Avec les copains du groupe de dégustation (au moins 12 ans qu'on déguste ensemble maintenant :)o), on avait préparé bien à l'avance une soirée spéciale consacrée aux vins du clos Rougeard.
La date retenue coïncide avec mon passage en France et nous voilà réunis à Paris au restaurant la zygothèque.
Dommage que les LPViens Thomas Mauss ou jeantranber n'aient pu se joindre à nous, de même que Didier Frayssou qui déclarera forfait quelques jours avant.
15 vins seront au programme : 4 blancs secs, 10 rouges (dont deux pirates) et une bouteille du rare Côteaux de Saumur qui n'a malheureusement plus été produit depuis 97.
Les bouteilles sont débouchées au moins une heure avant service et certaines sont même carafées. Tous les vins sont servis à l'aveugle, sauf pour moi et Gilles.
Quelques rappels :
Brézé : élevage 25/35% bois neuf pendant 2 ans. Le reste en fûts plus anciens. A noter que les fûts neufs, comme le bourg, sont issus des forêts du Tronçais et de Blois, sélectionnés toujours auprès des mêmes fournisseurs et issus de bois séchés à l'air libre pendant 5 ans. Chauffe faible. Le vin fait toujours sa malo. Pas étonnant de lui trouver fréquemment des accents bourguignons.
Poyeux : terroir argilo siliceux. Élevage de 2 ans en fûts d'un vin.
Bourg : 1 Ha dans le centre de Chacé. Vignes d'en moyenne 75 ans. Terroir argilo calcaire. Élevage en fûts neuf pendant 2 ans.
On démarre avec les blancs servis par paire.(
)
Saumur blanc "Brézé" 2003
Saumur blanc 1997
On a voulu démarrer avec ces deux vins issus de millésimes solaires.
Le 2003 produit son petit effet. Personne ne remarque le millésime et l'équilibre du vin est même remarquable. C'est dense, complexe. L'élevage est imperceptible et la bouche détonne par son volume. Seule la finale un poil chaleureuse me gêne. Mais c'est tout de même de très bon niveau.
Bien ++
Le 97 est une curiosité. C'est bien un Brézé mais il est issu d'une parcelle acquise trop récemment pour être assemblé avec les vignes habituelles de Brézé. En 97 il y a donc eu deux cuvées de blancs secs. Nady, rencontré la semaine précédente, m'avait prévenu que ce vin n'était pas destiné à vieillir si longtemps.
La couleur est, sans surprise, bien plus orangée que le 2003. Nez très engageant sur la truffe, le miel, les agrumes confits. Bouche vive mais équilibrée, vibrante, très longue. Je ne m'attendais pas à un tel niveau. Je pense qu'en moyenne il a été plus apprécié que le 2003.
Très bien
Saumur blanc "Brézé" 2002
Saumur blanc "Brézé" 2005
On monte d'un cran avec ces deux vins dont le niveau est impressionnant.
Le 2005 est encore très très jeune, marqué par une légère réduction et des arômes de fruits frais, de pamplemousse, de noisette fraîche. Bouche parfaitement harmonieuse, séduisante, ronde mais sans lourdeur. Grosse longueur pour ce vin qu'il faudrait à mon sens attendre encore au moins 5 ans.
Excellent.
Le 2002 est quant à lui tout simplement superbe. Le vin blanc de la soirée (la réussite du domaine en 2002 est totale). Couleur à peine évoluée. Nez qui éclate sur le citron givré, les zestes d'agrumes, le pralin. Encore un peu de gaz en bouche mais tout ça évolue favorablement à l'agitation. Remarquable équilibre autour d'un jus d'une rare concentration et d'une belle acidité qui tend le vin. La longueur est phénoménale.
Grand vin.X(
On passe aux rouges.
-D
Saumur Champigny "Poyeux" 2005
Saumur Champigny "Le Bourg" 2003
Le Poyeux possède une robe très foncée, dense, sans aucun signe d'évolution. Le nez est d'ailleurs assez hermétique. Il va évoluer favorablement à l'air mais on sent que ce millésime est encore bien trop jeune, brouillon. Tout est là pour donner une grande bouteille dans 5/10 ans : race, équilibre, longueur, matière...
Très bien.
Le Bourg 2003 possède en comparaison une robe bien plus claire (comme un Bourgogne) et plus évoluée. Le nez embaume le pot pourri, la rose, les épices. Aucune sensation boisée ne vient perturber ce vin à parfaite maturité. Ce qui frappe, c'est sa finesse, sa sérénité. Je l'ai toujours préféré au Poyeux du même millésime, c'est ici une confirmation.
Très bien +
St Émilion 2004 - château cheval blanc
Saumur Champigny "Les Arboises" 2004 - domaine Guiberteau
Saumur Champigny "Poyeux" 2004
Je voulais comparer les Arboises de Guiberteau et cheval blanc avec un clos Rougeard 2004. Ce sera Poyeux, sur les conseils de Nady qui semblait intéressé par notre comparaison. Avec ses 60% de cabernet franc, cheval blanc est un bon étalon.
Tout le monde ou presque a identifié le cheval blanc comme pirate Bordelais. L'élevage imposant en bois neuf envoie du lourd mais tranche avec la finesse des Saumur. Le boisé deviendra même un peu grossier à l'aération et l'impression positive de départ se changera en légère déception à la découverte de l'étiquette. C'est un beau vin qui demande à se fondre mais en l'état, c'est inférieur au Poyeux. Ceci dit il y a trop de différence de style pour pouvoir comparer pertinemment.
Bien ++
Les Arboises de Guiberteau fait son petit effet au premier nez. Beaucoup de fruit, une sensation florale, un boisé élégant. il s'écroule en revanche à l'aération en développant notamment des notes de bretts assez fortes. Je suis déçu.
Le Poyeux est peut être le moins apprécié au départ et puis les opinions changent devant la finesse et la complexité du nez. La bouche est soyeuse, raffinée, longue. J'aime ce millésime.
Très bien.
Saumur Champigny "Le Bourg" 2007
Servi seul pour faire la transition, il s'est remarquablement bien comporté. Très bel élevage discret, beau nez fin, bouche de demi corps, sans maigreur ni verdeur. Pas le plus grand Bourg mais un remarquable vin dans un millésime difficile.
Très bien.
Saumur Champigny "Poyeux" 2002
Saumur Champigny "Le Bourg" 2002
La paire de la soirée. Le millésime est carrément exceptionnel au domaine et on tient là deux magnifiques témoignages du potentiel des vins du domaine.
Le Poyeux est plus sauvage, plus rustique que le bourg qui est quant à lui plus fin et concentré. Les mots manquent pour traduire l'absolue sensation d'harmonie et de plénitude de ces deux vins qui nous ont tous éblouis.
Deux grands vins et une légère préférence pour le bourg.X(
Saumur Champigny "Le bourg" 2001
Saumur Champigny "Le Bourg" 1995
Le 2001 est dans la lignée du 2007. Un vin de demi corps, impeccablement mûr, soyeux, sans la moindre verdeur. Il se boit tout seul.
Très bien.
Le 95 est évidemment un cran au dessus. Un vin puissant, sauvage avec ses notes de jus de viande, de menthe, de bois précieux. La bouche est bâtie autour d'une acidité soutenue que la matière parvient à équilibrer. Digeste, racé, c'est un grand Bourg.X(
Grand vin.
On finira la soirée avec le rare Côteaux de Saumur.
Côteaux de Saumur SGN 1995
Aussi bon que celui qu'on avait bu la dernière fois il y a 3 ou 4 ans, il exhibe une robe vieil or et développe des notes d'orange confite, de miel, de safran. La pureté du nez est prodigieuse et la bouche reste parfaitement sapide grâce à un équilibre acide superbe. Longueur kilométrique.
Un des plus grands liquoreux que je connaisse. Merci à l'ami Gilles de nous avoir offert une nouvelle fois ce nectar.X(
Grand vin.
Que dire ?
Sans doute un de nos plus grands moments de dégustation. Et pourtant on en a eus ensemble... Une telle homogénéité et régularité à haut niveau force l'admiration. On s'est régalé avec ces vins qui sont faits pour être bus et procurent un plaisir évident après quelques années de garde.
Denis
PS : Je devrais finir par poster quelques photos dans les jours qui viennent.