Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018
Verticale Dom Pérignon
Dom Pérignon P1 2009
L'année démarre dans des conditions défavorables qui se prolongent. Un hiver rigoureux est suivi d'un printemps doux et pluvieux. La floraison est compliquée et le mildiou menace.
Après l'inquiétude sur l'état de santé du raisin suite à des épisodes orageux, un mois d'août radieux rétablit les chances avec un temps chaud et sec jusqu'aux vendanges. Seul un épisode de grêle survient le 4 septembre sur Hautvillers, Verzenay et Chouilly. Les vendanges débutent le 12 septembre dans des conditions idylliques et produit un raisin mûr et sain. Le pinot reste étonnamment peu coloré
Robe d'un très fin doré.
Nez délicat, compromis de notes chaudes, entre le beurre frais et la poudre d'amande et de senteurs plus vives et minérales, qui tirent sur la coquille d’huître.
Bouche pleine et riche, d'une attaque tapissante au volume certain mais bien vivifié par une bulle fine et agréable.
Ensemble vineux et large mais doté d'une belle relance sur le milieu.
Finale longue mais un peu riche et replète à mon goût, sur de beaux goûts crémeux.
Bien.
Dom Pérignon P1 2008
Un ciel gris et voilé domine l'année viticole 2008, si singulière dans une décennie solaire à la générosité insolente. Au moment même où démarre la vendange les conditions sont enfin parfaites : le plein soleil et des vents soutenus nord / nord-est. La maturité se révèle au-delà de toute attente, dans un équilibre inédit, haut perché. L'état sanitaire est impeccable.
Robe très claire à peine teintée d'un léger grisé.
Très beau nez pur et précis, sur des senteurs minérales (coquille d'huître) et un très fin grillé (pain grillé) très agréable. Ensemble net et bien positionné.
Bouche nettement plus à mon goût que le 2009, immédiatement tonique par une propulsion acide / amère qui donne au vin une remarquable présence et énergie.
L'aromatique est encore discrète mais la vinosité de matière ainsi qu'une bulle crémeuse participent à poser une puissance équilibrée délicieuse de persistance.
Finale racée et froide, terriblement salivante et appétante !
Très bien.
Dom Pérignon P1 2004
Le millésime 2004 marquera l'histoire de Dom Pérignon de son aisance et de sa générosité. En fort contraste avec l'année passée, le développement végétatif de la vigne est régulier et sans incident. Le nombre et la taille des grappes sont importants. Si le climat se montre longtemps sans excès - avec même un mois d'août plutôt frais - c'est la chaleur sèche des dernières semaines qui finalement fait le millésime. La cueillette débute le 24 septembre, la maturité et l'état sanitaire sont excellents.
Robe sur un doré léger.
Nez avec un côté chablisien, toujours sur ce marqueur coquille d'huître très présent.
Bouche d'une grande lisibilité, immédiate de plaisir par son équilibre franc entre une belle acidité fraîche et une matière déliée portée et relancée par une bulle fine.
L'ensemble ne semble pas posséder une énorme concentration ni de grande puissance à cœur mais son accessibilité rend le vin terriblement attirant et difficile à recracher.
Quelques goûts iodés un peu imprécis chahutent peut-être légèrement la précisions de la finale mais qui n'en perd pas pour autant sa belle buvabilité.
Un vin totalement accessible actuellement.
Très bien.
Retour sur la préparation des bouteilles par Richard Geoffroy et les équipes de sommellerie
Dom Pérignon P1 2003
Après un hiver particulièrement froid, sec et rude, les gelées de printemps du 7 au 11 avril marqueront les Champenois pour toujours. L’été s’affirme d’emblée caniculaire, le plus chaud depuis 53 ans. Ce qui avait miraculeusement échappé au gel et à la grêle va devoir subir les chaleurs éprouvantes jusqu’à la cueillette. La vendange est parfaitement mûre et saine, à comparer à celle des mythiques 1947, 1959 et 1976.
Robe sur un doré toujours aussi léger.
Nez riche et un peu opulent, sur des notes de pâte à pain et d'amande, de léger brûlé, l'aération dans le verre ramenant la coquille d'huître.
Bouche à l'épaisseur un peu engluante, sur un volume riche et glycériné dont une acidité masquée peine à mobiliser la viscosité.
Même le toucher de bulles semble insuffisant à titiller cette masse.
Finale un peu fuyante et qui s'épuise dans la richesse de corps qui pèse sur le palais.
Je n'ai pas aimé.
Dom Pérignon P2 2000
L'année 2000 a été chaude avec des températures inférieures à la normale en juillet et de fréquents orages s'accompagnant de grosses averses de pluie et de grêle. L'année est marquée par l'alternance éprouvante d'épisodes froids et pluvieux puis chauds et orageux. L'été est incertain, longtemps maussade. Le temps se met miraculeusement au beau dans les derniers jours d'août. C'est cette période favorable - sans discontinuer jusqu'à la conclusion de la vendange - qui fait le millésime. Les premières dégustations ont révélé que les derniers raisins de Chardonnay récoltés étaient souples, amples et complexes ; les vendanges de Pinot Noir débutées le 11 septembre étaient structurées et offraient une grande longueur.
Robe sur un doré légèrement grisonnant.
Nez très agréable, fin et plus évolué, sur la crème d'amande, un début de mousseron et toujours ce marqueur coquille d’huître.
Bouche très bien en place, sur un beau volume vineux plein et droit qui plonge en profondeur à compter du milieu de bouche, très bien relancé par de beaux amers.
La bulle délicate porte et étire l'ensemble, lançant une finale corsée et dense, d'une très grande persistance de goûts.
Très beau vin, assez sérieux d'expression et sûrement doté d'un grand potentiel.
Très bien.
Dom Pérignon rosé 1996
L’année est contrastée, l’été capricieux, les périodes humides n’arrivant pas à compenser un déficit hydrique précoce. Ce sont finalement les moments de fortes chaleurs dans le mois précédant la cueillette (démarrage étalé entre le 16 septembre et le 1er octobre) qui font la maturité exceptionnelle du millésime, maturité marquée par un équilibre puissance/acidité inédit.
Robe saumonnée cuivrée.
Nez étonnant et très intéressant car même si je ne suis pas en aveugle, j'y retrouve un surprenant équilibre entre des notes très chardonnay, sur la crème au beurre et un fin grillé et des senteurs agréables de vieux bourgogne, sur les fleurs séchées, entre la pivoine et le bouton de rose. En verre noir, je me demande bien où je me serais situé.
Les choses se gâtent en bouche avec un vin que je n'arrive pas à lire, manquant de cohérence et de trame, avec une curieuse sensation de douceur fadasse qui fait qu'il s'effondre rapidement sur lui-même.
Finale éteinte et sans allonge.
ED ? Problème de séquence ? Incompétence à analyser ce vin (fort peu cité dans les favoris lors du tour de table toutefois) ?
A revoir.
Dom Pérignon P2 1995
Une année marquée par un été exceptionnel. En raison d'un printemps plutôt maussade, les vignes ont fleuri tard mais rapidement. L'été a compensé le printemps avec une vague de chaleur qui s'est installée fin juin. Quasiment pas de pluie pendant deux mois avec quelques nuages isolés et des températures supérieures aux normales de saison, du jamais vu en 30 ans. Les vendanges débutèrent le 18 septembre pour le Chardonnay et le 25 septembre pour le Pinot Noir.
Robe très légèrement dorée.
Superbe nez plein et racé qui concilie la générosité des grands blancs de la Côte de Beaune et la classe d'un Chablis bien né, sur un équilibre splendide entre de confortables notes de pain chaud presque grillé et des senteurs plus vives, encore une fois sur un minéral de coquille d'huître. L'ensemble est aussi précis qu'attirant .
Bouche magnifique d'équilibre et de profondeur, d'une classe évidente par son attaque à la puissance motrice remarquablement enroulée dans une matière vineuse et nerveuse. L'ensemble produit est génial de présence et de buvabilité, conciliant une densité à cœur avec une présence sans poids sur la langue, portée par une bulle délicate mais bien présente.
Finale scintillante et de toute grande classe, sur des amers salivants qui appellent irrésistiblement la table.
Magnifique vin !
Dom Pérignon P3 1973
Dégorgée en 2014
Une météo très sèche en août et début septembre n'a pas permis aux raisins de se développer normalement. Les vendanges ont débuté le 28 septembre.
Robe d'une couleur légèrement dorée très proche des vins précédents. Impressionnant pour un vin de 45 ans !
Nez difficile à décrire, plus fuyant et brouillon, sur quelque chose qui m'évoque la crème aux œufs, un léger mentholé de sachet de thé earl grey et toujours et encore ces notes de coquille d'huître qui semble être un marqueur de ce vin.
Bouche étonnante, sur une sucrosité sèche qui s'exprime toute en texture et en douceur tactile enrobante. L'ensemble reste toutefois un peu pudibond et délicat après la poigne glorieuse du 1995 et ce malgré une bulle presque évanescente quoiqu'encore structurante.
La finale est agréable mais sans réelle émotion pour moi, avec un côté fuyant qui s'éteint assez rapidement.
La marche arrière sur le 1995 est fatale à mon appréciation.
Bien.