Décidément, la saison 2015-2016 du CRD-LPV Belgique est riche en événements puisque qu'après avoir dignement fêté son dixième anniversaire, tous les prétextes sont bons pour en fêter un nouveau.
Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit d'accompagner un de nos sages pour franchir un cap, souvent difficile, qui conduit même certains au bord d'une profonde dépression.
Rien de tout cela ici puisque notre membre émérite a désormais atteint l'âge de la sagesse à défaut d'atteindre de celui de la raison.

Notre Luc national fête son cinquantième anniversaire et, pour adoucir le poids des ans, a décidé de sortir la grosse artillerie !
Jugez plutôt, la soirée ne fut pas morose !

Comme d'habitude, les vins seront dégustés à l'aveugle dans un ordre établi par notre hôte.

En prélude, Luc nous propose en guise d'apéritif un vin blanc.


Robe jaune or, fruit très mûr, léger boisé. Bouche riche, avec un beau fruité, de la fraîcheur en finale avec une légère amertume. beau vin !
Il s'agit de Domaine de l'Horizon - VdP des Côtes Catalanes 2011 .

Pour suivre, Luc nous propose deux bulles.


1. Krug
Robe or soutenu.
Nez riche sur le café, mokka, touche boisée, fruit mûr.
Bouche dense, fraîche et complexe.
Très long final et très grand équilibre.
Superbe champagne aérien et plein d'élégance.


2. Selosse
Robe or très soutenu.
Grand nez floral sur la rose fraîche, une note végétale et de coing, de noix fraîche.
Bouche marquée par un côté café avec un accent légèrement oxydatif.
Final assez long marqué par une légère amertume.
Il semble plus évolué que le précédent.
Un style particulier et un champagne que je dégustais personnellement pour la première fois.
C'est un vin qui doit, à mon sens, accompagner un repas.

Place à présent aux rouges.


3. Domaine Charvin- Châteauneuf-du-Pape 2008
Touche d'épices, note mentholée.
Bouche dense, tanin mûr et juteux, beaucoup de fraîcheur.
Très équilibré avec un long final épicé.
Superbe Châteauneuf-du-Pape qui se déguste très bien aujourd'hui.


4. Viñatigo - Islas Canarias - Elaboraciones Ancestrales Tinto 2014
Nez de fruit, un peu café aussi.
Bouche équilibrée, arômes de fruits type cassis, finale fraîche et tonique.
Grande longueur. Beaucoup de finesse et d'élégance.
Il devait y avoir un thème commun entre ce vin et les deux qui l'ont entouré dans cette série mais j'ai eu un peu de mal à cerner le thème.


5. Château Rayas 2008
Grand nez Renaudien qui ne laisse aucun doute quant à son origine : fruit mûr, épice, touche florale.
Bouche d'une superbe finesse, au beau fruit avec ce côté épicé assez gourmand.
Grand vin idéalement mûr.
Vraiment superbe !


6. Domaine Jamet - Côte-Rôtie Côte Brune 2004
Robe évoluée.
Nez mentholé, touche de poivron de fraise et d'épice.
Bouche très structurée, beaucoup de finesse, tanin d'une grande finesse et d'une parfaite maturité.
Un vin juteux, à l'équilibre superbe et au très long final.
Grandiose !


7. Guigal - Côte-Rôtie La Turque Côte Brune 2004
Robe dense.
Nez de caramel, très mûr, un peu dérangeant.
Bouche construite, élevage encore un peu marqué, mais superbe équilibre dans un fruité mûr.
C'est incontestablement un grand vin qu'il convient probablement d'attendre encore un peu.
Très beau mais je préfère le vin de Jamet.


8. Clos de Tart 2003
Robe dense.
Nez viandeux qui évolue sur un mélange de fruit noir et rouge.
Bouche suave en entrée mais la suite se révèle assez massive avec un tanin abondant mais mûr.
Pointe alcooleuse sur le final.
Clairement, personne n'a identifié le Pinot Noir sur cette cuvée.
Néanmoins, même si il n'est pas typé, je reste convaincu qu'il faut l'attendre car il est équilibré, mûr et possède toutes les qualités pour bien évoluer.
En confiance.


9. Château Cos d'Estournel - Saint-Estèphe 2001
Nez de fruits rouges, touche boisée qui s'harmonise parfaitement.
Bouche très équilibrée avec un grain de tanin assez fin.
Ce vin propose beaucoup de finesse et un fruit mûr et frais.
Grande longueur.
Superbe !


10. Mas de Daumas Gassac - Vin de Pays de l'Hérault cuvée Emile Peynaud 2001
Nez de caoutchouc et de viande.
Bouche plus stricte, encore marquée par l'élevage.
Cela sèche même sur le final.
Un vin qui apparaît rugueux et qui manque d'élégance.
Il ne joue clairement pas dans la même cour que ses pairs.


11. Château Haut-Brion - Pessac-Léognan2001
Robe encore dense.
Nez discret avec des notes de fumé et de cèdre.
C'est profond et élégant.
Bouche superbement équilibrée, tanin de rêve, grande fraîcheur.
Longueur exceptionnelle.
Cela doit être mon premier Haut-Brion et je dois reconnaître que c'est un vin exceptionnel sur cette bouteille.
Un vin aristocratique !

Place à présent aux blancs.


12.Maison Trimbach - Clos Ste Hune Riesling 1999
Nez de mandarine, un peu terpénique.
Belle tension en bouche, caractère sec évident.
Grand équilibre sur une superbe acidité intégrée.
Grand vin.


13. Domaine René Muré - Alsace Grand Cru Vorbourg - Clos St Landelin Riesling 1999
Nez classique et typé de Riesling.
Bouche équilibrée au fruité mûr.
Un peu de SR perceptible.
La longueur est moyenne.


14. Domaine Zind-Humbrecht - Alsace Grand Cru Rangen de Thann - Clos Saint Urbain Riesling 1999
Robe or foncée.
Nez complet et complexe.
La bouche est dense, massive et concentrée.
Très grande longueur.
Par rapport aux deux vins précédents, il s'agit d'un Riesling mûr et un peu massif.
Néanmoins, c'est très beau.


15. Domaine de la Bongran- Mâcon Villages cuvée Tradition E.J. Thévenet 2001
Nez de fruit exotique.
Bouche très fruitée sur l'ananas.
Superbe équilibre.
Un très joli Mâcon, une première en ce qui me concerne et je suis assez partisan d'en croiser à nouveau !


16. Domaine d'Auvenay - Meursault Les Narvaux 2001
Nez de pop corn, de grillé signant une réduction qui ne s'atténuera pas forcément malgré l'agitation des verres.
Bouche dense construite sur un équilibre d'école entre alcool et acidité.
Un vin d'une classe folle que j'ai rarement rencontré en Bourgogne.
C'est élégantissime, complexe et d'une longue éternelle !
Sans aucun doute possible, le plus beau blanc de Bourgogne que j'ai dégusté à ce jour.


17. Domaine Roger Belland - Criots Batard-Montrachet 2000
Nez de pomme au beurre.
Vin au profil jurassien.
Pour moi bouteille à problème.


18. Château Simone - Palette 1999
ED


19. Domaine Jean-Louis Chave - Hermitage 1999
Nez de fruit blanc, quelques touches d'épice et de miel.
Belle tension en bouche qui contrebalance une matière mûre, riche et complexe.
Très grand longueur pour ce vin qui appelle la table au sens le plus noble du terme.
Décidément, j'adore les Hermitage blancs qui ont vieilli sereinement.


20. Chêneau de Beaucastel - Châteauneuf-du-Pape cuvée Roussanne Vieilles Vignes 1999
Nez évolué et finement oxydatif.
Bouche déliée, aux arômes de fruits très mûrs.
Corps riche mais avec une acidité justement placée qui rafraîchit l'ensemble.
On sent un vin complet et complexe qui lui aussi doit accompagner un très beau plat.

Deux superbes vins blancs.

Pour terminer en beauté, Luc nous propose deux "digestifs".


21. Domaine Cazes - Rivesaltes cuvée Aimé Cazes 1976
Robe cognac.
Nez finement aromatisé sur l'orange et le caramel.
Bouche splendide d'équilibre et de digestibilité.
J'en ai personnellement en cave et, à chaque dégustation, je me suis régalé.
Celle-ci ne fera pas exception !
Superbe.


22. Marjorie et Stéphane Gallet - Rivesaltes ambré 1966
Nez de tabac, de banane, massepain, noix de coco.
Bouche légèrement déséquilibrée sur l'alcool.
C'est un peu dommage car le nez promettait de belles choses.
Enfin, 1966 ... hommage à Luc.
Bon, je vous rassure, notre hôte porte à merveille son demi siècle !

Que dire après une telle soirée ?
Tout simplement un immense merci à Patricia et Luc pour leur accueil et pour ces séries de bouteilles qui recelaient pas mal de pépites !

Grand merci à toi Luc et à bientôt pour une nouvelle session.

Olivier

:::

Wouarf, quelle magnifique série !!!

Le seul vin que j'ai bu, c'est le Clos de Tart : unique millésime bu...qui ne m'a pas donné envie d'y revenir.

Par contre, Auvenay....j'ai eu la chance de boire 2000,2002 et 2004 : un vin absolument extra terrestre X(

Arnould.

Quel régal!!! :::

Ah oui quand même...waouh la série :
Grandiose, bravo

11. Château Haut-Brion - Pessac-Léognan2001
Robe encore dense.
Nez discret avec des notes de fumé et de cèdre.
C'est profond et élégant.
Bouche superbement équilibrée, tanin de rêve, grande fraîcheur.
Longueur exceptionnelle.
Cela doit être mon premier Haut-Brion et je dois reconnaître que c'est un vin exceptionnel sur cette bouteille.
Un vin aristocratique !

Quand je pense qu on m a volé mes HB 2001, que je gardais, mois aussi, pour mes 50 ans ... [size=small]Sniff[/size]

Incroyable :

Serge,

Je suis impardonnable, c'est corrigé !

Olivier

::: 50 ans : 50 bouteilles :::. Donc si j'ai bien compris, L'Hostellerie Dispa, c'était pour la famille, et là, c'était pour les amis ! ...en tout cas chapeau !!-D Mais qu'est-ce que vous avez mangé, sur ces belles étiquettes ?

Daniel

En relisant le CR d'Oliver, on se dit qu'on a dans cette série, sans doute, un concentré de ce que bien des amateurs aimeraient boire un jour dans leur vie...quelle série, encore une fois !

Merci Olivier pour ces notes et ces photos qui permettront de garder encore un peu mieux en mémoire cette bien belle soirée.
Ce groupe que je côtoie depuis plus de 10 ans maintenant m'a beaucoup apporté, a changé de nombreuses choses dans ma façon d'aborder le vin, et a été le berceau de belles amitiés.
Ces quelques bouteilles ne sont qu'un juste retour des choses.
Dégustation sans doute excessive d'un certain point de vue, une sorte de chant du cygne avant que j'en revienne sans doute à plus de sagesse dans mon rapport au vin, 50 ans étant un bel âge pour les remises en question...
Quelques petites divergences d'appréciation sur l'une ou l'autre bouteille, j'y reviendrai plus tard, mais en gros, nos impressions sont, comme toujours très convergentes.

Encore un grand merci à tous les membres du CRD-LPV Belgique pour votre présence, votre générosité et votre amitié.

Luc

Joli hommage
Le vin est la plus grande fédération mondiale, puisque elle touche tout les continents [size=small](mise a part les manchots de l Antarctique)[/size]... Et devrait être inscrite comme étant d utilité publique

En relisant le CR d'Oliver, on se dit qu'on a dans cette série, sans doute, un concentré de ce que bien des amateurs aimeraient boire un jour dans leur vie...

J'acquiesce !

Dégustation sans doute excessive d'un certain point de vue, une sorte de chant du cygne avant que j'en revienne sans doute à plus de sagesse dans mon rapport au vin, 50 ans étant un bel âge pour les remises en question...

Bah, des excès semblables on en veut bien tous les mois !
Encore une fois, je ne soulignerai jamais assez cette formidable générosité à la hauteur de ce que tu es.
Un immense merci !

Olivier

""C'est un vin qui doit, à mon sens, accompagner un repas.""

""Très grand longueur pour ce vin qui appelle la table au sens le plus noble du terme.""
""On sent un vin complet et complexe qui lui aussi doit accompagner un très beau plat.""
.
"".notre membre émérite a désormais atteint l'âge de la sagesse à défaut d'atteindre de celui de la raison. ""

Luc ..pour les 60 , tes amis vont certainement solliciter un restaurant *** :...et peut être envisager quelques pépites ...pas la moindre bouteille de Petrus , DRC , Montrachet , Coulée de Serrant ...tu l'a joué au petit joueur pour tes 50 ans .

Plus sérieusement ....respect pour cette belle générosité , je te souhaite de penser à acquérir un peu plus de sagesse dans les 10 prochaines années et nous promettre de te rapprocher des terrains de sport pour conserver la forme . :

Olivier Mottard écrivait:

> Bah, des excès semblables on en veut bien tous
> les mois !

Baah ! Surtout qu entre le 1er et le 31 vous avez tout le temps de digérer

Des estomacs à toute épreuve !

Olivier

Très belle série, en effet, pour tes 50 ans, Luc.

Avant de lire la note de Jean-Luc, je me posais moi aussi la question de tes 60 ans en pensant que les vins que je vous avais servis pour les miens, qui deviennent lointain, vont te sembler ridicules
Il faut profiter de la décennie qui s'ouvre à toi, après ... C'est un lent déclin, dans le meilleur des cas

Amitiés,
Thierry

'Il faut profiter de la décennie qui s'ouvre à toi, après ... C'est un lent déclin, dans le meilleur des cas'

Pendant que les grands vins mis en cave avant ce lent déclin sont en pleine ascension !

Du coup que de réjouissances durant cette décennies à venir quand les deux courbes vont se croiser. -D

Quelle dégustations et éclectiques avec ça et quelques finesses aussi comme ce Daumas judicieusement encadré pour mieux le situer.

Jmm

Olivier Mottard écrivait:

---

>
> Des estomacs à toute épreuve !
>
> Olivier

J aimerais bien avoir le même !-D

Quelques mots sur les vins tout de même...
Toutes les bouteilles ont été redressées 48h avant la dégustation, ouvertes le matin et carafées juste avant le service.

Série Champagne


En ce qui me concerne, il n'y a pas eu match, la Grande Cuvée de Krug a largement dominé les débats par sa pureté et son élégance, alors que Substance de Jacques Selosse jouait davantage sur la puissance et le registre oxydatif. Cette Grande Cuvée représente ce que j'ai goûté de mieux en Champagne à ce jour avec Salon et me fait amèrement regretter le temps, pas si lointain, où j'avais la possibilité d'en obtenir à un prix acceptable (soit moins de 100 €), ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. C'était donc ma dernière, sans doute pour longtemps...

Série Rayas-like


Pas d'anniversaire digne de ce nom sans Rayas, je n'avais pas encore dégusté le 2008, ce sera donc chose faite. Il me fallait lui trouver deux "concurrents" crédibles, ce sera Charvin chez qui j'ai parfois trouvé une ressemblance olfactive avec les vins de Reynaud, et un vin des îles Canaries que j'ai découvert récemment et qui lui aussi, à l'époque et à l'aveugle, m'avait évoqué ce style. Force est de constater que je me suis bien planté... Tout d'abord, on ne la fait pas à mes petits camarades qui ont reconnu Rayas au premier coup de nez. Ils ont également rapidement placé le premier à Châteauneuf-du-Pape et j'ai entendu citer le nom de Charvin à plusieurs reprises. Ils sont trop forts... Seul le millésime leur a posé problème. Le second, par contre, Vitanigo 2014, n'avait strictement aucun point commun et n'avait rien à faire là, erreur de casting de ma part. Comme quoi, entre les impressions aveugles et la comparaison directe, il y a parfois un gouffre difficilement franchissable. Le style était réduit, fumé, sur une palette aromatique trop différente des deux autres, même si la bouche était d'un très beau niveau. Rayas 2008 superbe et vainqueur de la confrontation amicale, mais Charvin pas loin derrière et d'un très beau niveau dans ce millésime difficile.

Série Rhône nord


Que fait un Clos de Tart dans une série Rhône Nord me direz-vous ? Ce 2003 (ben oui, tout de même, je n'ai pas mis un 2004...), goûté sur 3 fûts différents au domaine, m'avait, au moins sur l'un d'entre eux, évoqué une grande Côte-Rôtie. Comme j'ai de la suite dans les idées, voici donc le comment du pourquoi. Bon, force est de constater que plus de dix ans plus tard, ce 2003 évoquait davantage un Rhône Sud qu'un Rhône Nord, nouvelle erreur de casting de ma part donc, décidément... Franchement ce Clos de Tart 2003 m'a déçu, alors qu'en général j'aime beaucoup les meilleurs 2003 de la Côte de Nuits, alliant puissance et fraîcheur. Celui-ci, sans doute à cause de la recherche de maturité du vigneron et du caractère solaire du Clos a donné un vin à mon sens trop puissant pour lequel je ne parierais pas gros sur une évolution favorable, contrairement à certains de mes petits camarades. Par contre, la Côte Brune 2004 de Jamet est indéniablement un grand vin, sans doute le plus beau rouge de la soirée, car là, tout y est, puissance et maturité sans excès, fraîcheur et finesse, soyeux de texture et longueur superlative. Sans oublier une certaine typicité puisque j'ai entendu autour de la table fuser "Côte-Rôtie" et même "Jamet". Je vous le disais bien, ils sont trop forts... Que dire de La Turque 2004 mis à part que c'est toujours un beau moment de déguster une des cuvées prestigieuses de la maison Guigal ? Qu'il s'est fait atomiser par la Côte Brune de Jamet ? Pas faux, même si un poil exagéré. Que c'est un vin de castor ? Pas tout à fait vrai, même si le boisé est encore, du moins à ce stade, trop prégnant à mon goût (goût pourtant plutôt tolérant sur ce point précis). La bouche est cependant superbe, comme toujours, avec un velouté rare. Dommage tout de même cette aromatique laissant si peu de place au fruit... J'en suis toujours, après cette bouteille, à la même opinion que ce boisé, s'il se fond parfaitement dans les grands millésimes, a un peu plus de mal à s'effacer dans le millésimes un peu moins charnus. Bon, pour le classement, c'est vite fait, suivez la photo, de gauche à droite.

Série Bordeaux


Que fait un vin du Languedoc dans une série bordelaise me direz-vous ? Non, vous ne me le direz pas, car ici, ça semble évident, la Cuvée Emile Peynaud 2001, 100 % cabernet sauvignon sur le terroir historique de Daumas Gassac fait, en théorie du moins, un excellent pirate dans une série bordelaise. Et finalement, quand on y pense, c'est le vin le plus cher de la série à l'achat, et le plus boisé à la dégustation. Comme quoi, les critiques généralement adressées à Bordeaux, du moins à ses grands vins, peuvent être considérées, au moins dans ce cas précis, comme un peu injustes. J'avais tout de même en face de moi un groupe composé à majorité de bordeauxphobes, et ma foi, Bordeaux ne s'en est pas trop mal tiré (il est vrai que j'avais sorti mon arme maîtresse en choisissant le millésime...). Un très beau Cos d'Estournel 2001, moins boisé et plus fin que le 1995 dégusté récemment, et un remarquable Haut-Brion 2001, d'une élégance presque bourguignonne, sûr de lui, et qui défiera le temps, ont quelque peu placé sous l'éteignoir un vin du Languedoc quelque peu emprunté, jouant des coudes, qui faisait un peu éléphant dans un magasin de porcelaine. Ouf, les buveurs d'étiquette que nous sommes tous un peu peuvent respirer tranquille, la hiérarchie est respectée !

J'ai commencé par les rouges pour pouvoir déguster les blancs sur le fromage, ce qui me semblait plus approprié.

Série Riesling


J'ai un peu une histoire d'amour-haine avec le Clos Sainte Hune, vin que j'ai (presque) toujours considéré comme supérieurement équilibré et d'une finesse remarquable, mais dont le classicisme exacerbé m'ennuie tout de même un peu. J'avais donc à cœur de lui opposer deux vins qui me semblent posséder, en général, davantage de caractère et on allait bien voir ce qu'on allait voir ! Bon, le Clos Sainte Hune 1999 est fidèle à lui-même, finement terpénique, élégant, fin, long, il a tout ce qu'il faut là ou il faut, rien à dire, c'est très bon, et même excellent, mais ça ne me fait toujours pas bander (le premier qui dit que c'est normal à mon âge peut sortir !). Le Clos Saint Landelin possède un fruit beaucoup plus mûr, on sent la maturité bien plus poussée, mais en corolaire, la finesse fait défaut, c'est un peu mou (et légèrement sucrailleux) et surtout nettement moins long. Damned ! Heureusement, le Clos Saint Urbain 1999 de Zind Humbrecht remet les pendules à l'heure (du moins pour moi) et réussit la quadrature du cercle entre maturité, là aussi poussée, puissance et fraîcheur, gagnant de peu, mais gagnant tout de même en ce qui me concerne la partie. Bon, je sais que certains ne sont pas d'accord et placent Clos Sainte Hune en tête. Personne n'est parfait...

Série Bourgogne


Je cherchais une bonne occasion de déguster ce Meursault Narvaux 2001 du Domaine D'Auvenay, échangé sur LPV (merci Christophe !) contre l'un ou l'autre obscurs rouges poivronnés de Loire, et il m'a semblé que celle-ci n'était pas la plus mauvaise...
Ça me donnait en outre l'occasion de tester ma théorie de la prédominance du producteur sur le terroir en Bourgogne. On aura donc un vin issu d'un terroir "moyen" et d'un des meilleurs domaines de Bourgogne, un Grand Cru produit par un domaine à la renommée "moyenne", et un "petit vin" du Mâconnais comme mise en bouche. Et bien en ce qui me concerne, le petit vin du Mâconnais, pas si petit puisqu'il s'agit de la Cuvée Tradition E.J. Thévenet 2001 du Domaine de la Bongran a été tout sauf ridicule et remporte haut la main la palme du meilleur rapport qualité-prix. C'est mûr, parfaitement équilibré, long, sans doute difficile à placer en Bourgogne pour certains, mais c'est indéniablement très bon, et ça vieillit avec grâce. En ce qui concerne le Criots Batard Montrachet 2001 de Roger Belland, j'en avais acheté trois bouteilles au domaine à l'époque pour la "modique" somme de 75 € pièce, la première était bouchonnée, la seconde oxydée, et la loi des séries étant ce qu'elle est, la dernière ne valait pas beaucoup mieux, elle aussi marquée par une oxydation prématurée. Restait donc ce fameux vin de Lalou Bize-Leroy, le genre de bouteille qu'on n'ouvre pas tous les jours et pour laquelle on prie qu'elle ne soit pas défectueuse. Force est de constater qu'elle a été appréciée, voire même plus si j'en crois le CR d'Olivier et ce que m'en a dit Alain Hinant, lui aussi sous le charme. Cela dit, il faut tout de même aimer le pop-corn... Difficile de se défaire de cet arôme particulièrement prégnant qui signe à mon sens une réduction qui ne s'est jamais complètement amendée, malgré nos efforts d'aération. Bon, en bouche, rien à dire, c'est effectivement grand. Mais le plus grand blanc de Bourgogne que j'ai dégusté ? Non, j'en ai bu de meilleurs chez mes amis du CRD-LPV Belgique.

Série blancs du Sud


Un des plus grands (lire plus réputés) blancs du Rhône Nord, contre son équivalent en Rhône Sud, dans un millésime un peu âgé, ça méritait d'être tenté. Il me fallait cependant trouver un partenaire de jeu. J'avais pensé à un blanc de la Grange des Pères, mais je n'ai plus de 1999, le millésime le plus âgé dans ma cave devant être un 2007, trop jeune pour cette comparative. Je jette donc mon dévolu sur Simone, qui ne m'avait rien demandé, et s'est refusée à nous sous le prétexte fallacieux qu'elle était encore mineure. Bouchon, quand tu nous tient...
Nous en resterons donc à un duel, entre l'Hermitage 1999 du Domaine Jean-Louis Chave, mûr, puissant, floral et épicé, qui a su rester très bien équilibré, jusque dans sa longue finale sur de fins amers qui ont réjoui mes papilles, et la Cuvée Roussanne Vieilles Vignes 1999 du Château de Beaucastel, plus riche et plus puissante encore, dans un registre un peu oxydatif sans que ce soit dérangeant, mais qui a su conserver un très bel équilibre et une très belle longueur, lui aussi. Difficile de les départager, et de toute manière, je ne suis plus en état à ce stade de la soirée.

Série "mais non, tu ne fais pas ton âge"


Bon, il fallait tout de même qu'on goûte un vin de mon année de naissance, ce sera donc ce Rivesaltes ambré 1966 acheté récemment chez un caviste spécialement pour l'occasion. Comme il lui fallait un sparring-partner à la hauteur, je jette mon dévolu sur une valeur sûre, le Rivesaltes Cuvée Aimé Cazes 1976, qui a non seulement fait mieux que se défendre, mais qui a dominé de la tête et des épaules son aîné de dix ans, grâce à un équilibre bien plus abouti et un alcool parfaitement intégré, ce dont ne pouvait se prévaloir le quinquagénaire. Et pas que celui-là, l'autre aussi, pourtant fringant et parfaitement conservé, montre à ce stade de la soirée un taux d'alcool inquiétant qui lui indique qu'il est grand temps de fermer le bal et d'aller se coucher.

Luc

Superbe série, superbe générosité et superbes compte-rendus!

Bon anniversaire Luc!

Julien

Merci Luc pour tes impressions si bien rendues même si ... je ne t'ai pas vu cracher une seule goutte. - (mais je le comprends parfaitement).
Comme je ne t'ai rien vu noter, je me dis que les neurones sont parfaitement intacts et que, décidément, tu portes très bien tes 50 ans !

Mais le plus grand blanc de Bourgogne que j'ai dégusté ? Non, j'en ai bu de meilleurs chez mes amis du CRD-LPV Belgique.

Probablement Luc mais, comme le disait Alain pendant le voyage du retour (avant qu'il ne pique une petite sieste ) et le lendemain matin : putain ! Quel vin !
Et venant de lui, grand amateur de Bourgogne devant l'éternel, c'est un fameux compliment !

Olivier

Superbe série et bon anniversaire Luc. Narvaux chez Auvenay c'est grand, le 99 et le 96 pour moi étant dans le top des vins blancs bus. le St Hune 99 est aussi une superbe bouteille. Nous avions fait aussi une confrontation Turque 99 vs Cote Brune 99 Jamet, et comme vous Jamet par son coté sauvage et une grande profondeur avait remporté cette confrontation.

Ayant dégusté avec Laurent Charvin chez RacineNY la semaine derniere les millésimes 2000, 2001, 2003, 2004, 2007 et 2008, le 2003 était du style Rayas et je pense qu'à l'aveugle j'aurai dit un vin d'E. Raynaud.
Laurent lui même était étonné, dans cette série après ce 2003 superbe j'ai beaucoup aimé 2000. j'ai trouvé le 2008 plutôt puissant pour un 2008, plus que 2007 étonnamment.

Didier

Tirez les rideaux, tout est dit ..
Pour ma part, je retiens, sans dénigrer les autres bien entendu, le chapitre Bourgogne qui est un petit morceau de justesse, de bravoure (si, si) et d indéfectible vérité !

Olivier Mottard écrit: je ne t'ai pas vu cracher une seule goutte

Mince, je me disais bien que j'avais oublié quelque chose...-

Luc

Superbe série , bravo à vous et au généreux donateur.
Comme Luc un vin même d'une immense vigneronne qui sent le pop corn à n'en plus finir n'est pas ce que l'on en droit d'attendre d'un chardonnay petit ou grand.
Bon je n'en ai jamais bu , je n'y connais rien et je ne bois que des petits Chablis, donc vous pouvez me tomber dessus mais quand je vais au cinéma et que d'autres mangent du pop corn pendant la sceance je change de place.
Bravissimo pour tout le reste.
Stéphane

Quelle série, bravo et joyeux anniversaire !
Content de lire que le "d'Auvenay" était à la hauteur;)

Salutations vineuses,

Christophe

Fabuleux !

Superbe série, à la hauteur de l’événement.
Pour avoir bu un Clos Sainte Hune 2005 récemment (étiquette découverte), j'avais aussi eu l'impression d'une bouteille irréprochable mais qui n'aura pas réussi à me marquer profondément. J'avais mis cela sur le compte du millésime et du manque de recul, donc CR intéressant sur ce 1999.
Bon anniversaire à Luc en tout cas, en espérant que la sagesse du demi-siècle ne retire rien au piquant ni à la fréquence de tes commentaires

Encore Bon anniversaire Docteur !
Quel superbe soirée, tout y étais des vins de rêve, une complicité à table et le sérieux qui nous caractérise !
Je pense que cette dégustation fait partie du top 5 de ma carrière plus si jeune que ça de dégustateurs !
Au-delà de la qualité de tous les vins décrits parfaitement par Olivier et Luc !
J’insisterais sur :

Krug est un vin immense, quel pied ! Merci encore pour cette bouteille qui était sur mon tableau de chasse mais dont la rencontre se faisait attendre !

En rouge, j’ai craqué sur Haut Brion 2001… et ensuite Cos d’Estournel

En blanc, le Popcorn Meursault Narvaux 2001 du Domaine D'Auvenay, nous a mis une fameuse gifle.

Merci LUC !