La culpabilité aura eu raison de moi, 8 mois sans poster (ce n’est pas faute d’avoir griffonné des notes et commencé des CR jamais postés), je ne pouvais finir l’année comme ça. Bref, à l’occasion de la dernière rencontre LPV94 de l’année, je me lance dans un rapide CR de ce joli moment partagé avec  les amis dans l’un de nos repaires bonneuillois, une Marmite en pleine évolution, où je n’étais plus retourné depuis la dernière soirée 2019. On nous promet du lourd, des avions de chasse, c’est parti pour un décollage sans escale.

Champagne Dom Pérignon 2010
Nez avec des petites notes fumées, un peu de citron, très léger pralin. Bouche assez ample, plutôt généreuse,  mûre, mais restant tendue par un côté crayeux agréable. Salivant. Pas trop de notes oxydatives, ni d’amers en finale,  je mise sur un millésime plutôt solaire avec une majorité de Chardonnay. Très plaisant, et ceux qui ont déjà croisé Dom Pérignon et qui avaient pu être déçus de leurs dégustations précédentes sont tous plutôt enthousiastes sur cette cuvée et les réconcilie (nonobstant son coût), ce soir, avec la maison. Je ne suis pas un grand spécialiste du Champagne, mais j’aime beaucoup cette bouteille, sur un style assez gourmand, équilibré (maturité/tension), plutôt flatteur tout en gardant une belle tension. TB+ (16.5)

domaine Pierre Luneau Papin, Muscadet Sèvre-et-Maine sur Lie, Terre de Pierre, 2018
Légère réduction, puis un nez assez fruits frais, sur des notes d’agrumes mûres, un peu de fruits jaunes et une pointe un peu pâtissière/briochées (et pourtant, la cuvée n’a pas vu le bois, mais je ne le saurai qu’après). Un peu de gras en bouche, souple, matière mûre, le vin reste assez frais, manquant toutefois un peu de relance sur la fin. Des notes un peu beurrées, herbacées en retro… Tout le monde cherche un peu ce que cela peut-être  sans trouver mais le vin est apprécié. Je m’égare de mon côté sur un mâconnais. On est tous étonnés à la levée de la chaussette, et moi qui notait une note d’élevage… Jolie cuvée, juste un petit manque de peps à mon goût. B++ (15)

domaine Huet, Vouvray, Clos du Bourg Sec 2011
Robe dorée, évoluée. Au nez l’évolution se confirme avec des notes oxydatives (fruits secs, début curry), mais aussi une touche florale, de l’orange confite, du miel aux herbes… La bouche reste sèche, avec une belle acidité sans pour autant être décharné (il y a de la matière).  Je n’apprécie que modérément ce profil un peu trop évolué, notamment au nez. Certains apprécient plus, mais on l’avait mieux goûtée en juillet dernier. B- (13.5)

Vincent Dauvissat, Chablis 1er Cru Vaillons 2015
Léger réduit / grillé au nez. Un peu de citron mûr, des notes minérales, pointe noisette, touche d’élevage (une première pour moi sur un Dauvissat, a posteriori). Jolie bouche, pleine, avec pas mal de matière sèche qui tend et tapisse la bouche. Des touches mentholées au réchauffement.  J’aime beaucoup et, comme quasi tout le monde, je pars sur un beau Côte de Beaune. Plutôt sur un terroir frais, Puligny, Saint-Aubin ?? J’en suis loin !! Et première fois que je goûte un Dauvissat dans ce style. Quand Fred (bravo à lui) est le seul à évoquer un Chardonnay plus au Nord (pas de poivre, des touches crayeuses), je lance de façon péremptoire "Alors, ok , mais dans un style plus « Raveneau ». En aucun cas, Dauvissat ! "…    Bingo.
Etonné du Dauvissat (je les ai souvent goûtés assez mutiques, austères ou entre deux avec des notes lactées) et encore plus du millésime (je n’ai pas été souvent subjugué par des Chablis de ce millésime), toujours est-il que c’est très très bon… TB+ (16.5)

Les 2 vins suivant sont servis en paire (le premier n’est pas en aveugle)

Antoine Jobard, Puligny-Montrachet Les Champs-Gains 2015
Ouvert à 17h, il présentait de fortes notes de réduction – je l’ai carafé 1 bonne heure avant de partir au restaurant.
Réduction encore présente au nez, mais beaucoup plus légère qu’à l’ouverture (les notes d’allumette / pétard se sont transformées en pierre à fusil, très léger grillé). Un trait de citron, mâtiné d’un soupçon de poivre blanc, nez assez envoutant. La bouche est vive, tendue, belle acidité qui enveloppe un fruit plus mûr. Longiligne. Belle adaptation au millésime et s’il n’avait eu son voisin d’un soir, aurait été au top de la dégustation du soir. Mérite d’être encore attendu un peu pour qu’il prenne en ampleur, mais déjà  TB++/Exc- (17)  

Marc Colin & Fils, Bâtard-Montrachet 2010
Nez réduit/grillé mais plus discret que son voisin, et des arômes qui ne peuvent cacher son origine : zeste d’agrumes, notes de noisettes grillées, pointe citron pâtissier. Et la bouche… waouh : tendue, fraiche, salivante, top équilibre matière/tension/volume soutenue par une acidité mûre et quelle longueur... En retro, un mix de notes minérales, des touches florales, un soupçon d’épices... Je pense à un Perrières ou Genévrière de très belle année (14, 10 ?). J’adore… incrachable. Au moment des rétrospectives des coups de cœur de l’année, pas besoin d’aller chercher trop loin, celui-ci en fera partie. C’est le 1er Batard que je goûte : grand merci à Bruno pour son apport ! Exc+ voire plus (18,5)

domaine Denis Bachelet, Gevrey-Chambertin 1er Cru 2010
A l’ouverture, le bouchon fait déjà des siennes et donne du fil à tordre à notre caviste cristolien qui l’avait longtemps gardée pour une occasion comme celle-là… et les premières effluves lui arrrachent  un râle de désespoir… il en fallait 1 (on s’en serait bien passé),  le TCA a encore frappé ! NN

M. Chapoutier, Côte-Rôtie Les Bécasses 2007
Nez avenant, un peu évolué, sur les fruits rouges et noirs macérés, un peu de pot-pourri, sous-bois, pointe d’épices. Beaucoup y trouvent des notes de garrigues. Ces mêmes se dirigent vers un Languedoc. La fraîcheur de la bouche, avec une petite acidité assez présente, un léger manque de gourmandise, des notes un peu austères (notes de cendre) me dirigent vers un vin avec de la Syrah, évolué, plutôt nordiste et/ou de millésime frais. Pas mal du tout, bien plaisant, frais, mais manque un peu  d’ampleur en bouche, avec une finale qui serre un chouille.  TB (16)  

Clos du Mont-Olivet, Châteauneuf-du-Pape 2009
Nez sur les fruits noirs mûrs, limite confiturés, du cassis, de l’olive (+). La bouche plutôt velours, est puissante, et chauffe un peu pour mon palais. Si on peut soupçonner une communauté de cépage avec le précédent (beaucoup vont sur de la Syrah -très- majoritaire), il n’est pas du tout dans la même catégorie : plus de puissance, de chaleur, de matière, avec des épices et une touche cacao qui me font aller au Sud (Espagne, Rhône Sud, Roussillon ?).  Le vin plaît à tous, il est bien fait, mais un peu puissant et sudiste à mon goût actuel. TB- (15.5)

domaine de la Grange des Pères, Pays d'Hérault 2015
Superbe nez de fruits rouges macérés, d’épices douces voire orientales. Ca me rappelle un peu les Languedoc de macération carbonique type Magnon, ou de jolis Pinot mûrs, avec élevage classieux mais pas du tout prenant. Un peu de fleurs séchées, de réglisse. Mais (note a posteriori) aucune note d’anchois ou tapenade. Taffetas, velours  en bouche, qui donne une petite mâche mûre mais restant fraîche. C’est très très joli, à mon goût et ne cesse d’évoluer à l’aération et au réchauffement, avec parfois une touche sanguine, une autre soupçon de menthe derrière ce fruit mûr, me baladant entre un Languedoc frais, un Bourgogne bien né, une Syrah classe… Pas du tout reconnu le domaine déjà croisé quelques fois, mais une nouvelle fois plus qu’apprécié.  Exc - (17.5)  

Yquem, Sauternes 2 (non millésimé, millésimes de 2010 à 2014)
Robe dorée classique, le nez m’évoque tout de suite un Sémillon, Sauternes a priori avec ces notes de mangue rôtie, miel, cire. Si le sucre est bien présent en bouche, l’équilibre se fait plutôt sur la fraîcheur (pour un vin botrytisé). Un château qui fait de Sauternes frais dans une année chaude, ou l’inverse… Cette cuvée ne saurait remplacer ma plus grand appétence pour les Petits Mansengs (ou certains Rieslings ou Pinot Gris)  mais est plutôt réussi et équilibré pour l’appellation. ...  Et me rappelle que j’ai déjà croisé cette cuvée en « 1 », dans la même veine.  B++ (15)

Très belle soirée, bien entouré, grand merci à Ben pour l’organisation et à tous pour vos apports. Bonnes fêtes à tous.

Tuukka

Hola Tuukka,
et salut à tous mes vieux camarades de LPV VDM.

Je vois qu'on ne se laisse pas aller, et du fin fond de mes Cévennes Marsiennes je vous souhaite de joyeuses fêtes,

à la revoyure,

Je trouve aussi que les 15 chez Dauvissat (et ailleurs ?) se goûtent très très bien aujourd'hui.