Un peu de rangement dans la cave du groupe fait émerger quelques bouteilles orphelines, notamment quelques belles étiquettes de vins blancs. L’actualité sportive du moment fait germer l’idée de les regrouper lors d’une dégustation pour faire un Tour de France.

Le vrai Tour de France, c’est ça :
 

On se rend bien compte que ce n’est pas vraiment le tour de la France, il y a des impasses, comme chaque année, et une grosse concentration d’étapes en Bretagne.
Et bien pour nous c’est pareil : on commence par de nombreuses étapes en Bourgogne avant de tourner dans le pays, avec quelques liaisons aériennes :


Préambule sur mes notations :0 = raté    1 = médiocre    2 = correct    3 = bon    4 = très bon    5 = excellentavec des demi points, des + et des – qui permettent d’affiner le jugement et de classer les vins entre eux.

Première étape : Chitry. Première des 5 étapes du chardonnay, pour les sprinters.
Chitry, domaine Olivier Morin, Constance 2018
Robe jaune verdâtre assez pâle.
Nez ouvert, légèrement fermentaire, puis floral et citronné.
Attaque souple et fraiche, acidulée. Très vite, un côté rond et gras s’installe, avec une note levurée tendance croute de fromage en finale (tomme de Savoie). Le citron et l’amande séchée complètent la gamme aromatique. La finale est à la fois un peu saline, un peu amère et un peu chaude. Assez long en bouche.
Bon, sans plus. (Note 3-/5).

Deuxième étape : Chitry
Chitry, domaine Olivier Morin, Olympe 2017
Robe jaune verdâtre assez pâle.
Nez assez ouvert, dominé par les fleurs blanches et complété par du citron et de la noisette.
Attaque souple et fraiche. Bouche en ½ puissance, fondue, fraiche, bien équilibrée. C’est un vin élégant et expressif avec un côté patiné. On retrouve le citron, les fleurs blanches et la noisette, accompagnés d’un peu de vanille. Finale fraiche et aromatique, d’assez belle longueur.
Bon à très bon (3,5-/5), mais ca manque un peu de caractère pour prétendre à plus. 

Troisième étape : Saint Romain
Bourgogne, domaine Christophe Buisson, Chardonnay 2016
Robe jaune verdâtre assez pâle.
Nez ouvert, sur la pierre à fusil (et même un soupçon de caoutchouc), les fleurs blanches et l’anis.
Attaque ample et fraiche. Belle matière, ample, fondue, fraiche. C’est limpide. Retro sur les agrumes, les fleurs blanches, l’anis et la vanille. L’écorce de mandarine vient s’ajouter en finale, associée à une fine amertume. Belle longueur.
Bon à très bon (3,5+/5) ; un vin très agréable, doté d’une belle matière et d’un bel équilibre.

Quatrième étape : Marsannay
Marsannay, domaine Jean Fournier, Clos du Roy 2015
Robe jaune verdâtre assez pâle.
Nez ouvert, sur la vanille, la poire, le moka et les fleurs blanches ; je pressens un boisé trop marqué.
Attaque ample et ronde. Bouche souple, suave, ronde, mais pas lourde. Retro sur la vanille, le moka, puis la poire et les fleurs blanches. Le boisé est dominant en finale. Très belle longueur.
Bon à très bon (3,5/5) ; un très beau vin mais avec un boisé trop marqué à mon goût. 

Cinquième étape : Mercurey. Nous continuons à sillonner la Bourgogne en remontant le temps, mais cette fois ci nous faisons un saut de 6 ans.
Mercurey, domaine de l’Europe, Clos du Chateau 2009
Robe jaune dorée, intense.
Nez assez discret, un peu sur le caillou. Au réchauffement, du café au lait se manifeste.
Bouche ample, ronde et tendue, plutôt bien équilibrée. Aromatique sur les fruits secs et le citron au début, puis sur les fruits secs, les herbes séchées et le café vers la finale. Ce vin a probablement perdu de son fruit au fil des ans. Belle longueur.
Bon (3/5) ; mais probablement bu trop tard. 

Pour la 6e étape, le peloton fait une longue étape vers l’ouest pour tout juste sortir de la Bourgogne administrative en passant la Loire. Attention au coup de bordure pour la dégustation à l’aveugle, on change de cépage.
Sancerre, domaine André Vatan, Les Charmes 2010
Robe jaune grisâtre, pâle.
Nez ouvert, sur le buis, le litchi, le citron, le pamplemousse et l’eucalyptus.
Attaque souple et fraiche. Bouche moyennement puissante, acidulée, fraiche. C’est un vin droit et élégant. Retro sur la mandarine, le citron, le pamplemousse, avec aussi de la pêche et un peu de litchi. Finale très aromatique, ca envoie. Assez belle longueur.
Bon à très bon (3,5/5), élégant, frais, expressif et original. 

Pour la 7e étape, le transfert se fait en train jusqu’en Languedoc, pour une étape pour baroudeurs de la dégustation. Pas moins de 6 cépages à trouver dans l’assemblage de ce vin (Grenache blanc & gris, Roussanne, Carignan Blanc, Maccabeu, Clairette).
Languedoc, Clos Marie, Manon 2013
Robe jaune à reflets orangés, assez pâle.
Nez ouvert, très joli, complexe. On y trouve d’abord un côté fermentaire comme sur un vieux champagne, puis des fleurs séchées, de la pomme mûre et de la réglisse.
Attaque ample et ronde. La matière est fondue, tendue et fraiche, à la fois ample et élégante. Les arômes sont nombreux, apportant complexité et gourmandise au vin : citron, beurre, mandarine, brioche, fleurs séchées, pomme mûre, réglisse. La finale, fondue et aromatique, est associée à une très belle longueur.
Très bon à excellent (4,5/5), un vin complexe et original, qui m’a donné beaucoup de plaisir. Une très belle découverte. Le vin de la soirée pour moi. 

Pour la 8e étape, le peloton reprend la route. L’étape sera ardue, avec 4 cols sur la route des cépages (roussane dominante, clairette, grenacheblanc  et bourboulenc).
Châteauneuf du Pape, domaine des Relagnes, La clef St Thomas 2009
Robe jaune à reflets verts.
Nez assez discret, sur la menthe, l’herbe fraiche, les fleurs blanches, le caillou et la poire.
Attaque ample et ronde. En bouche la matière est belle, ample, puissante, ronde, mais avec un léger manque de tension pour moi. En retro, on trouve du boisé, de la menthe, de l’herbe fraiche, des fruits secs, du citron confit et de la poire. Finale saline, presque salée, avec une légère amertume. Très belle longueur.
C’est bon (3+/5), complexe et rond. 

Transfert en avion jusqu’à Bordeaux, pour le contre la montre individuel de la 9e étape, sans trop de difficulté, autour du sauvignon.
Bordeaux, Le Blanc du château Rollan de By 2017
Robe jaune dorée.
Nez exubérant, superbe, sur l’ice tea pêche, le pamplemousse, l’eucalyptus et le cassis.
Attaque ample et ronde. Belle matière, puissante, bien équilibrée. En retro, on retrouve le bouquet ainsi qu’un fort boisé qui monte en puissance jusqu’à écraser la finale et la rendre amère. Belle longueur.
C’est bon (3/5) en l’état, mais la bouche est décevante au regard du nez. Certainement bu trop jeune, ce sera probablement très bon dans quelques années. 

La 10e et dernière étape se dispute dans le Jura, sur un terrain accidenté. Les concurrents qui ne sont pas familiers du savagnin vont trouver l’épreuve un peu raide.
Arbois, domaines de la Tournelle, Fleur de Savagnin 2008
Robe jaune dorée.
Le nez est ouvert, d’abord sur un côté pas très agréable entre le viandox et la croquette pour chien, puis des agrumes, du pain frais et de la pomme blette.
Attaque ample et fraiche. La bouche est souple, acidulée, avec un très bel équilibre et une grosse tension qui a désarçonné les novices de ce cépage. La retro diffère du bouquet, avec de la pomme mûre, du pain frais, de la mandarine, des fruits secs et un côté levuré. Finale acidulée sur les agrumes, couplée à une très belle longueur.
C’est très bon (4/5), un beau savagnin ouillé. 

Voici les photos des 10 étapes de ce tour de France : 

 

Ce fut une belle soirée, avec des vins au minimum bon et un Clos Marie qui a survolé les débats pour moi.
Nous avons fait un sondage, en demandant à chacun des 13 participants de citer ses 3 vins préférés, pour voir ceux qui ont le plus plu. Les résultats sont présentés dans le tableau ci-dessous :

 

Le Sancerre, qui était un des vins les moins onéreux, remporte le maillot jaune.

Merci de m'avoir lu,
Bibi   

La 10e et dernière étape se dispute dans le Jura, sur un terrain accidenté. Les concurrents qui ne sont pas familiers du savagnin vont trouver l’épreuve un peu raide.

C'est sûr qu'après un Languedoc, un Châteauneuf-du-Pape et un Bordeaux, le savagnin ça peut être violent   !

Bravo pour l'éclectisme en tout cas. Et Olivier Morin, le RQP est quand même pas mal... 

Les étiquettes ont sacrément morflé : cave humide ? 
 

écrit:

Les étiquettes ont sacrément morflé : cave humide ? 


 

Nous utilisons des Eurocave. Je n'ai pas prêté particulièrement attention à l'hygrométrie mais elle me semble bonne.
Pour ces bouteilles, je soupçonne plutôt le fait qu'on les a sorties et re-rangées plusieurs fois récemment, avec quelques minutes hors cave par temps chaud, et les bouteilles qui finissent détrempées à cause de la condensation.