Celle-là ça faisait bien un an qu’on l’attendait. Ma première rencontre avec Alex et Val, parti d’un simple échange sur LPV avec l’ami Alex, quelques échanges par SMS, un échange de pif… Consolidation avec l’ami Val sur un groupe Whatsapp en début d’année 2021, qui doit compter environ 1000 messages à la semaine aujourd’hui, il était grand temps d’immortaliser une première rencontre, et comme disaient les inconnus dans leur sketch, « cette fois-ci, on allait pas s’rater ».
Une expédition Chronopost chez Alex la semaine précédente, me voilà dans l’avion le vendredi soir en direction du NooOooOOOOrDDdDDdDDDd. J’avais jamais fait gaffe sur une carte de France à quel point le nord c’était haut. Je disais à Alex à quelques centimètres près ils finissaient dans l’eau, sans déconner.
AirBNB à 300 mètres de chez Alex, me voilà à sonner chez ce Lorrain aussi attachant que précis dans ses CRs à 19h30. Avant de rentrer dans le cœur de la dégustation, je tenais à remercier chaleureusement Alex, de m’avoir pris sous son épaule à mon arrivée sur LPV comme pour son grand cœur, et la simplicité / sincérité de nos échanges. Encore une fois LPV démontre qu’il est un formidable moteur de recherche en matière de richesse de rencontres humaines.
Comme d’habitude sur des dégustations aussi gargantuesques (19 bouteilles sur 4 repas…), je compte sur votre indulgence sur l’exhaustivité des comptes rendus, préférant me concentrer sur l’essentiel.
Retour au vendredi soir, à l’aveugle donc, 3 blancs pour démarrer servis dans 3 verres différents sur un assortiment de pâté en croute / les rillettes démoniaques de l’épouse d’Alex, puis 3 rouges sur un superbe rôti d’Angus. Liquoreux pour rincer les papilles, sans oublier les deux petites bières de confort Lilloise pour se mettre dans un bain mousseux avec option sel de bains et dents qui trempent.
A l’aveugle je suis généralement une buse, encore plus quand on me sort des trucs que j’ai jamais testé. On attaque avec un
Egon Müller Scharzhofberger Riesling Kabinett 2013 ; un vin d’une insolente jeunesse, mon premier Allemand. La robe est jaune paille à blanc / verdâtre, joli nez avec une pointe de résiduel et un terpé class. Notes de miel, pêche, d’acacia, d’agrumes et floral type chèvrefeuille, c’est frais. La bouche est fougueuse à l’attaque mais la matière enrobe rapidement l’ensemble pour offrir un vin à l’équilibre tension / gourmandise avec ces beaux SR sur une matière crémeuse et légèrement perlante hors norme. Superbe découverte,
17/20. A boire comme à attendre paisiblement. Champagne ! J’ai le millésime et le cépage ? Ca calme hein ? Non mais c’est un coup de cul, clairement.
Sans transition, la suite, avec un
Chablis Grand Cru de Vincent Dauvissat, Les Preuses 2007. Robe or, presque ambrée étincelante au possible. Le nez est tout ce qu’on aime sur un Chardo évolué. Je pars personnellement sur un grand climat bourguignon, si ma tête me souffle « souviens-toi de Raveneau Blanchot 13 », ma bouche cite Montrachet, ou un climat proche du quatuor. Magnifiques notes de miel, beurre, pointe citron qui amène beaucoup de fraîcheur, amande, et quelques notes tropicales / minérales qui me font revenir à mon idée de Chablis, même si ma bouche a déjà fourchée sur Montrachet. Aux premières gorgées la bouche révèle pour moi une attaque assez austère, jusqu’au milieu de bouche ou la matière arrive sur un plateau et s’étire en longueur avec une superbe persistance aromatique sur une rétro caramel beurre salé / hydromel. Un verre plus tard, la bouche s’assagit, on touche la magie et l’équilibre sur une belle minéralité en bouche / un côté ciselé et une matière enrobante à la longueur diabolique.
18/20, mon premier preuse, un souvenir impérissable.
A boire, sur un beau plateau de maturité je pense. 2ème de champagne, j’ai le millésime et le cépage ? A noter qu’à J+1 le vin sera littéralement métamorphosé, civilisé, assagit, à point. Il regagne en tension et se positionne plus facilement à Chablis, plus ciselé, minéral, c’est superbe.
Haut Brion Blanc 2017, non à l’aveugle eu égard de l’histoire de cette bouteille (voir :
www.lapassionduvin.c...). Le nez est assez élevé, mais d’une complexité folle. Première pour moi de sentir autant de bourgeon de cassis dans un verre, d’ailleurs je me limiterai à cette expression du nez : une complexité boisée démoniaque et un bourgeon de cassis d’une finesse et précision folle (à tel point qu'on a l'impression de sentir l'échantillon olfactif de bourgeon de cassis du nez du vin). La bouche sera du même acabit. Un vin d’une puissance indescriptible, de l’attaque, au milieu de bouche jusqu’en finale. Les mots me manquent pour qualifier ce purulent étron mais dans les grandes lignes retenez le vin à la fois le plus fin et le plus puissant, le plus musclé mais le plus délicat, le plus long que vous n’ayez jamais gouté. J’aurais adoré pouvoir revoir cette bouteille dans 10 ans, mais ne suis pas passé à côté,
19,5/20, exceptionnel, et grand vin.
J+1 le nez conserve cette belle fraîcheur de bourgeon de cassis, pipi de chat plus pregnant, un léger côté iodé, mais la bouche s’est civilisée, beaucoup plus de gras sans compromettre cette tension démoniaque, la puissance s’est transformée en gourmandise, moins linéaire et plus « vivant », grand vin. Je revois ma note, pour outrageusement dépasser les 19,5,
19,75/20.
On passe aux rouges et on attaque fort, en repartant à l’aveugle.
Chambertin Grand Cru Clos de Beze d’Armand Rousseau 2011 ; Magnifique robe grenat à l’éternelle brillance. Au premier nez on sent un vin somme toutes assez austère, assez fermé, sur une belle cerise, la ronce, mais pas d’une grande complexité avec un végétal à la limite du mal intégré (malgré une ouverture 5h plus tôt). Primabord en bouche même logique, un léger trait végétal pas vraiment dérangeant mais là et altérant la bonne perception de la matière. Evidence en revanche, une longueur démoniaque, mais malgré tout un vin qui me fait l’effet de ne pas être en place.
Un verre plus tard, c’est un tout autre visage qui s’offre à nous. Le nez s’ouvre sur de belles notes de cerises éclatantes, la fraise, une belle pointe de cuir frais, de ronce, de végétal noble, un côté floral pas encore abouti mais déjà présent type pivoine léger, rose. La bouche intègre désormais plus de douceur à l’attaque, c’est souple, velouté, pur, la matière d’une profondeur incroyable, avec une densité et finesse typique des très grands vins de bourgognes. La finale s’étire à l’infinie sur une finesse / dentelle indescriptible. Un vin d’une grande pureté, aux tanins parfaitement fondus. Grand vin,
19,75/20.
Dur de se remettre, d’autant qu’on change diamétralement de registre, avec un
Château de Fonsalette SYRAH ! 2000. Robe assez palé à l’intensité soutenue, légèrement patinée. Un vin qui nous aura donné un mal fou à positionner, surtout sur les premiers échanges. L’ouverture du vin offrira beaucoup plus de poivre nous faisant confirmer petit à petit une belle syrah. Mais une syrah d’où ? Pas du Rhône nord, mais du Rhône sud. Bordel mais qui fait une syrah aussi fine, profonde, aboutie en CDP ? Bah Manu bien sûr ! Superbe nez sur la mure, la prune, des notes de cuir, la tapenade, notes d’écorces d’orange, une pointe de violette et les épices. L’attaque est assez souple, la matière impénétrable, c’est rond, mais fin, c’est puissant, mais délicat, seul petit défaut éventuel, une tombée un peu courte je trouve.
Assez exceptionnel de goûter cette cuvée rarissime.
17,5/20. La perso suis dans les choux, j’étais même parti initialement sur un cabernet, un vin extrêmement compliqué à positionner sans les marqueurs habituels / démonstratifs de la maison j’ai trouvé.
Ici aussi, on voyage direction Bordeaux, avec un
Cos Estournel 2001. Magnifique robe grenat à l’intensité soutenue, sans aucun signe d’évolution. Je ne sais pas si l’assemblage compte du cabernet franc, mais je sens au départ quelques notes. L’analyse du bignou me fait partir sur la rive gauche avec un poivron plus vert que rouge, et je cite assez rapidement Saint Estèphe. Par contre niveau millésime, c’est dire à quel point ce vin est d’une insolente jeunesse, je cite 2009 et me plante lamentablement. Superbes notes de havane, tabac, chocolat, les fruits rouges (cerise), le poivron, c’est superbe et sur un plateau de maturité absolument dingue. La bouche est assez vive, la matière profonde, dense, légèrement talquée, l’équilibre est indéniable et le vin plutôt que de s’alourdir s’allonge sur une bombe de fruits à maturité. Un grand Bordeaux plein d'énergie, superbe,
17,5/20.
Pour conclure, domaine
Zind Humbrecht Clos Jebsal Pinot Gris 2007 ; le premier nez nous fait partir rapidement avec Val sur un vin d’Alsace, un VT. Superbe nez sur le miel, des notes florales type acacia, du coing, les fruits compotés, mais avec une superbe fraîcheur. La bouche est du même acabit, ample mais une véritable perle de légèreté. Me fait beaucoup penser sur le plan aérien au Moelleux de Huet, tout ce que j’aime d’équilibre fraîcheur / digestibilité, parfait pour conclure une magnifique soirée tout en douceur.
17/20.
Il est 3 heures du mat, Alex nous montrera à quel point il est habile et sait jongler avec des Zaltos, devant un Val liquéfié, preuve faite qu’il est l’heure d’aller se coucher.
Réveil 8h, mais contre toute attente je parviens à rester au lit jusqu’à 10h30. Vous commencez à me connaître, j’ai la bougeote, donc petit run de 45 minutes pour décrasser le long du canal de Roubaix, et découvrir cette magnifique ville Lilloise.
Qu'il fait bon vivre le long du canal de Roubaix. En réalité, c’est un touriste qui a pris la photo pour moi, étant couché dans l’herbe en plein AVC.
Douche de confort, je commence mes notes sur la soirée de la veille sur la pression instiguée par l’ami Alex qui semble avoir déjà rédigé 8 pages, il est 13h direction chez ce lascar pour décoller chez Val et terminer les restes à
13h 14h30.
Tout regoûte particulièrement bien, les blancs se marient parfaitement avec le gravlax de Val qui passe comme une lettre à la poste le lendemain d'une soirée "compliquée".
Vaut mieux sauter la dessus que sur une mine.
Ô mère malsaine de ton sein dangereux une nouvelle fois tu m’aillaites…
Copyright Benoît Hardy.
Vote à 15h30 d’un commun accord de rentrer se reposer un peu, on temporise avant ce soir, 2ème round !
Note à ma personnelle attention ; j’ai passé 2 jours à Lille sans jamais en voir le centre ville ?
Il est donc 18h30, l’heure de sonner chez l’ami Alex, et découvrir les joies de circuler en trotinette dans Lille. Si l’aller ne me travaille pas, le retour me tracasse un peu quand même vu l’état dans lequel on a fini
hier ce matin.
Val au fourneau va nous régaler par sa cuisine, son accueil, la simplicité et sincérité de nos échanges. Une belle âme, la convivialité glisse au moins autant qu’un dernier verre de Dauvissat.
C’est pas tout ça mais il fait soif. Sans plus attendre, les hostilités sont lancées sur un
Cristal Roéderer 2002 à l’aveugle. Pas très objectif sur cette cuvée, mais pour la faire rapide et de manière concise, un champagne vineux, superbe finesse de la bulle, de belles notes de pomme, noisette, de touches pâtissières, la crème, la levure. En bouche une belle matière, superbement enrobée sans manque de tension et fraîcheur, sur une belle persistance pâtissière.
17,5/20. A boire, la bulle je trouve s’estompe rapidement et semble démarrer sa phase de déclin.
On enchaîne avec le premier blanc de la soirée. Val et moi partons immédiatement sur le Chardonnay. La robe est or, d’une magnifique brillance. J’ai parlé très vite hier donc me tempère un peu. Le nez est superbe, sur de beaux amers, un côté grillé, l’amande, le beurre, une pointe minérale, je cite instinctivement initialement Puligny, pour revenir sur Meursault suite à l’affinage et l’allonge des amers à l’ouverture. En bouche la matière est ample, enrobante, l’attaque souple, gourmande, la longueur d’excellente facture avec toujours ces notes de caramel en rétro, j’évoque un millésime riche, peut-être 9 ? Erreur, nous sommes sur 2014. Grande finesse, super producteur, rondeur, fraîcheur. Bouteille découverte sur ce superbe
Chassagne-Montrachet 1er Cru Morgeot 2014 du domaine Ramonet. Si les premiers verres me faisaient penser à un millésime pas encore en place, le deuxième verre et l’ouverture du vin comme son gain en volume me font penser que nous le cueillons peut-être à son apogée. A boire à mon sens.
17/20.
Val arrive avec un sourire en coin qui me fait flipper. Son penchant affirmé pour les vins natures, cette robe ambrée, ce nez de pomme / cidre, en bouche, une acidité à faire déchausser Jugnot dans les bronzés en milieu de bouche et une allonge / longueur diabolique, ne serait-ce pas un
Gannevat ? Ayant déjà gouté cette cuvée, j’évoque
Les vignes de mon père, entre 2006 et 2008 (ayant également gouté 07) pour ne pas me planter. C’est effectivement
2007. Que dire ? J’ai du mal à être objectif, car j’avais gouté bien mieux que ça cette cuvée. Le nez à l’époque s’était montré assez complexe, en l’état monolithique sur des arômes de cidre, pomme, le vin évolue très vite et s’affaisse rapidement, pour moi un défaut non pas de bouteille au sens oxy ou autre, mais plus une bouteille faiblarde. En l’état quoi qu’il en soit je suis au regret de conclure sur un
13/20. J’avais bien mieux goûté cette cuvée l’année passée.
Allez, on se laisse pas abattre, on passe aux rouges. Alex officie et semble circonspect. Après avoir quémandé une carafe en urgence à Val, Alex commence à proférer des injures. La pièce se teinte alors de tête de mort, d’os, de # et de !. Il est vrai que le nez est réduit, FORTEMENT, réduit. Là comme ça j’ai l’impression d’être au-dessus d’un fût chez Sylvie en pleine malos, et je manque de m’étouffer quand Alex évoque être Di Caprio dans The Revenant enrobé d’une peau d’animal faisandé. Le vin est shaké, maltraité dans la carafe, on se retrousse les manches, il est peut-être pas mort. Si les premiers nez nous évoquent un pinot ou un ploussard, l’aération dissipe progressivement le sanglier faisandé pour laisser place à la boîte de haricot cassegrain, mais aussi du poivre, qui me fait naturellement évoquer une Syrah. Nous y sommes, mais où de quoi qu’est-ce ? La matière est assez maigrelette, légèrement austère, je pense à 16 qui pour moi est dans une phase entre deux. C’est effectivement
16, Cordeloux de Pierre et Marie Bénétière. Alex est dur, très dur, pour ma part je note
14/20, car nous sommes à mon sens sur une phase ingrate.
Hey, on va pas se mentir, c’est pas vraiment fifou là de suite. L’adorable compagne de Val qui fait déjà l’effort de nous supporter commence à se demander si la soi-disant passion de Val n’est pas un subterfuge pour se mettre des caisses vu la qualité des vins jusque lors dégustés.
Heureusement et grâce à l’ami Val, le prochain verre fera taire la série noire démarrée. Si Alex part immédiatement sur un Grand Cru Bourguignon, robe assez soutenue, je glisse un petit « T’es sûr que c’est pas Manu ? ». J’opte pour Rayas, qui une fois encore démontre à quel point il sait être fin et délicat. Magnifiques arômes de pétales de rose, pot-pourri, agrumes, écorces d’orange, épices. La bouche est souple, une belle acidité en bouche tend la matière comme à l’accoutumée fine mais profonde. Une légère pointe alcooleuse se fait sentir en fin de bouche lui confère ce qu'il faut de rondeur, encensée par l’aromatique et la longueur de ce vin hors norme.
Je crois je vais pas être objectif, je suis définitivement amoureux de ce domaine et à chaque fois que je bois un
Rayas j’ai les poils qui se hérissent. Ce vin me colle des émotions inexplicables, et quand je dis que j’ai les poils à chaque fois que j’y goutte, je pèse mes mots. Peut-être un léger manque de longueur avec une pointe alcooleuse lui ôtent 0,25 sur sa note globale mais non même pas, en toute subjectivité
20/20. Niveau millésime je suis lost, n’ayant gouté « que » 7 et 8. Vu l’intensité de la robe peut-être un millésime avant 2000 ? Val nous libère,
2003, chapeau. Quelle fraîcheur sur un millésime supposé être compliqué, c’est incroyable. A attendre comme à boire en l’état.
Bon là de suite je suis un peu flippé. Je dois passer derrière ça, c’est un peu comme passer avant ou après les Beatles avec une flute à bec. Ouvert à 15h30 pour dégustation à 22h00 environ (j’ai eu un pif de malade car à 15h30 on était dans le goudron complet), j’épaule à 21h environ et sens déjà tout le potentiel de ce que je m’apprête à présenter. Belle robe à l’intensité soutenue, magnifique nez de lard, la violette, les épices (poivre), pointe olive noire / tapenade, je sais ce que c’est, et je trouve que c’est grand. Mais pas aussi grand qu’Alex et Val qui dès la première gorgée tombent de leur chaise. J’avoue que la sincérité et démonstration de leur réaction est telle que je me dis qu’on touche la perfection. L’attaque est assez rustique en somme, mais la matière est en place, patinée, sur de belles notes lardées. Le vin s’étoffe, gagne en volume mais en conservant son fruit, ses épices, un côté floral, la longueur (disons plus persistance aromatique que longueur) est au rendez-vous, que dire, si ce n’est à mon sens que j’ai trouvé le meilleur 2ème rapport qualité prix de France, en la présence de ce superbe
Hermitage 2002 de JL Chave. Un vin je pense cueilli sur un superbe plateau de maturité (maturité du vin, comme temps d’ouverture / aération).
20/20. Je ne sais dire pourquoi, car en définitive tout est assez « primaire », et manque peut-être de finesse, mais ce vin est une « évidence », l’impression de goûter un nectar qui présente des défauts, certes, mais dont l’équilibre frise l’indécence. Une dacia pimpée avec les options d’une Ferrari, qui vous propose un massage du dos en rentrant dans l’habitacle, joue votre morceaux favori, vous demande comment s’est passée votre journée et vous demande ce qui vous ferait plaisir à dîner au soir. La femme que tu aimes, qui présente des défauts mais gommés par ses qualités.
Mon grand-père disait qu’un petit chez soit vaut mieux qu’un grand chez les autres. Ce n’est pas aussi fin que Rayas, ni Rousseau, mais incroyable.
Ouvert au débotté, nous enchainons péniblement sur un vin plus aristocratique. L’ami Alex dont la connaissance de Bordeaux est intarissable part immédiatement sur la rive gauche, et cite assez rapidement La Mission Haut-Brion 2001. Ayant déjà gouté ce vin je trouve sa proposition extrêmement précise, mais ce n’est pas LMHB. Une fois, deux fois, trois fois, ce serait pas un Pauillac par hasard ? Latour 96. Bingo, à 2 ans près nous sommes dans le game. Quel nez, superbe arômes de tabac, léger sous-bois, havane, la cerise presque burlat, le cèdre. En bouche quelle finesse de matière, c’est incroyable. Finesse, densité, profondeur, la bouche de ce
Latour 98 est à mon sens une des plus belles merveille qui m’ait été donné de gouter. A l’aération le vin gagnera en volume sans pour autant prendre en lourdeur, aussi large que long, aussi fin que ample, un équilibre chirurgical,
19,5/20, encore un grand vin.
En toute sincérité, je n’ai jamais gouté pareille succession de rouges.
D’un autre côté on va pas se mentir, nous commençons à être légèrement fumés. Le reste de Cristal nous permet de regagner légèrement en fraîcheur, et l’ami Val part aussi courageusement que valeureusement nous chercher de quoi finir la soirée en beauté. Quelle robe, au premier nez j’évoque Tavel de l’
Anglore, Alex me reprend immédiatement et envoi un
Nizon 2018, incroyable. Superbe nez sur la grenadine, la fraise, la rose, les épices douces, le coquelicot, j’adore cette aromatique aussi fraîche qu’entêtante des vins de Pfierling. La bouche est souple, la matière en place. C’est enrobant, frais, gouleyant, entêtant, on y revient, on se ressert, peut-être court mais quelle palette aromatique. Je suis personnellement conquis sur les vins de Pfieirling, un rapport qualité / prix hors norme.
17,5/20. Un vin d’une dangereuse glougloutitude, à laquelle l’ami Alex à la base réfractaire ne sera pas insensible. Tiens d’ailleurs, maintenant que t’as carafé la bouteille dans ton verre Alex, je te fais remarquer qu’on a la crépine dans le sable.
C’est alors que Lancelot va frapper très fort. Val c’est un peu le mec de ton équipe que tu mets pas nécessairement titulaire sur le terrain, mais que tu conserves en facteur X. Le mec qui peut te faire planter 4 buts, comme les mettre CSC.
Non mais sérieux, je suis aventurier, Gannevat je salue l’acidité / la stridence sur fil rouge à son paroxysme, mais là on caresse les étoiles. Si le nez est enjôleur, sur de beaux arômes de noix, de châtaigne, la châtaigne c’est plutôt dans la bouche que tu la prends que « en bouche » si tu vois ce que je veux dire.
Là de suite j’ai l’impression d’être à Intervilles. Foucault me met un casque rouge, m’attache à un élastique géant, tend ledit élastique et me propulse dans une mare de citrons fraîchement pressés. Je crois que la dernière fois que j’ai ressenti ça, c’était soit chez le dentiste, soit après avoir perdu un pari dans un bar miteux en Irlande, ou j’avais bet pouvoir rester plus de 20 secondes sur la vachette locale. La bouche est ciselée, elle me fait l’effet d’un crissement d’ongles sur un tableau. Ca part dans tous les sens, les papilles se suicident, les dents déchaussent, l’assurance maladie t’envoie un SMS pour te dire que ta couverture en soins dentaires vient de prendre un malus de 200%. En bouche pour la faire courte à part le vinaigre, je peine à analyser tant l'acidité est prégnante. Alors oui c’est long, c’est sûr, mais quand tu te dis que potentiellement si ton évier se bouche, plutôt que d’utiliser du Desktop, tu peux prendre du
Marques de Poley (ou Poney je sais pas trop)
DO montilla Moriles, Toro Albala, Amontillado Solera 1922, suis inquiet. Merci pour la découverte Val mais si on te les vole, je peux déjà t’assurer que ce sera pas moi. Tiens d’ailleurs ressers plutôt Alex moi je vais me mettre un Eludril, solutions pour bain de bouche non millésimée.
Mes deux compères sont dithyrambiques, pour ma part je sais pas trop si j’ai envie de vomir ou si un ulcère à l’estomac s’est percé.
8/20. Val tu n’as une nouvelle fois pas failli à ta réputation.
Du coup, bah Val est en colère, et décide d’enchaîner avec tout ce qui dépasse les 60 degrés et servi à température ambiante. Petite framboise de courtoisie, puis une prune, là pour ma part je suis déjà sur Doctolib en train de réserver pour lundi.
Il est 4h30 du matin, j’ai les dents du fond qui baignent. J’arrive avec fourberie en semant des bouchons de Latour 98 dans la cage d’escalier à extirper l’ami Alex de sa chaise et proposer de rentrer nous coucher. Le piège semble fonctionner, il n’oppose quasiment aucune résistance.
15 minutes de trotinette pour décuver au centre de Lille dans la fraîcheur de la nuit qui n’en attendait pas tant. Je parviens à gagner à Chifoumi et refuser à Alex porté par les murs de son entrée le verre de l’amitié, et tomber dans le néant vers 5h du matin.
Qu’est ce qu’on vit bien dans le Nord. Suis-je vivant ? Suis-je au paradis ?
Allez on se ressaisit, 10h, brossage de dents, chaussures de running, et GoGooGooGoOGOoGoOG. Wé je sais je sais pas pourquoi je fais ça, mais je me dis que sentir un Cacatoes te fracasser les tempes à chaque fois qu’un de tes pieds touche le sol, ça t’aide à oublier plus rapidement les mélanges de la veille.
12h30, salut Val, ça va ? En fait je te dis pas bonjour vu qu’on s’est quittés ce matin…
Tout de go, Val nous fait une val.
Un superbe rosé, inclassable à la robe orangée, la fraîcheur des rosés de provence, l’aromatique des vins de Reynaud avec des épices douces notamment, un côté siropeux / grenadine l’Anglore, un côté muté type Maury, une pointe tanique superbement intégrée, du pamplemousse, c’est quoi cet ovni ? Une superbe découverte, c’est un
Rosé de Xinomavro, domaine Apostolos Thymiopoulos,
17,5/20, coup de cœur du week-end
.
On enchaîne avec un nez très languedocien je trouve et une robe impénétrable. Je pars immédiatement sur Guilhem Gaucelm Ermitage du pic saint Loup 2013. C’est poivré, des notes de thym, de garrigue, de prune, tiens la prune c’est vrai que ça tire peut-être plus CDP me souffle Val. En effet, la matière en bouche est d’une finesse superlative, densité, finesse, longueur, aromatique, pas trop d’alcool, qui est-ce ?
Beaucastel 2011,
17/20, ma première sur ce domaine, et une superbe découverte.
On va quand même boire un dernier petit coup, Val part nous chercher un nouveau « truc ». Perso je pars de suite sur un Lirac de Le bars ou L’Anglore. Un côté nature, un peu réduit à l’ouverture, grenadine, panier de fruits rouges acidulés quasi dragibus, la myrtille, pointe tanique en bouche, ça tombe un peu court mais qu’est ce que c’est bien fait. On repart sur les bases, à l’est ? Oui ! Au sud ? Au milieu ! Jura ! Jura !!! C’est Labet !!!
Superbe découverte, et même si je préfère les vins plus consensuels, la finesse du travail de cette cuvée mérite un
17/20. Domaine Labet Métis 2018.
1 jour de plus et même l’appareil photo grand angle d’Alex n’y pouvait rien.
Il est 15h30, mon avion décolle dans 2 heures, me voilà contraint de mettre fin à un week-end que je garderai en souvenir jusqu’à la fin de mes jours. Impossible de remercier Alex comme Val pour leur générosité et leur accueil.
Que dire si ce n’est qu’hormis le niveau stratosphérique des vins goûtés, nous avons partagé, partagé une nouvelle amitié, partagé de nouvelles rencontres, consolidé un feeling, découvert de nouvelles cuvées, mais surtout, surtout, surtout, passés un bon moment. Si le vin goute, l’aventure humaine ne fait qu’accroître la richesse du moment et de l’instant présent.
En toute sincérité et simplicité, je souhaite à tout être humain de pouvoir s’offrir de si belles tranches de vie, au moins une fois par an. Tiens d’ailleurs ça devrait être obligatoire, sur prescription, et remboursé par l’assurance maladie.
Une nouvelle fois LPV témoigne de sa puissance à réunir des gens biens. Le vin outre la sueur du vigneron et la transmission du sang de la terre, c’est un formidable catalyseur de partage et bonnificateur du temps présent. Merci amis vignerons, merci LPV.
Sur ces belles paroles, je vous salue, depuis mon lit que je ne quitterai pas sur les prochaines 96 heures.