Gofast à Chateauneuf
Corollaire de notre séance Reynaud d’Avril relatée ci-dessus, la fine équipe décide d’une virée à Chateauneuf du Pape avec une visite à Rayas comme cible prioritaire…
Initialement prévue en mode go-fast, on décidera finalement d’une escale à Charavines (au fameux hôtel les Bains) , idéalement placé sur la route pour nous permettre de prolonger l’après-midi de quelques visites.
Lever 5h30, rendez-vous au parking relais près d’Annecy à 7h00 après avoir ramassé Seb. Le temps de constater le retard de la branche septentrionale que le taxi genevois arrive à 7h02 sous les lazzis…
Jéjé notre taxi driver nous emmène néanmoins quasi d’une traite en terre promise
Deux autres petits groupes sont présents pour la visite, Mr Reynaud nous fait faire un tour du vignoble, ballade très intéressante pour constater la nature sableuse des sols et l’omniprésence de la forêt
Vignes du coeur de Rayas, sables très fins
Vignes du couchant, toujours sableux mais un peu moins
De retour, on passe à la dégustation des 2020 sur fûts ;nous sommes autorisés à cracher, j’en profite pour prendre des notes (c’est surtout qu’il y a suffisamment de monde à servir pour laisser le temps)
Cinsault de Fonsalette : Un bonbon fruité, très plaisant
Grenache de Fonsalette : Plus dense au nez et en bouche, il y a toujours du fruit (fraise, grenadine), légère amertume, ça reste délicat et buvable
Grenache de Pignan : Plus épicé au nez, en bouche, petite mâche tannique et un fruit plus vif
Grenache du cœur de Rayas (sables assez fins) : Nez de grande classe, floral, fruité, fin. En bouche ça commence par une petite sucrosité, c’est soyeux, sur le fruit frais et en finale vient la puissance Rayas que j’ai rencontré les fois où je l’ai gouté en bouteille
Grenache du couchant de Rayas (sables plus denses) : Le nez est plus discret, en bouche attaque soyeuse puis acidulée, ça paraît plus austère, moins aromatique mais la longueur est immense
Grenache du Levant de Rayas : Peu de nez, en bouche une sucrosité, fruité (fraise), la finale est puissante avec de l’amertume et des notes réglissées ; c’est la colonne vertébrale de rayas nous dit-on
Syrah de Fonsalette : On change de registre, robe violet foncé, nez floral, vanillé (pas de fût neuf à priori); la bouche est riche comme une syrah sudiste, avec une acidité sous-jacente, une structure «tronconique», du volume qui disparaît doucement jusqu’à la fin de bouche ; des fruits noirs (mûre) jusqu’en finale, des tannins très très fins ou bien enrobés
Quelques explications notées pendant la dégustation:
Les vendanges sont réalisées par une équipe de 12 personnes, E.Reynaud en assure un tri systématique lui-même.
Quelques pluies avant les vendanges sont en général bienvenues. E.Reynaud a constaté que les raisins bénéficient de peaux épaisses qui les protègent des maladies de fin de saison; du coup (depuis 4-5 ans) il attend les pluies avant de vendanger. Ainsi en 2017 les vendanges ont été réalisées mi-novembre (contre début septembre habituellement).
Les clients habituels sont repartis avec leur allocation, les touristes ont eu leur petit carton, c’est le cœur léger que nous nous dirigeons vers le Sud pour la suite du périple après avoir remercié Mr Reynaud pour son accueil, la visite et la dégustation.
Pique-nique au bord d’un bras mort du Rhône à proximité du domaine des Cailloux,
petit pâté-croûte maison (2,5 kgs de barbaque) qui nous fera aussi l’apéritif du soir et poulsard 2019 de Labet
On attaque ensuite une rude après-midi :
Sur la route à proximité, les fameux galets roulés
Domaine du Bienheureux
Nous sommes reçus par les parents d’Eugénie Avias qu’on espérait rencontrer mais qui a été retardée par un contre-temps.
Domaine familial existant depuis 116 ans; avec Eugénie, c’est la 4ème génération de filles qui se succèdent à la tête (à noter que j’ai cru lire dans la littérature vinique que c’est elle qui a créé le domaine, étonnant vu l’historique)
7 ha uniquement travaillé par Eugénie et ses parents, tous les travaux sont effectués à la main ou au tracteur (désherbage, chaussage/déchaussage des pieds), pas de désherbants, pâturage de moutons en hiver et au printemps
3 ha en Chateauneuf du Pape (vigne de 60 – 70 ans avec remplacement des manquants)
2 ha en Côtes du Rhône et 2 ha en Vin de France, le tout vinifié en Vin de France
Les vignes du domaine ont gelé à 80% en 2021
Place à la dégustation :
Vin de France Le Rosé de Bienheureux (n°20 pour 2020) 60% grenache, 40 % carignan
Très beau fruit, tout petits tannins en finale et un poil chaud/anisé
Vin de France Le rouge de Bienheureux n°20
Très beau fruit, corps assez fin, fruité avec aussi de tout petits tannins en finale qui serrent un peu, je suis partagé entre l’envie de le boire sur son fruit ou de l’attendre un peu pour attendrir la finale
Chateauneuf du Pape 2019 85% grenache, 15% cinsault
Très beau nez, fruité, floral. On retrouve en bouche le fruit du vin précédent, par contre c’est intense, presque violent, avec de la mâche et une astringence assez marquée; mais la finale revient sur le fruit et libère une sensation de finesse
Pour la visite suivante, comme on avait dû laisser Charly à la maison, c’est JP qui se dévoue pour garder
faire la sieste dans la voiture qu’on a garée à l’ombre
Quelle erreur, très belle dégustation sans faiblesse des côtes du Rhône aux Chateauneuf !
Visite au Domaine A.Brunel Les Cailloux
Nous sommes reçus par Fabrice Brunel qui nous dresse le portrait du domaine :
20 ha de Chateauneuf dispersés sur l’appellation et 40 ha de côtes du Rhône.
Encépagement : Grenache, syrah, mourvèdre pour les rouges, grenache, clairette, roussanne pour les blancs
Récolte assez tôt, extraction pas trop poussée, vinification et élevage en cuves béton sauf la syrah (élevée en fûts de 1 à 2 vins)
Les Rouges
Côtes du Rhône Sommelongue 2020
Vigne sur Rasteau / Plan de Dieu, Vigne de 60 ans en gobelets, irriguée (15 juillet 15 aout), 90% grenache, + syrah ?, vendanges manuelles
Parfum incroyable, notes de rose, bouche ronde, soyeuse, trame acide, petits tannins, très légère astringence, note crayeuse, persistance fraiche et fruitée
EXC
Chateauneuf du Pape Cailloux 2018 (pas de centenaire en 2018 dont les raisins sont dans cette cuvée)
Seulement 50% de grenache sur ce millésime impacté par le mildiou, il n’est pas attendu de très longue garde
Alors si le nez du Sommelongue était impressionnant, là c’est juste extraordinaire, des fruits, des fleurs, de tout
La bouche est accueillante, souple suave, légèrement solaire mais une fraicheur mentholée tout aussi dingue EXC++
Les blancs
Côtes du Rhône blanc Bécassonne 2020 vignes sur Bédarrides Grenache, Roussanne, Clairette 1/3 de chaque
Joli nez fruité, notes de pêche , sans être tendue ni spécialement acide, la bouche est fraiche, sur les fruit et floral, la finale longue serait un peu chaleureuse , anisée et réglissée mais ça se boit tout seul
Chateauneuf du Pape blanc 2020 Les Cailloux 80% Rousanne vinifié et élevé en cuve
Le nez est moins ouvert, moins spectaculaire mais il y a du fruit, des notes d’abricot sec
La bouche est plus riche, plus grasse, avec un très beau fruit (abricot). Il y a de l’allonge, une longueur +++ sur une amertume salivante, (iodé dit le voisin) , pas tendu non plus mais très frais, finale sur les agrumes (orange) que je qualifierais de chablisienne (parole de pdf septentrionophile)
JP se réveille la gueule enfarinée juste pour gratter quelques centenaires 2016 et on enchaîne …
On charge une demi-palette pour les copains, la voiture commence à tirer du cul, et on remonte sur Chateauneuf pour un dernier arrêt
Domaine Jérôme Gradassi
Très bon accueil là aussi de Jérôme Gradassi ; domaine de 5ha qu’il travaille seul
Chateauneuf du pape blanc 2020 clairette 95%, grenache 5%
6 parcelles route d’orange, sur une veine d’argile qui apporte de la fraicheur
Nez floral, en bouche aussi, belle fraicheur même si c’est riche, note réglissée puis fraicheur en finale
Chateauneuf du pape rouge 2018
Robe violacée très dense. Nez sur le fruit, le cassis, les épices douces, la vanille. Bouche charnue, attaque en souplesse sur une certaine rondeur puis bloquée par l’astringence. Derrière on retrouve le fruit et la trame fine du grenache
Chateauneuf du pape Rouge 2019
Nez soyeux, bouche en souplesse sur un fruit charnu très jeune ; belle buvabilité, pas de tannins notables, ou alors très bien enrobés, à peine d’astringence. Un peu moins précis que les précédents Chateauneuf goutés mais probablement un beau potentiel d’évolution
On repart sur le Nord, on se relaie au volant avec JP et Jérôme, Seb compte les points…
Charavines ! On s’installe, une douche et un petit apéro impromptu,
JP nous sort un blanc de la Rioja d’une fraîcheur incroyable ; on termine le pâté croûte et on file
Soirée à l’Hôtel Les Bains à Charavines
Accueil sympathique et décontracté, sommelière charmante, très belle carte des vins comme déjà signalé, un petit bémol, plusieurs vins ou millésimes non disponibles.
La cuisine n’est effectivement pas de niveau gastronomique comme suggéré par certains mais c’est bon, c’est goûtu, c'est pas cher et ça accompagne très bien les vins
Sur la terrasse extérieure couverte, il fait vraiment frais ce soir, les vins ont du mal à garder la température et ça gâche un tout petit peu le plaisir et peut-être le ressenti
Dans les verres,
Beaune 1er cru Les Sizies 2009 dom. De Montille
Très bon, équilibre entre un soupçon de puissance du millésime et une tràme plutôt fine
Syrah leone 2010 ,
Ils n’ont pas le millésime demandé initialement, on essaye le 2010 , de ma maigre expérience sur ce domaine c’est trop jeune, le premier nez , superbe de complexité et de fraîcheur me fait douter un instant mais pas la bouche, c’est vraiment trop puissant
Après une nuit à surveiller la voiture (vous remarquerez le chassis surbaissé, ce n'est pas de série),
Seb tombé du lit prend le volant pour le dernier run … ah non c’est vrai il ne conduit pas …
Une chouette virée, les absents ont eu tort, vivement l’année prochaine !