Ce projet est perçu avec beaucoup d'espoir et d'excitation sur la scène allemande en raison du pedigree des cofondateurs. En effet, Christmann est un producteur historique du Palatinat (Steffen est d'ailleurs le président du chapitre palatin du VDP) que la critique apprécie de plus en plus depuis que Sophie a pris la succession en 2017. Mathieu Kauffmann quant à lui est l'alsacien qui fut chef de cave de Bollinger de 2000 à 2013 avant de partir chez Reichsrat Von Buhl où ses sekts furent très reconnus (il a gagné plusieurs prix de vigneron de l'année en Allemagne) puis maintenant s'occuper de la relance de la Weingut Karthäuserhof, mythe contemporain de la Ruwer.

Comme son nom l'indique, c'est un projet exclusivement concentré sur la production de vin effervescent en méthode traditionnelle dont la création officielle remonte à 2019.  Cet article  de Jancis Robinson explique la genèse du projet, Lobenberg apporte également son lot d'information sur la page du producteur. En principe, la vigne est menée en biodynamie, fermentation avec les levures indigènes en grands fûts de 2400 à 2800L, vins de réserve conservés en tels grands fûts.

La gamme régulière reprend le principe de numérotation d'un Jacquesson : les cuvées 10x sont les vins mousseux à base de riesling tandis que les 20x sont les mousseux à base de pinots (les "bourguignons" littéralement en allemand). Les grandes cuvées dont les durées de repos avant dégorgement prévues jusqu'à 10 ans sortiront d'ici quelques années et seront parcellaires, ou exclusivement issues des meilleures GL.

Sekgut Christmann & Kauffmann - Cuvée 102
Sekt de riesling, année de base 2019. Dégorgement 04/22. 11°

La robe est d'une grande jeunesse, légèrement teintée d'or à reflets verts très transparente.
Malheureusement, le Covid a frappé et mon odorat est porté disparu, c'est particulièrement flagrant quand j'hume les vins  .

En revanche, les papilles fonctionnent bien. J'y trouve une vraie expression de ce que je qualifierais de sekt allemand à base de riesling : corps très fin, arômes de fruits et fleurs blancs rafraichissant qui évoquent le "cool climate", finale sur un élégant trait d'amertume de citron jaune tout en longueur. La mousse est évanescente, titillant le bout de la langue et donnant une texture différente d'un vin tranquille mais ce sont les arômes croquants qui occupent le devant de la scène. 

En toute transparence, le goût ne m'a toutefois pas semblé différent des sekts de Moselle (Max Ferd. Richter ou Immich-Batterieberg) sur schiste que j'ai goûté alors que Christmann & Kauffmann est sur sol argilo-calcaire. J'avais trouvé le Sekt 32 mois de Frank John à cet aune plus typé avec son goût légèrement métallique.

A revoir avec un meilleur nez, et probablement plus de temps en bouteille.