J’ai eu l’occasion d’organiser une courte dégustation de vins de monocépage chardonnay.
Le but était de montrer la diversité des vins selon les régions et, au sein de la Bourgogne, entre sous-régions, avec des vins en théorie à maturité.

Toutes les bouteilles ont été ouvertes et épaulées une heure avant le début de la dégustation.
Le Saint-Aubin, très boisé, a été carafé pendant environ une heure et demie.

Domaine Arnaud de Villeneuve – Côtes catalanes – Chardonnay – 2017

 

Elevage en barriques (certainement de plusieurs vins).

La robe inquiète par sa couleur d’un or bien ambré. Le vin aurait-il été trop attendu et aurait-il pris de l’oxydation ?
Le nez rassure ! Certes d’abord peu loquace, il va s’exprimer à l’aération dans le verre en offrant une aromatique qui mêle fruits blancs (pêche et poire) et des touches pointillistes de miel et de rose.
L’attaque en bouche est relativement acide puis le vin prend une rondeur aimable mais sans concentration ni amplitude.
L’aromatique est moins nette et avenante que celle du nez et la finale correcte sans plus.
Assez Bien +

Le vin se montre plus à son aise avec des galettes de pomme de terre, celles-ci le mettant plus en valeur en lui procurant un peu plus de volume (3,5 / 5).


Domaine Larue – Saint-Aubin 1er cru – Les Combes – 2014

 

Terroir riche en argile, élevage en fûts, de neufs (attention, je n’ai pas écrit neuf ) à quatre ans.

La robe est de couleur paille.
Le nez d’une bonne intensité est très grillé, sur un fond de fruits blancs, surtout la poire, et de massepain.
Un léger gras enveloppe le vin en attaque, puis la bouche se révèle rondement assise sur son élevage encore bien sensible, avec un volume et un charnu intéressants.
Elle est dotée d’une bonne vivacité, notamment dans la finale assez persistante.
Bien ++ si l’on n’est pas allergique au boisé, voire plus si on l’apprécie beaucoup.

Le boisé s’estompe avec de belles rillettes de poisson (3,5 + / 5).


Domaine Guillemot-Michel – Viré-Clessé – Quintaine – 2014

 

Le domaine est en biodynamie.
Terroir de calcaires et de limons, exposition Est, âge moyen des vignes 60 à 65 ans, vinification en cuves béton.

La robe se présente sous un or moyen.
Le nez bien intense est fin et classieux : arômes exotiques, citron, coing, il explore bien la gamme fruitée !
La bouche brille par son équilibre d’école entre chair fruitée de grande maturité et fraicheur, mais elle est magnifiée par un volume énorme.
La très grande allonge nous permet d’en profiter plus longtemps, jusque dans une finale tendue et sapide.
Très Bien +(+)
Il lui manque un peu de complexité pour m’emmener plus haut mais il a été le vin de la soirée pour pas mal de mes compagnons de dégustation.

L’accord est également réussi avec les rillettes de poisson (3,5 / 5), même si le vin domine un peu par sa richesse.


Domaine Jean-Paul & Benoît Droin – Chablis 1er cru – Mont de Milieu – 2013

 

Terroir le plus solaire de Chablis.
Elevage pour 25 % en fûts.

La robe est également teintée d’un or moyennement soutenu.
Très intense, le nez développe une aromatique typiquement chablisienne, alliant croûte de fromage, mousseron, craie, fruits jaunes et effluves marines. C’est très beau !
La bouche confirme avec une certaine résonnance en rétro-olfaction cette grande aromatique, nous gratifiant d’une ampleur et d’une tension affirmées. Elle se montre mûre et généreuse, mais aussi riche en extraits secs, sans aucune sucrosité.
La finale d’une persistance remarquable et d’une grande finesse met en exergue la salinité que l’on ne percevait pas en cœur de bouche.
Très Bien ++ / Excellent
Benoît Droin dit souvent que 2013 s'est toujours très bien goûté, même jeune. Moins de dix ans, c'est encore jeune pour un premier cru de ce domaine, et ses dires se confirment donc !

Des filets de colin sauce au beurre blanc (miam !) se marient fort bien avec le vin (3,5 + / 5).


Domaine Ganevat – Côtes du Jura – Les Grands Teppes Vieilles Vignes – 2010

 

Terroir de marnes rouges et graviers, vignes plantées en 1919, protection des vignes par des préparations à base de plantes naturelles, vinification « nature » (levures indigènes, ni collé, ni filtré, pas d’ajout de SO2).

La robe est certes bien ambrée et ourlée d’un léger rose, mais pas dense, au contraire assez diaphane.
Le nez se montre riche et complexe, finement oxydatif, exhalant des arômes de bois précieux, de raisins secs, de fourrure, mâtiné de notes de fruits confits et de pain d’épices.
Le profil de la bouche est d’abord sphérique, bâtie autour d’une aromatique tout aussi luxuriante qu’au nez.
Puis une tension énorme prend le dessus, emportant tout sur son passage pour l’emmener très loin.
Très Bien ++

L’accord est assez neutre avec un comté (3 / 5) et étonnamment plus convaincant avec un chèvre assez frais (3,5 / 5).


Les vins étaient tous très différents et pourtant c’est du chardonnay ! Il faut dire que les terroirs, les millésimes, les méthodes de conduite de la vigne et de vinification jouent beaucoup, et c'est très bien comme cela car vive la diversité !
Heureusement nous n’étions pas à l’aveugle… J’aurais sans doute reconnu le Chablis, tellement typique, mais les autres …

En tout cas c’était une belle soirée !  

Jean-Loup

Ta conclusion n'est pas étonnante : le chardonnay est une véritable éponge,  ce qui lui donne tant de déclinaisons différentes.