Arnaud nous avait convié chez lui et, malgré la présence de Benji (quel plaisir de le retrouver !) et de sa moitié Anne, nous sommes peu nombreux autour de la table.
La soirée aura été animée, avec une côte de bœuf de compétition, des vins très variés avec peu de déceptions, et des discussions endiablées, pas toujours sur le vin !
On commence par deux bulles (en fait goûtées par moi après les deux premiers blancs car je suis arrivé très en retard).
Marco De Bartoli – Metodo Classico – Extra Brut
Il s’agit d’un effervescent sicilien !
La robe inquiète un peu par sa couleur bien ambrée…
Très expressif, le nez confirme la robe, avec ses arômes oxydatifs nets, de pomme, whisky et noix.
La bouche est à l’avenant, la noix dominant nettement. Dommage car elle fait preuve d’une grande concentration et d’une belle vivacité.
Bien + si on grignote un peu de fromage avec… mais a clairement dépassé sa limite d’apogée.
Le dégorgement datant de 2017, le vin de base doit avoir une dizaine d’années.
Champagne A. Lamblot – Mouvance 17 – Brut Nature
La robe se présente sous un or moyen.
Le nez intense s’équilibre entre fruits secs et fruits jaunes.
La bouche est bâtie sur la tension, ce qui est appréciable, mais associée à une grande austérité aromatique, l’ensemble est un peu rigoureux.
Bien ++ / Très Bien pour amateurs de vins cisterciens.
On poursuit avec six blancs (seulement, dixit Rémi…
).
Domaine du Tunnel – Saint-Péray – Pur Blanc – 2011
Très intense, le nez est marqué par du grillé (alors, réduction ou élevage ?) et des fruits blancs et jaunes.
La bouche est très ample et d’une belle concentration, l’aromatique se montre bien avenante, au boisé (c’est bien de l’élevage car ne varie pas à l’aération) présent mais non gênant. L’acidité assez basse ainsi que les beaux amers de la finale ont fort justement orienté mes camarades vers la marsanne (c’est un monocépage).
Très Bien (+)
Weingut Dönnhoff – Nahe – Norheimer Dellchen – Riesling trocken – GG – 2012
La robe est de couleur paille, assez prononcée.
Le nez de grande intensité exhale des hydrocarbures fins, un léger grillé et une touche de citron. Pas de doute sur le cépage…
Une acidité laser marque la bouche mais, contrairement au Champagne A. Lamblot, la chair bien présente et aromatique vient la tempérer et l’adoucir. Le beau volume et la persistance de la finale parachèvent cette belle ouvre.
Très Bien ++
Domaine Goienetxea – Irouleguy – Malda – 2021
L’or de la robe est bien soutenu.
Intense et flatteur. le nez offre une palette aromatique intéressante, composée de fruits blancs, de miel et de citron.
En bouche la concentration va crescendo, accompagnée d’une vivacité et même d’une minéralité formidables. Le tout est fort élégant et la finale de grande persistance sur le caillou fait énormément saliver tout en provoquant une envie irrépressible d’une nouvelle gorgée.
Très Bien ++ / Excellent
Domaine Hegaldaka – Irouleguy – 2021
La robe est teintée d’un or clair.
Le nez explose d’arômes miellés et floraux, agrémentés de fruits blancs tels que la poire et la pomme.
La bouche est généreuse et dense, très gouteuse et d’une aromatique presque baroque, par l’association de miel et de fruits exotiques. L’acidité est moins prégnante que celle de son compère du jour, avec donc un soupçon en moins d’équilibre et de longueur. Mais c’est beau !
Très Bien +(+)
Domaine Stéphane Bernaudeau - Vin de France - Les Onglés – 2021
C’est très jeune, mais Rémi voulait tester, venant juste de recevoir son allocation.
La robe affiche un or clair.
Moyennement intense, le nez propose de la pomme au four, mêlant ainsi des arômes de pomme et de pâtisserie.
La bouche est ronde, gourmande et affriolante. La fraicheur n’est pas son point fort mais l’acidité est forcément présente au deuxième plan pour la propulser dans une finale bien salivante.
Très Bien + mais ce vin un peu fou-fou donne l’impression de ne pas être encore en place.
Királyudvar Winery – Tokaji – Furmint Sec – 2016
On reste toujours sur une robe or clair.
Le nez frappe par sa grande intensité, certes, mais encore plus par sa finesse. Un léger et fin pétrole vient complexifier un fond fruité très classieux.
La bouche cossue séduit par son toucher suave, son aromatique enchanteresse et son volume. Elle est parfaitement tenue en place par une belle acidité qui se renforce dans la finale bien tendue.
Très Bien +(+)
On passe aux rouges, au nombre de sept en l’occurrence.
Domaine Lucas et André Rieffel – Alsace – Pinot Noir – Kreuzel – 2015
La robe n’est pas très sombre et commence nettement à évoluer, même au cœur du disque.
L’acidité volatile a l’avantage de renforcer le fruité rouge, mais l’inconvénient de prendre le dessus quand elle est trop forte, comme c’est le cas ici. Elle évolue même vers le vernis à l’aération…
La bouche est également trop marquée par l’acidité et la matière pourtant charpentée n’y résiste pas.
ED pour moi car du mauvais côté des vins nature.
Clos Mogador – Priorat – 2004
La robe sombre montre des signes d’évolution avec des reflets tuilés sur la frange.
Le nez possède aussi une touche de volatile mais c’est bien plus faible et on peut se concentrer sur les beaux fruits noirs, un léger fumé et une pointe végétale rafraichissante.
L’attaque se fait en force, aussi bien en densité qu’en aromatique riche avec des fruits noirs très mûrs et du chocolat. Mais elle bénéficie rapidement d’une acidité fringante qui lui confère un bel équilibre. Les tanins jouent le même rôle températeur, étant encore sensibles mais distingués.
Très Bien +(+)
J’avais pensé à un Trévallon par cette dualité syrah (puissance) – cabernet sauvignon (fraîcheur). Il y a effectivement 20 % de chacun de ces deux cépages dans l’assemblage, mais aussi 40 % de grenache et 20 % de carignan !
Domaine Gramenon – Vinsobres – La Papesse – 2011
Bien sombre, la robe se situe entre deux âges.
Le nez de bonne intensité développe des fruits noirs bien mûrs et classieux, sans virer au surmûri trop lourd.
La bouche est plantureuse et pêchue, dotée d’une aromatique affriolante. Elle se révèle certes capiteuse mais une petite vivacité sous-jacente la tient droite dans ses rails. La finale de bonne longueur s’effile quelque peu.
Très Bien + et pas pour un pdf mais ma chère et tendre aurait adoré !
Domaine Goienetxea – Irouleguy – Xingolei – 2021
La robe bien sombre laisse percevoir des reflets violine de jeunesse.
Le nez très intense est marqué par des arômes fumés prégnants, associés à un côté végétal qui trahit le millésime. Un fruité noir plus avenant s’affirme à l’aération.La bouche est assez austère, en raison de l’association d’un net caractère végétal et d’un profil droit. Là encore l’aération et le réchauffement dans le verre lui font du bien en faisant ressortir plus de confort fruité.
Bien ++
Domaine Etxondoa – Irouleguy – 2020
La robe bien sombre paraît surtout très jeune, plus que celle de l’Irouléguy 2021.
D’une bonne intensité, le nez classieux allie des arômes de fruits noirs et de violette. Serait-on sur une syrah ?
La bouche est corsée (mais on n’est pas en Corse), consistante et avec beaucoup de fond, mais bien contrebalancée par une superbe acidité. Les tanins très ronds participent à cet équilibre magnifique (mais on est sur 2020, avec uniquement du tannat et pas de cabernet franc, et un élevage différent) et la grande allonge savoureuse est toute aussi attirante.
Très Bien ++
Domaine Auguste Clape – Cornas – 2009
La robe est sombre et ne fait pas son âge car elle montre encore de discrets reflets violets.
Très intense, racé et complexe, le nez nous gratifie d’arômes balsamiques et de bois précieux sur un fond de fruité bien mûr, avec une touche poivrée fringante.
La bouche, à l’unisson, présente un équilibre grandiose, une aromatique aboutie, une fraîcheur remarquable, surtout pour le millésime, mais c’est la patte « Clape », de la densité et des tanins civilisés, et enfin une persistance XXL. Ouf ! Quel grand vin !
Excellent (+)
Château Rayas – Châteauneuf-du-Pape – Pignan – 2011
La robe claire se montre très évoluée par sa teinte fauve.
Le nez très intense, presque puissant, se révèle très Reynaldien par son aromatique de rose, d’orange sanguine, de fruits rouges, et étonne par sa belle fraîcheur.
Le profil de la bouche est très élégant, avec toujours une aromatique addictive en rétro-olfaction. Peu d’alcool est ressenti, au contraire d’une certaine vivacité, ce qui renforce l’harmonie et l’allonge.
Excellent
Un jaune pour les fromages, notamment un comté de 24 mois.
Les Granges Paquenesses – Côtes du Jura – Vin Jaune – 2011
La robe se présente sous un or ambré mais très clair.
Très intense et raffiné, le nez exhale de beaux arômes d’épices (safran et curcuma) et de céleri, plus que de noix.
La bouche est onctueuse, d’une douceur infinie et d’un fruité magnifique. Une acidité sous-jacente la porte très loin.Une friandise hors-normes pour l’appellation, un vin jaune qui ferait aimer les jaunes à ceux qui n’aiment pas les jaunes !
Excellent
Et un sucre pour terminer avec la belle tarte aux figues !
Château Pajzos – Tokaji – 5 puttonyos – 2006
L’or de la robe est très ambré.
Puissant et luxuriant, le nez offre un large éventail d’arômes allant des raisins secs aux épices nobles en passant par les fruits exotiques.
La bouche est superbe, mais très différente du nez : mobilisée par une acidité dantesque et équilibrée par une sucrosité qui sait rester dans le raffinement, l’ensemble donne une impression de dentelle.
Très Bien ++ / Excellent
Un grand merci à Mélanie et à Arnaud pour leur accueil et à tous pour leurs apports !
A bientôt !
Jean-Loup