CR d'une dégustation avec Michel Drappier à NormaleSup' en décembre 2011.
Au-delà de ses vins, sur laquelle je reviendrai dans quelques lignes, la Maison présente quelques caractéristiques singulières : sur ses 54 ha de vignes en propre (augmentées de quelques vignes en location), Drappier produit des vins
[issus de l'agriculture biologique ou en passe de l'être] à partir des 7 cépages champenois : chardonnay, pinots noir et meunier, ainsi qu'arbanne, petit meslier, blanc-vrai et fromentot. Les vins ne subissent pas de filtration et, pour les rosés, sont issus de la saignée directe des pinots. La liqueur de dosage, enfin, fait l'objet d'une réflexion importante et possède la caractéristique d'être constituée d'un assemblage de vins secs et de sucre neutre vieillis pendant plus de vingt ans, en fonction de l'assemblage ou du millésime auquel elle est destinée.
Brut Nature
Ce vin est constitué intégralement de jus de pinots noirs, il est non-dosé ; la robe est très pâle et le nez encore assez discret. La bouche est plaisante, l'attaque fraîche avec ensuite de légères notes lactiques. La finale, minérale, est très gourmande sur de beaux agrumes et particulièrement sympathique.
Brut Nature, sans soufre ajouté
Ce vin, pendant du précédent, a été dégorgé en septembre 2010. La robe, légèrement dorée, est plus brillante. Le nez, assez riche, est légèrement oxydé (noix, noisettes). En bouche, l'attaque est fraîche, les notes aromatiques subséquentes toujours légèrement lactiques, mais maintenant avec des touches plus oxydatives (pomme mûre). La finale, également minérale, présente plus d'amertume et fait écho aux notes de pomme mûre. Ce vin est en fait assez peu comparable au précédent, beaucoup plus sur la minéralité et une impression de plus grande structure.
Quattuor
Initialement imaginé comme un paradoxal blanc de blancs duquel le chardonnay serait absent, Quattuor a finalement été assemblé à parts égales des quatres cépages blancs champenois : chardonnay, arbanne, petit meslier et blanc-vrai. A la production relativement confidentielle (2000 btl.), il est peu dosé (5 g/L). Au nez, l'arôme est gourmand, de pomme coupée. Cette gourmandise se retrouve en bouche ; l'attaque est assez douce et l'aromatique riche (poivre, pommes, agrumes). La bouche est d'une bonne fraîcheur et d'un bon gras. La finale, très tranchante, est d'une minéralité pure, avec une fine amertume. C'est un vin assurément original et particulièrement intéressant.
Rosé Brut
Entièrement issu de la saignée de pinots noirs, ce vin est moyennement dosé (6 g/L). La robe est légèrement cuivrée ; le nez, assez discret, tire assez nettement sur la framboise. La bouche en revanche est particulièrement gourmande, sur un aromatique très fruits noirs (cassis) et d'une grande fraîcheur. Sur la finale pointe encore la fraîcheur, avec un aromatique plaisant et une légère amertume. De belle facture, la légère suavité de ce vin me laisse penser qu'il s'exprimerait mieux sur des accords mets-vins asiatiques que sur des desserts eux-même sucrés.
Rosé Nature
A partir des même moûts que le Rosé Brut, ce vin aura subi une vinification légèrement différente afin de lui permettre de ne pas être dosé. Si la robe est également légèrement cuivrée, le nez s'oriente sur des fruits rouges plus acides (groseille, groseille de maquereau). En bouche, l'attaque est légèrement poivrée et l'aromatique initial sur des fruits rouges assez tranchants, avant d'évoluer sur des fruits plus blancs et un caractère plus vineux que le Rosé Brut. La finale légèrement amère, assez plaisante sur des notes d'agrumes, laisse un impression de bouche plus pleine.
Grande Sendrée 2004
Cet assemblage millésimé, le pinot noir prédominant légèrement sur le chardonnay, est dosé à 4.5 g/L par une liqueur plus que trentenaire. Il est d'un jaune doré aux reflets encore légèrement verts ; le nez de peaux de fruits introduit une bouche jolie, gourmande sur des agrumes explosifs, dense. La finale est vineuse et de belle structure. L'amertume et l'astringence assez imposantes, ainsi que la fraîcheur latente, en font un compagnon assez formidable, à asseoir impérativement à table.
Carte d'Or 1995, en magnum, dégorgé en février 2008
Cet assemblage extrêmement majoritaire de pinots noirs présente une belle robe dorée. Le nez, très plaisant de fruits jaunes, se concentre sur des arômes secondaires (pâtisserie, mie de pain). Il est puissant, sur les notes de grillé et de coings desquels la couleur lui a donné son nom. La bouche est crémeuse, les agrumes intenses, d'une grande fraîcheur avec une belle amertume, assez ronde. La finale conserve cette amertume et, à la grande longueur, associe une grande buvabilité. Ce vin est d'une densité impressionnante et d'une amertume remarquable.