Les amis, c'est la vie !
Un ami aussi discret que généreux et que je n'avais pas revu depuis un petit pique-nique sur le muret du Montrachet nous invite pour un week de convivialité, de franchise et de partage.
Un message limpide accompagne son invitation : "n'amenez rien, je m'occupe de tout ! " :
Les vins seront tous goûtés à l'aveugle, mes impressions compilées des bouteilles bues ce week end ![/size]
Domaine Cuilleron - St Joseph - Le Lombard - 2002 & 2005
Le nez du 2002 est totalement marqué par un côté boisé et des notes beurrées peu agréables. Le 2005 est plus frais, avec plus de fruit mais néanmoins très marqué par l'élevage.
Les bouches des deux vins m'ont semblé affreusement molles, la finale du 2002 me laissant l'impression d'une lamelle de beurre fondant sur ma langue.
Je suis peu connaisseur de blancs rhôdaniens mais ces deux vins m'ont semblé manquer considérablement d'acidité pour donner de l'allant à cette matière pataude.
Aurais-je le palais étalonné au nord ? Encore un coup du monomane, ça !
Domaine Buisson Charles - Meursault Les Cras - 1999
La robe du vin est très évoluée, sur le vieil or.
Le nez est quasi muet, le verre ne propose que des notes alcooleuses et quelque chose qui m'évoque le lait d'amande.
La bouche confirme que le vin est fatigué, la bouche est molle et sans rebond, n'offrant plus qu'une acidité dissociée et une finale assez alcooleuse.
Une bouteille ouverte trop tard ?
Domaine des Comtes Lafon - Meursault Genevrières - 2004
J'aime beaucoup le nez, marqué par un beau fûmé qui enrobe des notes florales. Le vin se réchauffant vire toutefois sur des notes beurrées moins élégantes.
La bouche est vive, sur une acidité bien droite à laquelle l'élevage n'est toutefois bien intégré. L'osmose n'est pas (encore?) totale, le gras du vin semblant faire son chemin sans prendre en lui cette belle acidité.
J'aime la construction du vin même si son équilibre n'est pas abouti en l'état.
Domaine JF Coche Dury - Meursault Chevalières - 1992
La robe est magnifique, sur un doré profond mais sans trace d'évolution suspecte.
Le nez est très sur le grillé, la noisette, les spécialistes autour de la table détectent le style Coche au premier coup de nez.
L'attaque en bouche est superbe, sans un début d'once de trace de fatigue. L'acidité est bien intégrée au corps du vin, l'ensemble est élégant, offrant beaucoup de fraicheur.
La finale toutefois se délite assez vite, sur des amers un peu déséquilibrés.
Un joli vin et accord parfait sur des Quenelles de Brochet, sauce Nantua.
Clos Rougeard - Saumur Champigny - Le Bourg - 2001
Le vin est carafé.
La robe est belle, assez claire, sur un joli grenat.
Pendant quelques minutes, le nez sera marqué par des notes animales, assez giboyeuses.
Puis tout à coup émergent d'un bloc des arômes de poivron vert très nets qui monopolisent toute perception.
La bouche est elle aussi marquée par des notes végétales et même si le vin ne manque pas d'équilibre, je ne suis pas conquis.
Une verticale du domaine du Vieux Donjon
A lire dans la rubrique consacrée au domaine.
Château Vannières - Bandol - 1998
Le nez est viril, assez peu avenant, sur ces notes de fourrure et quelque chose qui m'évoque le vieux bois.
La bouche attaque sur une matière ample, il y a du vin mais dès le milieu de bouche, il se déséquilibre vers une amertume terrible qui plombe le palais.
La finale rattrape les notes de bois humide perçues au nez et finit très sèchement.
Beaucoup trop de dureté dans ce vin pourtant issu d'un magnifique millésime.
Château L'Evangile - Pomerol - 1989
La bouteille a été bue la veille par mes comparses qui ont eu la générosité de m'en conserver un fond.
Et c'est peu dire que je les en remercie !
La robe est évoluée, assez claire sur des notes orangées.
Le nez est envoûtant, sur des notes de cerise, de fleurs séchées mais surtout de tabac blond. Je trouve cet équilibre somptueux.
Confirmation en bouche de la plénitude de cette bouteille : les tanins sont parfaitement intégrés, le vin est d'une grande fraicheur et d'une élégance rare, il a conservé du fruit.
L'ensemble produit concilie finesse et puissance.
MAGNIFIQUE bouteille !
Après
le superbe Beauséjour Bécot
bû avec les Gunthards, j'en conclue que le millésime 89 a fait de grands vins qui se goutent magnifiquement aujourd'hui.
Domaine Armand Rousseau - Gevrey Chambertin - Clos St Jacques - 2003
Si je peux revendiquer une connaissance certaine de l'oeuvre de Rousseau, souvenirs d'un temps désormais révolu où Jean Jacques fut un véritable compagnon de vie, je n'avais jamais eu le privilège de boire un vin du domaine Armand Rousseau. C'est fait et j'en ai la joue encore un peu rougie de l'ampleur de la claque reçue !
La robe est magnifique, rien de sombre ou à l'inverse de clairet à l'horizon.
Dès le nez, je me sens plonger dans ce que le pinot a de meilleur : quelle classe ! La framboise précède des notes splendides qui me rappellent la mousse surnageant sur la confiture de cassis en train de cuire que faisait ma tante, la tuerie intégrale de mes goûters de vacances.
Le boisé est élégant et apporte véritablement quelque chose au vin ! Je n'ai jamais eu cette impression sur un vin auparavant !
La bouche est somptueuse d'équilibre, le vin est d'une absolue gourmandise, l'ensemble est équilibré, juteux, d'une grande fraicheur.
Mais c'est la finale qui signe le grand vin : une fois avalé (incrachable ce vin!), les arômes poursuivent leur envol. La rétro s'exprime sur la fraise des bois pendant plusieurs dizaines de secondes, c'en est véritablement impressionnant.
SUPERBE !
Domaine Forey Père & Fils - Echézeaux - 1999
La robe est relativement sombre, sans trace d'évolution.
Le nez est discret voire fermé.
La bouche attaque sur de jolies notes de cerise, presque de kirsch mais dès le milieu, le vin se durcit terriblement et ne propose en l'état que des tanins saillants et une finale asséchante.
Difficile de préjuger positivement de son avenir.
Domaine Jean Grivot - Echézeaux - 1999
Le nez est sans aucun charme, ne transparaissent que des notes animales, rien qui m'évoque le pinot.
La bouche est redoutablement décharnée, ne survivent que des notes boisées.
Le vin est dur, sec et est en limite de buvabilité.
Déception.
Domaine Confuron Cotetidot - Echézeaux - 1999
Le nez est moyennement expressif, offrant des parfums de fruits rouges enrobées d'une petite pointe végétale.
La bouche est bien structurée, sur une belle matière, les tanins sont encore assez saillants et perceptibles sur la finale.
Assez peu de plaisir en l'état mais je pense que le vin a le coffre pour intégrer ce potentiel et s'équilibrer au vieillissement.
Domaine Henri Jayer - Echézeaux - 1985
Pourquoi faut-il toujours que ce satané goût de bouchon survienne sur les belles bouteilles !!
Aucun doute, le nez est affreusement liégeux !
Le vin terminant la série des Echezeaux, je prends le risque de goûter et c'est encore plus rageant car cette bouteille présentait un fruit et une gourmandise impressionnante pour cet âge. Mais le liège est impossible à isoler, les notes chlorées inhibent tout plaisir !
Un ange passe... .... ..... ........
Château d'Arlay - Arbois - Vin Jaune - 1988
Le vin goûté la veille à l'ouverture et à température de cave se présentait très mal, sur une aromatique fermée et un corps étriqué.
Changement de registre le second soir après 24 heure en carafe mais surtout servi à température ambiante.
Le vin a gagné en précision, le nez est bien plus puissant, élégant, sur des notes de curry, de cuir et de feuilles séchées.
La bouche est superbe, large mais droite, traçante autant que puissante et forme un accord d'anthologie avec le sublime Beaufort d'Alpage.
Je prends un pied terrible !
Les copains rigolent, jacassent pendant que moi, je vampirise le plateau de fromages et la carafe. On ne m'entend plus, j'ai quitté le sol et je dois être en train de passer dans une autre dimension car tout à coup, ils se tournent tous vers moi et clament : "Oliv, reviens !"
Ne vous occupez pas de moi, le jaune est parfait, les fromages à se damner, l'Oliv a décollé et assume égoïstement son mignon péché !
Encore un de ces moments où j'ai pu apprécier ce que le monde du vin a de plus simple et de plus beau !
Monique, Alain, vous êtes tout simplement merveilleux !
Merci à tous les ami(e)s présents et qui m'ont une nouvelle fois permis de faire le plein de bonheur...
Oliv