SAUVIGNON BLANC, LAUREL VINEYARD, 2005, SAN ANTONIO, CASA MARIN
Casa Marin, c’est d’abord et avant tout le rêve d’une femme, Maria Luz Marin, propriétaire et vinificatrice du domaine. Elle avait déjà été impliqué dans le commerce du vin au Chili en travaillant pour de grand producteurs. Mais en 2000, elle a décidé de démarrer sa propre affaire. Pour ce faire, elle n’a pas choisi la voie de la facilité, puisqu’elle a planté ses vignobles à quelques kilomètres à peine de l’océan Pacifique, pour y cultiver surtout des cépages blancs, Sauvignon Blanc, bien entendu, mais aussi Gewurztraminer et Sauvignon Gris. En rouge, le Pinot Noir est l’unique cépage cultivé. Toute les cuvées du domaine sont des “Single Vineyard”. Le vin dont il est question ici provient du vignoble “Laurel”, situé à flanc de colline à 4 Km de l’océan Pacifique en exposition nord-est. Plusieurs clones de Sauvignon Blanc, autant français que californiens sont utilisés. Les rendements sont très faibles à 15 hectolitres à l’hectare. Le vin ne voit jamais le bois, il titre à 14% d’alcool et contient 5 grammes par litre de sucres résiduels. Ce qui est la limite pour qu’un vin soit considéré comme étant sec. Voilà bien des détails un peu techniques, mais qu’en est-il de ce vin? Voyons voir...
La robe est d’une jolie teinte légèrement dorée. Le nez montre une intensité bien calibrée et un profil étonnamment raffiné. Bien sûr, on retrouve des notes typiques du cépage, citron, pamplemousse, herbes, asperges, mais il y a plus, et surtout, c’est superbement agencé. Rien d’outrancier ou de caricatural, plutôt une belle harmonie. Je ne me lasse pas d’humer ce vin. Il a vraiment quelque chose d’intrigant et d’agréable à la fois. Malheureusement, comme je suis limité comme dégustateur, je n’arrive pas à vraiment mettre tous les mots qu’il faudrait sur mes impressions. La seule chose qui me vient, c’est une impression de bord de mer, d’air salin, mais c’est probablement un gros cliché, une projection de mon esprit, car je sais d’où vient le vin provient. Tout ce que je peux dire avec certitude, c’est que j’aime beaucoup ce profil. Le ravissement se transporte en bouche, où le vin exhibe un bel alliage d’ampleur et de fraîcheur en attaque, sur une agréable présence fruitée, mélangeant un caractère d’agrumes, à un côté légèrement tropical. Le tout est assaisonné de notes végétales subtiles, rappelant ce qui était perçu au nez. L’ensemble forme un heureux mariage gustatif. Le milieu de bouche permet de constater que concentration, volume et légère onctuosité sont au rendez-vous. La finale met en relief avec acuité la tension qui existe dans ce vin entre douceur, légère amertume et acidité, sur une persistance des saveurs de très bon niveau.
Ce vin est excellent!!! J’y ai trouvé une belle matière, une certaine originalité et de la classe. Il s’agit sans aucun doute du meilleur blanc chilien qu’il m’ait été donné de goûter jusqu’à maintenant. Pour un vin encore tout jeune n’ayant jamais vu la barrique, il montre un corps et une complexité étonnante. Le producteur parle d’un bon potentiel de garde pour ce vin. Cela est peut-être présomptueux, compte tenu de l’historique ténu de ce domaine. Toutefois, je serais tenté d’être d’accord, car le vin a très bien évolué après l’ouverture et il a admirablement tenu la route sur deux jours. Avec le temps, l’acidité s’est mieux fondue et le profil aromatique s’est complexifié. Le prix de 31$ CAN pour un blanc chilien en fera sûrement sourciller quelques uns, mais je pense qu’il vaut son prix. Il possède ce niveau qualitatif supplémentaire et cette originalité aromatique qui à mon sens justifie le déboursé supplémentaire. Une chose est sûre, je ne regrette pas mon achat et j’ai hâte d’ouvrir une bouteille de l’autre cuvée de Sauvignon Blanc du domaine, le “Cipreses Vinyard”.