L'article de Siné Hebdo du Mercredi 22 Octobre 2008 :

" Ne traitez surtout pas un amateur de vins d'"œnologue" : il vous cassera la gueule ! C'est la pire insulte qu'on puisse lui faire.
Bien qu'ils soient nouveaux venus dans les vignobles, les œnologues ont pris le pouvoir en une génération seulement. Comme les chimistes-industriels sont en train de ruiner la vraie cuisine gastronomique, les œnologues ont déjà détruit toutes les traditions viticoles peaufinées par deux mille ans d'usages loyaux et constants. L'œnologue est l'avatar de l'industrie chimique. Il est à la vinification ce que les désherbants, pesticides et insecticides sont à la culture de la vigne. C'est lui qui levure, sucre, tanise, acidifie, colore, aromatise, pasteurise, stérilise, filtre, barrique, etc...
J'arrête l'énumération, il faudrait tout un SinéHebdo...voilà pourquoi vous ne trouvez que des vins formatés, hygiéniques, admnistrativement propres, qui se ressemblent tous d'où qu'ils proviennent.
Les œnologues conseillent les fabricants de vins, et les buveurs paient les pots cassés à coups de migraines, de crises de foies, d'asthmes, etc. Alors qu'ils sont censés être infirmiers du vin, pourquoi nous empoisonnent-ils ?
A cause de la mondialisation ! Les capitalistes - libéraux - mondiaux dictent et modèlent le commerce du vin. Ils veulent des vins gonflés, simples, stables et aseptisés qui ne déconcertent pas leurs palais de puceaux du goût et, surtout, qui sont duplicables par eux-même, partout dans le monde. Le suivisme, la bêtise et la fainéantise des paysans français ont fait le reste.
Si, comme le rêvent tous les oenophiles, on faisait disparaitre tous les œnologues pendant une année de vinification, on retrouverait comme autrefois des vins piqués, soit, mais aussi de vrais bons vins qui ressemblent à leur terroir d'origine.
Il faut interdire aux enfants de vignerons de faire des études d'œnologie ! Un qui n'en a jamais eu besoin, avec sa science de druide gaulois, c'est Pierre Overnoy, le vieux prophète sur sa montagne de Pupillin."

ouf...

Soit c'est un "journaliste" qui a tenté de rédiger les propos d'un vigneron frustré finissant son quinzième verre de fine à la fin d'une journée de remontage, soit c'est simplement un ramassis de bêtises d'une personne qui ne connait rien du monde du vin et qui veut taper sur tout ce qui bouge afin de faire marrer je ne sais qui. Personnellement ça ne me fait pas rire, mais alors pas du tout. Je trouve même grave qu'on laisse écrire des stupidités pareils.
Et dire que j'ai perdu vingt minutes à recopier ce texte... mais c'était dans l'idée de vous faire partager mon coup de grisou du matin.

J'ai déjà rencontrer des vignerons dénonçant le style de vin produit par tel ou tel œnologue, mais dénoncer de cette manière une profession toute entière et accuser de formatage d'esprit, l'ensemble de la filière de formation des métiers du vin, ça m'indigne profondemment.
Pour me remonter le moral, j'ai bu ce midi un Chemin d'Orient 2005, en Pécharmant, produit par Régis Landade, oenologue respectable...

Et, (je ne peux m'en empêcher, et désolé M. le modérateur), la "fainéantise de paysan français" de ma famille vous emmerde, Monsieur Piquet-Boisson.

Damien AUTHIER

:D:D
désolé moi ça m'a fait rire! les excès me font rire et comme dans tout excès, certaines choses sont justes. il faut juste trier.

D'après quelques recherches sur le net, Jean-Christophe Piquet-Boisson est oenologue et courtier en vins !?!

il sait donc de quoi il parle, non?

Trois phrases de ce texte, par ailleurs excessif, me paraissent assez justes :

«Bien qu'ils soient nouveaux venus dans les vignobles, les œnologues ont pris le pouvoir en une génération seulement. Comme les chimistes-industriels sont en train de ruiner la vraie cuisine gastronomique, les œnologues ont déjà détruit toutes les traditions viticoles peaufinées par deux mille ans d'usages loyaux et constants. L'œnologue est l'avatar de l'industrie chimique. Il est à la vinification ce que les désherbants, pesticides et insecticides sont à la culture de la vigne. C'est lui qui levure, sucre, tanise, acidifie, colore, aromatise, pasteurise, stérilise, filtre, barrique, etc...»

«Voilà pourquoi vous ne trouvez que des vins formatés, hygiéniques, admnistrativement propres, qui se ressemblent tous d'où qu'ils proviennent.»

«Ils veulent des vins gonflés, simples, stables et aseptisés qui ne déconcertent pas leurs palais de puceaux du goût et, surtout, qui sont duplicables par eux-même, partout dans le monde»

Bien sûr, on a le droit d'en discuter, mais une longue pratique de la dégustation m'amène souvent à des conclusions proches de celles-ci. Ce qui ne veut pas dire que tout ce qui n'est pas 100% naturel (tendance secte ) est imbuvable. Mais n'oubliez pas que, parmi les amateurs "éclairés" (???) que nous sommes, presque tous sont des consommateurs atypiques de vin. Si vous aviez, comme moi, testé à plusieurs reprises des centaines de vins (???) pour supermarchés, je pense que vos avis seraient également assez proches...

Philippe

Bonsoir

Je suis assez d'accord avec Philippe BARRET, Je n'ai rien contre les oenologues, ni en particulier contre Michel ROLLAND ( par exemple), mais l'émission MONDOVINO, m'avait laissé un goût "amer" envers Michel ROLLAND , qui s''occupe de plus d'une centaine de Domaines (dont de très prestigieux) .

Laissons les vignerons élaborer leur vin comme ils le font parfois depuis des générations, sans vouloir "ajouter" une touche "standardisée" !

Pour info, l'auteur en question :
Jean-Christophe Piquet-Boisson, ancien sommelier de Taillevent et aujourd'hui négociant en vins, est lapidaire : « L'œnologue, lâche-t-il, est l'ennemi du bon vin. On a du bon vin quand on peut en boire trois verres sans avoir mal à la tête et pour le reste, le goût c'est de l'imagination. Et ceux qui font du bon vin, sans se lancer dans de grandes surfaces, sont très recherchés et souvent très riches. Il n'y a pas de fatalité dans la vigne ».

Trouvé sur le net extrait du journal l'expansion

Cordialement

L'expectoration porte loin.

J'apprécie.

J'ai aussi tendance à partager (malgré le ton qui peut blesser, je l'admets) les propos de Piquet-Boisson. Il y a tellement de vins qui ne sont pas le reflet de leurs raisins ou de leurs terroirs.

Et, en mettant de coté l’écrasante majorité de vins produits de mauvaise ou petite qualité dont parle Piquet-Boisson, je parle même de certains Vignerons qui travaillent correctement leurs vignes mais qui ont tendance à pousser un peu les vinif. (Sur-extraction, thermorégulation, etc..). De fait, on est souvent décontenancé, des Loire ressemblent à des Bordeaux ou Rhone sud (en 2003 et 2005, flagrants mais certes accentué par les millésimes), des Sud ressemblent à des septentrionales. Ces vins ne sont pas toujours mauvais loin de là... mais on a plus la typicité locale. Quand j'ai commencé à gouter il y a 12 ans, il y avait moins ce coté technique dans le vin, je trouve.
Alors quand je bois un Saumur Champigny qui ressemble à son terroir (Fruit, amplitude, équilibre, et finale légèrement crayeuse), un Chinon qui violette franchement à la robe et au nez, un Vouvray sur les agrumes bien droit et minéral, Eh bien comment vous dire, je suis rassuré, je sais où je suis et pourquoi j’ai ouvert cette bouteille.
Maintenant que voulez-vous certains vignerons tentent des choses inhabituelles et les réussissent alors ?!?!?!?!?

Pour info complémentaire, j’ai entendu parler de Piquet-Boisson comme vendeur de Vins, ancien sommelier de chez Taillevent, redoutable dégustateur et Caractère bien trempé (On en croise parfois, c’est pas si grave !).

Olivier.

Tout ce qui est excessif est insignifiant (Talleyrand)

Luc

La sagesse a ses excès et n'a pas moins besoin de modération que la folie.(Montaigne)

Olivier.

Bien joué...

Tout de même, quand je lis ce genre de choses :

Les œnologues conseillent les fabricants de vins, et les buveurs paient les pots cassés à coups de migraines, de crises de foies, d'asthmes, etc. Alors qu'ils sont censés être infirmiers du vin, pourquoi nous empoisonnent-ils ?

Si, comme le rêvent tous les oenophiles, on faisait disparaitre tous les œnologues pendant une année de vinification, on retrouverait comme autrefois des vins piqués, soit, mais aussi de vrais bons vins qui ressemblent à leur terroir d'origine.
Il faut interdire aux enfants de vignerons de faire des études d'œnologie !

Je me dis tout de même qu'à cause de ce type d'excès de langage et de contrevérités, c'est l'ensemble de son discours qui est discrédité.

Luc

chenin 76, ta remarque sur les Loire Rouges qui ressemblent à des vins du sud me rappelle un débat que j'avais initié à la suite d'une dégustation de 2005 : "les Loire Rouges en font-ils trop ?".

assez d'accord avec toi, mais d'accord aussi pour relever la bêtise de certains propos de cet article.

Jérome,

Quand j'ai commencé à boire des Loire, je travaillais sur Chinon, je visitais bcp de viticulteurs. Petit Budget Oblige (et grande soif), j'achetais souvent chez des viticulteurs de moyenne renommée. J'ai pris beaucoup de plaisir à boire des Moulin à Tan (Pierre Sourdais), Wilfrid Rousse, Mandzagol-Billard, et bien d'autres... Leurs premières cuvées (provenant bien souvent de vignes plantées sur les sables en bordure de Vienne) suivant les millésimes, avaient de très belles expressions de fruits, la souplesse de ces vins me plaisait beaucoup avec leurs puretés et leurs franchises.
Chez ces viticulteurs, les cuvées de coteau ou plus simplement sur sols argilo-Calcaire me plaisaient moins (souvent à cause d'un boisé trop prégnant), je me souviens avoir gouté LAMBERT sur Danaé et Marie, La croix Boissé chez Baudry, Loriaud, ect... Et puis j'ai fini par goutter Alliet VV et Noiré, Coulaine, Jean-Maurice Raffault sur Le Puy et les Capucins, Clos de L'echo chez Couly Dutheil,... Forcé de constater que l'on peut faire de très très bon loire rouge puissants, riches et suaves sur les meilleurs terroirs. Le talent de ces viticulteurs à l'élevage portant ses fruits .

Alors j'ai revu ma vision des Loire rouges complétée ensuite par certains Bourgueil et Saumur Champigny cités souvent sur ce Forum, La loire est beaucoup plus complexe qu'il n'y parait (et je ne parle que des rouges, les blancs c'est encore une autre histoire...bien plus longue à mon avis). Chez les bons, aujourd'hui, j'aime les Loire puissants avec un Boisé intégré, mais ce qui me fait le plus vibrer (tout comme en Bourgogne) c'est tout de même quand le viticulteur garde de la fraicheur et sort des vins longs et finement expressifs, avec cet élevage discret qui structure et porte le fruit amenant un coté ciselé, c 'est magnifique, Clos Rougeard, Le Petit Saint Vincent, La diablesse Chez Coulaine, les Busardières chez Caslot: bref...Élégance et Finesse.
Voilà je dérive un peu par rapport au sujet initial, mais bon... j'avais envie de parler de ça. Faudrait peut-être créer un autre post ?

Olivier.