Quelques vins bus entre amis lors du réveillon...
Et pour les courageux qui vont lire ce CR ou ceux qui vont le zapper, un peu de musique "feel good" pour la nouvelle année. 

Boudins blancs nature et truffés et pommes délicatement caramélisées
Domaine de la Rectorie - Collioure L'Argile 2017
Ma dernière bouteille de cette cuvée et elle s'est révélée aussi bonne que les précédentes avec un nez délicat sur les fruits blancs. La bouche est gourmande, ample mais pas trop, relevée de la fraîcheur de ses notes discrètement anisées et d'une pointe miellée. Très bon accord avec les boudins blancs. La Jasse Castel - IGP Pays d'Hérault El Abanico 2015
Par rapport au Collioure, cet Abanico est plus droit, plus traçant, avec une aromatique qui penche légèrement vers les fruits exotiques, les fruits jaunes et un rien de menthol. Aucune trace en revanche de la petite amertume finale décelée lors de ma dernière dégustation : le vin est resté frais et tout à fait délicieux de bout en bout.
Saumon fumé
Gérard Boulay - Sancerre Clos de Beaujeu 2010
Belle robe mimosa et nez d'une grande fraicheur : ce Sancerre semble avoir été mis en bouteille hier. La bouche est d'une tendre vivacité si je peux dire, c'est-à-dire que l'allant indiscutable du vin ne gêne en rien le confort d'une appréciation gourmande sur les agrumes et une pointe de fruits exotiques. Belle finale aérienne qui signe un Sancerre fait pour ceux qui n'aiment pas le sauvignon.  Nous avons aussi bu un peu de vodka sur le saumon. Mais bon, ce forum est bien dédié au vin avant tout donc je ne suis pas obligé d'en parler hein ? Dîtes ? Ca vaut mieux car après quelques shots mon discernement laissait quelque peu à désirer (qui a dit comme d'habitude ? ).

Tourte de canard aux poires
Domaine Josmeyer - Pinot gris grand cru Brand 2013
Sur un plat très similaire, j'avais déjà servi avec succès un pinot gris Hengst de chez Josmeyer et j'ai donc voulu renouveler cet accord gagnant. Mais cette variante s'est révélée à la fois moins grasse et un peu plus sucrée et ce grand cru Brand, s'il a à peu près convenu au plat, a quand même vécu sa vie comme si de rien n'était en parallèle de celui-ci.

Le vin présente une belle robe dorée, le nez est prometteur sur les fruits blancs et l'abricot. En bouche, une légère sensation de sucrosité ne suffit pas à alourdir le vin qui reste frais, toujours sur l'abricot, la mirabelle et une pointe de miel. C'est bien bon ! Château des Tours - Côtes-du-Rhône 2012
Comme je souhaitais proposer un rouge sur ce plat, j'ai pensé au Château des Tours, ce qui me permettait aussi de faire découvrir ce vin à mes amis qui ne connaissent pas Reynaud.

La robe est d'un superbe rubis, orangé sur le disque. La fraise et l'orange sanguine jaillissent littéralement du verre. Grand nez, je pense l'affaire dans la poche et je regarde mes amis avec un sourire satisfait. Mais la bouche me trahit : elle est tout à la fois gourmande et subtile, sur la fraise et la framboise, et étrangement dissociée avec une brisure en milieu de bouche qui mène à une finale légèrement alcooleuse et asséchante. Le vin évolue beaucoup dans le verre et le fond de bouteille terminé le lendemain est plus assagi. Cette variabilité a déstabilisé les convives et le vin a plutôt fait un bide, un peu injuste selon moi. Verdict : Moriendi : c'est un peu bizarre mais bon ! Les autres : bof, bof... Plateau de fromages variés
Domaine Rolet - Côtes du Jura tradition 1996
En magnum. 
Alors que le comté, le morbier et autre gruyère authentique pointent le bout de leur nez, on se dit qu'il y a urgence à les accompagner dignement et ce Rolet est promptement débouché dans un enthousiasme général qui a dû être celui des Sans-Culottes dressant des barricades dans les rues de Paris.

La robe fait encore très jeune et le nez ne laisse aucun doute sur l'origine du vin : noix et curry, on est bien dans le Jura. La bouche est nettement marquée par cette aromatique oxydative sans pour autant que cela soit rebutant aux palais peu habitués à ces goûts. Le jus reste vif comme il faut et équilibré de bout en bout. Un vin inoxydable inusable et parfait dans son genre. Huîtres de Normandie, caviar d'Aquitaine, blinis maison et petite chantilly aux herbes
Domaine A. Boatas - Champagne brut grand cru blanc de blancs Paradis 2008
Il fait tellement beau en ce dernier jour de l'année que notre petit groupe décide de prendre l'apéritif dehors en compagnie de cet excellent Champagne issu d'une sélection parcellaire et dont la fermentation malolactique a été bloquée pour plus de fraîcheur. 

Belle robe légèrement dorée, la bulle est fine et vive. Le vin est frais, gai comme un pinson qui sent venir (déjà) le printemps, assez puissant néanmoins avec un peu d'amande grillée en finale. Très bien avec les huîtres et le caviar. Assiette nordique (saumon fumé, crevettes roses et grises, lentilles)
Domaine Vincent Dauvissat - Chablis 1er cru La Forest 2013
Comme il paraît que 2013 est à boire jeune, c'est sans aucun scrupule que je débouche cette bouteille qui est aussi ma première rencontre avec le domaine. 

Belle couleur pâle comme un soleil d'hiver et nez ouvert sur la coquille d'huître : ça commence bien. La bouche est vive et séduisante à la fois, d'une grande pureté, sur les agrumes, le zeste de citron et un petit côté rocailleux. C'est un vin harmonieux plutôt que démonstratif, excellent dans l'ensemble et qui d'ailleurs s'est évaporé à une vitesse supersonique. Foie gras en terrine
Domaine Bohn - La Délicieuse 2009
Cette cuvée est un assemblage de 50% de gewurztraminer, 35% de pinot gris et 15% de riesling récoltés en surmaturité. Même si le vin est censé être moelleux, il se goûte plutôt sur la vivacité, du moins sur le foie gras. Le jus est sur la finesse, sans les arômes parfois envahissants du gewurz, mais manque un peu de définition et de gourmandise. J'ai préféré la cuvée "Carte Blanche" bue il y a peu. Domaine Camin Larredya - Jurançon Au Capcéu 2018
Tout le monde avait adoré le 2017 dégusté l'année dernière à la même occasion, hélas ce 2018 s'est montré moins enthousiasmant. La robe est étonnamment foncée, fortement ambrée, et le nez est riche : pamplemousse, abricot et mangue. La bouche est très aromatique mais un peu pâteuse, comme encombrée d'un excédent de poids : où est passée la vivacité du milésime précédent ? C'est bon mais sans l'équilibre magique du 2017. Filet de boeuf Wellington et gratin dauphinois
Domaine du Grand Veneur - Châteauneuf-du-Pape Les Origines 2009
Voilà un Châteauneuf clairement sur la puissance. La robe est carmin et le nez envoie des fruits noirs et compotés. En bouche le vin est charnu, ample, avec de la mâche, sur le pruneau et les fruits compotés mais sans se montrer écoeurant pour autant, bien qu'il frôle le too much. La finale est rattrapée par une acidité inattendue que j'ai trouvée dérangeante. Le verdict est mitigé à mon goût mais, comme avec le Château des Tours, je constate que je ne suis pas sur la même ligne que mes amis qui ont beaucoup aimé - tant mieux !

Je profite de ce beau réveillon à domicile pour effectuer mon premier post.Les blancs et rouges ont été épaulés le midi pour le soir sauf le Chassagne (non prévu initialement), le Bordeaux (trop vieux pour ça) et le Reynaud (ouvert la veille selon l'usage), l’épaulage, bien que forcément solitaire, quel plaisir !Mikulski Meursault 2017 : dans un style peu Murisaltien, mais c’est la pâte du domaine semble t-il, très peu de beurre et amandes ici, en revanche belle minéralité, élevage très discret se dévoilant essentiellement en fin de bouche pour apporter de la longueur, très agréable, cela donne envie d’ouvrir les premiers crus dans quelques années.Samuel Billaud Chablis GC Vaudesir 2016 : nez discret mais enchanteur et tout en élégance, la bouche est dans le même registre, finement iodée, fruits blanc, légère touche miellée, pas très puissant mais grande et fine persistance, très beau ! Parfait avec le gravlax de saumonVernay Condrieu terrasse de l’empire 2017: là encore on est dans la finesse, un Condrieu qui joue plus sur la minéralité que la rondeur, le viognier reste frais et n’a pas encore ‘tourné’ sur les arômes secondaires/confits et c’est comme cela que je le préfère.Fontaine Gagnard Chassagne 1C les caillerets 2017 : style beaucoup plus classique, puissant, touche beurrée, un peu d’élevage mais se fondant bien au fruit, l’ensemble est harmonieux et opulent, belle longueur, il tient son rang, première sur ce domaine et bonne surprise, parfait avec les pâtes aux truffesFourrier Bourgogne 2019 : ce domaine est mon coup de cœur de cette fin d’année, gourmandise de fruit, buvabilité folle, la bouteille descend très très vite (le meilleur rouge de la soirée pour certains)Lambrays Morey saint Denis 2014 : joli nez sur les fruits rouges et noirs, légèrement confits, que l’on retrouve en bouche, avec une touche kirshée, belle acidité, belle longueur, il a bien plu, petite déception pour moi car je l’avais préféré il y a 3 ans, alors beaucoup plus friand, je ne pensais pas qu’il évoluerait si viteGrange des pères 2014 : nez complexe de garrigue, bouche puissante mais élégante très complexe aussi, des fruits très mûrs, épices, poivre, fumé, très très long, belle bouteille que je trouve déjà à maturité, je ne vois pas trop l’intérêt de l’attendre davantage bien que je n'ai pas l’expérience de millésimes plus anciens.Château des Tours Vacqueyras 2011 : nez et bouche sur l'orange sanguine et les fruits rouges compotés, grand classique, niveau fonsalette je trouve, pas de surprise, mais ça plait aux connaisseurs et surprend les autres. En revanche j'ai trouvé la robe très trouble mais n'ai pas trouvé de réel défaut gustatif (il semblerait que certains 2011 ont été touchés par la fleur).Bel Air Marquis d’alligre Margaux 1998 : atypique, on est sur les fruits noirs compotés voire confiture de cassis, gourmand, pas d’élevage ressenti, un peu écœurant tout de même en fin de soirée
Champagnes d'intérêt mineur pour moi :
Jacquesson 739 : extrabrut, très vineux mais fin, pas malMoet et chandon nectar impérial (cuvée demi sec): habituellement plait aux dames, bouchonnée cette fois-ci, rare sur un champagne, mais acheté il y a déjà 5 ans.Ce fut une belle soirée !