chinbourg écrivait:
> Daniel,
Bonjour Laurent
>
> Pourquoi cela te pose t il un problème qu' Eric Morgat soit issu de "l'aristocratie"...
La phrase est curieuse et présuppose un problème qui à mes yeux n'existe pas.
Le discours de nialsig:
>>"il ne gagne pas un rond depuis 10 ans. Les 3 sous qu'il reste sont engloutis dans l'agrandissement du vignoble.
>>Ce qui lui permet de "crouter" c'est son poste de responsable technique au chateau du Breuil (ancienne propriété familiale). "
Ce discours méritait d'être complété par l'information que j'ai donnée à savoir la vente du château du Breuil qui ne place pas
Eric Morgat parmi les déshérités de cette terre. Je m'en réjouis pour lui.
> Le fait est, que pour le moment, il ne vit pas de son domaine. Point.
Que son domaine ne soit en ce moment pas rentable eut égard aux investissements qu'il fait pour le construire, dont acte, mais
je ne dis pas autre chose ou alors tu fais semblant de lire des choses que je n'ai pas écrites.
Je dis juste que Eric Morgat n'est pas arrivé à poil pour construire son domaine et qu'il produit depuis une quinzaine d'années. Et donc à ne pas comparer avec le perdreau de l'année qui débute sans rien.
> Tu ne veux pas que l'on te parle des nouveaux millésimes, mais toi tu restes sur les anciens
> millésimes de leurs débuts... étrange
....
> Que tu es été déçu par des promesses non-tenues soit, mais si tu veux aujourd'hui discuter des
> qualités et/ou des défauts de Savennières, il te faut réactualiser tes connaissances.
Chaque fois qu'on exprime un début de critique sur un vin, une appellation, un vigneron, on a droit au même cortège de sentences qui nous explique qu'on a rien compris, que c'est trop tôt, trop tard, qu'il faut juger sur la longueur ou sur les derniers millésimes, bref qu'on est à coté de la plaque. Moi je partage simplement comme j'essaie toujours de le faire, le point de vue que j'ai sur le contenu des bouteilles bues sans prétendre à convertir la terre entière à mes jugements. Ce sont des bouteilles que j'achète et que je bois. Remplir à nouveau ma cave avec des Savennières des derniers millésimes, c'est non. Et les derniers millésimes que j'ai (2001, 2002) y compris de Laureau et de Morgat ne m'ont pas assez satisfait pour que je rejoue encore une fois.
> Sinon qu'il fasse déjà évoluer l'AOC me convient tout a fait (pour la révolution sociale...).
Moi aussi. Mais pour la révolution sociale, je pense qu'on trouvera peut être plus engagé :-)
> Si tu ne souhaites pas aller voir à la vigne ce qui passe, c'est ton droit, mais tu as tort, c'est
> fort instructif; puis comme tout discours, à nous d'interpréter et de modérer le discours des
> vignerons...
On goute avec ses papilles aussi bien qu'avec son cerveau et cela fait partie du plaisir du vin. Aller se promener dans des
vignes (plus encore avec le vigneron) participe de l'enrichissement de cet aspect "goûtage" avec le cerveau et je l'ai pratiqué avec
beaucoup de plaisir et de sentiment de gratitude pour les vignerons. Après, l'équilibre de ce qu'on trouve en cave après quelques
années *doit* permettre de tempérer des jugements qui sont parfois un peu trop enthousiastes au début. C'est exactement comme cela que je vis la majorité des expériences sur Savennières.
Cela ne m'empêche pas de me trimballer encore sous d'autres latitudes (en dernier lieu au Puy Notre Dame au très joli domaine de la Tour Grise).
>
> Tu es certains que PAB scrute les vignes de Loire, il nous dit ne pas voir la différence de terroir
> entre Savennières et l'Anjou, qui sont pourtant deux terroirs qualitatifs, mais différents.
Je suis certain que Pab se déplace en Loire plusieurs fois par an pour y voir des vignes et vignerons. Je l'ai pour ma part accompagné plusieurs fois mais je ne bouge pas à sa fréquence.
Les comparaisons entre terroirs en toute généralité ont plus à voir avec des débats sans fins sur la notoriété qu'avec
la qualité des vins dégustés. Je veux bien parler et comparer des vins et des vignerons qui les font. Souvent les vins d'exception sont
à mon avis fait par des gens sans concessions et qui souvent font tout pour avancer dans une direction (Cossais par exemple). Quand il te faut trainer une histoire voire un gros paquebot qu'est une exploitation à coté, c'est plus difficile et évoluer prend beaucoup de temps.
> J'ai passé la journée en compagnie d'un homme qui voit la vie en bleu
, il ne semble pas
> comprendre que l'on puisse essayer d'opposer les deux AOC...
> On a rien à gagner à taper sur Savennières pour mettre en lumière les grandes qualités des vins
> d'Anjou (je pense à Mosse/Leroy/Delesvaux/Bernaudeau/Courault/Stéphane
> PZ/Baudouin/Juchepie/etc...), contentons de mettre
> en avant les vignerons que nous aimons bien.
Tout ceux que tu cites, je ne les mettrais pas dans le même panier qualitatif pour le peu que j'en ai gouté mais d'accord avec toi
sur la phrase qui précède. Reste qu'on peut dire des choses vérifiables pour ne pas vivre tous les jours dans un monde de bisounours.
Le monde du vin c'est aussi un monde de marché, d'image de marque et d'euros sonnants et trébuchants. J'en sais quelque chose
comme consommateur de vins depuis plus de vingt ans à cause des prélèvements que j'effectue sur mon compte en banque.
Et les orientations qui sont prises par certains vignerons ont quelquefois autant à voir avec des données de marché qu'avec des convictions préalables. Il n'y a pas qu'Auchan pour faire dans le produit vert et promettre un avenir meilleur.
Et pour revenir au sujet d'origine, toujours prêt pour ma part à goûter un Savennières qui amène un plaisir aussi direct que des vins de Courault ou de Leroy pour ne parler que de ces deux dans ceux que tu cites.
Deux petits mots pour clore:
- j'ai du respect pour un vigneron comme Vincent Ogereau qui produit un Savennières intéressant de mon point de vue(Grand Beaupréau)
et qui reste un homme infiniment discret et bien loin des modes viti-vini ou de la révolution et ses lendemains qui chantent. Je regoûte avec plaisir la plupart de ses bouteilles dont de frais layons 96 et 97 mais aussi un très joli Côte de La Houssaye 2000 dernièrement.
- un accord qui marche bien avec quelques Savennières (si on a de l'humour, on a même le droit de mettre un Anjou:-), c'est une salade de roquette bien équeutée avec au choix des lamelles de thon ou d'espadon frais. Une petite émulsion miel/moutarde/huile d'olive/balsamique et ça peut être quelquefois le bonheur.
> Cordialement, moi aussi.
Eh bein tout pareil. Le plaisir est d'autant plus grand d'échanger sur la liste pour moi qu'il est rare.
Daniel