C'est le titre d'un surprenant article de la revue Le Rouge et le Blanc n°69, qui a enquêté et dégusté dans la petite cité balnéaire varoise.
Au registre interrogation, le "verrouillage" de l'appellation par les 2 géants financiers que sont Ott et Pibarnon, qui achètent toutes les parcelles disponibles, à défaut de pouvoir acheter du raisin, certains de leurs anciens fournisseurs s'étant lancés dans la grande aventure: produire sous leur nom (domaine du Gros Noré, par exemple). Ce qui empêche d'éventuels nouveaux venus de l'extérieur de s'implanter et d'insuffler un sang neuf, comme en Languedoc-Roussillon ou en Rhône sud, ce qui pourrait créer une saine émulation au sein de l'appellation. Ce souffle nouveau, il arrive quand même, par le biais d'oenologues, souvent en provenance de Loire, comme Thierry Puzelat à La Tour du Bon dans les années 90.
Au rayon dégustation, quelques surprises également: Pibarnon noté 10,5 (note sur 20, entre 10 et 12 vin correct, bon vin entre 12 et 15, grand vin au-dessus de 15), caractérisé par un boisé excessif masquant un léger manque de matière, Pradeaux qualifié de "raté" (mais il s'agit d'un échantillon tiré sur fût, à revoir).
Concernant les bien notés, la star est sans conteste La Tour du Bon (dont la cuvée Saint-Ferréol), suivie par Saint-Anne. Bonnes surprises et découvertes: le Gros Noré, La Suffrène et Dupéré-Barrera, négociant à Toulon, qui procède un peu à la manière de Tardieu-Laurent en Rhône.
Pour la petite histoire, Pradeaux 98 a été goûté (seul dans ce millésime) et noté 14/20:
"Nez confit et complexe avec des nuances de tabac, de mine de crayon, d'écorce d'orange et de cuir. Bouche ferme, presque austère, avec des notes fumées et balsamiques.
Grande matière, ferme et tendue, qui devrait superbement vieillir (...). Un vin puissant, pas très séduisant aujourd'hui, mais dont on devine qu'il va s'épanouir avec l'âge."
Ceux qui l'ont goûté confirment?
Décidément, cette revue Le Rouge et le Blanc est réellement passionnante!
Olif