Bonjour,
Petite visite au CPA entre deux réunions dans le sud ouest; la vie est dure (
)
Nous sommes reçu par Nicolas Cosse, le jeune maître de chai, aussi passionné que sympathique.
Nous avons commencé la visite par un aperçu du domaine et du travail en vignes. Le domaine fait 18 ha agencé autour d'un petit plateau calcaire qui représente la partie la plus qualitative et de coteaux jouxtant le plateau et bénéficiant de toutes les expositions. Nicolas a insisté sur le coteau nord qui permet d'apporter la fraîcheur au vin en particulier dans les derniers millésimes chauds. Il nous a d'ailleurs indiqué qu'ils récoltent plus tôt maintenant sur l'ensemble du domaine. La couche de terre est peu profonde sur le plateau rendant impossible les plantations à certains endroits où la roche affleure.
Côté viticulture, la biodynamie est bien visible dans les vignes avec un rang sur deux planté en légumineuses, céréales, moutarde,... pour favoriser la biodiversité et travailler les sols en douceur. Quand les plantes sont trop hautes, ils les coupent ou les couchent. Le rang laissé non planté permet le travail mécanique. Dans le même esprit, de nombreuses essences d'arbres ont été récemment plantées et des espaces importants sont abandonnés aux herbes folles. La monoculture de la vigne est ainsi tempérée et permet le développement d'une vie (microbienne, insectes, faune et flore) riche favorisant un équilibre naturel entre les éventuels parasites et protecteurs de la vigne. La terre n'est pas labourée mais juste sillonnée afin de respecter chaque étage de la vie microbienne.
Les traitements sont à base de cuivre et souffre, tisanes et décoctions biodynamiques dont certaines passées au dynamiseur. Nicolas m'explique que cela permet de transmettre à l'eau un message qui sera retranscris à la terre. Les doses de mélanges apportées au terrain sont homéopathiques, de l'ordre de quelques centaines de milligrammes par ha !
J'avoue que c'est un aspect de la biodynamie que j'ai du mal à appréhender.
En attendant, l'ordre de grandeur de la fréquence des passages de traitement est d'une fois tous les 15 jours.
Cet ensemble préventif permet d'obtenir des plantes vaillantes qui résistent bien aux maladies. Les attaques des champignons sont rares; les années les plus difficiles sur ce point ont été 2007 et 2008.
Côté chai, il y a du nouveau avec des expérimentations sur un élevage utilisant un œuf en terre cuite et 5 bonbonnes en terre-cuite (de 500L il me semble). J'ai pu goûter ce dernier pour le millésime 2014. Le vin se goûtait bien avec des tanins particulièrement dociles. Le passage à la terre cuite favoriserait le polissage des tanins et un échange gazeux plus important que sur le fût. Nicolas ne sait pas encore dans quelle cuvée ira ces bonbonnes pour le moment même s'il trouve le résultat un peu en dessous du niveau de CPA.
Les doses de soufre (seul intrant utilisé) vont de 30mg pour la cuvée bistrot à 60/70mg pour le CPA. Le domaine est certifié demeter et biodyvin. Ce dernier autorisant 80mg/l pour les vins rouges.
Pour la dégustation:
- Cuvée
bistrot 2014: beaucoup de fruit, vin facile à boire et une structure plutôt fluide. Nicolas nous dit que c'est le plus tannique des bistrots à ce jour. Il admet qu'il pense avoir laissé 1 jour de macération en trop. Ça reste très gouleyant avec un fruit bien mis en avant et je veux bien qu'il fasse des erreur comme celle-ci tous les jours!!
- Nicolas nous réserve une belle surprise avec la cuvée
bistrot 2015 que nous sommes les premiers visiteurs à goûter :-). Nicolas nous explique qu'il recherche un côté gouleyant type beaujolais en macération carbonique. Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est réussi, ça pète du fruit, c'est direct et pure. En bouche, c'est une caresse impressionnante de délicatesse. Torchabilité maximale! C'est pas long mais c'est pas ce qu'on lui demande. Ce vin est un appel à l'apéro et aux copains. C'est top, j'adore, ma collègue aussi. Nicolas en est fiert et il y a de quoi. Seul hic, le domaine ne commercialisera le 2015 qu'après avoir écoulé le 2014. Va falloir se dépêcher de torcher le 2014! Le jus de cette cuvée peut provenir des mêmes raisins que CPA et permet par ce sous-tirage de concentrer dans le même temps le grand vin.
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Pervenche 2014: pas de notes, je me rappelle d'un vin un peu plus concentré sur un cassis très présent et légèrement plus long.
- Cuvée des
ormeaux 2014: nouveau venu dans la gamme, c'est en quelques sorte le second vin de CPA qui est accessible plus rapidement. Il n'y a que 5% du vin qui a touché la barrique et pas de fûts neufs.
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Clos Puy Arnaud 2012: truffe à fond au nez même si le champignon se fera plus discret avec l'aération. Nicolas nous explique que c'est le CPA qui truffe le plus tôt. Cassis et graphite en finale. Il est ouvert et agréable à boire dès maintenant. Nicolas recherche à fait évoluer le style du grand vin afin que celui-ci soit plus accessible jeune tout en gardant son potentiel de garde, cela se vérifie sur ce millésime.
Merci à Nicolas (et à Thierry Valette que nous avons entraperçu) de nous avoir accompagnés pendant une heure et demie. J'ai trouvé que ce domaine dégage une sorte d'harmonie de part son aspect extérieur, des choix réalisés et de la passion des personnes rencontrées.
Loïc