Visite chez François Cotat pour déguster les 2018, les 2017 et quelques extras…
Ce jeudi froid et ensoleillé de janvier, François nous reçoit, avec l’ami Claude et sa femme Solange, dans son chai le plus récent que je ne connaissais pas encore. Celui-ci étant orienté au nord il y fait encore plus frais (4°C ce jour-là
) et il nous faudra réchauffer un peu les vins dans les verres, mais pas tant que cela, les vins se montrant avenants pratiquement quelles que soient les conditions !
« Vous voulez goûter les 2018 ? Ce sera la première fois pour des dégustateurs car j’avais prévu de le faire cet après-midi avec le sommelier de Régis Marcon. »
Ah que oui ! On ne laisse pas passer une telle occasion !
Les vins reposent dans des tonneaux qui sont loin d’être neufs et François, armé de sa pipette, va nous faire déguster toute la gamme.
On commence donc par les 2018. « Un millésime grand, à la fois en quantité et en quantité, celle-là n’ayant pas du tout nuit à celle-ci. Les vins ont été soutirés il y a un mois. Je vais bientôt faire faire les analyses mais l’alcool, au-dessus de la moyenne, n’est pas si élevé que cela, sauf pour les pinots, et l’acidité est bien suffisante. »
Caillottes – 2018
Un vin à la belle matière fruitée, d’une richesse sans doute unique pour cette cuvée, résultat de l’âge des vignes, maintenant supérieur à 15 ans, et des caractéristiques du millésime.
Les Monts Damnés – 2018
Aromatique exotique, bouche équilibrée sans SR et belle tension.
L’alcool est estimé à 13° par François, avec un peu plus pour les deux cuvées suivantes.
La Grande Côte – 2018
Vin extraverti, dominé par la poire, au nez comme en bouche, bonne acidité et longue finale déjà saline.
« Ce vin est l’assemblage de vieilles vignes et de jeunes vignes. Avec la sécheresse, les raisins de celle-ci étaient tout rabougris et je me demandais bien ce que j’allais pouvoir en tirer… Et quelques jours avant la vendange, sans qu’il n’y ait de pluie, ils ont gonflé et donné un beau jus ! »
Les Culs de Beaujeu – 2018
Servi en dernier, on sent que c’est le chouchou de François (s'il en a un). Il faut dire que depuis la replantation d’une partie des ceps de La Grande Côte, c’est devenu la vigne la plus âgée (45 ans) du Domaine. Malheureusement c’est la plus petite surface (0,7 ha), François ayant perdu 0,1 ha qu’il avait en fermage. Il n’y en aura donc encore moins pour les heureux allocataires.
Comme nous goûtons des vins non finis mais surtout issus d’un seul tonneau (of course my dear!) François nous précise qu’il s’agit d’un de ceux pour lesquels la fermentation a été la plus longue. « Il y a toujours des différences assez importantes d’un tonneau à l’autre, aussi bien en termes de fermentation que d’élevage. Mon père n’assemblait pas les tonneaux et il pouvait donc y avoir des bouteilles très variées, ce qui risquait de surprendre les dégustateurs. J’ai donc préféré procéder autrement en assemblant pour homogénéiser chaque cuvée. »
Un peu de turbidité, moins d’intensité aromatique que la Grande Côte, riche matière en bouche avec beaucoup de puissance et un peu de SR sensibles : gros potentiel !
Chavignol Rosé – 2018
La mesure lors de la vendange donnait 14,8 ° d’alcool !
Aromatique mêlant fruits rouges, fumé et note de praline. Bouche certes de grand caractère appelant la gastronomie mais l’alcool n’est pas ressenti, équilibré par une belle vivacité.
Chavignol Rouge – 2018
La fermentation est réalisée en vendange entière, avec des remontages mais pas de pigeage. « Depuis 2014 je réalise un délestage et j’ai constaté que cela apportait encore plus de fruit ». Pas de fermentation malolactique pour conserver un maximum de fraîcheur.
Bouche très charnue, d’un grand fruité et aux tanins soyeux.
Vous aurez compris que les 2018 sont très prometteurs, quelle que soit la cuvée !
« Vous avez déjà goûté aux 2017 ? Ah non, seulement vous deux ? Eh bien, vous avez bien fait de ne pas trop tarder, mes allocataires viennent récupérer leurs vins de plus en plus tôt… Peut-être ont-ils peur de ne pas en avoir ?
2017 est un millésime assez chaud, mais moins que 2018 et 2015, se situant finalement entre 2016 et 2018 (NDR : ce qui est logique !).
Les bouteilles de 2017 sont ouvertes depuis longtemps (on apprendra que c’est depuis une dizaine de jours …) mais ce n’est pas gênant. »
Caillottes – 2017
Nez très expressif, sur la poire mais aussi floral et avec un zeste d’agrumes.
Bouche de grande ampleur, bien plus que le 2016 bu un an auparavant, à la tension crayeuse.
Bien ++ / Très Bien
Les Monts Damnés – 2017
Nez intense sans plus mais assez complexe, mêlant fruits blancs, notes exotiques et d’autres florales.
Beau volume en bouche mais surtout profil droit et longiligne, sensation pierreuse, finale saline.
Très Bien +
La Grande Côte – 2017
Vin axé sur la finesse, au nez comme en bouche, sans manquer de matière fruitée.
Persistance exceptionnelle, finale magnifique signant le grand terroir.
Très Bien +(+)
Les Culs de Beaujeu – 2017
Nez puissant et complexe, associant fruits jaunes et fruits exotique et même une note truffée (déjà ?).
Bouche d’une puissance et d’une tension extraordinaires, la finale étant plus épurée, presque cristalline.
Très Bien ++ / Excellent
Chavignol Rosé – 2017
Beau nez où l’on trouve de la frangipane en plus des beaux fruits rouges.
Bouche ronde, goûteuse et sachant rester fraîche.
Bien +
« Je vous ai prévu quelques extras.. et une gourmandise. »
Nous ne pouvions pas répondre que nous étions désolés, mais que nous étions attendus au restaurant…
Les Monts Damnés – 2010
Nez puissant et très marqué par des arômes fumés.
En bouche, superbe tension, belle matière pleine et exotique, finale super longue, légers amers salins en finale.
Pas tout à fait au niveau des Culs de Beaujeu 2010 mais mieux que les Monts Damnés 2007, tous les deux bus il y a un an.
Très Bien ++
La Grande Côte – 1989
« Je suis passé devant, alors je l’ai prise ! Il s’agit d’une bouteille issue d’un tonneau qui a donné un vin vraiment sec ; du coup l’alcool doit être élevé, 14,5 ou 15 ° ? »
La robe est d’un or clair et brillant qui fait vraiment très jeune.
Le nez très intense exhale des arômes exotiques et de truffe.
La bouche donne une rare sensation d’aboutissement et d’accomplissement : sphérique, toucher tapissant, belle acidité, superbe allonge toute en sapidité, finale à la fine salinité.
Excellent +
Cuvée Clément – 2002
Comme pour les cuvées Paul, il s’agit d’un assemblage des trois terroirs phares, à partir de tonneaux ayant donné des vins avec un peu de SR.
Le nez puissant ravit par son aromatique luxuriante.
La superbe bouche est sur un équilibre que je définirai comme « quart de sec » (5 à 10 g de SR ?), combinant une finesse superlative à une douceur magnifique.
Excellent (+)
Quelle série !
Un immense merci à François Cotat qui nous a accordé beaucoup de temps, répondu à nos questions, en a même anticipé, et nous a ouvert des trésors d’aujourd’hui et de demain.
Jean-Loup