"Le Rouge et le Blanc", petite bande d'amateurs bruxellois : #3
C'est reparti pour un tour !
On commence autour de quelques sympathiques biscuits apéritifs italiens et trio de houmous maison.
Là-dessus Grégoire, en charge de l'apéro, nous lâche : "en bulles, il ne me restait plus que des magnum ..."
Bon, ben ça nous embête hein évidemment, mais on fera avec Greg
Domaine Henri Ruppert, "La Brute", Crémant du Luxembourg (Blanc)
Visiblement un assemblage Pinot Blanc / Pinot Noir.
Le nez n'est pas follement causant, mais la bouche propose une bulle assez vive et un équilibre au dosage juste, pas trop généreux, sur une trame acidulée plutôt axée fraicheur.
La finale est le temps fort du vin, en proposant une allonge saline et citrique assez inattendue, dans le sens d'un niveau qualitatif clairement supérieur aux qualités de nez et de bouche.
Une dégustation crescendo donc, qui laisse un souvenir agréable même si pas impérissable.
En revanche, ça commande déjà un certain prix que je trouve excessif au vu de la qualité - comme souvent dans les Crémants du Luxembourg.
Même en voulant jouer le créneau du haut du panier qualitatif, on n'y est pas à mes yeux (Alice Hartmann fait mieux pour le même prix à mon sens, même si l'équilibre est totalement différent).
Bien + / 14.5/20
Duo de blancs ensuite pour accompagner une recette d'un très bon restaurant bruxellois, un curry Thaï végétarien dit "monochrome" (orange), à base de curry rouge maison et lait de coco mijotant longuement avec carottes, courges, gingembre, feuille de combava ... le tout sur un riz thaï parfumé. Le résultat était délicieux.
Le premier blanc à s'y frotter sans réellement faire de rencontre heureuse ou malheureuse est jurassien :
Domaine Geneletti, L'Étoile, Chardonnay "Au Désaire" 2017
Cette référence a une histoire qui me laisse perplexe. Je resitue : il y a de cela 18 mois, j'achète une première bouteille à prix très honnête dans une FAV. Je goute et,
comme rapporté ici, j'adore, à fortiori pour le prix.
Retour à la même FAV 6 mois plus tard, je décide donc d'en stocker deux de plus pour confirmer l'essai. À ce moment-là je suis déjà intrigué du fait qu'il semble y avoir eu plusieurs mises de la même cuvée puisque l'étiquette n'est pas la même que la première fois (grise, contre noire initialement). Pourtant après vérification, c'est bien exactement le même domaine, la même cuvée, et le même millésime. Toujours est-il, j'en achète deux et un de mes potes (dont c'est l'apport ce soir) en prend une également pour tester.
Il y a quelques mois j'ouvre la première de mes deux et la découvre passée, avec une touche de bouchon et d'oxydation en même temps, sans intérêt, je mets ça sur le compte d'une bouteille pas au top.
Ici, troisième bouteille donc (la bonne surprise de la première, le flop de la deuxième), et c'est encore un troisième profil, il ne semble pas y avoir de problème de bouteille en soi mais l'aromatique est totalement différente du premier essai, réduction marquée sur la chausette/serpillère puis un peu mieux en aérant mais restera austère, un peu marécageux, avec peu de fruit (agrume quand même et trame acide pas désagréable) mais donc clairement pas le même niveau de plaisir que la première.
Je serais curieux d'avoir une explication sur ces différentes mises (si c'est bien ce qui s'est passé) et j'attendrai de boire ma dernière pour confirmer le fait que, le cas échéant, et pour une raison que j'ignore, la seconde semble hélas bien moins convaincante.
Assez bien sous réserve de bouteille sans problème / À revoir
On enchaine en faisant le grand écart avec mon apport, qui (en toute modestie bien suuuuuuur) réalisera un accord nettement plus convaincant.
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que je suis convaincu par l'association d'un chenin mûr avec un plât à base de curry rouge, je vous le recommande.
Domaine de la Taille aux Loups, Montlouis-Sur-Loire, Les Hauts de Husseau 2018
C'est du solide. Le nez au départ est engoncé dans son élevage, côté patissier-lacté assez appuyé, mais on retrouvera finalement les agrumes mûrs (orange), les fruits jaunes, et quelques touches de complexité difficiles à décrire qui font la marque des beaux chenins (crème Nivéa, infusion, térébenthine). La bouche est un modèle, massive, d'une très grande présence et d'une très grande longueur, avec une aromatique plutôt baroque mais néanmoins précise sur le croissant pur beurre et une débauche de fruits jaunes et oranges, avec principalement orange et abricot frais, sur une grande assise saline voire même poivre et sel. La finale est longue, heureusement pas lourde mais toujours mûre, sur la mandarine, le sel et quelques touches exotiques.
2018 oblige c'est mûr, honnêtement limite trop pour moi, on sort un peu de l'esprit d'un vin de latitude nord à mon sens mais dans le style ... c'est top, rien à dire.
Pourra voire devra attendre encore davantage parce que l'élevage est bien là et la maturité aussi, et il existe je pense suffisamment d'acidité et d'extrait sec que pour pouvoir tenir, même si 2018 n'est clairement pas le plus grand millésime de garde au domaine.
Excellent - / 17/20
On finit ce très beau chenin en entamant une série de très beaux fromages et en faisant la transition vers un autre très bon compagnon de fromages :
Domaine Philippe Milan & Fils, Rully Blanc 2019
Un Rully sympathique, bien représentatif du style que j'associe personnellement souvent à l'appellation, avec pas mal de chocolat blanc, de lait d'amande, un peu de fruit jaune et de fruits à coques.
Du nez à la finale c'est cette aromatique lisible, cohérente et réussie qui nous convainc et nous convient, à défaut de complexité ou d'originalité.
De plus, je crois savoir que les prix sont fort raisonnables.
Vu que l'ordre de passage n'a pas été facile pour lui, je pense pouvoir dire qu'on est ...
Bien + / Très bien - / 15/20
Et on finit sur un petit rouge pour lui-même :
Domaine François Schmitt, Alsace, Pinot Noir Bollenberg 2021
Après avoir été très convaincus en bar à vins à Colmar par le 2020, tout en fruits noirs frais et d'une belle évidence, nous étions passés au domaine dans la foulée récupérer quelques exemplaire du 2021.
Millésimes opposés sur papier et donc fatalement différence notable dans le verre, l'équilibre est différent mais la qualité, d'autant plus pour le prix, est toujours bien là.
On a ici un Pinot Noir fin, dans un registre qui a troqué une partie de son fruit et de sa maturité pour une palette florale très appuyée, géranium, freesia, terre fraiche.
La bouche est fraiche, faussement fluide car il existe quand même un subtil grip tannique qui vient affirmer la présence d'un vin globalement tout en finesse et en réserve noridste, un peu austère mais distingué.
Bien + / Très bien - / 15/20
Excellente soirée en parfaite compagnie, bien mangé et globalement bien bu avec néanmoins une certaine variance de qualité ... ce qui n'est pas forcément un défaut !
C'est tout pour l'instant, prochaine descente dans l'arène fin mars !