Le domaine
DUPASQUIER et son
ALTESSE ROYALE
Le cercle continue ses pérégrinations et remonte le fleuve Rhône pour poser ses yeux sur le Massif de L’Epine versant ouest.
Nous sommes ici en Savoie, à Jongieux plus exactement. Les lecteurs assidus du site auront reconnu immédiatement que nous sommes au lieu – dit Aimavigne, fief du domaine DUPASQUIER. Ce domaine est encensé et plébiscité par certains LPViens locaux, ça sent le lobby tout ça.
La commune de Jongieux se situe aux limites du département de la Savoie qui se voit séparé du département de l’Ain par le fleuve Rhône. Nous sommes ici au pied de la pointe sud du massif du Jura. La Dent du Chat (excellent fromage par ailleurs) nous regarde et protège les vignes.
Nous sommes accueillis par Noël DUPASQUIER sous un soleil qui transperce les nuages. Nuages qui viennent de déposer sur la montagne un manteau blanc pour nos amis les touristes. Ce paysage n'est pas sans nous rappeler le vignoble valaisan qui domine le Rhône également.
Mr DUPASQUIER, voit son fils partir travailler dans les vignes. Nous sommes face à une personne discrète et humble. Le domaine cultive depuis 4 générations, 14 hectares sur les communes de Jongieux et de Lucey. Les cépages Altesse / Roussette, Chardonnay, Jacquère sont cultivés en blanc. La Mondeuse, le Pinot et le Gamay le sont en rouge.
A notre habitude, nous filons dans les vignes pour connaître un peu la façon de travailler du domaine.
Les vignes sont exposées plein ouest. Le sol est composé majoritairement par des éboulis calcaires et des argilo – calcaires.
La philosophie du domaine se cantonne à une intervention minimale. Le traitement n’est pas systématique, les vignes sont traitées au canon. Il est opéré en cas d’attaques : mildiou, oïdium.
Certains écrits rapportent que la vigne est présente depuis le XIIIème siècle. La déclivité oblige une adaptation du travail en vignes, griffage pour partie et brûlage pour les vignes pentues.
La Charvaz (en savoyard se dit charva) nous regarde.
Cette roche qui émerge serait la source des eaux chaudes des thermes d’Aix les Bains chère à la couronne anglaise du XIXème siècle. Une veine passerait sous la chaîne de l’Epine puis sous le lac du Bourget (le plus grand lac naturel de Savoie et de France) et jaillirait dans les bains des thermes situées au pied du Revard. Ces sources alimenteraient également le lac d’Aiguebellette connu pour son calme prisé par les pratiquants d’aviron et surtout pour sa température de son eau (28°C durant l’été).
Cela permet d’établir un climat plus continental que montagnard, pour preuve, les truffes se trouveraient facilement dans le coin. Les vignes sont taillées en gobelet et en guyot.
L'escapade en vignes terminée, nous redescendons à la cave pour déguster quelques vins. Le domaine nous reçoit avec des assiettes de charcuterie et de fromages savoyards. Rien de tel pour se remonter.
L’élevage se fait en foudre de 12 à 18 mois, vendange entière. Bâtonnage des blancs en début de fermentation. Le collage n’est pas systématique. Nous attaquons la dégustation par les blancs
Jacquère 2007 : fleurs blanches avec des notes de miel, acidité faible, vin léger et agréable.
Altesse 2006 (50 ares sur Lucet) : trace de botrytis, arômes riches, vin souple, fermentation longue, élevage avec peu de bâtonnage.
Marestel 2005 : Nez riche, souplesse, long, fin, en phase de fermeture.
Marestel 2004 : Arôme dominant sur la pomme, vin plus tendu.
Marestel 2002 : Nez jurassien, l'ananas prend le dessus, belle acidité.
Marestel 1993 : Nez sur la noix trèsjurassien, l'oxydation domine, arôme de broue. Pour un millésime réputé dur, le vin est encore là.
Marestel 1987 : Le vin est droit et tendu, arôme de noix.
Fleur d’Altesse 2005 (vendange passerillée) : 40 gr de SR, le vin présente une belle acidité et une belle persistance.
Mondeuse 1987 : Arômes de pruneaux et de figues sèches, le vin est là. Plus d'un sera épaté par la qualité de ce vin.
Direction le Bourget du Lac (voici l'autre partie de ma Savoie), commune jouxtant le lac éponyme. Le restaurant Le Beaurivage fait face au lac et au Revard blanchi par la neige fraîchement tombée.
Le thème sera la Bourgogne. Un petit détour à notre table par le maître des lieux.
Chablis 1er cru Butteaux 2000 Raveneau : Nez sur la craie, la bouche est crèmeuse. Belle acidité, le vin est dominé par le citron.
Meursault 1er cru Genevrières 2006 Boisson Vadot : nez grillé, la bouche est prégnante. Le citron vert domine.
Puligny Montrachet 1er cru Le Cailleret 1996 De Montille : Ce genre de vin qui a besoin de dormir encore quelques années.
Chambolle Musigny 1er cru Les Cras 2003 Méo – Camuzet (négoce) : Le vin est marqué par l'élevage. Le touché en bouch est sucré. La fleur de lys est entêtante.
Volnay Chevrets 1993 Drouhin : le vin est étriqué. Marqué par une verdeur.
Corton Renardes 1998 Maillard : La matière est assez fine par son grain. Vin élégant.
Latricière Chambertin GC 2000 Trapet : Le côté terreux du pinot noir est bien présent. L'acidité laisse augurer une belle perspective de garde. Le vin se révèle aérien.
Nous avions cru que nous en étions libres mais non, il revient =
Hermitage blanc 1998 Jean Louis Chave : toujours cette richesse de matière, un gras opulent et une précision diabolique. La signature du maître.
Une bien belle journée aux saveurs particulières pour ma part puisque je suis savoyard. Content d'avoir fait découvrir ce minuscule vignoble.
Sébastien