sans plus. Une déception pour cet échantillon qui me fait mieux comprendre l'avis mitigé de Michel Bettane sur la production pas toujours très régulière de ce Château.
8. Château de Fesles – Bonnezeaux 1995 **
Robe vieil or, intense. Nez peu expressif, floral évoquant le muguet, caramel, pas grand chose d'autre. La bouche est très acide et la matière n'est pas suffisante pour l'équilibrer. Longueur moyenne. Bof, à des années lumières de l'excellent 1997.
9. Domaine Causse Marine – Vin de Table Délires d’Automne 2000 ****(*)
La robe est d'un or orangé, intense, grasse. Superbe nez sur la pêche en sirop, le raisin de Corinthe, superbement confit et minéral. La bouche est très riche en liqueur, d'un gras déconcertant pour certains, mais reste à mon sens parfaitement équilibrée et laisse la bouche fraîche, ce qui ne manque pas d'appeler la gorgée suivante. Pour jouissifs amateurs de sucre.
10. Domaine de Montesquiou – Jurançon 2001 *****
Mon préféré de la soirée, avec un superbe nez qui signe son origine, marqué par la truffe blanche, floral, exotique, légèrement boisé, sur l'écorce d'orange. Si la richesse est celle d'un liquoreux, l'acidité est exceptionnelle et le rend particulièrement digeste, tendu comme un arc, et très très long. J'adore ! Et le fait que ce soit un 2001 n'est pas pour me déplaire...
11. Château de Jurque – Jurançon cuvée Tendresse 2005 *
Robe jaune très pâle, nez très marqué par le soufre, aux relents nauséabonds. En bouche il se présente comme un demi sec, et se révèle à la hauteur de ce que laissait entrevoir le nez.
12. Clos de l’Eglise – Pacherenc du Vic Bilh cuvée Marie 2003
Bouchonné.
13. Domaine Bru-Baché – Jurançon cuvée l’Eminence 1995 ****
Nous voici à nouveau, pour mon plus grand plaisir, sur la truffe blanche, agrémentée d'écorce d'agrumes et de miel. L'acidité est tranchante, la richesse est celle d'un moelleux, très bien équilibré et long, dans un style assez similaire au premier Jurançon, bien qu'un cran en dessous à tous les niveaux. J'aime beaucoup.
14. Château Cherchy Desqueyroux – Graves Supérieures 2005 *(*)
Nez légèrement soufré, iodé, floral, avec des notes d'agrumes mais aussi de carton mouillé, pas très net. En bouche, il se présente moelleux, de forte acidité, avec un manque d'ampleur et une longueur moyenne. A revoir car l'échantillon est probablement défectueux.
15. Château Mémoires – Loupiac 2002 ****
La robe se pare d'un bel or intense. Beau botrytis au nez, sur les agrumes confits, un léger encaustique, de l'abricot sec. La bouche, malgré une liqueur conséquente, a su garder une belle fraîcheur, ce qui lui donne un équilibre des plus appréciables ainsi qu'une belle longueur. Très bon vin, d'un rapport qualité-prix assez hallucinant !
16. Château Mémoires – Loupiac cuvée Grain d’Or 2001 ***(*)
Robe évoluée, brun acajou. Nez marqué par le caramel, l'encaustique, le miel, l'abricot sec et le café. La bouche est grasse, avec une grosse liqueur mais également une très belle acidité qui parvient sans peine à l'équilibrer. La longueur est correcte, sans plus.
17. Château d’Arches – Sauternes 1996 ***
Robe jaune or qui est restée très jeune. Le nez semble un peu pataud, encaustique, cireux, avec de l'abricot sec et du miel. L'attaque possède une belle fraîcheur, mais celle-ci ne parvient pas à équilibrer le vin jusque dans sa finale, un peu pâteuse et de longueur moyenne. Typiquement le Sauternes que j'apprécie assez moyennement...
18. Château Sigalas Rabaud – Sauternes 1996 ***(*)
Je serai un peu moins sévère que d'autres sur cette bouteille marquée par les agrumes confits, de légères notes de caramel et d'ananas, qui présente en bouche une belle fraîcheur qui équilibre bien la liqueur, et une belle longueur. Un vin bien fait, sans défaut majeur, mais qui ne parvient cependant pas à me donner beaucoup d'émotions.
19. Château Doisy Daëne – Sauternes 1997 **(*)
Le nez semble réduit, fumé, sans doute un peu marqué par le soufre, avec une pointe d'ananas. L'acidité est belle, la liqueur moyenne, et se termine sur une finale un peu amère et de longueur correcte, sans plus. Pas convaincu du tout...
20. Château Clos Haut Peyraguey – Sauternes 1997 ***(*) à ****
C'est là que les Ménapiens s'empoignèrent, car si mes voisins semblent enthousiastes à la dégustation de cette bouteille, je dois avouer l'être un peu moins, gêné que je suis par son caractère légèrement oxydatif. Pour le reste, le botrytis est beau, il y a du miel et du raisin de Corinthe, l'équilibre est sans reproche, même si on aurait pu s'attendre à un peu plus de richesse dans ce millésime, et la longueur est belle. Pour moi c'est donc bon, voire très bon, mais pas au niveau des meilleures bouteilles de la soirée.
21. Château Suduiraut – Sauternes 1998 ***
La robe est jaune paille. Le nez, s'il n'est pas très complexe, est d'une belle pureté, sur les agrumes confits et les notes florales. En bouche, la liqueur n'est pas celle des grands millésimes, l'acidité est un peu basse et la longueur moyenne. Pas mauvais, mais sans génie particulier.
22. Château Lafaurie-Peyraguey – Sauternes 1986 ***(*)
Nez très marqué par l'écorce d'orange, un peu trop simple en l'état, avec également du citron confit. La bouche est par contre d'un très bon niveau, fraîche, très bien équilibrée et longue. Peut-être que la complexité viendra avec le vieillissement et le vin aurait sans doute bénéficié d'une longue aération, la bouche montrant tout de même de belles qualités.
23. Château Guiraud – Sauternes 1979 ***
Robe acajou, nez légèrement encaustique, avec des notes d'orange amère, de curry, de pomme. La sucrosité est assez faible, l'acidité est belle, donnant un vin pas très puissant, pas très volumineux, mais pas désagréable, d'une longueur moyenne. Un vin qui semble avoir dépassé son apogée.
Au final, une dégustation assez hétéroclite, mais le thème était très large et rendait la chose difficilement évitable.
Si Sauternes semble encore se tailler la part du lion dans les caves des amateurs, on ne peut pas dire que la qualité des vins présentés le justifie pleinement, ayant été pour ma part bien davantage séduit par certains vins produits dans le Sud-Ouest, Jurançon en particulier et les vins à l'équilibre plus septentrional. A noter, ne fois de plus, que les vins qui s'en sont le mieux tirés ne sont pas toujours les plus chers, bien loin de là...