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Vins des Côtes d'Auvergne : Essai de synthèse et Visites de domaine

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Vins des Côtes d'Auvergne : Essai de synthèse et Visites de domaine


   



Tout a commencé lorsque quelqu'un me demanda « Ca ressemble à quoi un Côtes d’Auvergne ? ». Je me suis alors rendu compte que j’étais incapable d’apporter une réponse précise. Bien sûr, pour les autres régions et les autres AOC, la réponse est tout aussi complexe et toujours multiple. Mais il y avait là quelque chose de différent : est-ce que je connais si bien que cela les vins de ma propre région ? Si j’ai suivi des cours, lu des bouquins, assister à des masterclass sur les grandes régions du monde, ça n’a jamais été le cas pour l’Auvergne. Est-ce que je ne connais pas mieux la Grèce, le Portugal, la Suisse... où je n’ai jamais mis les pieds, que l’Auvergne où je vis ? On se dit qu’on est dedans, que ce n’est pas loin, qu’on connait déjà, et au final on ne finit jamais le travail. Je déguste des vins d’Auvergne régulièrement, je connais les vignerons que je croise souvent, les villages, le relief… Mais les dégustations sont souvent rapides, les discussions aussi, puis elles ne tournent pas toujours autour du vin à proprement parler. J’ai finalement passer peu de temps avec les vignerons chez eux et dans leurs vignes. Voici ce à quoi je voudrais absolument remédier, en prenant le temps d’aller visiter tous les vignerons qui voudront bien me recevoir, avec comme point d’orgue une dégustation des meilleurs vins au printemps 2024.Mais avant cela, revenons sur les bases des vins d’Auvergne, en suivant le même protocole que sur les autres régions. 
 Côtes d'Auvergne : Essai de Synthèse
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Le site officiel de l'AOC nous donne les chiffres suivants :
  • Superficie totale : 400 hectares sur 53 communes (80kms de long par 15 kms de large)
  • 45000 hectares vers 1895 ! (Source Le R&B n°106) 
  • Appellation AOC Côtes d’Auvergne : 267 hectares
  • IGP : 71 hectares
  • Vin de France (VSIG) : 50 hectares
  • Parcelles familiales en amateur : 50 hectares
  • 40 caves particulières et 70 apporteurs à la coopérative de Saint-Verny


L'AOC a été obtenue en 2010. Elle autorise 5 Dénominations géographiques complémentaires : Madargue, Châteaugay, Chanturgue, Boudes en rouge, et Corent en rosé uniquement.

Cépages : chardonnay obligatoire pour les blancs. En rouge et rosé : Gamay (50% minimum) + pinot noir comme cépage accessoire. L’INAO permet des expérimentations à hauteur de 5% de l’encépagement et 10% des assemblages. (Source RVF n°669)

Production : 66% de rouge, 17% rosé, 17% blanc.  Rendement max 55HL/ha (52 pour les DGC). (Source RVF n°669)

Climat : semi-continental. Hivers rudes, été chauds, avec une forte amplitude thermique entre le jour et la nuit (bonne maturation des baies tout en préservant de l'acidité). Les côtes d'Auvergne sont en plein "effet de Foehn" : la chaîne des Puys forme une barrière protectrice contre les pluies de l’Ouest. Précipitations moyennes à Clermont-Ferrand : 650 mm/an (faibles) et ensoleillement moyen de 2000heures/an.   

 Géologie (Source COAM) : Ere primaire : création du socle ancien de granit (refroidissement du magma sous l’eau).Eres secondaire et tertiaire : sédiments marins et détritiques qui se déposent donc du calcaire et de l'argile.Eres tertiaire et quaternaire : plissement alpin avec soulèvement du Massif Central et création des plaines.  L’activité volcanique crée des coulées de lave et des sols de basalte. Les rivières creusent les vallées et déposent des alluvions. Dans certaines zones l’érosion ramène le granit en surface. 


    
Fichier attaché :



 Donc des sols sédimentaires dans les plaines, argilo-calcaire, favorables au pinot noir.

Plutôt granitique ou basaltique en coteaux. favorables au gamay.

Le basalte a une certaine porosité, il laisse filtrer l’eau, donc moins de stress hydrique. Sa couleur noire attire le soleil d'où une meilleure maturation des baies.

On distingue généralement le basalte (issu d'un magma refroidi rapidement), les pépérites (lorsque le magma remonte et rencontre les eaux souterraines, il forme une roche aux grains brunâtres), la pouzzolane (alvéoles rouges ou noirs issues de projection de lave) et la pierre ponce (roche volcanique très poreuse).Les plus belles parcelles sont sur les coteaux (350-550m) : la pente engendre un meilleur ensoleillement et un meilleur drainage de l’eau.

Attention que les sols volcaniques ne sont pas majoritaires en Auvergne.



 Les 5 Dénominations Géographiques du Nord au Sud (Source: Site officiel de l'AOC) :

- Madargue : (350-420m d'altitude. Gamay et pinot noir) Sol à tendance silicieux, affleurement granitique, terres blanches (calcaires) pauvres en humus.

- Châteaugay : (Gamay et pinot noir. Exposition Sud-Est) Sol constitué par une coulée basaltique, cendres volcaniques (pépérites) sur sol argilo-calcaire.

 - Chanturgue : (Gamay et pinot noir) "Cantalo" en celtique signifie brillant et bien visible. Fortes pentes (plus de 25%). Flancs argilo-calcaires protégés de l'érosion par les coulées basaltiques.

- Corent : (Gamay et pinot noir. 400-500m d'altitude) Vignoble sur les flancs d'un volcan. Sol argilo-calcaire au sud et basaltique au nord avec des affleurements de pouzzolane.

- Boudes : (Gamay, pinot noir) Vaste coteau calcaire protégé à son sommet par une coulée basaltique.  



A noter aussi l'excellent travail du Conservatoire des Cépages d'Auvergne qui abrite : • Canari Noir (Damas noir) • Chanis gris • Chatus Noir • Corbeau Noir • Epinou Noir • Gamay Bouze Noir • Gamay Fréaux Noir • Gamay Noir à jus blanc • Gouais Blanc • Grec rouge • Inconnu des roussilles (à préciser) • Limberger Noir • Mondeuse Noir • Muscat à petits grains blanc • Noir Fleurien Noir • Petite Syrah Noir • Pinot Noir • Portugais Bleu Noir • Sauvignonasse Blanc • St-Pierre Dore Blanc • Valdiguie Noir • Syrah 


Bibliographie :
- RVF n°669 avril 2023
- Le Rouge et le Blanc n°106 (2012)
- Site officiel Côtes d'Auvergne.com
- Entre les Vignes n°2 avec les Vignerons nature d’Auvergne
- Le Vignoble des Côtes d'Auvergne, une nouvelle AOC. Denis Couderc et Pierre Soissons 
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03 Nov 2023 22:39 #1

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Visite au domaine Thierry Renard - Clermont-Ferrand 


Premier millésime de Thierry en 2002 avec des vignes à St Georges sur Allier. En 2005 premier millésime sur Clermont. 


Cuvée Le Crapaud, location d'une parcelle d'environ 1ha sur les Coteaux de Clermont. Vigne plantée en 1904, à 10 000 pieds/ha "voire un peu plus", quelques vignes sont peut-être en franc de pied... Vieux gamays d'Auvergne "de plusieurs sortes" avec quelques teinturiers. Environ 1000 pieds ont été replantés en sauvignon, viognier, chardonnay, pinot noir... Exposition Sud mais plus frais qu'à Sayat, les Côtes de Clermont font de l'ombre le soir. Sols argilo-calcaires avec quelques petits cailloux de basalte. Taille principalement en guyot simple. Pas de travail des sols, herbe juste coupée.


   




Cuvée Cheire de Poule, en location depuis 2018. Environ un demi-hectare à Sayat. Gamays d'Auvergne de 65ans. Quelques endroits en marcottage. Là aussi dur de savoir ce qu'il y a exactement, peut-être quelques francs de pied. Environ 10 000 pieds/ha. Exposition est, beaucoup moins de pente qu'à Clermont. Au soleil toute la journée. Sols que du caillou (basalte). Taille guyot simple, pas de labour non plus.

 



A suivre : Une parcelle est en location au Puy de Var (Clermont-Nord. Loué par la mairie) avec près de 7000 pieds plantés en 2021 cépages divers, secteur solaire. Et quelques massales de chardonnay de JM Roulot dans le jardin d'un particulier plantées en 2019 pour les premières. 



2023 : les oiseaux ont tout dévoré sur Clermont (quelques renards, chevreuils aussi au Puy de Var). Aucun dégât à Sayat. Pas mal de coulures sur les pinots. Un peu de mildiou. Seulement 2 traitements au cuivre, commencés très tôt cette année (juin). Volumes limités à venir donc... En 2023 tout devrait être assemblé dans la cuvée Danse avec le Moût, qui avait déjà existé en 2013 par exemple, réalisée lorsque tout est est assemblé avec aussi les raisins provenant d'une parcelle d'un ami sur Blanzat avec des cépages variés... et réalisé si le profil est assez mûr. 



Vinifications : Le mini "chai" est dans la cave sous la maison. Rouges tout égrappés. Blancs non égrappés. Elevages en cuves et fûts. La plupart des fûts d'occasion proviennent de Rauzan-Ségla aujourd'hui, (il y a eu une période Camille Giroud aussi). Aucun intrant, non collé, non filtré, sans sulfites. Mise en bouteille personnelle sans gaz neutre. Tous les vins sortent en Vin de France. Pas de certif.


Nous avons juste goûté Cheire de Poule 2022, tout juste mis en bouteille. Pas le meilleur moment pour lui, on sent qu'il est chamboulé par la mise. A regoûter dans quelques semaines. Je ferai un CR plus détaillé à ce moment-là.
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03 Nov 2023 22:58 #2

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[...]On se dit qu’on est dedans, que ce n’est pas loin, qu’on connait déjà, et au final on ne finit jamais le travail[...]. 


J'aurais pas dit mieux, et je ressent la même chose avec les vins de mon département: Côtes du Forez / Côte Roannaise...
En tout cas, belle initiative Tomy!

Flo (Florian) LPV Forez
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04 Nov 2023 00:10 #3

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  Côtes d'Auvergne : Essai de Synthèse
L'AOC a été obtenue en 2010. Elle autorise 5 Dénominations géographiques complémentaires : Madargue, Châteaugay, Chanturgue, Boudes en rouge, et Corent en rosé uniquement.
 




Eclairage intéressant sur une appellation délaissée/mal connue. Merci.

Il y a trois ans j'ai dîné au restaurant Le Pré à Durtol et, sur les conseils du sommelier, il nous a été servi un Côtes d'Auvergne Boudes blanc du domaine David Pélissier, Les Fesses Blanches 2018 (voir photo).

Comme tu l'indiques à raison, la dénomination géographique complémentaire Boudes est réservée au vin rouge. Dès lors, que penser de l'adjonction de Boudes à cette cuvée de blanc? Sauf à penser que le vigneron a "habilement" fait figurer Boudes sous l'appellation Côtes d'Auvergne car son domaine est situé sur la commune de Boudes entretenant ainsi une légère confusion, sans que cela ne gêne en quoi que ce soit la qualité du vin qui était très bon.

Jean 


 
04 Nov 2023 12:13 #4
Pièces jointes :

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Très bon restaurant, où Arnaud est toujours de bon conseil ! Je suis surpris par cette étiquette de Boudes blanc, c'est la première fois que je vois ça ! Les autres blancs du coin sont étiquetés simplement "Côtes d'Auvergne" s'ils sont en AOC.
04 Nov 2023 13:54 #5

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Très bon restaurant [Le Pré], où Arnaud est toujours de bon conseil ! 

En effet, un sommelier qui connaît très bien son métier, qui "sent" à qui il a affaire, qui est à l'écoute, qui lit entre les lignes paroles, tout en humilité. De mes différentes expériences, certainement un des meilleurs sommeliers qu'il m'ait été donné de croiser.

Nous lui avons laissé les clés en lui précisant que nous souhaitions sortir des sentiers battus, viser le local si possible et à des prix humains. Il a parfaitement rempli sa mission car après ce Côtes d'Auvergne qui était vraiment très bon, il a fait suivre avec Le Grand B. 2016 (cépage bouysselet, rare) du domaine de La Colombière qui fut une belle découverte et un vrai bon moment car il y avait un sacré vin dans cette bouteille.

Jean
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04 Nov 2023 15:38 #6

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Réponse de tomy63 sur le sujet Visite au domaine Miolanne à Neschers

Le domaine Miolanne a été repris en 2012 par Jean-Baptiste Deroche et sa compagne Laure Cartier, tout en conservant le nom de l’ancien propriétaire. Ils se sont rencontrés du côté de St Tropez. En cherchant à s’installer dans une région où l'on peut acheter à prix décent, le hasard les a menés en Auvergne où ils ont eu une vraie impression de terroir en goûtant les vins de l’ancien domaine Miolanne.


 


Le travail a été de suite Bio, la certification obtenue en 2016. Un chai plus moderne, spacieux et écologique a été construit au milieu des vignes (le chai de Miolanne était dans le village), il est en cours d’agrandissement. Un bar à vin a aussi été créé pour les étés depuis 5ans environ, mais il est fermé cette année à cause des travaux d’agrandissement justement.

Des vignes ont été plantées dès leur début, afin de passer le domaine de 6ha à 12ha.

Mis à part quelques petites parcelles sous le plateau de Gergovie, toutes les vignes sont à Neschers autour du domaine. A Gergovie ce sont de vieux gamays plantés à 10 000 pieds/ha sur basalte.

Lorsqu’on est face au domaine on trouve à gauche des vignes sur sols volcaniques (pierre ponce), de chardonnay, pinot gris, pinot noir, gamay…à droite des vignes sur argilo-calcaire en chardonnay, pinot noir, syrah…et sous le domaine les Gewurztraminer sur argilo-calcaire ainsi que d’autres gamay.

Mais beaucoup plus d’argile que de calcaire, finalement assez peu présent sur Neschers…







Les syrahs sont des clones de Côte-Rôtie, les chardonnays des massales de Chassagne-Montrachet… sur divers porte-greffes. Achat chez le pépiniériste Mercier. Densité à 4400 pieds/ha ici 2m40/90cm pour pouvoir passer les machines. A Gergovie tout était déjà planté à 10 000 pieds/ha, tout y est fait à la main du coup.

Les sols sont travaillés. Le plus souvent à la « griffe » donc pas trop en profondeur. Enherbement 1 rang sur 2 en général. Quelques préparations comme de l’orties et autres. Tout est taillé en Poulsard, palissé assez haut, vendanges en vert quand nécessaire.

Le domaine est sous le massif du Sancy, il a une influence montagnarde plus importante qu’ailleurs dans les Côtes d’Auvergne. La vigne débourre ici plus tard (presque 10jours plus tard qu’à Boudes), et finit son cycle à peu près en même temps. Il y a donc mois de problèmes de gel de printemps, même si malheureusement ça commence à arriver quand même… Le vent y est plus fort, donc moins de maladies cryptogamiques, moins besoin de traitement au cuivre contre le mildiou, l’oïdium…

En 2023 cependant besoin de traiter 7-8fois, alors que les autres années 3-4 passages suffisent, avec des doses très loin des 4 kg/ha/an autorisés.

Des filets anti-grêle ont été installés, prêts à être déployés au printemps et en été.

  


Les cuvées :

Seules les cuvées disponibles à l'heure actuelle ont été goûtées, seulement 3 donc : la rançon du succès (mérité)... 





Rouges

Volcane rouge (sur pierre ponce, à gauche du domaine, gamay et pinot noir)

Pinot noir 2022 : (sur pierre ponce et argilo-calcaire, vignes de 35ans moyenne. Elevage 9mois en 228L Taransaud, Seguin et Chassin qui ont 5ans environ. En moyenne 1/3 grappe entière mais variable suivant le millésime. Sur les pierres ponces peu de couleur, beaucoup de finesse)  Couleur claire, nez sur la cerise, fruits rouges, poivre, léger fumé, pas de notes vanillées et toastées. Bouche assez ronde, avec un beau volume, acidité et alcool moyens (13%), belle texture soyeuse, sans que l’élevage ne se sente aromatiquement, finale assez longue, légèrement poivrée. Très joli. Le style me semble plus fin que le 2021 bu récemment dans un autre contexte.

Syrah 2022 : (1/2 ha sur ponce et ½ ha sur argilo. 30% fût, 70% cuve. Environ 1/3 grappe entière suivant le millésime) Couleur sombre, nez très fin, pivoine, violette, un peu lardé, très syrah, bouche aérienne, très juteuse, peu de tannins, avec une finale légèrement acidulée, un peu salée et salivante. Glisse tout seul. Très joli là aussi.

Haka : 2022 sera le premier millésime, vieux gamays de 90ans sur Gergovie, 40% fût, 60% cuve. Fûts de 228, 300 et 400L. Sortira fin 2023.

Ephémère : achat de gamays centenaires sur Châteaugay. 2023 sera le dernier millésime, le domaine voulant arrêter tout négoce.

Hors Piste : était une expérience, gamay sans sulfites. 



Blancs

Blanc 2022 : (anciennement cuvée volcane blanc). 50% chardo, 45% gewurz, 5% pinot gris.  Gewurz sur argilo-calcaire. Chardonnay et Pinot gris sur pierre ponce. Le chardonnay passe en fûts d’environ 10ans (certains récupérés chez Yquem) sur lies, parfois bâtonné parfois non. Les pinots gris sont vieux, Miolanne en faisait une VT. Légère macération d’environ 6h sur le gewurz, parfois sur le chardonnay. Egrappé quand il y a macération, sinon pressé grappe entière. Pas de malo.    Nez aromatique, pas trop marqué gewurz, plutôt chardonnay avec un côté très floral, fruits du verger. La bouche est ronde, assez grasse, aromatique, précise, par contre manque légèrement de tension sur ce millésime. Mais comme la plupart des blancs des Côtes d’Auvergne...

Chardonnay : un chardonnay 100% est produit en plus sur les millésimes qui le permettent.

Marc de gewurz. 

Les 2023 seront plus tendus sur les blancs. Ici le chardonnay n’a pas trop souffert de la sécheresse contrairement aux rouges. Les pinots seront solaires en 2023. 25hL/ha à cause de la sécheresse contre 45hL/ha en moyenne au domaine. 65000bts en 2022. Plutôt 45000 environ sur 2023…

Tous ces vins ont des doses de SO2 entre 20 et 40 mg total selon les cuvées et les millésimes. Les élevages de 6mois sont filtrés. Les élevages qui sont passés à 9mois ne sont plus filtrés. Levures indigènes sur la gamme (sauf une cuvée qui a eu besoin de levures Bayanus une année pour finir la fermentation).


 Bulles

Aujourd’hui une bulle méthode trad mais non faite au domaine. Elle devrait disparaître.

Lahars : (Les Lahars sont des coulées de boues volcaniques) bulle de gamay, VV sur pierre ponce, méthode trad, non dosé sans soufre, non filtré, 1an sur lattes. Premier millésime en 2021.

Lahars blanc en chardo devrait voir le jour bientôt. Le but est de tout faire au domaine. 



Je n'avais pas goûté les vins du domaine depuis longtemps et je suis très heureux de voir de tels progrès. Mais rien de surprenant : entre les vignes qui commencent à prendre de l'âge, le travail en viticulture, le parc à fût qui s'agrandit, les élevages qui ont été rallongés, la petite partie négoce qui s'arrête doucement... Tout est là pour obtenir des vins de qualité, sur de beaux terroirs, vinifiés par des gens très compétents. Et ce n'est que le début de l'aventure finalement. J'ai hâte de voir où en sera le domaine dans 10ans.
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07 Nov 2023 10:37 #7

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A la retraite de Jean-Pierre Pradier en 2017, le domaine des Trouillères a été repris par Mikael et Camille Hyvert


Ils sont tous les deux sur le domaine désormais + un employé à temps partiel, et une vingtaine pour les vendanges.


Les 5,5 hectares sont situés : en grande partie autour du domaine sur le Puy de Tobize, sur la face Nord de Corent, quelques ares sur la face sud de Corent, sur le "Chemin des Martres" à Veyre-Monton.

(Pour rappel la face Nord de Corent est basaltique, l'Ouest très riche en pouzzolane, l'Est et le sud très argilo-calcaires) 



- Sur Corent, gamay et pinot noir. Quelques vignes de gamay d'Auvergne datent de 1948, les autres de la fin des années 1980. Climat très frais sur Corent Nord, vendanges 1 semaine plus tard. Plus solaire sur Corent sud bien sûr.

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- Autour du domaine, les sols sont très argileux, avec quelques veines calcaires. On parle parfois de "dépotoir" car il y a aussi un peu de granit etc... Cépages gamay, pinot noir et 1,24ha de chardonnay. Des gamays de Bouze viennent d'être replantés, cépage légèrement teinturier mais qui garde une bonne acidité pour un teinturier. Du gamay St Romain vient d'être planté aussi, ainsi que du pinot noir en 2017. Les autres vignes ont une trentaine d'années. Assez solaire ici.

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- A Veyre-Monton la parcelle est très calcaire. Moitié pinot, moitié gamay. Exposition sud-est. Solaire.  



Toutes les vignes sont plantées à 5500 pieds/ha, en 2m * 0,90m. Avant elles étaient taillées en Cordon, mais Jean-Pierre les a retaillées en guyot à la fin des années 1980. Mikael continue en guyot simple ou mixte, mais toujours avec un flux de sève de chaque côté.

Jean-Pierre a eu la bonne intuition de planter sur des porte-greffes vigoureux : 330EM pour les blancs, SO4, fercal..., Mikael a aussi mis des 1103 paulsen... Avant on mettait des porte-greffes faibles dans le basalte pour faire des petits rendements et des vigoureux dans l'argilo-calcaire pour faire des gros rendements. Mais avec le réchauffement climatique, la sécheresse, les sols calcaires...on se rend compte que les porte-greffes vigoureux sont mieux adaptés aujourd'hui. 



Le travail à la vigne

Le domaine est cerfifié bio depuis 2009. Quelques essais de biodynamie sont en cours, notamment des préparations faites en collaboration avec Yvan Bernard avec qui Mikael échange le matériel, et les résultats.

Les sols sont enherbés 1 rang sur 2, travaillés 1 rang sur 2, pas trop souvent et juste en surface. Peu de travail sur le cavaillon car difficile d'accès avec les machines disponibles. Un peu de débrousailleuse, un peu de pioche si nécessaire. Une partie des vignes est tressée (les moins vigoureuses), le reste est rogné le plus tard possible.

Traitements le plus "légers" possibles, au soufre systématiquement contre l'oïdium, pas beaucoup de cuivre car pas beaucoup de mildiou en général (sauf 2023). En moyenne 800gr/ha en 4 fois environ (dons loin des 4kgs autorisés). Pas mal de prêle, d'osier et d'autres plantes pour renforcer la vigne.  



2023 : très particulier ici, deux canicules : une en août et surtout une en septembre qui a tout accéléré très vite. La vigne a souffert du manque d'eau aussi, pourtant il y a eu plus de pluie ici que dans le sud des Côtes d'Auvergne. Les vendanges ont été avancées à la dernière minute. Les raisins étaient mûrs 30 jours après véraison. Vers le 10 septembre +0,5° d'alcool potentiel par jour. Il a fallu aller très vite puis bien trier. Certains raisins étaient à 15,5 potentiel ! Heureusement ils pourront être assemblés avec ceux de Corent Nord beaucoup plus bas. Bien sûr avec ces degrés potentiel et des pH élevés il faut être très vigilant aux bactéries, bretts..., d'autant plus en nature. Les vins sont bien plus colorés qu'en 2022, plus puissants, plus tanniques aussi, même s'il y a très peu d'extractions ici (pas de pigeage...). Mikael s'en sort tout de même avec environ 38hL/ha contre 40-45 en moyenne ces dernières années. 


Vente : 30% d'export, surtout Japon, Scandinavie, Pays-Bas, Suisse, Etats-Unis. Encore que le Japon a beaucoup stocké, ça se calme un peu. C'est une volonté de ne pas faire plus, car il y a la demande sinon...  



Les vins

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Les amphores en grès vs les petites jarres en terre cuite qui respirent beaucoup plus (idéal pour les blancs de macération notamment)

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Pas de collage, ni de filtrage, depuis 2020 volonté de faire du 0 sulfites, mais dès qu'il sent qu'il sent qu'il peut y avoir des bactéries Mikael ne s'interdit pas de mettre entre 1 et 2 gr/hL en cours d'élevage si c'est vraiment nécessaire.


Annolium blanc 2023 sur cuves (70% chardo, 30% gamay travaillé en blanc pour donner du peps. Certaines années ça peut être du pinot aussi) Bon équilibre entre des chardo à 15,5 et des gamay à 11, fermentation alcoolique et malo sont déjà finies. Un blanc avec du gras à l'attaque, du volume, ça devient plus vineux en fin de bouche, sur l'amande, portée par des amers, pas spécialement chaleureux, ça a gardé une bonne acidité pour un blanc 2023.

Gamay Corent Nord 2023 sur cuve (11;5%, égrappé lui. Sera sûrement assemblé) très frais mais sans être maigre ni en sous-maturité, goûte un peu comme un pinot sur des petits fruits rouges, groseille, serre un peu en finale encore mais c'est joli.

Gamay des Trouillères 2023 sur amphore en grès : (13,8% Carbo. Entrera dans la cuvée Eruption. Eruption : gamays de Bouze et d'autres types de gamay proches du domaine) Coloré, un peu chaleureux, encore serré. Manque un peu d'acidité. A voir dans quelques mois.

Pinot Noir Larrivas-Corent Nord Bouche à Z'oreilles 2023 sur amphore en grès : (13%. En grappe entière - 2022 était égrappé) élevages avec peu de lies chez Mikael. Ici comme dans le précédent, c'est coloré, puissant, manque un peu de fraîcheur et un peu serré encore. Mais à voir en fin d'élevage.

2022 cuve pinot léger Larrivas + petites trouillères + Veyre (tous les pinots légers et un peu de gamay. Sera la cuvée Les Zones Vignes) c'est très clair, acidulé, léger, perlant, légère volatile, frais, juteux, devrait faire un bon vin de soif dans quelques semaines.

Pinot Noir 2022 de Larrivas : (égrappé, a eu 1 an d'amphore. Remis en masse en cuve) un peu plus concentré que le précédent mais garde un profil très différent des 2023, plus acidulé, plus clair, petite volatile, légère souris en finale. 

Montagne de Strass 2022 rouge : (un peu de fût et un peu de jarre, assemblage 50% gamay 50% pinot, que de l'argilo-calcaire. Une cuvée phare de JP Pradier qui sera peut-être arrêtée à l'avenir) Fait plus pinot que gamay, le fût ne marque pas du tout, là aussi petits fruits rouges, typé nature, volatile, cerise, tannins encore un peu serrés.

Le clan sous l'arbre 2022 en bouteille : (chardonnay avec 20% de macération carbo + 80% de presse, en jarres en fûts. Sans sulfites) Couleur saumonée, nez un peu amande, frangipane, presque un peu typé blanc de noirs. Bouche avec du gras à l'attaque, pas une grosse acidité, la finale est étirée assez loin par des tannins et des amers de qualité, la macération a donné un peu de peps à la finale. Plutôt joli, mais il peut surprendre, un vin de gastronomie.

(Non goûté dans la gamme : le rosé Courant alternatif. Le Pet'nat rouge To Bize or not no bize 100% gamay pour le prochain - le 2023 qui sortira en 2025. Il n'y en a pas eu en 2022. Le précédent avait un peu de pinot). 


Un grand merci à Mikael pour le temps accordé et surtout pour toutes ses explications à la vigne comme à la cave !
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20 Nov 2023 22:28 #8

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Réponse de tomy63 sur le sujet Visite au domaine Simon Bousquet à Corent

Simon Bousquet fait partie de cette nouvelle génération de jeunes vignerons tout fraîchement installés en Auvergne (avec Bastien Migeon 2022, Les Bariolés 2022, L'eau qui dort-Coteau libre 2022, Chlo d'Auzit 2022, Lapilli 2023, L'Arbre blanc 2.0 2023...). 


  Lorsque l'on côtoie beaucoup la Bourgogne, la Champagne, le Bordelais... on ne se rend pas toujours compte de ce que signifie "s'installer" pour un jeune vigneron qui débute sans hériter du domaine familial. Ici, on y est pleinement confronté : le végétal n'est pas toujours parfait, le chai pas adéquat, l'équipe de vendangeurs pas assez nombreuse pour rentrer la vendange rapidement, il faut se débrouiller pour louer ou se faire prêter du matériel, faire avec des produits, des bouchons, du verre, des cartons, etc... à prix raisonnable et bien sûr travailler à côté pour vivre. Enfin, faire comprendre qu'il faudra bien vendre les bouteilles un certain prix pour rembourser l'emprunt initial... ll faut tirer un grand coup de chapeau à tous ces vignerons courageux, qui acceptent de tâtonner, de faire au mieux avec les moyens du bord, d'être toujours dans le provisoire, en attendant d'avoir les moyens de trouver mieux. 


Après un BTS viti-oeno de 2016 à 2018 et plusieurs stages (notamment au domaine des Trouillères), Simon a repris des vignes en Mars 2022 : 2,18ha sur la face sud de Corent. 4 petites parcelles proches les unes des autres, 2 en chardonnay et 2 en gamay, plantées en 2,50 * 0,90m. Ici, les sols sont argilo-calcaires, avec un peu de basalte sur la parcelle de chardonnay la plus haute sur le coteau (550m d'altitude). En parallèle, il est employé à la vigne chez Henri Chauvet.


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Le problème c'est que sur les 4 parcelles, 2 sont bonnes à arracher ! Il reste plutôt l'équivalent d'1,18ha en fait ! Les vignes appartenaient à un coopérateur qui vendait à St Verny et qui travaillait n'importe comment : les sols n'ont jamais été travaillés, ça a toujours vu le glyphosate, les vignes ont été mal greffées et surtout sur des porte-greffes mal adaptés, la taille également était très imprécise. Il y a pas mal de manquants aussi. Et énormément de pieds touchés par l'esca. Le problème c'est que la vigne est devenue faignante, elle trouvait tout ce dont elle avait besoin en surface. Par endroits on peut sûrement rattraper, à d'autres il faudra arracher. Mais on ne peut pas changer complètement de viticulture du jour au lendemain, il faut quelques années de transition, sinon la vigne ne le supportera pas.


Pourquoi donc rester ici ? "Déjà, il n'y avait que ça de disponible !" Mais, ce terroir a un beau potentiel. Il a l'avantage d'être entre deux couloirs de grêle, "ça ne tombe jamais ici. Le gel ne reste pas trop aussi. L'inconvénient par contre, c'est que c'est très solaire, le gamay tient bien, le chardonnay c'est plus compliqué si tu recherches des vins sur la fraîcheur". "En 2022 je m'en sors avec presque 30hL, en 2023 avec 30-35 hL avec une qualité plutôt bonne après tri". Il y a un projet de plantation sur Plauzat, en face de l'autre côté de l'autoroute (" c'est basaltique juste en face, et de l'autre côté plutôt argilo-calcaire avec une influence plus forte du Sancy ") 

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La parcelle de chardonnay "du bas", en mauvais état. 


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La parcelle de chardo "du haut", en bien meilleur état. Un peu de basalte ici, mais surtout une veine d'eau qui lui a permis de mieux survivre. Les sols sont très différents ici, le résultat aussi, beaucoup plus de fraîcheur. Le petit coin en bas à droite pourrait être replanté en plus. Peut-être en chardo, peut-être en gamay d'Auvergne, mais sur des porte-greffes vigoureux, du fercal ou du SO4. "Sinon le melon, ça me tenterait bien, j'adore ce cépage" ! 



En attendant, les sols sont travaillés/enherbés un rang sur deux. Vu le peu de surface, tout est taillé tard, en mars, ça limite l'esca ici. Pour nourrir les sols progressivement, sont ajoutés de la plume, de l'herbe à cochon, potasse, phosphore, surtout oligo-éléments, "il en manque beaucoup". L'idée c'est aussi de renforcer la plante. Dans quelques années on pourra aller plus loin, surtout avec l'aide de Mikaël Hyvert, le taulier du coin pour tout ce qui est travail à la vigne. En 2023, 6 traitements cuivre/soufre ont été passés, en demi-dose. Tout est bio désormais. La conversion sera demandée dès que le domaine sera bien installé.  



A la cave ! 

Simon a trouvé une cave vigneronne dans le village en 2023. Parfaite au niveau température, son inconvénient c'est qu'elle n'est pas accessible pour les camions. Là aussi, c'est du provisoire. Les 2022 ont été pressés en partie au domaine des Trouillères, puis vinifiés à Aulnat dans un entrepôt. L'inconvénient c'est qu'il était loin. L'avantage c'est qu'on pouvait tout faire en gravité, tout a été fait avec des gaz neutres, rien n'a eu besoin d'être sulfité en 2022. Tout a été élevé en cuves. Une partie de la récolte avait été vendue faute de place pour tout garder. En 2023, tout est fait ici à Corent, le travail est toujours en levures indigènes, pas de collage ni de filtration, une seule cuve a eu besoin de SO2. Simon essaye au maximum de travailler sans sulfites, mais ne s'interdit pas d'en mettre si vraiment nécessaire. Tous les vins sortent en Vin de France, au moins pour le moment, "on verra par la suite". L'agrément est payant et pas toujours simple pour les vins non filtrés malheureusement


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Le pressoir à l'ancienne, vraiment très pratique pour des pressurages doux et lents, si on n'a pas de gros volumes bien sûr...


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Les 2023 en cuves fibres pour le moment. Peut-être qu'une cuvée verra la barrique... Attention, si le matériel semble "sommaire", Simon fait d'autant plus attention à l'hygiène, à la rigueur. Tout est extrêmement précis. Toutes les FA sont terminées, il reste quelques malos à finir sur certaines cuves. Les analyses sont envoyées dans le Beaujolais. "Il n'existe pas de labo en Auvergne, juste une sorte de bus pendant les vendanges. On envoie tout dans le Beaujolais, certains à Montpellier. C'est sérieux. Tu as les résultats le soir-même. Indispensable pour moi pendant les fermentations. Par contre on est à 40€ l'analyse..."


 2023 blanc chardo du haut + un peu de gamay : (le but est de donner du peps) Pour un 2023 c'est très frais, le gamay a bien marqué, on tire vraiment sur le blanc de noirs, précis et tendu, avec une finale sur des amers nobles, très joli.

2023 chardo du bas 2semaines et demi de macération (en vraie carbo) : pas d'autres choix que la macération pour donner du peps, enlever de l'alcool avec la grappe entière. Le nez est superbe, très pêche, même ananas, fruits exotiques, ça attaque bien en bouche, ça finit par contre un peu court, manquant un poil de relance. Mais c'est bon. Surtout pas pataud pour un 2023. On verra plus tard si les deux seront assemblés ou non.

2023 Elohim : (Dieu multiple en hébreu, 80% gamay en grappe entière + 20% chardonnay ajoutés en pleine fermentation semi-carbonique) donne un vin clair, plein de fruits, tannins souples, frais, facile à boire, je trouve qu'il pinote un peu, petits fruits rouges acidulés, groseille, framboise, on a déjà envie de le mettre en bouteille !

2023 Haceldama : (=champ du sang, à cause des herbes coupantes sur la parcelle. La petite parcelle de gamay, 2 semaines de semi-carbo, grappe entière donc) plus coloré, attaque sur un fruit plus noir et plus confituré, mais la finale reprend de l'acidité et de la fraîcheur. Ca manque juste un peu de longueur, mais là aussi c'est bon, dans un style plus gourmand. C'est ce que veut Simon, faire des vins frais, digestes.

2023 Viligate : (30% gamay + 70% pinot noir achetés à Mikaël Hyvert sur Corent sud aussi. Travaillé de plusieurs façons en millefeuilles) Belle aromatique qui pinote bien, plus de volume, acidité élevée, par contre les tannins sont serrés. C'est lui qui verra probablement la barrique.

2023 Cyrene : (grande parcelle de gamay, en semi-carbo, mais a patiné, c'est lui qui a été sulfité à 20mg pour l'instant) "Lui c'est l'enfant rebelle, on ne sait pas trop ce qu'il nous fait", très changeant en plus. Ce jour-là en effet, il y a beaucoup de volatile, très compliqué. On verra dans quelques mois...


En bouteille

Koumi blanc 2022 : on ouvre 2 bouteilles différentes, la première est très exotique au nez mais présente une bouche étrange un peu diluée. La seconde présente un nez plus frais, plus réducteur, différent, la bouche ne semble pas dans son meilleur jour. "Rien à voir avec le mois dernier".

Héloïm 2022 : même recette que 2023, gamay avec 20% de chardo, clair en couleur, léger, aérien, petits fruits rouges, avec l'ouverture il part sur des notes de thé noir, de zan. Il est léger, tendu, mais avec un vrai fond. Un vin d'esthète. Réussir ça dès le premier millésime, chapeau !

Haceldama 2022 : (il y avait une cuve à 12,5° et une à 14° qui ont été assemblés à la fin) gamay un peu plus mûr, joli nez cerise, mûre. La bouche attaque ronde, gourmande, fruits un peu sucrés, puis se retend par la suite, avec des tannins un peu plus marqués que dans le précédent, même si on garde un style plutôt fin et frais.


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Un grand merci à Simon pour le temps passé dans les vignes et à la cave. Bavo pour son courage et son abnégation : bien sûr que tout n'est pas parfait ici, mais quand on voit tout ce qui est relaté plus haut, il faut un sacré talent pour sortir de tels jus sur ses 2 premiers millésimes. Rendez-vous est pris pour l'avenir !
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29 Nov 2023 22:54 #9

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Réponse de oliv sur le sujet Visite au domaine Simon Bousquet à Corent

Merci pour ce superbe travail de fond qui ouvre des chemins de traverse.  
29 Nov 2023 23:45 #10

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