Bonjour,
J'apprécie le bouchage au liège pour de multiples raisons et je ne suis pas disposé à acheter des bouteilles bouchées autrement, aussi bonnes soient-elles.
Mon approche du vin - et du bouchage - est "romantique" (même si ce n'est certainement pas le mot que j'emploierais) dans le sens où je pense, et je l'ai déjà dit à de nombreuses reprises sur ce forum, que la dégustation "désincarnée" est un leurre, tout autant qu'est un leurre la croyance béate en des hiérarchies, des équilibres et des choix techniques issus de notre histoire et de notre culture vineuse et viticole.
J'avais longuement exposé mon opinion sur le bouchon de liège dans une discussion passée (et musclée) sur le même sujet:
www.lapassionduvin.c...
En très bref, je préfère le bouchon de liège pour des raisons d'esthétique (bouteille en verre transparent + bouchon en liège = la lumière, le minéral et le végétal, ce qui fait la vigne et le vin - beaucoup s'en foutent, moi je trouve ça intéressant et beau), de "philosophie du vin" (tomber sur une bouteille bouchonnée est une belle leçon d'humilité - certains exècrent cela, moi j'"aime" aussi cet instant pour autant qu'il reste rare) et d'écologie (aussi industriel que le bouchon de liège soit - il ne faut pas se leurrer - , je préfère faire vivre les forêts de chêne du Portugal et d'ailleurs plutôt que les laboratoires de Pechiney, et je préfère un produit biodégradable à un produit non dégradable).
Dans mon choix personnel, la question du bouchage ne se règle donc pas sur la seule base de la qualité à la dégustation et, plus largement, de ce que l'on est vite tenté d'appeler le "rationnel" (ce qui est rationnel pour le dégustateur ne l'est peut-être pas pour le citoyen soucieux d'écologie). Pour appuyer un peu mon point de vue, j'aimerais me livrer à un parallèle qui est peut-être plus parlant: chacun sait qu'en plus du bouchon, un autre danger essentiel à la bonne garde du vin réside dans la lumière, lumière qui le touche souvent dans les premiers temps de sa vie, en particulier si on achète en supermarché voire chez les cavistes. A cet égard, un bon emballage Tetrapack me semble tout indiqué, ou en tout cas quelque chose d'autre que du verre transparent... Qui est prêt à acheter son Montrose en Tetrapack à Carrefour? Pas grand monde je pense (moi non, et pas pour des questions de snobisme), et il y a sans doute un peu d'"irrationnel" là-dedans, comme pour le bouchon de liège.
Maintenant, je ne considère pas non plus que la question technique de la dégustation soit sans importance, bien au contraire. Elle doit avoir sa place, et une place de premier choix: 10% de vins bouchonnés me semble être un pourcentage particulièrement problématique, en effet, et je serais sans doute disposé à reconsidérer ma position si j'en étais à ce niveau. Néanmoins, je tiens à préciser, en toute sincérité, que je suis dans mon expérience personnelle très en dessous de ce pourcentage. J'ai souvenir de quatre vins bouchonnés depuis environ 5 ans que je m'intéresse au vin, et de 3 ou 4 autres vins à problème dont je ne saurais dire si le problème vient du bouchon (j'ouvre au bas-mot 20 bouteilles par mois). Je suis nettement en dessous de 1%. Sans aucun sous-entendu, je m'interroge... Suis-je un mauvais dégustateur (je suis pourtant très sensible aux déviances aromatiques)? Ne fait-on pas porter sur le bouchon de liège des problèmes qui ne sont pas de son fait (brett, géosmine, etc) et si oui, dans quelle proportion? Y'a-t-il des vins qui soient plus sujets que d'autres à être marqués par les goûts de bouchon? Y'a-t-il des bouchages au liège réellement (pas seulement dans les prospectus d'Oneo) plus performants que d'autres? Y'a-t-il des pratiques de conservation ou de dégustation qui laissent apparaître plus nettement les éventuels problèmes de bouchon?
Je ne sais pas. Mes préférences vont au bouchon de liège (j'en suis satisfait) mais je n'ai pas de réponse à ces questions.
Cordialement,
Horacio
PS: je n'achète pas de Montrose chez Carrefour.