Nous nous sommes une nouvelle fois réunis ce mercredi pour une séance très attendue consacrée aux vins du Rhône septentrional, dans le millésime 1999, précédé d'une réputation flatteuse. Il ne nous effectivement pas déçu, comme vous pourrez le lire plus bas, même si on a eu droit à notre lot de surprises habituelles...
Quelques mots sur les conditions de dégustation : Les vins ont été ouverts 3 heures avant le début de la dégustation, et n'ont pas été mis en carafe. Ils ont ensuite été anonymisés, et numérotés par une main on ne peut plus innocente, dans un ordre totalement aléatoire. Ils ont été servis par série de trois, à une température de 17°.
Tout d'abord, comme mise en bouche :
0. E. Guigal - Condrieu La Doriane 1999
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Inutile de s'appesantir longuement sur ce vin, car si le nez ne manque pas d'attrait, la bouche est déséquilibrée par l'alcool, avec des signes d'oxydation qui font penser qu'il a largement dépassé son apogée. Heureusement, c'était la dernière (les autres étaient d'un tout autre calibre)...
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1. Delas - Hermitage Les Bessards 1999 - 12/20
Tant la robe que le nez évoquent un vin évolué, un peu cuit, sur des notes de pruneaux et d'épices, avec une pointe de volatile. L'attaque est souple, avec un beau volume mais un manque de tension sensible qui lui donne une finale un peu plate. Sur base de cette bouteille, il semble que l'apogée soit dépassée. A confirmer car un problème de bouteille n'est bien entendu pas à exclure.
2. René Rostaing - Côte-Rôtie 1999 - 15/20
A l'inverse du précédent, ce vin semble très réduit, sur des notes viandeuses et métalliques qui laisseront poindre les fruits noirs à l'aération. En bouche, belle attaque fraîche, bel équilibre, finale offrant des notes torréfiées d'une belle longueur. Clairement, un vin qui aurait mérité une meilleure note avec une aération plus prononcée, tant l'amélioration était évidente à l'air.
3. Domaine Jean-Louis Chave - Hermitage 1999 - 15,5/20
Le nez est sur la réserve, mais offre un fruité bien mûr, avec un boisé qui est à ce stade un peu en avant. En bouche, l'attaque est fraîche et souple à la fois, très bien équilibrée, avec de la rondeur, une belle longueur et des tannins soyeux. Très beau vin, même si on peut regretter un boisé un peu trop présent en fin de bouche à ce stade de son évolution. Vu son équilibre, sa longueur et son soyeux de texture, je n'ai pas de doute que dans quelques années, il méritera lui aussi, une note bien supérieure.
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4. Eric et Joël Durand - Cornas 1999 - 18,5/20
Robe intense aux reflets rubis. Très beau nez, encore un peu sur la retenue, sur les fruits noirs bien mûrs et les épices, agrémentés d'un léger boisé. Mais c'est en bouche qu'il révèle sa superbe, étonnant de fraîcheur, d'élégance et de longueur, avec une belle texture soyeuse. Tellement bon qu'à l'aveugle, j'aurais misé sur l'Hermitage de Chave. Caramba encore raté, mais un maître-achat à moins de 20 € ! Et snif, c'était ma dernière...
5. Pierre Gaillard - Côte-Rôtie Rose Pourpre 1999 - ED
Plus bouchonnée que celle-ci, c'est difficile... Dommage, mais il en fallait bien une !
6. Mathilde et Yves Gangloff - Côte-Rôtie La Sereine Noire 1999 - 16/20
C'est l'exubérance qui caractérise le nez de cette Sereine, mêlant de manière très expressive un fruité noir très mûr à des notes boisées et fumées. L'attaque en bouche est toute en largeur, avec beaucoup d'ampleur, une belle longueur, et des tannins encore un peu accrocheurs à ce stade. Belle bouteille !
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7. M. Chapoutier - Hermitage Monier de la Sizeranne 1999 - 17,5/20
Robe intense aux reflets grenats. Très beau nez, bien mûr, large, où les notes fruitées et fumées se mêlent avec une belle harmonie. La bouche n'est pas en reste, sachant rester parfaitement équilibrée malgré malgré son caractère souple et large, ponctuée par une très belle finale longue et soyeuse. Des vins de cette qualité, on en redemande !
8. R. Rostaing - Côte-Rôtie Côte Blonde 1999 - 18/20
Robe intense, aux reflets rubis à grenats. Très beau nez, très mûr tout en restant élégant, avec une belle note fumée. La bouche est superbe, remarquablement équilibrée, avec une belle tension et une longueur exemplaire. Woaw !
9. E. Guigal - Côte-Rôtie Brune et Blonde de Guigal 1999 - 18/20
Décidément, quelle série ! La robe est un peu moins intense, aux reflets rubis. Le nez est très flatteur, sur l'écorce d'orange, un fruité bien mûr et les épices. La bouche est superbe, avec une belle attaque, fraîche et souple à la fois, du corps, un équilibre parfait et une grande longueur. Que demande le peuple ?
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10. Domaine Bernard Chave - Hermitage 1999 - 16,5/20
Le nez, au départ fumé et un peu réduit, s'ouvre sur un fruité noir bien mûr et des notes d'écorce d'orange. En bouche c'est très beau, une fois de plus, avec une belle acidité, une grande finesse, une longueur qui ne l'est pas moins, sur des tannins encore présents mais fins. Très bien !
11. Domaine Michel Ogier - Côte-Rôtie 1999 - 15/20
Au nez, c'est tout d'abord la réglisse qui domine, viennent ensuite les fruits noirs, ainsi que des notes minérales et de clou de girofle. En bouche, on est marqué par une forte acidité qui accentue le caractère un peu saillant des tannins, un relatif manque de volume, mais tout de même une belle finesse et une longueur tout à fait correcte. Un cran en dessous, mais ça reste tout à fait correct.
12. Château d'Ampuis - Côte-Rôtie 1999 - 17/20
On se trouve ici devant un vin au nez très flatteur, j'oserais même dire sexy, très mûr, boisé, avec des notes torréfiées et de l'écorce d'agrumes. La bouche se montre souple en attaque, avec une grande ampleur, tout en restant parfaitement équilibrée et très longue. Très beau vin auquel on ne peut guère faire de reproches, à part peut-être regretter son style légèrement racoleur.
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13. E. Guigal - Saint-Joseph lieu-dit Saint-Joseph 1999 - 15/20
Beau nez bien mûr sur les fruits noirs et les épices (girofle), qui évolue à l'aération sur un côté viandox moins plaisant. En bouche, la fraîcheur est belle, il y a de la droiture, et les tannins, bien qu'encore présents, sont d'une structure fine. Bien, voire même très bien, même s'il ne faut sans doute plus trop tarder pour finir les bouteilles restantes.
14. Mathilde et Yves Gangloff - Côte-Rôtie La Barbarine 1999 - 16/20
Très beau nez, dans un style flatteur, boisé, très mûr et fumé. Attaque souple, belle ampleur mais également belle fraîcheur permettant d'obtenir un très bon équilibre. La longueur, sans être exceptionnelle, reste d'un très bon niveau. Une fois deplus, un très beau vin qui réjouira les palais les plus difficiles.
15. Domaine des Vins de Vienne - Vin de Pays des Collines Rhodaniennes Sotanum 1999 - 18/20
Nez remarquable, avec un fruité bien mûr, un beau côté épicé et une petite note verte évoquant la rafle. En bouche, c'est bien frais et relativement strict, mais l'équilibre est superlatif et la longueur très belle. Etonnant, je n'aurais jamais cru que ce vin se hisserait à ce niveau, tant son boisé semblait dominateur dans sa jeunesse. Une très belle surprise !
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16. Château de Fonsalette - Côtes du Rhône Syrah 1999 - 12/20
Un pirate dont j'attendais beaucoup et qui s'est montré tellement décevant que je ne peux croire qu'à une bouteille défectueuse... Le nez est végétal, la bouche stricte, très tannique voire asséchante, j'avoue n'avoir rien compris à cette bouteille.
17. Jean-Paul et Jean-Luc Jamet - Côte-Rôtie 1999 - 17,5/20
Superbe nez, dans un style flatteur, marqué par les fruits noirs bien mûrs. La bouche est ample, soyeuse, d'une grande générosité, superbement équilibrée et longue, même si elle présente des tannins encore un poil stricts. Une très belle bouteille, avec un avenir non négligeable !
18. M. Chapoutier - Saint-Joseph Les Granits 1999 - 13,5/20
Le nez se présente très différemment des autres, avec des notes de fruits à l'alcool, de banane, avec peut-être également une pointe de volatile. Si l'attaque est fraîche, la finale se montre tannique et un peu trop alcooleuse, ce qui ne permettra pas à cette bouteille de me convaincre. Décevant...
Voici le tableau récapitulatif des notes délivrées par tous les dégustateurs présents :
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Les gagnants sont donc, pour ma part :
1. Eric et Joël Durand - Cornas 1999
2. R. Rostaing - Côte-Rôtie Côte Blonde 1999
2. E. Guigal - Côte-Rôtie Brune et Blonde de Guigal 1999
2. Domaine des Vins de Vienne - Vin de Pays des Collines Rhodaniennes Sotanum 1999
5. M. Chapoutier - Hermitage Monier de la Sizeranne 1999
5. Jean-Paul et Jean-Luc Jamet - Côte-Rôtie 1999
Et pour le groupe :
1. E. Guigal - Côte-Rôtie Brune et Blonde de Guigal 1999
2. M. Chapoutier - Hermitage Monier de la Sizeranne 1999
3. Eric et Joël Durand - Cornas 1999
4. Domaine des Vins de Vienne - Vin de Pays des Collines Rhodaniennes Sotanum 1999
5. R. Rostaing - Côte-Rôtie Côte Blonde 1999
Plusieurs choses me semblent frappantes. Tout d'abord le (très) haut niveau d'ensemble, avec pour ma part 14 bouteilles sur 18 qui obtiennent la note de 15/20 et plus, je ne me rappelle pas avoir participé à beaucoup de dégustations de cette trempe, ce qui confirme, si besoin en était, la grande qualité du millésime 1999 dans le nord de la vallée du Rhône. Ensuite, l'excellente tenue de vins a priori moins réputés, qui montrent une fois de plus qu'il n'est pas nécessaire de dépenser des fortunes pour se faire plaisir dans les grands millésimes, sachez vous en rappeler lors de vos commandes de 2009... Étonnant tout de même de voir les cuvées de base des grandes maisons de négoce, pourtant si souvent décriées, se hisser à un niveau si élevé après pas loin de 10 années de garde. On me rétorquera, sans doute avec raison, que les vins les plus réputés demanderont encore quelques années supplémentaires pour révéler tout leur potentiel, mais il n'en reste pas moins vrai que dans l'optique d'une garde moyenne, mieux vaut peut-être orienter ses choix vers des cuvées moins onéreuses, qui peuvent offrir autant voire parfois plus de plaisir que les stars su vignoble pour ceux qui n'ont pas envie d'attendre les 20 ans ou plus nécessaires à leur épanouissement complet.
Pour terminer, quelques mots sur les bouteilles dégustées lors du désormais traditionnel "after", sans prise de notes cette fois.
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Les deux blancs ont semble-t-il comblé les participants,
Grange des Pères 2004 dans un style plus riche mais remarquablement équilibré par la fraîcheur, et le
Puligny Montrachet 2004 de Leflaive dans un style plus incisif et plus boisé, demandant davantage d'aération pour s'exprimer. Deux belles bouteilles, assurément. Le
Mas Daumas Gassac cuvée Émile Peynaud 2001 sera commenté plus tard, faisant partie de la thématique mensuelle (si du moins je reçois des CR d'ici là...
). En ce qui concerne les deux rouges bourguignons, tous deux issus du millésime 1999, si ce n'était pas la soupe à la grimace, on ne peut pas dire non plus que les mines étaient réjouies... Le
Beaune Grèves Vigne de l'Enfant Jésus 1999 de Bouchard a tellement dérouté l'assemblée que personne ou presque ne l'a placé en Bourgogne, certains lui trouvant un côté asséchant, ce qui ne m'a personnellement pas marqué... Le
Clos de Tart 1999 se présentait lui aussi sous un jour fermé, peu causant, et méconnaissable, même pour ceux qui connaissent pourtant plutôt bien les vins de la maison depuis de nombreux millésimes. Trop tôt, assurément, pour ces deux vins. Pour finir, la
Cuvée Madame 1998 de Tirecul La Gravière, si elle s'est bien mieux présentée que lors de la réunion précédente du même groupe, était pour moi toujours marquée par des notes iodées, et ne m'a à nouveau pas totalement convaincu, même si d'autres étaient moins sévères que moi sur ce coup là.
Toutes les soirées, même les plus belles, ayant une fin, nous nous séparons donc après cet "after" en relative demi-teinte, prenant dores et déjà rendez-vous pour de nouvelles aventures, qui seront cette fois consacrées aux vin du Languedoc-Roussillon dans le millésime 2005.
Luc