Bon, ce n'était pas lundi, mais le passage difficile dans la catégorie des quinquas valait bien une petite entorse à la règle.
Repas en famille autour de quelques belles bouteilles, donc, et au passage un grand merci à l'équipe pour m'avoir permis de les apporter avec moi sans réclamer de droit de bouchon.
Mises en bouche
Cappuccino de butternut
Crème de yuzu, saumon, truite et caviar
Terrine de chevreuil, châtaignes du jardin
Carpaccio de bœuf
C'est là que je me rend compte que je n'ai pas pris les mises en bouche en photo, mais ce n'est pas très grave, vous devez en avoir quelques exemples dans les CR précédents. Les hôtes semblent déjà charmés par la qualité de ce qu'on leur propose dans ces petites bouchées, et je ne peux qu’acquiescer... Ma préférence ira à la crème de yuzu et à la terrine de chevreuil. Pour les accompagner et accueillir dignement les invités, deux beaux Champagnes.
Guiborat Fils - Grand Cru Blanc de Blancs - Champagne Extra-Brut
Infos sur la contre-étiquette :
Vinifié à partir de 4 parcelles de Grands Crus de Cramant : Les Bergeries - Chouilly : Le Mont Aigu, Les Caurés - Oiry : Les Briquettes.
Exclusivement issus de cuvées de Chardonnay provenant de la récolte 2010 avec 12 % de vins de réserve de 2009.
Tirage le 19 avril 2011 - 43 mois de cave - Dégorgement le 18 mars 2015 - Dosage 3,5 gr/l
Robe de faible intensité, bulles très fines. Nez floral, fruité (pomme essentiellement) et minéral. En bouche, le dosage se fait très discret, grande fraîcheur, très bien équilibré, et belle longueur. Le vin est facile d'accès, frais et désaltérant, parfait pour l'apéritif, et même si son caractère n'est pas très affirmé, il a fait l'unanimité.
Très bien +
Egly-Ouriet - Grand Cru V.P. - Champagne Extra-Brut
Infos sur la contre-étiquette :
Passage en cave : 72 mois - Date de dégorgement : juillet 2013
La robe est de belle intensité, légèrement évoluée, aux bulles fines et abondantes. Au nez, on retrouve des notes beurrées, florales, miellées et fruitées, sur la poire et les fruits rouges. En bouche, on a de la finesse mais aussi de la puissance, de la vinosité, dans un style très sec et long, avec peut-être même un côté un peu strict sur la finale. Un vin de caractère, qui a déstabilisé quelques dégustateurs, qui aurait sans doute davantage trouvé sa place à table qu'à l'apéritif.
Très bien +
Première entrée
Gelée de foie gras, queue de bœuf : brunoise de légumes, crème de chou-fleur, oignons, pickles
Un plat très bien équilibré, où le gras du foie était parfaitement balancé par la fraîcheur de la gelée et l'acidité des petits légumes. Excellent.
Josmeyer - Riesling Samain - Alsace Grand Cru Hengst 2008
Robe jaune or, intense. Nez puissant et très expressif, je dirais presque impressionnant, très mûr tout en restant classique, sur les agrumes confits et de belles notes terpéniques. En bouche, même s'il y a sans doute quelques grammes de sucres résiduels, le vin se goûte sec, riche et gras, mais avec une fraîcheur remarquable qui équilibre parfaitement le tout. Une finale fraîche, longue et salivante complète un tableau de tout premier ordre.
Excellent
Deuxième entrée
Cabillaud cuit sur peau, langoustine, calamar, caviar d'aubergine, jus de moule
Cabillaud à peine cuit mais de grande qualité, superbe jus, j'ai beaucoup aimé.
Domaine Leflaive - Puligny-Montrachet 1er Cru Clavoillon 2004
Robe jaune or de belle intensité. Nez finement réduit, grillé, sésame, pointe vanillée, fruits blancs, noisette, c'est élégant et plutôt charmeur à ce stade. En bouche, c'est très frais, sec, à la limite de l'austérité, tendu comme un string, avec une fine amertume sur la finale, salivante et de très belle longueur. On sent tout de même qu'on est pas sur un millésime de haute maturité. Cela étant dit, si j'ai pu regretter ce caractère un poil strict en dégustation pure, sur le plat, il s'est révélé plus gourmand et de bien meilleure constitution, rappelant que le vin, finalement, c'est fait pour ça.
Très bien ++
Troisième entrée
Foie gras poêlé, boudin noir à l'ancienne : Jonagold caramélisée, réduction au cidre artisanal
Grand classique de la maison, un peu surprenant pour les non initiés, mais diablement bon !
Sur ce plat, on commence avec un blanc et on poursuit avec un rouge.
Domaine de la Grange des Pères - Vin de Pays de l'Hérault blanc 2005
Robe or intense, brillante. Nez fruité, exotique, mûr, miel, épices. Bouche mûre, ample, riche, grasse, et en même temps marquée par un grande fraîcheur, et c'est exactement ce que j'aime, un fraîcheur qui ne sacrifie pas la maturité, une maturité qui ne sacrifie pas la fraîcheur. La quadrature du cercle, équilibre remarquable, grande longueur, une superbe bouteille qui me conforte dans l'opinion que c'est à cet âge que je préfère la Grange des Pères en blanc.
Excellent
Domaine Armand Rousseau Père et Fils - Clos de la Roche 2006
Robe d'intensité moyenne aux reflets rubis. Nez très élégant, fruits rouges frais (fraise, cerise), belles notes florales et épicées, c'est particulièrement charmeur. En bouche, c'est très frais sur un équilibre tendu, un vin de demi-corps manquant peut-être un poil de puissance à mon goût mais d'une grande finesse. Tannins présents mais fins, très belle longueur. Indéniablement, c'est très bon, mais j'en attendais encore davantage. Peut-être un accord difficile ou un effet de séquence après une très belle série en blanc. Mais je chipote...
Très bien +
Plat
Pigeonneau d'Anjou en double cuisson : rave, truffe, choux, pommes amandines, jus de carcasse à la grenade
Pour la double cuisson, c'est ici avec les cuisses préparées en cocotte :
Deux rouges pour accompagner ce très beau plat :
Château Ducru-Beaucaillou - Saint-Julien 1995
Robe intense aux reflets rubis à grenat. Nez mûr et classique, fruits noirs, cuir, sous-bois, cèdre. En bouche, ça reste strict, je m'attendais à un ensemble plus civilisé, c'est fin mais encore austère, avec un très bel équilibre et une grande longueur, mais c'est encore tannique et marqué par une fine amertume. Tout cela passe tout de même très bien sur le plat et le vin se fait plus soyeux, même si ça manque tout de même un poil de gourmandise pour être qualifié de grand. Ce qu'on peut devenir difficile quand on vieillit...
Très bien +
Château Rayas - Châteauneuf-du-Pape 2007
Robe de belle intensité aux reflets rubis. Le nez est caractéristique, sur les fruits rouges mûrs, avec un côté floral marqué et la petite touche verte habituelle. Petite surprise en bouche, avec une légère sensation perlante et une impression de puissance importante en finale, limite alcooleuse, associée à des tannins bien présents qui demandent encore à se fondre. La bouteille a été ouverte quelques heures avant le repas, mais c'est sans doute insuffisant (et c'est rare que je dise ça pour un Rayas), car le vin va considérablement s'améliorer dans le verre, démontrant qu'il avait grandement besoin d'air pour se délier un peu. Au final, après cette évolution positive, je passe d'un sentiment de déception à l'espoir d'une belle évolution dans le temps, pour cette bouteille prometteuse mais encore bien trop jeune.
Très bien
Au final, après une série de blancs d'un très haut niveau, je ne peux que retenir un sentiment quelque peu mitigé au sujet des rouges qui, bien que très bons, étaient attendus à un niveau supérieur.
Dessert
Sphère chocolat blanc, bavarois caraïbes, insert mangue et thym
Très joli et très bon, mais mon estomac était à ce stade trop saturé pour en profiter pleinement. D'autant que je devais garder un peu de place pour le dernier vin...
Château Climens - Sauternes-Barsac 1986
Robe or intense, grasse, brillante. Nez au départ marqué par des notes encaustiques, qui s'affine ensuite à l'aération sur un très beau fruité confit, miel , vanille, notes safranées. En bouche, c'est riche, ample, avec une superbe acidité qui parvient à parfaitement équilibrer un ensemble qui évite toute lourdeur. Très longue finale salivante qui appelle la gorgée et même le verre suivant. Voilà de quoi finir en beauté une très belle soirée.
Excellent
Voilà, ce sera tout pour cette fois, mais le prochain lundi est déjà programmé...
Luc