Les vins que LPV78 aurait souhaité partager à Noël
Une deuxième rencontre pour LPV78, et celle-là j’ai pu y participer !
Le thème est à comprendre comme « les vins que les membres de LPV78 auraient souhaité partager à Noël ». Ce n’était pas Noël, mais nous les avons bien partagés !
Benjamin, notre GO, s’est contenté de répartir les apports entre bulles, blancs secs, rouges, blancs pour le fromage ou le dessert, afin de déguster lui aussi à l’aveugle.
Et même sans ajustements la dégustation s’est avérée éclectique et bien orchestrée.
Des plats roboratifs et plutôt bien réalisés
Champagne Bollinger – Grande Année – 2007
Cette bouteille a été dégorgée en décembre 2016.
L’or de la robe est brillant et assez soutenu.
Très intense, le nez associe des arômes grillés, briochés, de fruits jaunes et de fruits secs. Puis, à l’aération, il fait la part belle à des senteurs minérales, évoquant la pierre.
La bouche développe ampleur et vinosité, mais se montre aussi très tendue. Son aromatique addictive mais sans artifice s’accompagne d’une grande fraîcheur et d’une bulle évanescente. Sa force impactante la propulse très loin, la finale révélant encore mieux la finesse du vin.
Excellent pour ce grand vin qui est encore en devenir.
Champagne Taittinger – Comtes de Champagne – Blanc de Blancs – 1996
La robe se pare d’un or très dense, presque vieil or.
Le nez brille par son intensité et encore plus par sa complexité. La gamme fruitée est bien parcourue avec de la mirabelle, du coing, presque des fruits exotiques, puis viennent les champignons qui confinent à la truffe, une touche fumée et une autre tourbée.
Le volume en bouche est XXL, elle a du coffre, mais un coffre capitonné qui offre beaucoup de confort, avec une aromatique patinée et magnifique. L’acidité passe au premier plan sur la deuxième partie de la bouche et contribue à une persistance remarquable.
La bulle ? Ah oui, il s’agit d’un effervescent mais dont la bulle hyper fine a su se faire oublier avant de disparaître à l’aération.
Excellent + pour ce très grand vin à son apogée, mais qui pourra encore être attendu si ses heureux propriétaires en ont la patience.
Heu, on va poursuivre à ce niveau ?
Domaine Didier Dagueneau – Pouilly-Fumé – Buisson Renard – 2016
La robe est teintée d’un or clair, avec un peu de brillance.
D’une très belle intensité, le premier nez est axé sur le pétrole, ce qui nous fait partir dans une région plus nordique pour certains d’entre nous. Puis les arômes sous-jacents se font jour : des fruits blancs et des agrumes, surtout du citron (cela n’aide pas à nous départir de notre première idée) et une touche truffée qui va s’affermir à l’aération, malgré le jeune âge du vin (étiquette découverte).
La bouche affiche une grande densité et une belle énergie, avec une sensation crayeuse aussi bien en aromatique qu’en texture (sensation de mâche). La finale s’allonge sur des arômes pierreux et se montre traçante.
Très Bien ++ / Excellent pour ce vin déjà très bon mais à attendre sereinement.
L’accord est fort réussi (3,5 + / 5) avec le gravlax de saumon, le gras du saumon se mariant très bien à l’acidité du vin.
Domaine Stéphane Bernaudeau – Vin de France – Les Nourrissons – 2012
La robe arbore un or très dense.
Le nez très intense développe une belle complexité dans le verre : des fruits jaunes, du coing, de la brioche, mais aussi des arômes plus végétaux d’herbe coupée et racinaires diront certains.
La bouche contraste un peu en étant moins opulente (effet millésime ?) tout en se montrant harmonieuse et élégante, d’une austérité classieuse (très pauillacaise donc
). La finale de bonne longueur est à la fois déliée et saline.
Très Bien +(+) mais le vin manque un peu de fond et de confort pour être noté plus haut.
Le vin manque d’ailleurs de punch pour face au foie gras (2 + / 5).
Maison Trimbach – Riesling – Cuvée Frédéric Emile – 375ème anniversaire – 2001
La robe est d’un or moyen.
Initialement très intense, le nez va devenir puissant à l’aération dans le verre. Il va également beaucoup évoluer, passant du pétrole, du citron et de fins arômes exotiques à des aromes plus pierreux, puis une touche florale et de superbes épices.
Ample et tendue à la fois, la bouche impressionne par son caractère racé. Une pointe de sucrosité (5-6 g de SR ?) lui apporte du confort jusque dans la grande finale saline et vibrante.
Excellent (+)
L’accord fait mouche (4 / 5) avec le foie gras car, même avec peu de sucre, la puissance et l’aromatique du vin s’allient fort bien avec le plat.
Château de Fonsalette – Côtes-du-Rhône – 2011
La robe assez claire parait très évoluée, avec de nets reflets fauves, presque roussis, sur la frange et qui gagne vers l’intérieur.
Très généreuse, l’aromatique épicée et fumée fait pencher pour une majorité de syrah, mais c’est contradictoire avec la robe. Très vite apparaissent des fruits compotés avec pas mal de fraise et enfin l’orange sanguine à l’aération. Mais certains avaient identifié une typicité Reynaldienne dès le premier nez !
La bouche adopte un remarquable profil vertical, dotée d’un élan incisif. Elle donne l’impression que la finale commence très tôt mais ne se termine pas … ou alors très très loin ! C’est même là qu’elle prend étonnamment de la densité, avec des accents poivrés.
Très Bien ++ / Excellent
Le vin fait une belle rencontre (3,5 / 5) avec le filet de bœuf en croûte, même si celui-ci va mieux apprécier des vins plus corpulents.
Mas Saint-Louis – Châteauneuf-du-Pape – Les Arpents des Contrebandiers – 2011
La robe peu sombre est animée de reflets tuilés sur le bord du disque.
Le fruité du nez est intense et pur, plus noir que le précédent, et relevé par des notes de bois précieux et de boîte à cigares.
La bouche charnue se déroule toute en finesse et en élégance, vivifiée par une bonne acidité. La finale effilée et salivante confirme le très bon niveau de ce vin dans un millésime peu flatteur.
A l’aération (et étiquette découverte) son aromatique autant en bouche qu’au nez et son élégance me rappelleront effectivement l’univers Reynaldien mais sans l’égaler sur la dualité fraîcheur – alcool.
Très Bien +(+)
Bon accord (3,5 + / 5) avec le filet de bœuf en croûte.
Domaine de la Grange des Pères – Vin de Pays de l’Hérault – 2007
La robe très sombre, presque noire, marque à peine un tout début d’évolution.
Bien ouvert, le nez brille de mille feux, offrant cassis, mûre et violette, ainsi que cuir noble et garrigue. A l’aération il penche de plus en plus vers des arômes torréfiés de café moka.
La bouche charpentée possède une matière mûre et consistante, habillée d’un toucher soyeux et portée par une superbe vivacité. L’ensemble évoque une belle noblesse, d’autant que la finale confirme, avec ses tanins serrés et raffinés. Il est intéressant de noter que même en rétro-olfaction les arômes torréfiés prennent le dessus à l’aération.
Excellent (+) mais ce grand vin peut encore être attendu.
Le plat a ici trouvé un parfait alter-ego en puissance et finesse (4 + / 5) avec le filet de bœuf en croûte.
Domaine des Lambrays – Clos des Lambrays – 2005
Pas de photo car l'étiquette était illisible.
La robe est sombre et montre des atours tuilés.
Après une touche de volatile (plus marquée pour d’autres que moi), le nez se purifie pour exhaler un fruité d’anthologie, très marqué par la framboise. C’est irrésistible mais un peu monolithique, à peine teinté d’épices douces dont la vanille.
La bouche très charnue possède un grain très serré qui enrobe une matière mûre à l’aromatique irréprochable. Une belle acidité, surtout en finale, tonifie l’ensemble et lui procure une superbe persistance.
Très Bien ++ pour ce vin encore bien jeune et dont la robe et la puissance pouvaient faire penser à un intermédiaire entre pinot noir et grenache !
Le mariage est également réussi (4 / 5) avec le filet de bœuf en croûte.
Domaine François Cotat – Sancerre – Cuvée Paul – 1999
La robe est de couleur paille, très lumineuse.
Le nez intense est très chablisien, ou chavignolais, c’est selon… La fameuse croute de fromage s’allie à de la craie, le tout sur un fond d’agrumes et une touche exotique.
La bouche est superbe, d’une aromatique encore plus luxuriante qu’au nez, rehaussée par quelques sucres résiduels, et supportée par une belle vivacité qui lui donne de l’entrain jusqu’à une finale pure et élégante.
Très Bien ++ / Excellent
L’accord est intéressant (3,5 / 5) sur les fromages.
Domaine de Saint-Just – Saumur – Coulée de St Cyr – 2008
La robe est très ambrée.
Le nez présente une puissance assez courante pour les vins oxydatifs, et en a quelques marqueurs : pomme au four, coing, fruits presque exotiques, miel, note tourbée.
La bouche est en contraste, très sèche, d’une grande rectitude, à l’aromatique patinée par le temps teintée d’une touche truffée. La finale d’allonge moyenne se montre tout de même bien goûteuse.
Très Bien + mais aurait dû être bue plus tôt pour ceux qui n’apprécient pas ce côté oxydatif.
L’accord avec les fromages marche bien, du coup ! (3,5 + / 5)
Weingut Dr Fischer – Mosel Saar Ruwer – Wawerner Herrenberger – Riesling Auslese Goldkapsel – 1990 – AP8-91
La robe se présente sous un vieil or.
Intense, raffiné et très avenant, le nez est dominé par de beaux et purs arômes de citron, puis gagne en conversation en proposant des fruits jaunes, notamment de l’abricot.
Je suis obligé de me répéter en soulignant le raffinement de la bouche, avec un bijou d’équilibre entre fruité, sucre et acidité. Le très faible taux d’alcool (7,5 ° !) la rend désaltérante et la persistance magnifique nous en fait bien profiter.
Excellent
Les Jardins de Babylone – Jurançon – 2008
Il s’agit du dernier millésime auquel Didier Dagueneau a contribué puisqu’il est décédé le 17 septembre de cette année-là.
La robe arbore également un vieil or.
Le nez très intense et riche, voire luxuriant, embaume la truffe, la mangue et l’ananas.
La bouche est dense, liquoreuse mais pas trop, bien canalisée par une acidité hors norme. L’aromatique toujours magnifique et plus orientée vers l’exotisme se prolonge jusque dans la finale de longueur phénoménale où de belles épices ressortent.
Excellent (+)
Deux grands liquoreux, donc, avec peu de points en commun sauf le plaisir à les déguster.
Au final, la soirée était donc plutôt composée de grands classiques, mais quand les classiques sont grands, c’est très bon !
Et quand l’ensemble ne comporte aucune fausse note, que la compagnie est agréable et l’ambiance plus que conviviale, cela donne une dégustation de référence pour ce nouveau club .
A l’année prochaine, les amis !
Jean-Loup