Hier midi, je retrouve donc Paul dans le restaurant de sa fille avec d'autres amis à lui ainsi qu'un invité de marque.
Cela fait maintenant un mois et demi qu'il a gagné une nouvelle médaille d'or aux championnats du monde mais il n'est jamais trop tard pour l'arroser d'autant plus qu'il a également apporté la médaille d'or des derniers JO.
Tous les amateurs de hand ont compris que je parle d'Olivier Krumbholz qui est également amateur de bons vins.
Il a une petite préférence pour les vins du sud ( Rhône et Languedoc) , c'est pourquoi Paul a ouvert pour l'occasion un magnum d'un domaine qu'il apprécie particulièrement.
Domaine de la Grange des Pères Blanc 2016 (magnum)
C'est une première pour moi dans cette couleur et autant le dire tout de suite, il va falloir que j'arrête de dire que Rully est la limite méridionale pour produire du blanc.
( je sais bien que j'exagérais mais les blancs sudistes trouvent rarement grâce à mon palais)
Un vin très agréable à déguster avec du gras et ce qu'il faut de tension.
Un nez d'une jolie complexité sur les fruits jaunes et les agrumes.
De la badiane et des traces florales herbacées qui apportent de la fraicheur.
Il y a de l'amplitude et de la longueur.
C'est sapide et le format magnum convient parfaitement pour l'apéro et l'entrée.
C'est marrant mais en sachant qu'il y a du chardonnay dedans, on lui trouve un petit coté beaunois.
C'est en tout cas une bien belle découverte et une semaine après le Château Chalon de Macle, Paul me permet de découvrir une nouvelle icone de notre passion.
La bouteille suivante est mon apport car je savais que Paul a accès à presque tous les domaines possibles mais qu'il lui est impossible de mettre les pieds chez Coche Dury.
Je l'ai obtenue suite à un échange sur LPV.
Domaine Coche Dury, Meursault 2013
Je la sers à l'aveugle car Paul m'a prévenu qu'il y a autour de la table un redoutable amateur de chardonnay
Le vin est d'abord assez fermé car trop froid, il faut lui laisser le temps de monter en température.
Noisette, agrumes, badiane et un léger grillé mais pas aussi caractéristique que par le passé.
Objectivement je ne pense pas que j'aurais annoncé ce domaine à l'aveugle aussi rapidement qu'avec un 2007 par exemple.
La bouche est ample, bien équilibrée malgré un millésime qui aurait pu tirer vers plus d'acidité mais elle manque un poil de longueur à mon goût.
L'amateur de chardonnay annonce un Meursault sous le dos d'âne de chez Leflaive.
C'est plutôt perspicace comme proposition.
Toute la tablée a aimé cette bouteille mais je vais faire mon chiant de service en pensant très fort que des 1er crus ou Corton Charlemagne bien nés, d'autres vignerons plus facilement accessibles, ne feraient pas pâle figure à coté de ce village hautement spéculatif.
Il n'en reste pas moins que nous avons là un sacré niveau pour un village ( heureux allocataires en direct) et que c'est toujours agréable de faire plaisir à des passionnés en leur ouvrant une bouteille d'un domaine qu'ils n'ont pas et rêvent de découvrir pour les uns ou recroiser pour les autres.
Toutes les bouteilles comme ça mériteraient d'ailleurs d'être ouvertes dans ces conditions.
Un vin ne peut être grand que s'il est partagé avec des gens qui l'apprécient.
Domaine Jean-Louis Chave, Hermitage rouge 2016
Cette fois je suis à l'aveugle.
Des fruits noirs, cassis et myrtilles.
C'est poivré avec un petit coté balsamique mais la robe profonde n'a aucun reflet violet.
J'ai un doute que ce soit une Syrah mais je suis loin d'être un expert en la matière.
La bouche est ample avec beaucoup de puissance et possède des tannins enrobés sans la moindre astringence.
Je suis un peu perdu car la robe et le nez orientent vers un vin assez jeune mais cette qualité de bouche laisserait à penser que le vin est à maturité.
C'est assurément quelque chose de grand.
Tout le monde y va de sa supposition quand une voix annonce que c'est probablement un Hermitage.
Respect pour le sélectionneur qui n'est pas doué que pour détecter les meilleures handballeuses !
Pour ma part, n'ayant croisé qu'une fois un Hermitage de Chave dans ce même restaurant mais sur le millésime 2012, je n'avais pas fait le rapprochement car le 2016 a des tannins nettement plus soyeux et me semble supérieur à son ainé de 4 ans.
Domaine de La Grange des Pères 2012
Pour la bouteille suivante, je ne serai pas à l'aveugle puisque mon voisin hésitait entre une GDP 12 ou 16
Je lui souffle que la 12 est extra en ce moment.
Fruits noirs, orange sanguine, garrigue, longueur, fraicheur, plaisir total ...
Inutile d'en faire des tonnes, c'est tout simplement excellent comme à chaque fois.
Techniquement j'aurais bien voulu découvrir la 2016 que je n'ai encore pas dégustée mais nous étions dans un moment festif, il était peut-être préférable d'assurer avec une valeur sûre.
Dominio de Pingus – Flor de Pingus 2020
Une dernière bouteille pour elle même.
C'est intense sur les fruits noirs avec une grosse matière mais des tannins encore saillants qui grèvent un peu le plaisir d'autant plus à ce moment du repas.
Cette fois au contraire, c'est l'aspect technique qui l'emporte avec la satisfaction d'avoir découvert un domaine que je ne connaissais pas.
Par contre il est impératif d'attendre pour que l'ensemble s'harmonise.
C'est ainsi que s'achève notre repas où il fut surtout question de hand et de vin.
Avec toutes les anecdotes compilées dans une si longue et si brillante carrière, il y aurait de quoi faire un film.
Mais tout ce qui a été dit au cul de poule restera au cul de poule