Après une bonne nuit pour récupérer de la très longue journée de la veille (durant laquelle nous avons visité
Cos d'Estournel
,
Pontet Canet
et
Poujeaux
) nous voilà frais pour attaquer la seconde journée de visite. Nous arrivons sous des trombes d’eau au château Léoville-Poyferré.
Nous sommes acceuillis par Arnaud, le directeur commercial de la maison de négoce Cuvelier (famille propriétaire des château Léoville Poyeferré, Moulin Riche et Le Crock). Il animera la visite avec Jamie, souriante guide du chateau.
Le temps que l’orage faiblisse, notre guide nous raconte l’histoire du domaine et nous présente les généralités. Le domaine de Léoville était historiquement le plus grand du Médoc, avec 120 ha. Au fil des ans et des successions, il fut morcelé : le château Léoville Barton fut créé en 1826 et les châteaux Léoville las cases et Léoville Poyferré en 1840. Le château Léoville Poyferré fut acquis par ses actuels propriétaires, la famille Cuvelier, en 1920.
Le château Léoville Poyferré comporte 60 ha de vignes auxquelles s’ajoutent 20 ha de vignes du château Moulin Riche situé légèrement à l’ouest. l’âge moyen des vignes est de 35 ans. La densité de plantation est de 8500 pieds/ha et le rendement moyen est de 40-50 hL/ha.
L’encépagement est composé de 61% de cabernet sauvignon, 27% de merlot, 8% de petit verdot et 4% de cabernet franc.
3 vins sont produits par l’union de Léoville Poyferré et de Moulin Riche :
• Le premier vin, château Léoville Poyferré, 2nd cru classé,
• Château Moulin Riche, château à part entière et non pas second vin de Léoville Poyferré
• Le Pavillon de Poyferré, second vin de Léoville Poyferré, issu des jeunes vignes de Léoville Poyferré et de Moulin Riche.
A noter que quelques petit verdots de Moulin Riche peuvent être utilisés pour l’assemblage du premier de Léoville Poyferré.
La pluie s’étant calmée, nous pouvons traverser la rue pour aller au cuvier.
Nous commençons par évoquer les vendanges. Elles sont évidemment faites manuellement, par l’équipe permanentes aidée de 120 saisonniers.
Le tri des baies se fait d’abord manuellement puis par une trieuse optique ensuite.
La trieuse optique élimine les grains qui n’ont pas la bonne taille (maturité), la bonne couleur (maturité) ou la bonne rondeur (début de pourriture). Les grains éliminés sont vinifiés et vendus au négoce (j’espère ne jamais tomber sur une bouteille issue de ces raisins !).
Les baies sont ensuite foulées et mises en cuves pour les vinifications (le domaine se fait conseiller par Michel Rolland pour les vinifications et les assemblages).
Il y a 57 cuves, pour vinifier séparément les 57 parcelles :
• 30 de ces cuves sont cylindriques à simple paroi, d’une capacité de 143 hL ; elles peuvent seulement être réchauffées.
• et les 27 autres sont tronconiques à double paroi ; ces cuves peuvent être soit réchauffées, soit refroidies.
Les 27 cuves à double paroi permettent de faire des macérations pré-fermentaire à froid, avant la fermentation alcoolique. Les jus issus de ces cuves vont dans le premier vin et dans Moulin Riche.
Il faut noter que quelques-unes de ces cuves sont utilisées pour la production de vin casher. Des équipes spécifiques, habilitées à la production de vins casher viennent au domaine pour cette production. Voici une photos des barriques (sous scellés) d’un millésime en cours d’élevage.
Nous visitons désormais dans les chais à barriques :
Les vins sont élevés 6-8 mois en barriques dans le chai barriques « de première année » (celui de gauche), par parcelle. Ensuite, ils sont assemblés en cuves puis remis en fût pour reprendre un élevage de 10 à 12 mois dans le chai à barriques « de 2e année » (celui de droite).
Pour le 1er vin, 80% des barriques sont neuves et 20% sont des barriques d’un vin, et pour Moulin Riche, seules 20% des barriques sont neuves. Les chauffes sont moyennes.
Des soutirages sont effectués tous les 3 mois pour retirer les dépôts, et un collage au blanc d’œuf est effectué avant la mise en bouteille.
Après ces explications, nous passons en salle de dégustation.
Nous commençons par les chantillons primeurs 2017
Saint Estèphe château Le Crock 2017, échantillon :
7% de petit verdot et complément cabernet sauvignon et merlot à parts à peu près égales.
La robe est violacée.
Le nez se livre bien, sur les fruits noirs et le grillé.
L’attaque est souple, bien fraiche. C’est un vin droit, élégant, sur le fruit, avec des tanins fins. Le boisé est assez discret.
Pour le moment, c’est déjà beau, droit et frais.
Saint Julien château Moulin Riche 2017, échantillon :
60% de cabernet sauvignon, 29% de merlot et 11% de petit verdot.
Le nez est discret, un peu réduit, dominé fruits noirs.
La bouche est ample et ronde, avec des tanins présents mais corrects. La retro est sur les fruits noirs et le boisé. Il y a un petit côté épicé, poivré (signature du petit verdot ?).
Pour le moment, c’est très bon, dans un style rond.
Saint Julien château Léoville Poyferré 2017, échantillon :
Le nez est très boisé, avec un bois limite planche et de l’alcool volatile. Mieux vazut passer à la bouche. Là, c’est nettement plus agréable. L’attaque est ample avec une très belle finesse de grain de tanins. L’élégance et la fraicheur sont là.
La retro est sur les fruits noirs, avec un fort fumé et un boisé complexe (café, grillé, un peu cacao). Après aération, il y a beaucoup de cassis.
Pour le moment, c’est très bon, ample et élégant. Ce vin montre déjà une très belle finesse et a probablement un très beau potentiel.
Après ces échantillons primeurs, nous passons à a dégustation des vins « finis ».
La Croix Saint Estèphe 2012
Il s’agit du 2nd vin du Château Le Crock. 70% de cabernet sauvignon.
La robe est bordeaux.
Le nez est ouvert, évolué, sur le jus de viande, les fruits mûrs un peu compotés.
L’attaque est ample et fraiche. La bouche et droite, fraiche, avec des tanins bien présents. La retro est sur des fruits noirs, des notes animales et du boisé. La finale est tannique, sur le boisé, avec une belle longueur.
C’est un vin viril, à l’aromatique gourmande.
Note 3.5/5.
Saint Estèphe château Le Crock 2014
La robe est bordeaux violacée.
Le nez est assez ouvert, sur les épices, le jus de viande, le fumé et les fruits noirs.
La bouche est ample, ronde, puissante, fraiche et assez gourmande, avec une aromatique assez similaire au bouquet avec toutefois les fruits mûrs un peu plus présents.
Cette expression aromatique perdure longtemps, dans une finale tannique et fraiche.
C’est très bon.
Note 4/5.
Saint Julien château Moulin Riche 2014
La robe est de couleur rubis.
Le nez est sur le grillé, presque minéral (touche de silex), élégant. Il est aussi fruité et floral, ce qui en fait un nez complexe.
La bouche est ample, fraiche, tendue, avec des tanins un peu accrocheurs mais pas gênants. La retro est complexe, avec du café, du grillé, des fruits rouges et noirs (cerise, framboise), et toujours cette touche un peu minérale. La finale est fraiche et fumée.
C’est très bon, élégant et complexe.
Note 4/5.
Saint Julien château Léoville Poyferré 2011
La robe est bordeaux.
Le nez séduisant, d’abord sur le toasté/pain grillé puis sur un joli fruité, avec aussi une pointe épicée.
La bouche est fraiche, tramée par des tanins assez fins et stimulants. La retro est sur les fruits mûrs, le jus de viande, le café, le pain grillé, les épices et un peu de pivoine. L’ensemble a une belle longueur.
C’est très bon, au tout début de sa maturité.
Note 4+/5.
Après la visite du domaine Léoville Poyferré, nous nous rendons à pied au restaurant « chez Mémé » à St julien qui est devenu notre cantine. Lors du repas, Arnaud de La Bardonnie nous servira un vin à l’aveugle (certains devineront l’appellation le St Estèphe et d’autres le millésime 2010 mais personne n’identifiera le vin complètement, comme d’habitude
.
Après le repas, nous nous rendons au château Mouton Rothschild pour la 2e visite de la journée.
Bibi