Pour les 50 ans de ma chère et tendre, et pour la remercier de me supporter depuis plus de 30 ans, ce qui n'est pas un mince exploit, je décide de réunir les amis de notre club de dégustation à
l'Hostellerie Dispa à Walcourt
, qui est un peu devenue, au fil des ans, notre lieu de restauration favori, avec une ou deux visites mensuelles en moyenne.
Depuis peu, et ça ne va pas contribuer à une moindre fréquentation de notre part, le lundi est désormais la journée où on peut apporter nos propres bouteilles sans payer de droit de bouchon.
Et ça tombe bien, ce 10 août 2015, jour fatidique de son passage dans sa seconde moitié de siècle, c'est un lundi ! Ça me semblait donc une bonne occasion pour ouvrir ce fil qui s’étoffera au fur et à mesure des nos passages dans ce lieu qui ne nous a jamais déçus.
L'Hostellerie Dispa, c'est une histoire de famille. Fondée en 1971 par Claudine et Gérard Dispa, qui en ont fait une adresse à la renommée bien établie dans la région, l'affaire est reprise en 2008 par les deux fils, Julien en cuisine et Thibaud en salle, secondés par leurs épouses et une équipe particulièrement accueillante et sympathique. Pour ceux qui, comme moi, ont connu les deux époques, et sans vouloir faire offense aux parents fondateurs, il est incontestable qu'avec la génération actuelle, un bond en avant qualitatif a été effectué, tant en cuisine où, en particulier, les cuissons sont toujours irréprochables, qu'en salle où la passion pour le vin qu'affiche Thibaud est un atout indéniable pour ceux qui comme moi, y accordent une importance particulière. A noter que ce regain qualitatif n'est pas passé inaperçu aux yeux des inspecteurs du guide Gault et Millau, comme on a pu le constater dans l'édition 2015 du guide qui a vu leur cote passer à 15/20.
Cela étant dit, passons aux choses sérieuses :
A noter que le menu a été élaboré avec Thibaud et Julien quand ils ont pris connaissance des vins que je souhaitais apporter. Merci à eux pour leur réactivité.
Les vins ne sont bien entendu pas à l'aveugle pour moi, mais bien pour les invités.
Mises en Bouche
Si ma mémoire est bonne, il y a un bonbon de foie gras aux graines de sésame et coulis de mangue, du carpaccio de boeuf, et du saumon.
Pour entamer les festivités en blanc, 3 bouteilles de Riesling (ben oui, on est tout de même une quinzaine...)
Domaine Zind-Humbrecht - Riesling Clos Haüserer - Alsace 2008
La robe est jaune-or pâle. Le nez n'est pas trop marqué par les notes variétales, citron, pierre à fusil, pain d'épices et fleurs blanches composent un bouquet bien agréable. En bouche, malgré un indice 1 affiché sur l'étiquette, on ressent une pointe de sucrosité en attaque (après vérification, 7,3 gr/l annoncés par le domaine), mais l'acidité, tranchante, fait rapidement oublier cette impression fugace. Le volume est beau, l'équilibre ne l'est pas moins, la finale est minérale, saline, salivante et très longue. Une bien belle entrée en matière !
Très bien ++
Première entrée : Sandre du lac
Sur ce plat de poisson à la cuisson, comme toujours ici, parfaite, un grand classique du Chablisien qui a su tenir son rang.
Domaine François Raveneau - Chablis 1er Cru Montée de Tonnerre 2002
Robe jaune-or pâle, encore bien jeune. Nez superbe, marqué par les fruits secs et une légère touche boisée, notre citronnée, floral, minéralité crayeuse complètement le tableau, à la disparition rapide de la pointe de "réduction fermière" classiquement chablisienne (
).
En bouche, si l'attaque est bien fraîche, l'ampleur est belle, il y a du volume et de la matière, l'équilibre est parfait, la finale est très longue, crayeuse. Superbe bouteille, à la hauteur de mes attentes, qui étaient élevées.
Excellent
Seconde entrée : Foie gras poellé, boudin noir, pomme
Un classique de la maison que cette association foie gras et boudin noir, déjà du temps des parents, particulièrement bien revisité pour l'occasion, et pour pouvoir faire le lien entre le dernier blanc et le premier rouge qui seront tous deux servis sur ce plat.
Domaine de la Grange des Pères - VDP de l'Hérault blanc 2008
Robe jaune or intense. Nez très expressif sur les fruits jaunes bien mûrs, la pomme au four, un boisé épicé bien intégré, avec une touche de fruits secs et de miel. En bouche, l'attaque est fraîche, avec beaucoup d'ampleur et de gras, tout en restant superbement équilibrée. Finale très fraîche, claquante, et très longue. Très bel accord sur le foie et la pomme, un peu moins sur le boudin. Cela dit, c'est tout de même particulièrement réjouissant.
Excellent
Domaine Armand Rousseau Père & Fils - Charmes-Chambertin 2006
Robe d'intensité moyenne aux reflets rubis. Nez complexe et élégant sur les fruits rouge, la rose, les épices, une pointe végétale (rafle ?), la réglisse, avec une touche de cuir. En bouche, c'est à la fois frais, ample et rond, grande finesse dans le grain des tannins, finale fruitée, très longue. Une bien belle bouteille, à l'aise sur le foie et le boudin.
Excellent
Plat : Filet de canette
A nouveau, une cuisson parfaite de la viande et, particularité de la maison, une "repasse" pour ceux qui ont une petite faim, avec la viande et les légumes.
Deux beaux rouges pour accompagner dignement de plat succulent.
Château d'Ampuis - Côte-Rôtie 2006
Robe de belle intensité aux reflets rubis. Nez sauvage, épicé, fruits noirs mûrs, boisé, café, fumé, complexe et flatteur si on n'est pas rebuté par les notes apportées par l'élevage. Bouche ronde, soyeuse, gourmande, beurrée, texture superbe, signature de la maison, équilibre parfait, très belle longueur. Ça commence franchement à bien se boire, même si bien entendu rien ne presse.
Excellent, même si, pour certains, il s'est fait un peu dominé par le plat.
Château de Beaucastel - Châteauneuf-du-Pape 2000
Robe d’intensité moyenne aux reflets grenat. Nez très complexe sur le cuir, les fruits noirs, champignons des bois, pointe végétale, anis, réglisse, chocolat. Attaque en bouche d'une grande fraîcheur, rondeur et ampleur en milieu de bouche, équilibre parfait, tannins fondus, finale très longue sur le cuir et la réglisse. A point et superbe !
Excellent
Dessert : feuilleté aux pommes chaud, flambé au calvados, quenelle à la vanille
imageshack.com/a/img...
On finit en beauté avec ce beau dessert, dignement accompagné, même si mes notes se font bizarrement de moins en moins précises...
Château Tirecul la Gravière - Monbazillac 2001
Robe or intense aux reflets ambrés. Nez exotique, raisin de Corinthe, pointe encaustique. Bouche liquoreuse, ample, riche, grasse, mais cependant très bien équilibrée grâce à la fraîcheur de ce magnifique millésime 2001. Très belle longueur sur le raisin de Corinthe.
Très bien ++
Voilà tout pour cette bien belle soirée qui, je l'espère, en appellera beaucoup d'autres !
Luc