LPV Versailles s’est fait de très beaux cadeaux pour cette fin d’année !
Un grand merci à Christophe qui a réussi à trouver un niveau très homogène et très haut malgré des propositions pas très équilibrées (quasiment pas de blancs au départ !).
Paire de Champagnes : deux cuvées haut de gamme sur le millésime 2007.
Champagne - Jacquesson - Dizy Cornes Bautray - 2007
Il s’agit d’un blanc de blancs non dosé.
La robe présente un or clair.
Le nez expressif est d’un grand classicisme, mêlant fruits jaunes, fruits secs et brioche, avec un zeste d’agrumes.
La bouche est l’élégance même, d’une tension magnifique et d’une grande précision. C’est droit sans sacrifier à la gourmandise, avec une finale citronnée et salivante du plus bel effet.
Un superbe Champagne d’apéritif !
Très Bien ++ / Excellent
Champagne - Krug - Grande cuvée
Il s’agit en fait d’une base 2007.
La robe est dotée d’un or plus marqué.
Très intense et même puissant, le nez racé présente d’abord un grillé dominant mais d’une grande finesse puis des touches briochées apparaissent sur un fond de fruits blancs et jaunes.
La bouche est parfaitement sur le même registre, alliant ampleur et concentration, finesse et abondance de bulles. La finale possède une énergie remarquable, avec une acidité qui vient titiller la langue et relancer l’ensemble.
Un grand Champagne de gastronomie !
Excellent (+)
Nous poursuivons avec un autre Champagne pour accompagner l’excellente huitre chaude à la crème de topinambour, émulsion au lard et crispy de chorizo.
Champagne - Gosset - Celebris - 2002
La robe est d’un or moyen.
Très intense et classieux, le nez fait preuve d’une complexité et d’une finesse remarquable : des arômes de fruits secs dominants, de fruits jaunes, de pâtisserie et d’agrumes se mélangent pour offrir un ensemble intermédiaire par rapport aux deux vins précédents.
En bouche également on a la puissance du Krug et la finesse du Jacquesson. Une belle minéralité tend le vin et l’allonge jusque dans la finale où l’on ressent un très léger dosage.
Très bel accord sur le plat car le vin présente suffisamment de puissance pour faire face à cette explosion de goûts et de la finesse pour le mettre en valeur.
Excellent
Triplette de blancs : trois vins d’un même type de terroir kimméridgien, dont deux très voisins, sur le même grand millésime de 2008
Sancerre – Domaine Anne Vatan – Clos de la Néore – 2008
La Néore est située au cœur des Monts Damnés, d’où provient le deuxième vin de cette triplette.
La robe est de couleur paille.
Très intense, et même pissant après aération dans le verre, le nez est d’abord axé sur les agrumes puis évolue vers des fruits blancs qui se parent rapidement d’exotisme.
La bouche est très ronde, d’une grande ampleur, avec même une légère sensation de sucrosité, tout en étant soutenue par une très belle vivacité. La belle finale se prolonge à souhait.
C’est le vin qui s’est le mieux accordé avec le foie gras, gelée de confiture de mirabelle et confiture d’oignon, grâce à cette sensation sucrée ;
Très Bien ++ / Excellent
Sancerre – Domaine François Cotat – Les Monts Damnés – 2008
Le vin a été carafé pendant deux heures.
La robe paille est très brillante.
Le nez puissant enchante par ses senteurs exotiques et crayeuses à la fois. Des notes d’agrumes viennent affiner l’ensemble. Un nez très « Cotat » !
Riche et sphérique, la bouche est très sapide mais ne procure aucune sensation de sucrosité. Elle s’affine sur la longueur. Très beau mais encore jeune, comme le Vatan sans doute, pour exprimer une plus grande complexité.
Très Bien ++ / Excellent
Chablis 1er cru – La Forest – Domaine Vincent Dauvissat - 2008
La robe se teinte d’un or moyen, donc d’une couleur plus dense que les deux autres vins : un premier indice…
Très intense, le nez s’appuie sur un fond fruité d’où se dégagent ce que je prends pour ds notes végétales, en fait de la croûte de fromage (merci Benji !) puis des touches minérales.
On retrouve cette minéralité en bouche, avec une belle tenue et une grande rectitude, avant une finale un peu plus en rondeur.
Très beau Chablis encore jeune lui aussi, mais qui d’après moi a un peu souffert de la comparaison avec ses compagnons de Chavignol.
Très Bien ++
Premier rouge : il est censé assurer la transition, mais on attaque haut au niveau de l’étiquette.
Chambertin – Maison de Roche de Bellène – 2009
La robe assez sombre marque déjà des traces d’évolution.
Le nez est très intense et chatoyant par son fruité exacerbé, allant jusqu’à la banane (!), et vanillé, avec quelques touches grillées.
L’attaque est concentrée, la bouche dotée d’une grosse charpente et d’une belle matière mais le tout paraît engoncé et serré dans un habillage boisé et grillé qui n’a pas encore réussi à s’intégrer. Ce sera beaucoup mieux lorsque l’élevage aura libéré cette matière riche, donc en devenir et à attendre au moins cinq ans.
Bien ++
Première paire de rouges : deux grands crus du village de Gevrey-Chambertin, deux grands domaines, un grand millésime.
Chambertin – Domaine Jacques Prieur – 2005
La robe est sombre et possède des reflets tuilés.
Le nez est plus classieux qu’intense, développant une superbe complexité avec des fruits compotés, des arômes floraux, des notes de cuir et d’autres fumées.
La chair de la bouche est dense et fruitée, donnant l’impression d’une extraction assez poussée, impression renforcée par les petits tanins sensibles mais fins. L’élevage important mais classieux est également encore très perceptible, la finale étant plus élancée.
Un vin qui n’a certainement pas dit son dernier mot.
Très bien ++ / Excellent
Ruchottes-Chambertin – Domaine Georges Mugneret – 2005
La robe est assez sombre, donc légèrement plus claire, avec quelques reflets d’évolution, en conformité avec ce que l’on attend d’un grand Bourgogne de cet âge.
Intense mais sans plus, c’est par son côté racé et sa classe que le nez enthousiasme le dégustateur. Le grand fruit se complexifie par des arômes animaux et d’autres floraux et de ronce.
Le jus est magnifique, d’une délicatesse sans égale, d’un fruité grandiose. La trame longiligne emmène la bouche très loin, avec une persistance incroyable, jusqu’à une finale salivante et très goûteuse.
Un grand vin, le top de la soirée (et il y avait de la concurrence !), certainement dans mon top 3 en Bourgogne de mon existence de dégustateur.
Excellent ++
Deuxième paire de rouges : deux vins qui n’ont en commun que leur réputationet leur millésime…
Clos Vougeot – Domaine Anne Gros – Grand Maupertui – 2002
La robe sombre et grenat présente des reflets assez roussis.
Très expressif et avenant, le nez propose un fruité magnifique et fondu, sur de petits fruits rouges comme la fraise et la framboise, teintés de touches vanillées.
L’attaque est très charnue, le grain est serré et assez dense, l’élégance bien présente, le boisé aussi. C’est très bon mais il ne parvient pas à susciter une grande émotion. Il faut dire que l’on juge forcément en relatif, entre deux grands vins de la soirée…
Très Bien +
Saumur-Champigny – Clos Rougeard – Les Poyeux – 2002
La robe est sombre aux reflets tuilés.
Puissant, le nez est tout d’abord marqué par de la réduction, sur des arômes très animaux. Il possède aussi des notes végétales sur un fond de fruits noirs et de graphite. Après une longue aération les notes végétales se transformeront en notes florales du plus bel effet.
La bouche est à la fois dense et d’une grande fraîcheur, renforcée par des arômes de poivron rouge qui auraient dû nous mettre sur la bonne piste. Le toucher est de velours, l’allonge superbe, la finale un rien terrienne.
Excellent
Troisième paire de rouges : deux grands vins à base de cabernet sauvignon du même millésime, mais éloignés de quelques milliers de kilomètres…
Napa Valley – Ridge – Monte Bello – 1998
La robe est bien sombre aux reflets très faiblement tuilés.
Le nez très intense et classieux est d’un classicisme plutôt médocain : cassis, cuir, havane, touche de graphite voire mine de crayon.
En bouche c’est différent : elle possède une ampleur qui ne verse pas dans l’épaisseur, son fruité est très luxuriant et son élevage également. Cela ne manque pas de fraîcheur mais le fondu fait défaut pour aller plus loin dans le plaisir procuré.
Très Bien +(+)
Mon premier Ridge ! Denis « l’américain » nous dit, et ce n’est pas une surprise, que cela peut être nettement meilleur.
Pessac-Léognan – Château La Mission Haut-Brion – 1998
La robe est un copier-coller de celle du Ridge : bien sombre aux reflets très faiblement tuilés.
Le nez bien ouvert est dominé par les fruits noirs mais donne une impression de fraîcheur, sans doute renforcée par des arômes de suie.
La bouche est très pure et élégante. Sa matière évoque une austérité classieuse toute pauillacaine. Tension, longueur et finale salivante complètent ce beau tableau.
L’accord avec le filet mignon de cochon est fort réussi, le plat redonnant au vin un peu de rondeur qui lui manquait.
Excellent
Quatrième paire de rouges : deux grands vins du Languedoc dans des styles opposés, sur un même millésime magnifique
Christophe nous a fait un double clin d’œil : en poursuivant sur ce même millésime, bien plus favorable au Languedoc, et en nous servant deux stars qui avaient été décriés lors de la séance Languedoc de LPV Versailles, le premier sur 2007 (pourtant un autre millésime superbe en Languedoc !) et le deuxième sur 2005.
Vin de Pays de l’Hérault – Domaine de la Grange des Pères – 1998
La robe est peu sombre et son disque est bien tuilé.
Le nez impacte par sa puissance et ses arômes envoutants de fruits très noirs, de garrigue et de graphite.
Il y a tout dans la superbe bouche : concentration et finesse, densité et toucher de velours, matière et acidité. La formidable persistance est plus éthérée.
Sans doute mon plus beau Languedoc bu à ce jour.
Excellent +
Coteaux du Languedoc – Domaine Peyre Rose – Syrah Léone – 1998
La robe est sombre et assez évoluée.
Démonstratif, le nez est très « syrah » par ses arômes de cassis, empyreumatiques, lardés et de pruneaux.
La bouche est à l’avenant, d’une concentration extrême, de très grande envergure, capiteuse, confite et presque saturante. Le vin manque de fraicheur, sauf pour un pdm, et il a beaucoup souffert de sa confrontation avec la Grange des Pères et du fait de passer en dernier après pas mal de vin sur la finesse.
Très Bien + ou beaucoup moins selon ses goûts.
Une fois encore je constate que mon palais est très adaptable à toutes sortes de vins, sauf ceux qui ont un gros défaut…
Deux Rieslings auslese : pas vraiment une paire, et donc bus séparément, car même s’il s’agit de deux vins allemands d’anthologie, les millésimes et les caractéristiques sont très différents.
Riesling Auslese – Saar – Scharzhofberger – Weingut Egon Müller – 2008 – AP22-10
La robe est d’un bel or prononcé.
Puissant et fin, le nez évoque irrésistiblement le citron, un très fin pétrole, du miel, du pralin et des plantes aromatiques : c’est déjà fort complexe !
L’équilibre de la bouche est extraordinaire et complètement abouti ! Le sucre est complètement fondu (il y aurait 120 g de SR d’après Christophe : incroyable !), les saveurs sont très fines, le toucher aérien, la finale interminable.
Il va encore se complexifier ? Sans doute mais quel pied ! Sans doute parmi les trois beaux liquoreux bus à ce jour, après Yquem 1988 et Gilette Crème de Tête 1989.
Excellent +(+)
Riesling Auslese – Mosel – Eitelsbacher Karthäuserhofberg – Weingut Karthäuserhof – Lange Goldkapsel Nr. 38 – 1995 – AP17-96 (Versteigerung Trier Grosser Ring 1996)
L’or de la bouche est très ambré.
D’une grande intensité, le nez est d’une belle complexité, partant tour à tour vers les abricots, de très légers hydrocarbures, des agrumes et de la crème brulée.
L’attaque en bouche est très légèrement perlante, apportant beaucoup de légèreté. C’est ensuite une énorme acidité (12g nous dit Vivien !) qui fait plus que structurer le vin : elle est le vin ! D’ailleurs elle se prolonge sous forme d’arômes citronnés et de vibration. Où sont les 122 g de SR ?
C’est magnifique dans son style, mais l’équilibre est pour moi trop décalé en faveur de l’acidité pour en faire un grand vin.
Très Bien ++ / Excellent
Et voilà : la plus belle soirée de LPV Versailles, mais ce n’est pas une surprise. Connaissant l’organisateur et le point d’honneur des participants à contribuer à ce feu d’artifice, comme l’a écrit Denis, nous étions sûrs du résultat.
Autant de notations « Excellent » dans une seule dégustation, je crois que c’est une première pour moi !
Jean-Loup