Je fais un copier/coller de
ce reportage
Nous sommes accueillis par Marco De Grazia. Un homme jovial qui dégage une certaine assurance et beaucoup d’enthousiasme. D’ailleurs il ne tarit pas d’éloge sur le millésime 2012 qu’il considère comme exceptionnel. La plupart des personnes rencontrées sont beaucoup plus modérées, c’est une année très sèche. Par contre tout le monde est unanime pour le millésime 2011. Pendant la journée que nous allons passer avec lui, les mots « amazing, beautiful » seront utilisés à foison dans la plupart de descriptions : vins, paysages, raisins… C’est aussi quelqu’un de très accessible et simple qui nous invitera à partager son déjeuner avec une salade de tomate (de chez Giuseppe Russo du domaine Girolamo Russo), une ricotta locale à se damner, un peu de charcuterie du voisin. Bref, Marco est un bon vivant.
Le domaine est créé au début des années 2000. Auparavant il exportait du vin aux Etats Unis, il a été un acteur important sur le marché des vins italiens de qualité aux USA. Il propose des cuvées issues des différentes contrade. Marco a été un des moteurs de la différenciation des crus. L’avenir de la région passera par une recherche de plus en plus affinée des terroirs de l’Etna. Sa génération réalise un travail de dégrossissage au travers des contrade et la génération future poussera plus loin avec une différentiations des climats au sein de chaque contrade. Telle est la vision de Marco qui est fortement inspirée par la Bourgogne autant dans l’idée du vignoble de l’Etna que dans les vins.
Le domaine couvre 28 ha situé sur grosso modo quatre contrade avec en général deux vignes par contrada :
- Feudo di Mezzo, la plus basse en altitude. Cultivée en gobelet.
- Calderara Sottana qui donne deux vins, celui indiquant le nom du cru et La Vigne de Don Peppino, Prephylloxera. Une parcelle de vignes centenaires que Marco a reprise à Don Peppino à la seule condition que Marco la cultive presque comme un jardin. Ce cru ce situe près des caves et Marco en cultive 12 ha.
- Santo Spirito, près du village de Passopisciaro au dessus de la route qui le relie à Randazzo. Un mélange de terrasses et de vignes plus plates à la fois en espalier et en gobelet.
- Guardiola, la plus haute en terrasses et taillée en gobelet.
Comme nous avons pu le constater chez Franchetti, les sols sont variables au sein même d’une contrada. Un exemple frappant nous a été montré sur Calderara Sottana avec une partie très caillouteuse proche d’une autre partie sableuse. Les maturités sont différentes, les vendanges ne se feront pas au même moment.
Marco propose 10 cuvées différentes :
Tout d’abord les vins rouges : les cinq vins présentés ci-dessus issus de Nerello Mascalese à plus de 95 %, le restant planté de Nerello Cappuccio issus de vieilles vignes dont certaines sont centenaires. Un Etna Rosso issu des jeunes vignes du domaine. D’ailleurs à ce sujet lorsque nous marchions dans le cru Santo Spirito, nous avons dégusté des baies issues des jeunes et des vieilles vignes. La différence est frappante : des raisins aromatiques, plus intenses, des peaux épaisses sans agressivité pour les vieilles vignes. Pour les jeunes vignes, moins d’arômes et des peaux qui laissent de l’amertume. Et pourtant, ces jeunes vignes allaient être récoltées une semaine plus tôt que les vieilles vignes.
Concernant les cépages rouges, cette fois-ci il compare la complémentarité des Nerello avec la complémentarité du Cabernet Sauvignon et Merlot en Médoc. Le Cappuccio ayant un grain plus gras et aide à rendre le vin un peu plus souple comme dit dans la première partie. Par contre, seul, il ne peut pas donner de grands vins.
On retrouve également dans la gamme, un Etna Rosato ainsi que deux blancs : Etna Bianco issus de Carricante, Catarratto, Grecanico et Inzolia et Etna Bianco Vigne Niche issu uniquement de Carricante. Il produit également un autre blanc sous l’étiquette Le Vigne de Eli qui est un 100% Carricante.
Marco est très enthousiaste (comme d’habitude !) concernant ce cépage local qui pour lui peut donner des grands vins blancs. Il n’hésite pas à comparer les Carricante de l’Etna au Chablis. Et lors de notre dégustation, son blanc avait une acidité métallique que j’ai rencontré dans de nombreux Chablis.
Il n’y a qu’une fois où l’enthousiasme de Marco s’est estompé. Un coup de fil lui annonçant des rendements inférieurs à 50 % par rapport à l’an dernier sur une vigne. Après deux minutes où il nous explique le manque à gagner, il conclue par : « but the quality will be outstanding !».
Parfois quelques remarques en disent bien plus long que des discours. Et la philosophie de Marco se dévoile petit à petit.
Lorsque nous montons sur sa vigne de Guardiola, il peste sur une vigne récemment plantée dont le sol est étrangement crème alors que les alentours sont bien entendu tout noir. « Pourquoi ramener des tonnes de terre argilo-calcaire sur cette plantation ? Comment peut-on produire un vin de l’Etna en détruisant une si belle parcelle ? ». Pas besoin de réponses aux questions de Marco. Et celui qui a fait cette plantation semble avoir marqué les esprits de beaucoup (Tenuta di Fessina dans la première partie).
Un peu plus loin au milieu d’une vigne jeune, Marco nous signale la beauté de deux arbres énormes. Et il fait remarquer que si ces arbres prospèrent aussi bien sur cet endroit c’est que tout simplement le sol est très riche et incompatible avec une viticulture de qualité.
Nous passons ensuite devant certaines parcelles dont le sol n’est pas travaillées et montrent des signes de faiblesse avec la sècheresse qui sévit (les feuilles tournent au jaune). A côté, les vignes de Guardiola de Marco sont superbes, autant d’un point de vue esthétique que de l’état des ceps avec un feuillage bien vert. Il nous signale que la différence vient du travail du sol. Les vignes piochées à la main quand elles sont en gobelets doivent plonger profondément leurs racines dans le sol afin de trouver l’eau. Les vignes non-travaillées auront tendance à produire des racines superficielles sensible à la sècheresse.
Il se désole aussi de voir d’excellentes parcelles à l’abandon rachetées par certains vignerons qui ne font rien. Alors que d’autres se ferait un plaisir de les planter. Néanmoins, il n’est pas dupe et comprend bien que replanter des vignes sur ces terrasses demandent beaucoup de travail et d’argent.
Comme vous l’aurez compris, Marco travaille dans le plus grand respect de ses terroirs et l’agriculture biologique est pour lui un moyen d’aller vers son objectif.
Le Vigne di Eli – Etna Bianco 2011
100% Carricante
Nez assez intense à la fois frais sur du citron, pomme verte et plus mûr sur la poire, pêche. Côté minéral prononcé pas si éloigné de Chablis avec des notes d’embruns, coquille broyée. Très grande netteté.
En bouche, le vin est élancé, droit avec une acidité tranchante mais mûre et balancée par un léger gras et une belle matière. Sensation minérale et salivante. Belle longueur.
Très bien -.
Tenuta delle Terre Nere – Etna Rosato 2011
Nez fin et délicat de bonne intensité sur des fruits rouges, rose. Notes fines de foin et d’herbe. Très précis.
Moyennement puissant avec un attaque ronde qui s’affine lorsque l’acidité s’affirme. Belle intensité sur ce côté framboise, groseille et foin. Longueur bien.
Un très beau rosé.
Tenuta delle Terre Nere – Etna Rosso 2011
Nez intense sur un fruit mûr sur la cerise et des petits fruits rouges. Complété par des épices et des herbes sèches. Superbe et un cran au dessus des précédents millésimes.
Assez puissant, côté gourmand. Matière volumineuse et trame tannique qui s’avance et imprime sa force mais en finesse. La qualité des tannins est bien. Longueur très bien.
Très bien -.
Tenuta delle Terre Nere – Etna Rosso Santo Spirito 2011 en botti
Nez élégant, fin et profond. Il couvre l’horizon. Côté féminin. Arômes de fruits rouges, cerise noire, floral avec un côté terreux et fumé. Superbe.
En bouche, le vin est fin, élégant soutenue par une acidité qui élève le vin. Trame tannique et acide fine et mûre. Longueur très bien +.
Excellent.
Tenuta delle Terre Nere – Etna Rosso Calderara Sottana 2011 en botti
Vin nettement plus puissant avec un fruit plus mûr et noir. Côté épicé et riche avec toujours ce côté terreux, fumé.
En bouche le vin est puissant avec un fruit mûr en milieu de bouche. Structure musculeuse qui laisse sa marque dans la bouche. Très belle persistance.
Excellent.
Lors d’une soirée dégustation à la pizzeria Cave Ox, nous avons pu déguster Le vigne di Eli bianco, Santo Spirito, Calderara Sottana, Guardiola et Don Peppino. Je n’ai pris aucune note mais la différence entre les vins était flagrante avec un Guardiola fin et frais. Don Peppino étant le vin le plus puissant et le plus volumineux mais qui réussit à garder de la finesse. Constat similaire pour Le vigne di Eli bianco que lors de la dégustation chez Marco.