Et si on nous mentait sur le réchauffement climatique ? Ou : Quand la série de Gamay se révèle être un série de Cinsault

Cela fait plusieurs dégustations que je fais avec ce groupe d’amateurs mais je dois avouer que j’ai du mal à me faire à leur façon de déguster : ils goûtent tous les vins puis passent au repas en revenant plus ou moins sur les bouteilles dans lesquelles il reste du vin.
La partie dégustation est très rapide avec des fonds de verres un peu comme en salon (on est nombreux) sauf qu’en salon on sait ce qu’on a dans le verre et on n’analyse pas les vins de la même façon. Enfin, je parle pour moi.
Pour couronner le tout, les températures nous ont joué des tours. L’autre fois c’était une série de Pessac-Léognan d’un âge respectable que nous avons goûté en extérieur à 15-16°C : vins fermés, austères alors que je suis plutôt amateur en temps normal… Je n’ai même pas osé rédiger un CR.
Pour ces Cinsaults, les vins ont été servis assez frais exprès mais du coup on est un peu passé à côté et l’organisateur un peu déçu a enchainé très très rapidement les bouteilles.
Le thème n’ayant été donné qu’après le dernier vin goûté, je suis resté un peu sur ma soif, d’autant plus que c’est un cépage qui m’intéresse beaucoup.

Les vins ont donc été bus à l’aveugle et découverts uniquement une fois tous goûtés.
Les rouges ont été servis par ordre de prix croissant.
Nous avons commencé par deux blancs pour la mise en bouche.

Les mangeux d’Pierre, Bugey, Les Sentes, Chardonnay, 2019
D’une couleur peu intense mais lumineuse, ce vin propose au nez des fleurs blanches et des agrumes type mandarine.
En bouche c’est assez pierreux avec du fruit jaune et finale silex avec une touche de brioche.
Ca a du caractère peut-être à cause de traits végétaux et d’un peu d’amertume.
Salivant et apéritif.
Bien+

 

Domaine Guiberteau, Saumur, Brézé, 2018
Encore une couleur bien claire.
Le nez est sur un boisé très classe qui fait « bien construit ».
La bouche est tout d’abord sur le bois mouillé, limite serpillère avec du caramel sur la fin accompagné d’une grosse acidité. Une tartine de beurre sur de la brioche.
Je trouve la finale un peu diluée, j’ai du imaginer le vin se bonifier…
Certains autour de la table sont séduits. Moi c’est pas ma tasse de thé du tout du tout…
Moyen

 

Bon, on passe aux rouges qui sont initialement prévus au nombre de 8 !

Le Hameau des Ollieux, Vin de France, Cinsault, Ci-21-20-95
Cinsault, Millésime 2021, 20°C en moyenne sur la parcelle et 95 mm d’eau.
Couleur jeune , grenat translucide.
Nez appétissant de bonbon, de girofle.
La bouche est elle aussi sur le bonbon cerise acidulé.
Les tannins sont fins, c’est gouleyant.
Léger poivré et longueur correcte.
Ca démarre plutôt bon et nous on part totalement à l’ouest, ou plutôt au nord et le Gamay ne nous quittera plus jusqu’à ce qu’on enlève les chaussettes…

 

Domaine Baillat, Corbières, Dalaï Papa, 2020
Couleur bien plus sombre que le précédent.
Le nez est très réduit, un peu herbacé.
J’ai beau aérer, la réduction ne s’estompe pas.
J’hésite à mettre en bouche quand je vois les grimace de mes comparses…
Bon je tente une micro gorgée.
Bheuarck ! C’est complètement barré.
Toujours sur le Gamay, j’imagine du coup que c’est un Foillard !

 

Domaine Lefebvre d’Anselme, Vin de France, Cinsault, 2021
La couleur se rapproche du premier vin : assez translucide avec un disque très clair.
On a pourtant bien rincé les verres mais ça semble un peu parti aussi.
La bouche est bien fruitée mais avec pour moi une grande dominante de violette.
C’est très acide.
Moyen

 

Domaine Ledogar, Vin de France, Les Brunelles, Cinsault, 2020
Couleur toujours translucide, un peu plus lumineuse que les précédents.
Au nez ça sent un peu la volaille avec des touches chimiques…
En bouche on retrouve ce côté chimique avec un fruit qu’on imagine beau caché derrière.
Moyen

 

Sale série de trois vins. Notre hôte commence à s’échauder…

Domaine du Pas de L’Escalette, IGP Hérault, Ze Cinsault, 2019
La robe du vin est un peu moins grenat, peut-être un millésime un peu plus vieux.
Le nez présente de la volatile. J’y suis sensible mais ça ne m’a pas gêné. Il y a aussi de la framboise fraiche.
En bouche il y a pas mal de caramel, mais c’est tout de même frais et allégé par la volatile qui s’intègre plutôt bien au vin.
C’est mieux que les précédents mais c’est pas encore tout à fait ça…
Bien

 

Domaine de la Terrasse d’Elise, IGP Pays d’Hérault, Le Pradel, 2020
C’est pas avec ce vin que les notes vont remonter…
Un léger bouchon vient gâcher ce vin que j’avais adoré précédemment.
En bouche on ne sent pas trop le défaut mais on peut imaginer que le vin n’est pas tout à fait égal à ce qu’il devrait être.
Il y a de la matière et du fruit, c’est long sur le cassis acidulé mais je trouve un côté huitre en arrière goût.
C’est tout de même bon et c’en est d’autant pus rageant !
Bien

 

Domaine de la Terrasse d’Elise, IGP Pays d’Hérault, Les Hauts de Carol’s, 2019
Couleur grenat éclatant.
Le nez est sur les fruits rouges allégés par des fleurs rose et violettes.
La bouche a des arômes plutôt subtiles de fleurs aussi, de la cerise, un peu de fraise.
Il y a de la matière et un bel équilibre.
Très Bien

 

Domaine Danjou-Banessy, Côtes catalanes, Espurna, 2018
La couleur très translucide malgré un léger trouble et des reflets marron tuilé, le nez sur la fraise confiture et un alcool ressenti font évoquer Reynaud.
La bouche est gourmande, effectivement plus alcoolisée que celle des autres vins.
Contrairement à ce que la robe pouvait faire croire, c’est concentré.
Joli vin mais gare à l’alcool.
Très Bien

 

C’est là qu’on retire les chaussettes et qu’on voit qu’on s’est plantés sur toute la ligne.
Regrets pour Pradel…
Note hôte qui est resté sur ses mauvaises impressions de série de vins daubés redescend en cave pour en remonter un peu de moral.
Deux autres rouges sont donc servis à l’aveugle.

Pierre-Jean Villa, Saint Joseph, Tildé, 2010
On change de registre.
Couleur très foncée.
Le nez est complexe avec du cuir, du fruit cuit, des herbes.
La bouche est sur le même registre.
C’est hyper massif, concentré. J’imaginais plutôt un 2009.
Même si je savais être sur de la syrah, le style m’a fait penser à certains Bordeaux bus trop jeune comme Cos d’Estournel par exemple.
Un vin qui semble indestructible.
Très Bien
Rendez-vous dans 20 ans !

 

Domaine Guigal, Saint Joseph, Lieu-Dit, 2019
A nouveau une couleur très foncée.
Au nez c’est fruits noirs, girofle et poivre vert.
En bouche c’est à la fois fin et concentré, très élégant avec beaucoup de fruit et un élevage encore imposant.
Très Bien, à attendre à mon goût.

 

Avec le Dessert nous est servi un liquoreux.

Château Sigalas-Rabaud, Sauternes, 1999
Très belle couleur vieil or aux reflets ambrés.
Le nez est très orange amère avec un peu d’épices et d’ananas.
La bouche est sucrée, ce n’est pas couvrant mais ça reste un peu pâteux.
Il y a pas mal safran et une retro sur les champignons et la noix.
J’hésite un peu à dire Sauternes car il me semble qu’il n’y a pas assez de sucre, mais le côté mou du genou me conforte sur l’appellation.
Bien+

 

Beaucoup de vins ce soir mais entrecoupés il est vrais d’un série noire en plein milieu.
Gagnant Les Hauts de Carol’s et un regret de ne pas avoir autant profité du cépage que je l’aurais voulu… Ca fait partie du jeu de l’aveugle mais peut-être qu’en dévoilant le thème en milieu de série ça aurait été plus profitable pour tous.
En tout cas, toujours autant envie de boire des Terrasses d’Elise !


 

Goûter en extérieur c'est sympa dans l'absolu, sauf que ça ne rend pas toujours service au vin effectivement.

Marc