Le 15 mars dernier paraissait Tronche de vin : le guide des vins qu'ont d'la gueule , à cette occasion et après l'avoir feuilleté longuement, je partage ici, mon avis enthousiaste vis à vis de ce guide pas comme les autres... On aime ou pas les vins présentés, mais la démarche est différente et rafraichissante.

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Sur l'autoroute du plaisir bacchique, le paysage défile, impression première d'aller à l'essentiel, recevant chaque mois son exemplaire estampillé du bon goût parisien. Mais le temps passant, l’excitation a laissé place à une certaine monotonie, et très vite l'on s’aperçoit que les pancartes jalonnant les bordures de notre parcours vinique n'ont que le charme désuet d'un simple souvenir. Le souvenir des premières découvertes, où parcourant un à un les guides, on se crée un univers rassurant, recelant malgré tout de belles choses, mais faisant de notre cave un choix par procuration.

Ce serait donc cracher dans la soupe que d'enlever à cette éternelle redite annuelle, une quelconque dimension qualitative dans le choix de ses fers de lance, mais il s'agit tout de même d'un frein certain pour ceux qui souhaiteraient sillonner à coups de bouteilles, un itinéraire plus personnel, avec ses détours ratés, mais aussi ses coups de cœur improbables...

Car, mis à part les répercutions chronophages liées aux flâneries qu'engendre toute quête un temps soit peu passionnée, on se plaira rapidement à jouer de sa curiosité, vilain défaut, amenant souvent à détourner son regard, afin d'imaginer que de l'autre côté de ces barrières lénifiantes, se cache peut-être une autre voie à explorer.

Cela fait quelques temps déjà que j'ai quitté cet autoroute, les rencontres et les échanges humains ayant fait leur œuvre. Certaines barrières sont tombées, dévoilant tantôt de délicieux paysages que je me plais à retrouver, tantôt des expériences inédites dont le caractère unique fut suffisant, mais entretenant toujours ce désir de découverte. Ainsi, ce mercredi, en entrant chez ma libraire, je décidais de reprendre la route de ces guides, en embarquant chez moi un exemplaire de "Tronche de vin".

Ouvrage écrit par un groupe de blogueurs dont la plume aiguisée m'amène à suivre les tribulations depuis quelques temps déjà, je me disais que ce nouvel itinéraire typé "Bison Futé", pourrait me redonner goût aux voyages organisés...

Première pages tournées, on se plait machinalement à rendre visite aux tronches déjà connues : le discours est clair, mettant en avant la démarche, et ceux qui à un moment ont décidé de s'y engager par convictions ; point de vue agréable et décalé, quand trop souvent les catalogues les guides se cantonnent à la simple description des produits des vins, occultant à tort une dimension humaine, partie intégrante du résultat dans la bouteille...

Cette démarche, c'est celle du vin "nature", mot fourre-tout, raillé par les uns, porté en exemple par d'autres, mais dont personne n'arrive à donner une exacte définition... Ici, la subjectivité du propos n'a donc que faire d'une quelconque rationalisation du terme. Le choix des vignerons fut guidé par la connaissance de leur travail et de leurs vins, et le déséquilibre assumé entre les différentes régions viticoles présentes au fil des pages, n'est que le reflet d'un discours de vérité présent du début à la fin de l'ouvrage.

On pourra ainsi se noter sur un post-it, quelque part sur son frigo, que goûter les bourgognes de Julien Guillot serait une sacré bonne idée, ou alors que la liste des jurassiens est suffisamment étoffée pour enfin imaginer poser ses valises pour quelques jours au pays du vin jaune... ; réécrire dans un coin de sa tête, une nouvelle définition du champagne, en découvrant les flacons de Boulard, Selosse, Tarlant, Collin... ; parcourir la région bordelaise sans être obligé de mettre un pull en cachemire sur les épaules, en arpentant les références rafraichissantes du guide, ou encore, avancer l'excuse des châteaux ligériens pour redynamiser le stock de sa cave en rendant visite aux nombreuses belles tronches de la région...

Ainsi, loin de se vouloir exhaustif, ce bouquin est une incitation à la découverte de vignerons que l'on se plaira à rencontrer, et comme ce ciel d'été chanté par Charles Trenet, "Tronche de vin" remplit nos cœurs de sa lucidité, chasse les aigreurs et les acidités... Nationale 7 de la grappe, il aiguise la curiosité, fait papillonner les regards et laisse le temps de découvrir au hasard des pages, le portrait et le travail de vignerons dont l'éclectisme rassure quant à l'avenir d'une certaine viticulture, avant pourquoi pas, de pouvoir trinquer en Bourgogne, en Provence, mais pas seulement... sifflotant un air du "fou chantant", enfant du pays de St Chinian...

Tronches de vin - Les éditions de l’épure/Marie Rocher - 22€

Les auteurs (blog) :

Olivier Grosjean (Le blog d’Olif)

Antonin Iommi-Amunategui (Vindicateur, No wine is innocent)

Guillaume Nicolas-Brion (Du morgon dans les veines)

Philippe Rapiteau (La pipette aux 4 vins)

Eva Robineau (Oenos)