L’ami Super-pingouin a de nombreux talents, mais, hélas, pas encore celui de rédiger le CR d’une visite à laquelle il n’a pas participé… Il était en effet, avec quelques membres du groupe, chez Vincent Dancer (
lapassionduvin.com/p...), pendant qu’avec l’ami Antoine nous frappions à la porte du domaine Lafarge. Je vais donc tenter de retranscrire au mieux par les mots nos impressions lors de cette visite, l'absence d’illustrations photographiques étant imputable à un retard chronique et sans doute irréversible dans le domaine de la téléphonie mobile….
Nous sommes accueillis par Chantal Vial-Lafarge, avec qui j’avais déjà eu un contact téléphonique des plus agréables, et descendons rapidement à la cave par un impressionnant monte-charge. Comme nous l’avons fait avec tous les vignerons rencontrés lors ce séjour, nous évoquons les difficultés du millésime 2016, avec le gel et les très fortes pluies du printemps. Les pertes ont été ici importantes, notamment sur les appellations régionales et les villages. Frédéric Lafarge, qui prendra le relais quelques minutes plus tard, nous expliquera cependant que, pas un instant, et malgré la difficulté de la situation (mildiou), il a pensé repasser « provisoirement » en conventionnel (le domaine est en biodynamie depuis la fin des années 90). Il faut accepter de perdre un peu de raisins, nous dira-t-il.
Avant d’attaquer la dégustation des 2015 sur fûts, nous goûtons deux vins en bouteilles :
Bourgogne aligoté, raisins dorés, 2013 :
La cuvée porte bien son nom : une sensation de maturité élevée, presque trop à mon goût, avec une acidité assez faible ; du coup, j’ai trouvé le vin un peu mou. Un peu décontenancé par cet aligoté atypique
Bourgogne Passetougrain, L’Exception, 2013 (vieilles vignes de 90 ans, en complantation 50/50 gamay/pinot) :
Nez très avenant sur les petits fruits rouges acidulés ; en bouche, un joli fruit, c’est vif, frais, avec du peps, cela accroche juste un poil en finale ; très agréable, belle buvabilité
Frédéric Lafarge nous rejoint avec une pipette à la main et nous nous rendons donc dans la cave voisine pour attaquer les
rouges sur 2015. Pour information, le domaine couvre 12 hectares, est donc en biodynamie, il n’y a pas de vendange entière et au maximum 20 % de fûts neufs sur les plus grandes cuvées dans les « gros » millésimes.
Volnay village (vignes « en bordure » de l’appellation, côté Pommard et côté Meursault) :
Très belle maturité, grande finesse des tanins, c’est soyeux, aérien, le vin reste haut dans la bouche
Volnay village, Vendanges sélectionnées (vignes au centre de l’appellation) :
Nez plus puissant, plus épicé, très largement sur les fruits noirs ; la matière est plus importante, davantage de corps, mais toujours avec des tanins fins et du soyeux
Beaune 1er cru, Clos des Aigrots (mention « Clos » à partir du millésime 2013) :
Nez floral, très parfumé, on est cette fois sur les fruits rouges, le vin reste haut en bouche, finale fraîche et gourmande
Beaune 1er cru, Les Grèves (vignes de 90 ans) :
Comme le précédent, un nez sur les fruits rouges ; en bouche, c’est plus profond, un peu « terrien », on sent comme une trame minérale sous le fruit ; tanins enrobés, finale puissante
Volnay 1er cru, Les Mitans :
Robe qui semble (pas beaucoup de lumière dans la cave…) plus claire que les précédentes ; panier de fruits frais (plus noirs que rouges) au nez, touche florale (violette ?), la bouche est superbe d’équilibre et de fraîcheur, tanins enrobés d’une finesse superlative, grande délicatesse, un vin d’une gourmandise absolue ; bref, j’ai adoré
Volnay 1er cru, Clos du château des Ducs :
Nez majoritairement sur les fruits rouges, grenade ?, pointe fumée ; bouche « tendue », le vin s’étire longuement ; toujours ces tanins très fins et cette matière soyeuse ; c’est très très bon
Volnay 1er cru, Clos des Chênes :
Nez davantage sur la réserve, fruits noirs, plus sombre ; en bouche, beaucoup de profondeur, grosse structure ; le plus puissant des trois premiers crus de Volnay, mais les tanins restent d’une grande finesse ; très gros potentiel
Avec l’ami Antoine, nous avons adoré ces 2015 : une maturité superbe, des tanins ultra-fins et enrobés, des matières soyeuses, des élevages imperceptibles, des vins « tendus » qui restent hauts dans la bouche et, sur certains, cette trame plus froide, minérale, sous le fruit bien mûr, qui donne de la profondeur aux vins et les étire longuement. Quelques heures après avoir dégustés les rouges 2015 d’Henri Germain, nous nous disons que cela sent le grand millésime, sur cette couleur, en côte de Beaune. Nous sommes déjà comblés, mais Frédéric Lafarge nous refait passer dans la cave d’à côté pour continuer la dégustation….
Volnay 1er cru, Clos des Chênes 2011 :
Nez que je trouve assez évolué, un peu « terreux », sous-bois ; en bouche, l’acidité est présente, mais cela reste tout de même « rond », avec, il me semble, néanmoins, une petite touche végétale ; tanins fins, un vin qui semble prêt à boire ; un « bon » 2011, millésime sur lequel je n’ai pas encore eu jusqu’à présent d’énormes coups de coeur, en tout cas sur les rouges….
Frédéric Lafarge souhaite maintenant nous faire découvrir la grande nouveauté du domaine : les crus du Beaujolais (domaine Lafarge-Vial) ! Premier millésime 2014, avec 2,5 hectares sur Fleurie, des vignes qui étaient déjà en bio et qui sont désormais en bioD. Pas de vendange entière. Pour le millésime 2015, on atteindra un peu plus de 4 hectares, avec, si je me souviens bien, des vignes sur Chiroubles.
Fleurie Bel-Air 2014 :
Nez pur et très expressif, beaucoup de fruits, floral (pivoine ?), bouche gourmande et fruitée, beaucoup de finesse mais avec de la profondeur, les tanins n’accrochent pas, finale fraîche et très longue ; déjà très accessible et très grosse buvabilité !
Fleurie Clos Vernay 2014 :
Il y a toujours un beau fruit, mais en bouche c’est un peu plus « dur » et austère, avec presque une petite touche métallique ; sans doute à attendre un peu.
Un très très grand merci à Monsieur et Madame Lafarge pour leur accueil et le temps qu’ils nous ont consacré. Frédéric Lafarge est un homme passionnant et passionné, avec des convictions profondes, mais exposées et défendues avec calme, sérénité et bonne humeur. Un grand et beau moment pour achever cette douce journée d’automne ensoleillée.
Paul