Voici donc également mon CR...
Les bouteilles ont été ouvertes quelques heures avant la dégustation, pas de carafage.
Les vins sont servis par couple, à l'aveugle.
J'ai indiqué, à titre d'information, pas forcément innocente...
, la cote iDealwine actuelle des différents vins servis.
1. Château Pique Caillou - Pessac-Léognan 2000 - 18,91 € - 13,5/20
La robe est d'intensité moyenne, mate, aux reflets rubis. Le nez est mûr, légèrement viandeux, au fruité mâtiné de cuir et de sous-bois. En bouche l'attaque est ferme, le corps et l'ampleur sont moyens, la finale un rien chaleureuse délivre une légère amertume. Longueur correcte.
2. Château Pique Caillou - Pessac-Léognan 2001 - 14,63 € - 13/20
La robe montre davantage de brillance, et le nez davantage de fraîcheur, avec un beau fruité souligné d'un boisé léger lui donnant un côté flatteur. La bouche confirme le côté frais, mais elle confine ici à la maigreur, la finale montrant les mêmes limites que celle du 2000, en pire, avec une amertume qui devient ici dérangeante et des tannins plus saillants. Longueur moyenne.
Deux vins qui ne marqueront pas ma mémoire, avec un léger avantage au 2000, le 2001 ne parvenant pas, malgré un nez plus plaisant, à compenser ses défauts en bouche.
2000 - 2001 : 1/0
3. Château Pape-Clément - Pessac-Léognan 2001 - 63,83 € - 15/20
Ce qui frappe en premier c'est incontestablement le boisé torréfié, qui domine l'aromatique à ce stade, et qui ne laisse poindre de belles notes fruitées fraîches qu'après une bonne aération. La bouche est quant à elle superbe, fraîche, svelte, très bien équilibrée et très longue, encore marquée par des tannins (de bois ?) assez nets mais pas agressifs. Si ce n'était ce boisé à mon sens trop appuyé (assurément le vin le plus boisé de la soirée), le vin est très prometteur. En espérant que cela se fonde d'ici quelques années, dans le cas contraire il faudra le réserver aux amateurs de café...
4. Château Pape-Clément - Pessac-Léognan 2000 - 92 € - 14,5/20
Le nez semble ici bien moins boisé mais également assez peu expressif, avec un fruité qui semble plus mûr, accompagné de notes de mine de crayon et de réglisse. En bouche, il se montre plus volumineux, plus large, mais également moins tendu avec une finale trop rapidement évanescente et des tannins un peu plus secs.
Malgré ce boisé à mon sens trop insistant, je donne ma préférence au 2001 pour ses qualités en bouche nettement supérieures à celles du 2000 qui, même s'il est sans doute en phase de fermeture aromatique, ne possède ni la longueur, ni l'équilibre, ni la tension de son cadet.
2000 - 2001 : 1/1
5. Château d'Aiguilhe - Côtes de Castillon 2001 - 18,98 € - ED
Robe anormalement évoluée, nez complètement cuit sur le viandox, le pruneau, oxydé, bouche d'une acidité redoutable, pour ma part, aucun doute, la bouteille est défectueuse.
6. Château d'Aiguilhe - Côtes de Castillon 2000 - 22,63 € - 13/20
La robe est plus conforme à son âge. Le nez est discret, fermé, sur un fruité mûr, du cuir et quelques notes cacaotées. L'attaque en bouche est nette, l'équilibre est bon, le corps moyen, tout comme la longueur, avec des tannins fermes d'un grain assez grossier. Un vin sans vice ni vertu, qui ne m'a guère emballé...
Il n'y a pas eu match, même si je suis persuadé qu'un 2001 en forme aurait écrasé sans peine ce 2000 assez quelconque...
2000 - 2001 : 1/1
7. Château Léoville Barton - Saint-Julien 2000 - 115,5 € - 14,5/20
Robe intense, très jeune. Nez floral, assez discret, au fruité frais. Bouche fraîche, élégante, très bien équilibrée, encore marquée à ce stade par des tannins très fermes. Longueur moyenne.
Un vin fermé, qui semble à un stade un peu strict et manquer un peu de longueur, ce qui explique la note relativement basse à ce stade. Il se présentera sans doute mieux dans quelques années.
8. Château Léoville Barton - Saint-Julien 2001 - 50 € - 15,5/20
Le nez semble au départ un peu réduit sur quelques notes animales, s'ouvrant ensuite sur un fruité noir qui semble bien mûr associé à des notes de réglisse. La bouche donne davantage de plaisir en l'état, avec plus de souplesse, d'ampleur et de volume pour ce 2001, ainsi que des tannins plus ronds et une longueur de plus haut niveau.
Le 2001 me semble l'emporter assez nettement en bouche, avec un caractère paradoxalement plus mûr, plus rond et plus souple que le 2000, ce qui m'a fait inverser les millésimes à l'aveugle.
2000 - 2001 : 1/2
9. Château Larruau - Margaux 2001 - non coté... - 17/20
Robe d'intensité moyenne aux reflets rubis. Beau nez sur un fruité rouge frais, des notes de réglisse et de fumée. Superbe bouche fruitée et juteuse, superbement équilibrée et d'une étonnante longueur, qui offre énormément de plaisir à ce stade.
La révélation de la soirée incontestablement, pour ce vin que je ne connaissais pas, vendu aux alentours de 13 €, et qui se permet de faire la nique à des vins à la réputation et au prix de vente incomparablement plus élevés...
10. Château Larruau - Margaux 2000 - 20,11 € - 15/20
Comparé à son cadet d'un an, il semble un peu moins complexe au nez sur un fruité plus mûr, légèrement confituré, avec un peu de cuir, un peu moins gourmand et moins tendu en bouche, avec des tannins un peu plus sévères et une longueur un peu moins importante, mais qu'on ne s'y trompe pas, c'est également une très belle bouteille.
Le 2001 semble assez nettement supérieur avec une finesse et une longueur tout à fait étonnantes pour un vin payé aux alentours de 13 €, qui prouve qu'il y a encore moyen de faire de superbes découvertes à bon prix à Bordeaux. Bravo à Alain Hinant pour avoir déniché l'habituelle surprise qui préside à nos dégustations !
2000 - 2001 : 1/3
11. Château Sociando-Mallet - Haut-Médoc 2001 - 30,17 € - 15,5/20
La robe est ici nettement plus intense, très jeune. Le nez est marqué par le poivron rouge, voire le paprika, accompagné de fruits noirs, de tabac et d'un boisé léger et bien intégré. L'attaque en bouche est très fraîche, sur un ensemble assez strict mais d'une belle finesse, tout en équilibre et en longueur, aux tannins bien enrobés. Très belle bouteille.
12. Château Sociando-Mallet - Haut-Médoc 2000 - 46 € - 15/20
Très semblable au précédent tant au niveau de la robe qu'au nez, ils ont incontestablement un air de famille ! Le 2000 semble cependant un rien moins mûr que le 2001, avec des notes de poivron plus marquées. La bouche est par contre plus conforme à) l'idée que je me fais des 2000, avec un caractère plus souple, plus rond, moins strict que le 2001, mais également moins tendu et surtout moins long, avec des tannins qui semblent paradoxalement plus sévères.
Petite préférence donc pour le 2001, plus classique dans sa constitution. Sociando ayant par ailleurs un caractère propre bien reconnaissable, c'est le vin qui a été reconnu à l'aveugle par le plus grand nombre de dégustateurs présents. Il faut dire que nous nous étions bien entraînés avec la récente verticale sur 19 millésimes organisée avec le même groupe...
2000 - 2001 : 1/4
13. Château La Conseillante - Pomerol 2001 - 84 € - 17/20
Robe intense aux reflets très jeunes. Nez malheureusement réduit sur des notes animales, cour de ferme, qui lui fait manquer un peu d'élégance, même si un très beau fruit noir apparaît à l'aération. C'est en bouche qu'il démontre toute sa splendeur, avec une matière énorme mais sans ostentation, un équilibre et une longueur magistraux. Grand vin, qui aurait sans doute mérité une note encore supérieure avec une aération plus importante.
14. Château La Conseillante - Pomerol 2000 - 163,75 € - 16/20
Pas de réduction ici, le vin se montre donc plus élégant au nez, avec un fruité peut-être un rien moins mûr, un boisé léger très bien intégré, des notes épicées et un peu de tabac. La bouche se montre par contre moins complète bien que de très bon niveau, avec un côté plus strict et plus tannique que son cadet et une longueur qui bien que très belle, est moins impressionnante.
Deux très beaux vins assurément, mais une nouvelle fois un avantage à mon sens assez net au 2001, qui a pourtant souffert d'un handicap au nez lié à son caractère réduit. Cela fait pour moi de La Conseillante 2001 le plus beau vin de la soirée. La différence de cote entre ces deux bouteilles me semble totalement injustifiable au regard de leurs qualités respectives.
2000 - 2001 : 1/5
15. Clos Les Lunelles - Côtes de Castillon 2000 - non coté - 11/20
Pas grand chose à dire sur vin qui semble largement sur la pente descendante, marqué par le cuir, le viandox, un fruité cuit et des notes de sous-bois. En bouche, l'acidité est marquée, les tannins sont grossiers, aucun intérêt...
16. Clos Les Lunelles - Côtes de Castillon 2001 - non coté - 12/20
Ce premier millésime entièrement aux mains de Gérard Perse montre effectivement un changement radical dans le style... La bouteille est plus lourde, d'une forme évoquant celle de Pavie (et c'est raté pour l'aveugle...), on voit qu'on y a attaché de l'importance.
Et le vin ? La robe est noire aux reflets violets, on se croirait à Madiran. Le nez est très (trop ?) mûr, sur les fruits noirs macérés à l'alcool, un boisé encore imposant et des notes chocolatées. En bouche c'est incontestablement volumineux et d'une ampleur étonnante, mais également d'un caractère tannique féroce qui aura à mon sens beaucoup de mal à se fondre et qui rend le vin, en l'état, difficilement buvable. La volonté de bien faire étant sans doute là, mais le résultat est trop caricatural que pour être applaudi.
J'ai placé le 2001 devant, parce que la matière était belle, et qu'il reste un mince espoir que cela s'arrange un peu avec le temps, même si je n'y crois pas trop.
2000 - 2001 : 1/6
17. Château Pontet-Canet - Pauillac 2000 - 52 € - 15,5/20
Robe intense aux reflets rubis. Nez élégant, encore légèrement boisé sur la poudre de riz, au fruité frais, avec peut-être même une petite pointe végétale. En bouche il se montre droit et fin, très bien équilibré et long, sans doute pas le plus puissant de la soirée (il passe après un monstre de puissance et d'extraction), dans un style plutôt strict, mais qui lui sied parfaitement. A attendre avec confiance.
18. Château Pontet-Canet - Pauillac 2001 - 25 € - 16/20
Par rapport à son aîné, il me semble un peu plus "tout"... Plus mûr, plus pauillac avec ses notes de tabac et de pierre, plus ample tout en étant plus tendu, un peu plus long également. C'est une très belle bouteille assurément, qui a la malchance de passer en fin de dégustation, au moment ou la fatigue se fait sentir, et qui aurait peut-être mérité une note un brin supérieure encore.
Une fois encore, le 2001 me semble supérieur, même si le niveau (élevé) est ici assez proche, ce qui n'est pas le cas de la cote...
2000 - 2001 : 1/7
19. Château Lagrange - Saint-Julien 2000 - 40,5 € - 13,5/20
Si le nez semble mûr sur les fruits noirs et le cuir, la bouche me dérange par un caractère acide trop marqué et des tannins un peu stricts. L'équilibre me semble un peu limite, et la longueur est bonne, sans plus. Je ne sais si je suis passé à côté de cette bouteille à cause de la fatigue (d'autres l'ont mieux appréciée) ou si elle avait un défaut, mais je n'ai pas reconnu la belle bouteille goûtée il y a quelques années déjà.
20. Château Lagrange - Saint-Julien 2001 - 26,91 € - 14/20
Le nez est fumé, légèrement torréfié, avec des fruits noirs bien mûrs et du chocolat. La bouche est plus souple, plus ample, bien équilibrée, mais les tannins me semblent un peu abrupts, voire même un peu secs. La longueur est moyenne.
Inutile de dire que j'attendais mieux de Lagrange, qui a peut-être souffert de sa place dans la dégustation. Le 2001 me semble plus équilibré.
2000 - 2001 : 1/8
Une victoire sans bavure en ce qui me concerne pour les vins issus du millésime 2001, qui me semblent plus complets, plus classiques, plus longs que les 2000. Je ne suis pas certain du tout pour ma part que le temps changera quoi que ce soit à l’affaire, et cette dégustation conforte l’opinion que j’ai déjà émise à plusieurs reprises sur LPV, à savoir que 2001 est pour moi au moins égal voire même supérieur à 2000 à Bordeaux.
Sans doute pas que 2001 soit un millésime si exceptionnel, mais surtout parce que 2000 a été largement surévalué en terme de qualité à sa sortie, chiffre magique oblige…
Mon classement de la soirée :
La Conseillante 2001
Larruau 2001
Pontet-Canet 2001
La Conseillante 2000
Viennent ensuite Pontet-Canet 2000, Sociando Mallet 2001 et Léoville Barton 2001.
Le groupe a classé les vins de la manière suivante :
1. Château Larruau 2001 (note moyenne 16,05/20)
2. Château Léoville Barton 2001 (note moyenne 15,55/20)
3. Château La Conseillante 2001 (note moyenne 15,05/20)
4. Château Sociando Mallet 2001 (note moyenne 14,95/20)
5. Château Pontet Canet 2001 et Château Léoville Barton 2000 (note moyenne 14,7/20)
On constate donc que les 2001 ont survolé les débats, alors que d’un point de vue strictement financier, les 2000 dégustés lors de cette soirée cotent en moyenne 75 % de plus que les 2001. Cherchez l’erreur…
Luc